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Il n'y a que Dominique Fernandez pour retracer la biographie romancée de Michelangelo Merisi dit "Le Caravage". le "clair-obscur", dont il fut le génie fit sa renommée, et représente parfaitement sa personnalité, si controversé, tellement incompris, sulfureux. Vie de débauche, de sexualité débridée et pourtant tant de beauté dans ces oeuvres qu'il est important de visualiser pour comprendre son art. 785 pages de bonheur, de finesse, de poésie sur fond politique où en cette Italie du XVII° siècle régnait la corruption chez le clergé, les guerres entre les grandes familles, l'inquisition... A découvrir
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Parmi les « voyous » de génie de l'Art, il y a le belliqueux orfèvre et sculpteur Benvenuto Cellini et, surtout, l'un des plus grands inventeurs: Michel-Ange Merisi, dit le Caravage. Sa vie est à elle seule un roman, ce qu'a parfaitement intégré Dominique Fernandez, avec cette Course à l'abîme, autobiographie fictive qui raconte les errances à la fois géographiques et créatrices de ce peintre à qui l'on doit le clair-obscur, rien que ça !
Une pareille vie ne pouvait que donner, à condition de savoir l'écrire, un roman épique. Contrat rempli pour l'auteur.
Mais qui est ce Caravage ? Un peintre hors norme dont l'immense et tourmenté talent refuse les exagérations du baroque en lui opposant un réalisme saisissant. Et quelles que soient ses démêlées avec la justice, l'obligeant à une vie d'exil, tous, à l'époque, s'accordent à reconnaître en lui un artiste d'exception, tel un Giotto ou un Masaccio avant lui.
Cependant, le roman de Fernandez n'est pas une leçon d'art : il nous plonge dans le XVIe siècle finissant et le début du XVIIe, rendant avec exactitude l'atmosphère d'une Italie toujours souveraine en matière de création.
D'une écriture dynamique et non moins érudite, ce texte s'inscrit dans ce courant qui, depuis quelques années, rencontre un succès souvent mérité : les biographies romancées de peintres. Je pense notamment à La Passion Lippi de Sophie Chauveau ou Artemisia d'Alexandre Lapierre.
Une excellente introduction au Caravage à toutefois considérer pour ce qu'elle est : une fiction.
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On ne sait presque rien de la vie de Michelangelo Merisi, passé dans la postérité (qui l'a boudé de longues années) sous le nom "le Caravage".
Dominique Fernandez s'empare de ce presque rien pour laisser à son imagination le libre cours de créer ce récit. C'est son droit légitime d'écrivain à l'écriture fougueuse et soigneusement travaillée.
Néanmoins, en dépit de l'intérêt que je porte à l'art, L Histoire et les belles choses bien écrites, j'ai eu des problèmes avec ce livre du début à la fin.
Le titre en soi est annonciateur d'un destin. Or je ne crois pas du tout en la notion de destin. Je pense qu'on cache sous ce terme notre incapacité à reconnaître les erreurs du passé et à ne pas les reproduire. Et puisqu'il s'agit ici d'un artiste, et quel artiste!, je crois pertinent de citer André Malraux: " l'art est un anti-destin." Fernandez ne démentira pas, c'est l'un des buts de son livre que de soutenir cette idée. Mais Malraux a aussi affirmé que "la tragédie de la mort est en ce qu'elle transforme la vie en destin." Et c'est ici que je m'éloigne de Fernandez qui s'emploie à expliquer la mort tragique du Caravage en projetant sur son sujet ses propres fantasmes d'écrivain donnant dans la destinée tragique. Tout concourt dans ce livre à vouloir nous faire croire que le Caravage ne pouvait pas ne pas finir comme il l'a fait dans cette folle "course à l'abîme" C'est le mythe de l'artiste tourmenté à un point tel que sa mort ne peut être que tragédie.. C'est ce qui me dérange dans le cas présent.
Cela étant, le contexte de l'époque est bien dépeint: la Contre-Réforme avec une Inquisition plus que jamais sur le qui-vive, la contribution du nouveau venu chez les artistes peintres qui va transformer le classicisme de la Renaissance finissante en un Baroque sombre et flamboyant à la fois avec cette maîtrise absolue du clair-obscur. En cela le livre est bon. Mais il s'achève aussi brutalement que la vie du personnage principal. Si c'est voulu, alors je passe complètement à côté de l'effet recherché. Si c'est un accident, je n'ose croire que Fernandez était à ce point pressé de terminer son récit. C'est très dommage, car il me laisse avec un sentiment d'inachevé... Caravage méritait mieux que cela!
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Après 500 pages, je n 'en pouvais plus des peintures, et des amours de le Caravage. Trop long...
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Il Caravaggio, peintre de génie à l'âme aussi claire-obscure que ses tableaux, a inspiré à Dominique Fernandez un roman fleuve qui nous entraîne dans le sillage de cet homme au tempérament bouillonnant, bagarreur et jouisseur. Qui exprime sa liberté en glissant dans ses tableaux des détails propres à choquer l'Eglise. A plusieurs reprises il connaîtra la prison en raison de ses provocations, et sa tête sera mise à prix à l'issue d'une bagarre dont son adversaire ne sortira pas vivant. Tour à tour adulé et honni, sa vie sera faite de périodes de faste grâce à des protecteurs épris de sa peinture, et de fuites pour échapper à une mort certaine. Une mort qui finira par le rattraper, sur une plage de Toscane, dans des circonstances qui demeurent mystérieuses.

