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3,74

sur 316 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je n'ai pas pour habitude d'acheter un livre pour sa couverture et pourtant c'est bien la magnifique illustration qui ornait celle de "Un éclat de givre" qui m'a incitée à en savoir plus. La 4ème de couverture, très prometteuse, a fini de me convaincre d'alléger mon porte-monnaie pour l'acquérir.
Je n'ai pas été déçue du tout. Comme on dit, qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse. Et bien, à l'image de son sublime contenant, 'un éclat de givre" est un délicieux nectar.

"Un éclat de givre" se démarque des autres romans post-apocalyptiques (genre semble-t-il très en vogue depuis quelques années) par une tonalité particulièrement originale. Empreint d'une poésie étrange, le monde dépeint par Estelle Faye a des accents d'univers de conte de fées pour adultes. Certains passages évoquent presque de la dark-fantasy.
L'immersion dans le Néo-Paris imaginé par l'auteure est totale. Estelle Faye nous fait visiter ce Néo-Paris de fond en comble. Et la visite est variée et riche, chaque quartier ayant une identité propre. On sent bien que l'auteure a imaginé le moindre recoin de son Néo-Paris tant les descriptions lui permettent de prendre vie sous sa plume. Mais elle a également la subtilité de ne pas alourdir des descriptions, laissant une grande place à l'imagination du lecteur. Je pense que chaque lecteur se fait ses propres images du Néo-Paris.

L'écriture est à l'avenant de l'univers créé. Riche, foisonnante, subtile. Estelle Faye sait mener des séquences d'action efficaces, l'écriture se faisant alors nerveuse, vive. Elle sait aussi jouer sur la subtilité et l'émotion. Et comme je l'ai dit, les passages descriptifs sont exemplaires, remplissant leur rôle explicatif dans une langue belle et poétique. Si je devais définir le style d'Estelle Faye en un seul terme, c'est le mot "élégant" qui me viendrait à l'esprit.

L'auteure nous fait rencontrer de nombreux personnages, tous intéressants, même s'ils ne font parfois que passer dans un récit très resserré (250 pages). Bien sûr, le personnage de Chet efface un peu les autres protagonistes. Mais Chet est un personnage tellement réussi que je ne peux pas voir là un défaut. Créer un héros bisexuel, chanteur-travesti est déjà un choix joliment gonflé. Rien que pour cette audace, Estelle Faye mérite des louanges. Mais en plus d'être un protagoniste original par nature, Chet se révèle un personnage complexe, dense et immensément attachant. Loin d'être lisse et parfait, il est parfois agaçant, parfois irresponsable mais il est aussi terriblement séduisant, irrésistiblement émouvant. Emotion qui culmine lors du magnifique passage où, pour la première fois, il chante, sans fards ni perruque. Un passage magique qui m'a fait vibrer, m'a mis la chair de poule. Je mets au défi quiconque de ne pas tomber sous le charme de Chet.

Challenge Monopoly 1 (case 4 : un livre qui se déroule dans le futur)
Challenge Variété 23 (catégorie "un livre choisi pour sa couverture)
Challenge Petits plaisirs 25
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Ce n'est pas souvent, pal monstrueuse oblige, que je me dis qu'un jour, je relirai ce livre que je viens à peine de refermer... Estelle "Fée" et la magie de ses mots y sont arrivé !
Car ce livre est un livre "d'ambiance". Ambiance jazzy mélancolique formidable avec une B.O à tomber. Pas un page-turner, pas un bouquin qu'on reprend quand on a 5 minutes. Par contre, une fois plongée dedans, je n'y étais pour personne.
Entre M. Fazi et E. Faye, mon bouquiniste pourra se vanter de m'avoir fait découvrir quelques jolis fleurons de l'écriture "à la française" !

Le style est impeccable. Hyper-visuel (suis-je la seule à me dire que ça pourrait faire un jeu d'exploration fabuleux ?), on s'immerge avec Chet avec un mélange de fascination et de répulsion dans ce Paris totalement ravagé. Ayant visité un peu Paris récemment, cela m'a peut-être aidée à visualiser davantage, c'est vrai. Il n'empêche que même sa description des égouts (non, je les ai pas visités, eux !) est "visualisable", c'est juste un bonheur. Je pense que je mettrai un peu plus tard une citation descriptive rien que pour illustrer mon propos.

