Fernandez Marc – "
Mala vida" – LGF / Livre de poche, 2015 (ISBN 978-2-253-08585-0)
Un livre absolument remarquable par sa radicale nullité littéraire. Nous sommes là à un niveau proche du zéro absolu pour ce qui concerne l'écriture, platement linéaire et sans saveur aucune.
L'intrigue est téléguidée, prévisible, sans aucun suspens, d'une monotonie générant le bâillement irrépressible dès les premières pages. Voilà le genre d'ouvrage dont la lecture devrait être imposée à tout étudiant en littérature, car ce roman contient à peu près tous les défauts d'une très mauvaise narration.
Détail révélateur : même l'édition est mauvaise, mon exemplaire comprend deux fois les pages 97 à 126 !
Pire encore, l'auteur matraque son lecteur d'opinions politiques bien marquées, il se croit "de gauche donc obligé de partir en croisade contre la fachosphère", sur le mode Don Quichotte. Dans son abyssale sottise, il ne s'aperçoit même pas qu'il finit par doter ses "héros" de toutes les caractéristiques du bon facho !
En tant que "journaliste" lui-même, l'auteur illustre ici son fantasme : son héros va bien entendu renverser un gouvernement rien que par la grâce d'une campagne médiatique qu'il déclenche à lui seul sur les ondes (incarnant l'homme providentiel, grand sauveur de la planète, si cher à Hollywood).
Ce Superman, avalant d'invraisemblables quantités d'alcool et fumant "'clope sur clope" en dormant bien sûr à peine quelques heures (l'auteur se montre ici en retard sur la mode bobo-écolo-anti-macho), se fait aider par un trio réunissant Fantômette (une avocate qui s'arroge le droit de la vengeance jusqu'à l'assassinat, ben voyons), un transsexuel digne de Matamore (faut voir comme il/elle te vous terrorise les policiers des renseignements généraux, on croirait Tartarin de Tarascon), un juge tout plein de probité débordante, et même – vers la fin – un super-flic de l'ombre : n'en jetez plus, la cour est pleine.
Autre point plutôt drôle, l'auteur ne se rend même pas compte qu'il illustre naïvement cette collusion qui règne aujourd'hui entre certains journalistes, certains juges, certains avocats, soutenus dans les rêves de l'auteur par un policier ("rouge" comme il se doit), lesquels poursuivent des objectifs déterminés par leurs convictions idéologiques et politiques personnelles, en s'étonnant que "ceux d'en face", les z'horrrrribles fachos, fassent de même. L'auteur atteint là des sommets de ridicule involontaire.
Attendrissant : comme il se doit, Fantômette est très jolie, très intelligente, très ceci, très tout et tout, et ce brave journaleux succombe à ses charmes : l'auteur nous gratifie d'un mélo digne de la série Harlequin, sortez vos mouchoirs...
Quant au scandale (certains pisse-copies ne pensent la profession de journaliste que sous cet angle) des bébés volés, l'auteur oublie de préciser que tous les groupes politiques extrémistes ont eu recours à ce procédé.
Les nazis alimentèrent de cette manière ("Kinderverschleppung") leurs centres de "Lebensborn", et le petit père Staline s'empressa de créer ainsi de "bons et loyaux communistes" dans tous les pays de dictature communiste...
Ce roman nul, car uniquement basé sur la propagande idéologique la plus caricaturale, rejoint la liste comprenant déjà des auteurs comme
Jean-Paul Brighelli,
Thomas Bronnec,
Jérôme Leroy,
Dominique Manotti, le Littel des "bienveillantes" etc - liste non limitative.
Destination poubelle.
Celles et ceux qui souhaitent lire un excellent roman sur les tensions et secousses qui agitent l'Espagne d'aujourd'hui par rapport à son passé, se procureront le roman de Victor del Arbol intitulé "Toutes les vagues de l'océan", titre original "Un millon degotas" publié en 2014, dont la traduction en français fut publiée en 2015 chez
Actes Sud dans la collection Babel-noir (ISBN 978-2-330-07281-0) – voir recension.