A partir des quelques éléments biographiques connus sur la vie tumultueuse du Caravage, l'auteur tisse une trame romanesque empreinte de son amour pour le peintre, mais plus largement de l'Italie, où il a vécu un an lorsqu'il était étudiant. Cet amour se sent à chaque page, mais j'ai regretté que son écriture impeccable soit justement un peu trop académique. Pour parler crûment, je dirais que ce roman manque à mon goût de « tripes », de cette fièvre que l'on imagine emplir chaque jour de la vie de ce peintre sulfureux. Il faut attendre la toute fin du livre, lorsque Michelangelo (Michelangelo Merisi était le vrai nom du Caravage) retrouve enfin Mario, son amour perdu, pour que le roman se mette à vibrer. Or, Dominique Fernandez pouvait ici tout se permettre, contrairement aux biographes.
Il n'en reste pas moins qu'il a eu le talent impressionnant de construire son roman sur la base des tableaux du Caravage. D'imaginer ce que l'homme vivait, ce qui l'inspirait au moment où il peignait ses toiles. Il est d'ailleurs préférable d'avoir sous la main, parallèlement à celui-ci, un livre de reproductions de ses oeuvres. Cela leur donne un éclairage auquel on a envie de croire, même si l'on sait que tout cela - ou presque - n'est que fiction.



Lien : http://tassedethe.unblog.fr
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Né dans le village de Caravaggio, près de Milan, Michelangelo Merisi apprend la peinture et devient, au fil du temps, l'un des plus grands peintres que l'Italie ait connu. Ici, nous sommes dans l'univers de la Contre Réforme et l 'Église catholique entend bien montrer sa primauté.
Raconté à la première personne, la vie de cet homme habité tout à la fois par un immense sens artistique et par des pulsions de mort qui le poussent à rechercher des situations extrêmes , est magnifiquement rendue par un écrivain érudit et sensible. Un vrai voyage dans une Italie et une Sicile décrites avec sûreté. Les grands prélats de l'Église et les nobles côtoient les gueux... A côté de celle du peintre, les figures de Mario et de Gregorio de détachent dans un clair obscur cher à l'artiste.
Une très belle lecture qui nous fait redécouvrir les toiles du Maître et cette façon qu'il a eue de mêler le Sacré et le profane.
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Magnifique, on se laisse captiver sans aucune difficulté par ce livre qui raconte la vie romancée du peintre le ‘'Caravage'.
En écrivant à la première personne, l'auteur nous fait découvrir l'existence de cet homme excessif et bagarreur.
On partage ainsi toutes les étapes de la vie du peintre, ses débuts, son parcours, sa vie intime, ses déboires, son ascension au travers d'une Italie (Rome, Naples, la Sicile) de la fin du 16ème et début du 17ème siècle.
C'est un pavé qui se dévore et que l'on ne peut que conseiller vivement.