Un petit bémol : si le style est ciselé, le fond est classique. Il manque parfois quelques précisions scénaristiques, les actions se passent très, trop vite, et la fin est bien trop rapide. Je ne sais pas s'il était prévu qu'il y ait une suite, mais pour moi, une fois le livre refermé, il me reste comme un goût d'inachevé trop prononcé. "coïtus interruptus", si j'ose dire, parce qu'il est vrai que j'aurais bien pris une cinquantaine de pages de plus en rab.

Ce sont quelques défauts "de jeunesse", peut-être, à travailler pour cette auteure fort prometteuse !

Je ne vais cependant pas bouder sur la note, parce que le plaisir de lecture que j'en ai tiré est tel que les défauts passent à l'as... ç'eût été un 4,5 si les demis avaient existé ici, ce sera un 5...

Et c'était le F de mon défi ABC prévu d'entrée de jeu, ce que je ne regrette pas !
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J'avais entendu beaucoup de bien de Porcelaine, le précédent roman d'Estelle Faye, mais je n'ai encore pas eu l'occasion de le lire. En revanche, j'étais décidée à ne pas passer à côté de celui-ci, et je ne regrette absolument pas cette lecture.

Nous sommes dans un futur où la Terre a été dévastée. Il ne reste que quelques grandes villes, dont Paris où se déroule l'histoire. Nous suivons Chet, qui chante du jazz et arrondit ses fins de mois en effectuant des missions plus ou moins légales. Un jour, un homme lui propose une mission qui va s'avérer beaucoup plus dangereuse que prévu.

Le genre de ce roman est totalement indéfinissable. Il se déroule après une catastrophe planétaire, donc il s'agit sans nul doute d'un roman post-apocalyptique, mais l'ambiance à la fois glauque et féerique qui règne dans ce Paris étrange apporte une atmosphère poétique qui tranche radicalement avec les livres de ce genre. Nous ne sommes pas dans un univers dépressif, mais dans un monde qui reste beau et merveilleux, malgré sa noirceur et les conditions de vie difficiles.

Il faut dire que les descriptions d'Estelle Faye aident beaucoup à ressentir cette impression d'émerveillement. Sa ville fourmille de petits détails qui la rendent vivante et palpable, et, alors que je suis du genre à être vite énervée par les longs passages descriptifs dans les livres, il me semble que je pourrais lire des pages et des pages de descriptions de cette ville sans me lasser.

Mais le talent de l'auteur ne s'arrête pas là, puisqu'elle a réussit à créer un personnage principal des plus atypiques, mais terriblement attachant. La narration à la première personne permet d'être au plus proche de ce personnage complexe, sensible et délicat, mais parfois violent et auto-destructeur.

Enfin, l'intrigue est à la fois mystérieuse et passionnante, permettant au lecteur d'être totalement fasciné par les 250 pages de ce livre. Il n'y a pas de temps mort ou de longueurs, chaque passage de l'histoire, même le plus calme, contient des éléments qui éveillent l'intérêt et donnent envie de tourner les pages.

Bref, ce livre est une pure réussite, que ce soit au niveau de l'histoire ou de la magnifique édition des Moutons Électriques. Je pense que les images magiques évoquées par cette lecture vont me rester longtemps en tête. Avec ce roman, Estelle Faye vient de se faire une place de choix dans la liste de mes auteurs à suivre, et je ne tarderai pas à lire ses autres livres.
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Déjà un grand merci à Tatooa d'avoir proposé ce livre-quête dans le cadre du Défi SFFF de cette année. Ma première découverte de cette auteure dont j'entends parler depuis un moment !! Et... pffiiou !!! Vous est-il arrivé de vous arrêter à chaque fin de chapitre, le sourire aux lèvres et les yeux fermés, en admiration mentale devant la magie des mots que vous veniez de lire ? Eh bien, c'est l'effet saisissant que m'a fait "Un éclat de givre". le style de cette auteure est tout simplement grandiose, d'une poésie frisant le génie !! Oui, je sais c'est fort mais quand j'aime, non quand j'adore, je suis emphatique c'est comme ça !!
Pour l'histoire, on suit un héros dont l'originalité n'a d'égale que la complexité : Chet, jeune chanteur de jazz, . le décor, un Paris halluciné et hallucinant dans une époque post post-apocalyptique, où la nature et les instincts ont repris leurs droits mais qui recèle des thématiques très actuelles : les manipulations génétiques et les luttes de pouvoir pour ne citer qu'elles ; assorties à des arômes moyenâgeux et victoriens truffés de références musicales à couper le souffle et de descriptions qui font pétiller les yeux.
Le petit point faible mais franchement c'est un grain de sable face à la splendeur de ce roman, c'est la fin beaucoup trop rapide (j'ai été un peu frustrée, j'en aurais bien repris pour une bonne centaine de pages de descriptions et d'explications tellement c'est bon) !
Que vous dire, si ce n'est de lire ce livre, rien que pour la saveur du verbe d'Estelle FAYE ! J'ai quelques autres titres de l'auteure qui vont faire partie de mes prochaines lectures ! Une nouvelle chouchou de l'imaginaire sur mes étagères !!
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Une très jolie découverte, une auteure à suivre incontestablement, une nouveauté que je désirais fortement faire connaître jusqu'à que je me rende compte que près de 70 lecteurs avaient d'ors et déjà chroniqués et fait le boulot avant moi…et de belle manière !

