Aline, assise sous les photographies des ancêtres de son père et du portrait de son frère Joseph en militaire, retrouva les notes de la mélodie de Chopin en chantant à mi-voix:
Mon coeur se souvient
Des jours heureux
Où tous les deux
En de gais bavardages
Nous formulions
Des rêves insensés mais si doux
Hélas temps enfuis...
(...)
Car j'ai vécu
Oublieux du passé si beau
Ne pensant qu'à la vie dorée
Quand j'avais près de moi le bonheur
Mais si discret
Que dans ma folie...
(...)
Ne l'ai pas compris
Et désormais
C'est pour la vie
Peine in-fi-nie...
Le jour où je vins ici-bas
de naître il me fallut renaître
ne me demandez pas pourquoi ma mère
quand jeunesses s'empêtrent
confondant un autre avec moi
qu'elle eut la joie de reconnaître.
Si bien que mon enfance à moi
fut en fait une vraie tempête
Quand ma mère me nommait moi
C'était un autre dans sa tête
Cet autre qu'elle eut avant moi
Qui ne vécut que quelques fêtes
Qu'elle aimait tant, bien plus que moi
et qu'elle revit dans tout mon être.
Venant de tout mon être mon cri sera jusqu'au trépas :
Oh! Connaître la caresse d'être quelqu'un qui ne serait que moi!
Ils furent tous les deux remués de la même façon. Le coeur de l'un battait dans la poitrine de l'autre. Ils ne s'entendirent plus parler, comme des acteurs qui prêtent leur chair et leur sang à des personnages qui vont décider de la suite.
Nicolas Combet Usufruit - éditions P.O.L - où Nicolas Combet tente de dire de quoi et comment est composé son premier roman à lo'ccasion de sa parution aux éditions P.O.L en janvier 2022 et où il est question notamment d'un immeuble à Montreuil et de ses habitants, de Madagascar et de Villard-de-Lans, de René Féret et De Stendhal, d'Adama Saleh et de Asami, de Constant et de Marcel Laborde, d'enfant de remplacement et de Moyen-Age, à Paris le 10 décembre 2021.
"Et alors qu'il semble que rien n'a changé, on découvre que tout est différent, sans qu'on sache bien dire comment."