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Énorme coup de coeur que ce magnifique "la course à l'abîme", de l'académicien Dominique Fernandez, une autobiographie romancée de Michelangelo Merisi, dit le Caravage.

Autobiographie en effet car Fernandez convoque ici l'artiste de l'au-delà, dans un récit à la première personne.

De son enfance, dans ce village de Caravaggio d'où il tira son nom, à sa mort sur une plage, c'est 30 ans d'une vie mouvementée que l'on voit defiler sous la très belle plume de l'écrivain. Vie pendant laquelle le Caravage côtoiera des puissants et s'en fera de féroces ennemis.

Car dans cette époque post Concile de Trente, l'art est non seulement devenu important mais il est au service de l'Église. Les édifices religieux se doivent d'être décorés, pour contrecarrer l'austérité protestante et ses principes vers lesquels certains chrétiens pourraient vouloir se tourner.
C'est aussi une preuve de pouvoir et tout est bon pour enrichir sa collection.
Mais il peut être à double tranchant s'il ne respecte pas les Écritures, à un moment où au Vatican s'affrontent le clan espagnol et le clan français, dont fait partie le protecteur du Caravage, le cardinal del Monte.

Dans une Italie dont les moeurs ont évolué depuis l'Antiquité, l'orientation sexuelle du jeune peintre s'avère dangereuse.
Cette homosexualité sera un des points importants du livre. Forcé de se cacher pour éviter l'Inquisition, le Caravage va se servir de ses tableaux pour être lui-même, heurtant souvent le clergé.

Car il refuse le bon goût académique de l'époque et n'aura de cesse de combattre ces réalisations fades, dans lesquelles les cadavres ne portent trace d'aucune blessure ni d'aucune goutte de sang, où Jésus ne semble pas souffrir de la crucifixion. Il veut choquer.

On découvre au fil des chapitres la genèse des plus grandes oeuvres du maître du clair obscur, leur composition, leur signification: Judith et Holopherne, le jeune Bacchus malade, le joueur de Luth, la vocation de Saint Mathieu, le jeune garçon mordu par un lézard, etc etc
Mais cela se fait d'une manière extrêmement fluide, jamais didactique ou ennuyeuse et toujours au service du récit.

C'est donc avec un immense plaisir que j'ai lu ce roman.

Tous les éléments sont-ils juste, par rapport aux biographies officielles ? Je ne sais pas mais cela ne me paraît pas le plus important ici.

Je le recommande à tous et ne manquerai pas de me procurer rapidement "Porporino ou les mystères de Naples" du même auteur.

Bonne lecture à tous!
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La vie tragique et passionnante du Caravage revue avec talent par Fernandez. On en ressort secoué et surtout, on a très envie de voir les tableaux du peintre, de les regarder avec un oeil nouveau. Un roman plein de sexe, de violence, de sang mais empreint d'une grande sensualité.
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Un "vieux" roman (2002 ...), mais quel plaisir de le découvrir ! le Caravage : à priori, pas trop mon style de peinture et surtout un sentiment de malaise dans les tableaux (nombreux malgré tout !) que je connais. Et puis, la lecture de ce texte bouillonnant de vie, d'une vie pleine et entière vécue dans un univers codifié, hypocrite de l'époque. D'un jeune homme issu d'une famille honorable, comme en quête d'une extase (mystique ou non) digne de Thérèse d'Avila, Michelango MERISI deviendra un peintre qui sans dessiner, pose directement les couleurs sur la toile. Sa sexualité très ouverte (femmes et surtout beaux jeunes gens qu'il placera dans ses oeuvres) sont à l'origine de ses nombreuses difficultés. Honnête dans une société coincée entre l'Inquisition et la religion catholique (qui ne veut pas voir que les prélats, fréquentent eux-aussi des mondes interlopes), le Caravage a tout du mouton noir : une extrême insolence et une envie de vivre sa vie au grand jour. Un fort beau livre qui m'a permis de découvrir un artiste.
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