Quelque peu coupée dans mon élan dithyrambique de dénicheuse de talent, j'attaque donc ma critique sous un autre angle :

Laissez-vous embarquer à votre tour dans ce roman fantastique, afin de découvrir un Paris métamorphosé suite aux catastrophes nucléaires survenues au 21ème siècle, mais aussi faire la connaissance de Chet, un jeune homme chanteur de jazz travesti et homme de main à l'occasion...
Laissez-vous également captiver par un récit original et empli de rebondissements,portés par des personnages incroyables : depuis les Hybrides jusqu'aux Enfants-psy, en passant par les Sirènes et les Mutants de l'Enfer…
Laissez vous pareillement charmer par la musicalité d'une belle écriture, riche d'une culture vaste dont les références sont finement distillées tout au long de la narration : musicales, littéraires, historiques…

Moi, j'ai aimé. Vous aviez deviné ?
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Dans Paris, après l'apocalypse

Premier roman que je lis de cette auteure (merci à Babelio et au challenge Mauvais genre !). La fantasy et moi, ça fait deux, je ne suis pas attirée par ce genre mais je me suis laissée tenter par celui-ci qui, selon le résumé et les avis, tenait plus du roman d'aventures dans un univers post-apocalypse.
Effectivement, on est en plein « post apocalypse », en 2267, environ un siècle après « le chaos » (une série de catastrophes dues principalement aux actions irresponsables des hommes) qui a mis fin à la société telle que nous la connaissons aujourd'hui. Les hommes se sont réfugiés dans les villes, les campagnes étant maintenant inhabitables. C'est donc dans un Paris surpeuplé et caniculaire qu'Estelle Faye nous envoie accompagner Chet, un jeune homme d'une vingtaine d'années, dans sa mission : ni plus ni moins que mettre fin au trafic d'une nouvelle drogue « la Substance » qui asservit totalement ceux qui sont sous son emprise.
Plus que l'aventure haletante et passionnante, c'est l'ambiance qui m'a vraiment plu. Une ambiance douce amère, mélancolique comme les chansons de jazz que chante Chet dans des cabarets plus ou moins louches… Quant aux descriptions de Paris version 2267, elles sont particulièrement soignées : on y retrouve les quartiers et les monuments très différents de ce qu'ils sont aujourd'hui : les îles de la Cité et Saint-Louis transformées en décharges, Notre Dame aux mains des gitans (clins d'oeil assumés au Notre Dame de Paris de Victor Hugo), le quartier Denfert-Rochereau devenu l'Enfer (et pour cause !), les tours de la bibliothèque François Mitterrand appelées « Stonehenge », le jardin des plantes colonisé par des organismes génétiquement modifiés (flore et faune) et la piscine Molitor qui abrite une maison close bien particulière ! On ressent parfaitement l'atmosphère étouffante et poisseuse de ce Paris populaire et populeux.
Nostalgie toujours car certains éléments du Paris contemporain ont survécu : le métro par exemple (toujours aussi bondé !) ; Chet peut également avoir un aperçu de l'Ancien Monde en visionnant des films et reportages et en lisant des livres qui ont échappé à la décrépitude, et il s'en est nourri pendant son enfance et son adolescence…
Et comment ne pas ressentir une tendre affection pour Chet, ce garçon un peu paumé qui se travestit en femme pour chanter, et dont l'auteur en a fait un personnage très attachant ?
Belle découverte.

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de toute beauté !

Comme ça, c'est fait, vous êtes au courant que c'est un coup de coeur ! Ce roman m'a déjà attirée très fortement pour plusieurs raisons. Tout d'abord, c'est Estelle. Une auteure qui s'amuse avec moi par ses différents écrits. Quand ça coince ou quand ça charme, mais dans tous les cas, c'est un univers, c'est une plume qui ne peut qu'accrocher mes yeux. C'est son univers qui fait tout et lorsque j'ai vu la couverture d'Eclat de givre, je savais que c'était un livre qu'il allait me falloir dans ma bibliothèque, dans ma tête, dans mon blog. Et pourtant, je n'avais pas lu encore la quatrième. Mais quand je l'ai lue....

Certes, c'est Paris, une ville que je ne porte particulièrement pas dans mon coeur. Parce que je n'y vais que pour raison professionnelle. Parce qu'il y a tellement de monde pour mon petit tempérament d'ermite (et puis Lille, c'est tellement mieux dites). Parce qu'il y a du jazz, une musique qui me fait vibrer depuis que je suis toute petite. Et puis parce que c'est de la science fiction. Un style généralement plus musclé. Mais à la manière d'Estelle, c'est tout un poème.


Un anti héros qui changera tout aussi.

Enfin, il y a Chet. C'est un garçon qui chante des tubes de Jazz dans des bouigues bouigues. C'est le type même du gars égoïste qui m'a rappelé certaines personnes de mon entourage. Et pourtant, il a le coeur lourd par son passé, par des actes manqués, par sa vie en elle-même. Il doit prendre une décision, un contrat, qui le mènera à rencontrer des personnes mais surtout à enquêter sur une nouvelle drogue et sur le climat caniculaire de Paris.

C'est tout sauf un héros et pourtant, il devra agir comme tel. Et ce sont ces fêlures qui font tout. Car on le suit, on l'aime bien, mais on fait aussi ce qu'on peut pour ne pas s'attacher car on sait qu'il est capable de partir au loin sur un coup de tête ou pour servir ses intérêts. Je suis persuadée que vous avez dans votre entourage au moins une personne ainsi, c'est un personnage universel. Et pourtant, grâce au jazz, Chet m'a fait vibrer, m'a fait aimer certains de ses aspects. Et je fus triste de le quitter à la fin du livre en ne m'y attendant pas du tout. Alors j'ai mis un album de jazz et tout fut bien.

En bref : si vous avez peur de tester de la science fiction, si vous voulez un peu de musique dans votre vie, un peu de Estelle Faye aussi. Foncez ! Ce livre, dans tous les cas, ne vous laissera pas indifférent, j'en suis sûre
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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Salut les Babelionautes
J'ai découvert Estelle Faye avec ce roman ensuite j'ai lu Porcelaine : La légende du tigre et de la tisseuse et depuis j'ai lu les Seigneurs de Bohen et les Nuages de Magellan ou elle se risque dans la Science-Fiction.
Mais pour en revenir a un Éclat de Givre, Que je me suis offert en édition Relié ainsi que "Un Reflet de Lune" c'est un récits post-apo dans un Paris complètement déjanté ou notre héros (Chet) pour vivre chante dans des cabarets en se travestissant en femme, mais il a une autre activité qui lui emmène que des ennuis.
il est bi-sexuel, aussi quand un beau gosse aux yeux fauves lui propose une mission bien payée, il accepte sans trop de difficultés. Sans se douter que cette quête va l'entraîner plus loin qu'il n'est jamais allé, et lier son sort à celui de la ville, bien plus qu'il ne l'aurait cru.
La Plume d'Estelle Faye est chargée de magie quel que soit le genre littéraire qu'elle choisie de traiter.
Une Galerie de Personnages plus étranges les uns que les autres, l'apparition d'une nouvelle Drogue, et Chet se laisse embarquer dans une aventure ou il risque de laisser sa peau.
Ce qui m'a le plus marqué dans le récit d'Estelle Faye c'est la manière dont elle arrive en quelques phrases à me faire entré dans son histoire au risque de m'y perdre.
Un roman étrange et envoûtant ou se côtoient des mutants aussi bien humain qu'animal ou végétal suite à la folie de généticiens fous et ou il est dangereux de s'allonger sur le gazon des parcs au risque de se faire dévorer par l'herbe.
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Troisième roman d'Estelle Faye, après La dernière lame et Porcelaine, roman fort bien reçu par la critique (il a notamment obtenu le prix elbakin.net 2013). J'ai beaucoup aimé Un éclat de givre. Pourquoi ? Plusieurs raisons à cela, mais la principale réside sans nul doute dans son originalité.
Certes, il s'agit de nouveau d'une histoire post-apocalyptique. Les auteurs de SF actuels ont beaucoup d'attrait pour ce genre actuellement. Pourtant, le traitement qui en est fait m'a beaucoup séduit. Tout se passe au XXIIIè siècle, à Paris, mais dans un Paris méconnaissable tant les affres du temps l'ont transformée. On perçoit, au fur et à mesure de la lecture, que le monde n'est plus circonscrit qu'à Paris elle-même. En effet, une production à outrance du gaz de schiste a modifié le sous-sol de la Terre, jusqu'à le rendre totalement stérile. Au cours des XXII et XXIIIe siècle, des gouvernements d'urgence se sont mis en place, jusqu'à ce que l'anarchie l'emporte. Plusieurs générations ont passé, et nous voici en présence de Chet, jeune homme de 23 ans, désormais orphelin, qui gagne difficilement sa vie en chantant du jazz dans des bars le soir. Quand le roman commence, Chet se trouve dans l'un de ces bars et remarque qu'un séduisant jeune homme, un Frelot (un des hommes qui garantit la sécurité sur la Bordure), vient le voir tous les soirs depuis quelque temps. Chet, qui en a vu d'autres, essaie d'entrer en contact avec lui, mais le Frelot l'évite toujours, amenant un subtil jeu de séduction entre les deux hommes. Mais qui est vraiment ce Frelot ? Quel est son dessein ?
Le but de Galaad, le surnom que Chet a donné au Frelot et qu'il considère comme son chevalier, est d'amener Chet à retourner en Enfer, cette zone qui a investi les zones souterraines des catacombes et qui constitue une deuxième ville, sous la ville, où se concentrent les parias de tout poil. Car Chet y a déjà vécu quelques temps il y a quelques années, vivotant entre le stupre et la drogue. Un blondinet qui aimait bien Chet, surnommé Virgile, l'en avait extirpé, voyant en lui une pureté à sauver. En Enfer circulerait actuellement une drogue spéciale, la Substance, qui a pour effet de limiter les effets de la canicule en conservant le corps de ses consommateurs froids. Mais l'un de ses effets principaux réside dans le fait qu'elle annihile tout sentiment d'individualité chez ses consommateurs, qui au fur et à mesure des ingestions, ne forment plus qu'une seule entité cérébrale, comme si en quelque sorte ils devenaient les différentes parties d'un même esprit. Qui se cache derrière cette affaire ? Qui manipule la population, et à quelles fins ?
Un roman complètement barré, mais fort bien écrit. C'est un régal pour les yeux et l'esprit de lire un français si correct et si riche. J'ai à plusieurs reprises dû ouvrir mon dictionnaire pour connaître la signification de certains mots. Bravo à l'auteure pour ce travail. Mais j'ai apprécié plus encore le monde créé par Estelle Faye. le Paris qu'elle nous dépeint est proche du nôtre, mais en est tellement différent ! Les trouvailles sont géniales, on s'y croirait presque. Et surtout, ce que j'ai aimé le plus, c'est Chet. On s'attache beaucoup à ce personnage, plein de défauts, mais qui aime tellement la vie ! le traitement de sa bisexualité est fort intéressant ; ses sentiments compliqués avec Galaad, d'une part, et Tess, d'autre part, sont émouvants (émouvant aussi son rêve où ils sont tous les trois). Bref, un roman hyper moderne je trouve, qui nous change de ce qu'on peut lire d'habitude, une écriture dense, riche, prolifique, haute en couleurs. Bref, un coup de coeur littéraire. Sans oublier de féliciter les Moutons Electriques pour l'objet éditorial proposé, doté d'une très belle couverture signée Aurélien Police.
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Voyageur régulier de l'imaginaire et de l'ailleurs,
Si je savais grâce à la quat'de couv' entrer dans un Paris post apo je ne m'attendais pas à le découvrir ainsi.

Il y a du beau, du recherché, du poétique dans les mots d'Estelle Faye que je lis pour la première fois.
C'est simple rien qu'à naviguer dans un monde meurtri et cuit par des siècles de conneries humaines on arrive malgré tout à s'émerveiller des immeubles encore en place, des quartiers, univers et scènes qui se déroulent devant nous.

Les personnages ne sont pas en reste, j'ai eu beaucoup d'affection pour Chet artiste solaire, touche à tout, solitaire bien entouré. J'ai reconnu en lui un farfadet, le Maspalio de Mathieu Gaborit, et de fait, on lit tout à fait en Estelle Faye la poésie des mots qu'on retrouve chez le créateur d'Abyme. Et je n' ai qu'une hâte, c'est de découvrir un autre de ses livres pour voir si le charme, dans un tout autre univers, fonctionne.
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