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3,63

sur 564 notes
Bien que lectrice assidue, je n'avais jamais lu de textes d'Alice Ferney et je suis ravie de dire que je viens de trouver un nouveau nid à livres pour mon plus grand bonheur !
Conseillé par ma géniale libraire (je vous ai dit qu'elle était géniale ? OK, je me répète), j'ai plongé dans ce roman consacré à une famille : les Bourgeois, oui comme la classe sociale, une grande famille au sens numéraire du terme, mais aussi une grande famille d'un point de vue social et idéal.
Militaires, avocats, religieux parfois, médecins, capitaine d'industrie, nous voyons se dérouler l'histoire de la famille et celle en parallèle de l'histoire de France depuis les années 1900 jusqu'à nos jours et combien de changements, d'évènements : 2 guerres mondiales, des guerres de décolonisation (Indochine, Algérie ...), le changement de place des femmes, la religion catholique qui perd de son influence, la gauche qui arrive au pouvoir ... Alice FERNEY parle avec tendresse et respect de tous les nombreux personnages de la famille (j'ai retrouvé l'esprit des livres de d'Ormesson "Au plaisir de Dieu" ou de la série "Les Boussardel" de Philippe HERIAT) car au travers d'eux, c'est le monde et la France qui changent et l'impact de ces évolutions bonnes ou mauvaises sur cette famille qui sont passées au crible.
Car lire L Histoire détachée des histoires humaines, des personnes, des contextes sociaux est si simple : moi, j'aurai, il fallait ... Au même titre qu'on ne sait jamais comment au réagira face au danger, nos lectures de l'Histoire sont entachées par le confortable recul que nous donne le présent. Alice FERNEY fait ici, oeuvre de modestie et de compréhension et nous permet de comprendre les réactions de cette famille et de ces éléments. On ressort du livre avec l'envie de se plonger dans ses propres racines familiales pour mieux les comprendre et c'est une belle idée que de comprendre son passé pour essayer de mieux appréhender le futur ou même le simple présent.
Un reproche si léger mais quand même : il manque un arbre généalogique dans le roman pour se retrouver plus facilement dans cette prolifique famille, Bourgeois.
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Une traversée du siècle depuis la première guerre mondiale à nos jours à travers le destin d'une famille bourgeoise, très aisée dit-on, les Bourgeois, une fratrie de dix enfants, huit garçons et deux soeurs nés entre 1920 et 1940.

Ils appartiennent à un monde très cloisonné, fervents catholiques, vivent dans des grandes demeures avec des domestiques. Les garçons sont destinés à être militaires, avocat, hommes d'affaire ; les filles de la fratrie et les femmes qui rejoignent la famille au fil du temps sont entièrement dévouées à la gente masculine, elles enfantent de nombreux enfants, servent sans relâche les uns et les autres.

La construction du roman n'a rien de classique, l'auteure ne suit pas une chronologie rigide, elle brasse et confronte les années pour mieux en révéler les nuances, les complexités de chacun et de l'histoire.

Alice Ferney ne cède jamais à la facilité, les personnalités sont parfois complexes, évoluent, laissent entrevoir discrètement des failles. Elle ne juge pas, elle ne verse pas non plus dans l'émotion facile. Les personnages sont tour à tour émouvants, étonnants, agaçants, pétris de certitude, frappés par le deuil, et terriblement humains.

Enfin et surtout, l'auteure réussit une brillante traversée du siècle, précise, documentée et rigoureuse. La lecture des évènements n'est jamais simplifiée, la multitude de personnages ouvre sur des interprétations parfois opposées de l'histoire.
J'ai particulièrement apprécié la période qui couvre la guerre d'Algérie, la fin du colonialisme, et surtout comment elle sera vécue différemment par les frères militaires. L'un en sortira traumatisé et affaibli tandis que son frère en tirera les honneurs.

Au fil des années, petit à petit, ce vieux monde se fissure, confronté aux réalités et à l'évolution de la société, la loi sur l'avortement, la contraception, l'émancipation des femmes, une autre époque voit le jour, les jeunes générations ont alors une vision du monde plus nuancée.

Une très grande réussite que ce magnifique roman, intelligent et remarquablement construit.

Mon année de lecture 2020 se termine brillamment !
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L'arbre d'une lignée catholique, parisienne, Action française, s'il fallait la qualifier, déploie sa ramure impressionnante dans le souffle continu d'une écriture aux tournures parfois surannées, style qui épouse l'air du temps et varie tout le temps de 1868 à 2017. Alice Ferney jongle avec les vignettes de la petite histoire d'une grande famille qui abreuve les siècles d'un clan industrieux, patriote et altruiste. Une prouesse littéraire, un désir d'embrasser l' Histoire, la tradition du grand roman français, nourri aux mânes du récit imagé et de la phrase sinueuse, dont la longueur vous échappe parfois, jamais la pulsion, ni le sens. La femme apparaît mère, au foyer et sereine d'être là où la tradition l'a longtemps placée, indifférente au féminisme émancipateur. Complètement assumé par l'auteure dont la tolérance envers la grande bourgeoisie finit par agacer.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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Roman familial, roman historique, fresque sociale, mémoire historique, sujets de réflexion.
Alice Ferney ouvre l'album photos d'une famille française, bourgeoise, patriarcale, catholique, pétainiste, royaliste. La famille Bourgeois est une famille nombreuse, le couple aura 10 enfants, et la mère va décéder à la naissance de la dixième enfant. Les garçons seront militaires, les filles seront mère au foyer. Il y a une tradition quasi immuable. Nous sommes au vingtième siècle entre la grande boucherie et le grand crime contre l'humanité.
Par-delà l'histoire de la famille Bourgeois, l'auteur revisite l'Histoire de France, et pointe le doigt sur les tragédies du passé : la boucherie de 14-18, le génocide de 39-45, les guerres d'Indochine, la décolonisation de l'Algérie, elle s'attache à des faits précis, les blessés abandonnés au chemin des dames, le Vel d'hiv, Cao Bang,….et elle cherche à comprendre comment ces évènements ont été perçus, ressentis, dans cette famille.
Elle nous emporte également dans le tourbillon de l'évolution de la société française, lutte pour l'avortement, pour le droit des femmes, lutte pour l'école libre, la pilule, Mai 68, ….
L'auteur s'attache aux détails de la grande histoire et décrit la stabilité de cette famille dans une société qui évolue, change, bouge.
Livre attachant, et premier livre de cette auteure pour moi, J'aime cette manière d'entrer dans le détail et en même temps de savoir prendre la distance. D'autres lectures de Mme Ferney vont suivre.
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Saga familiale dans la plus pure tradition française. Construit sur un élégant mais néanmoins classique aller-retour entre le passé et le présent, la double épopée nationale et intime déroule, entre 1920 et 2015, la vie du clan Bourgeois dans un jeu plus ou moins subtil de résonnance avec son temps.
Fratrie de huit frères et soeurs, les Bourgeois incarnent à merveille une classe sociale solidement arrimée à la religion et le patriotisme. Les hommes exercent une profession dans les domaines de l'armée, la médecine, le barreau ou les affaires, les femmes font des enfants. Attachés aux traditions et à la transmission, chaque génération est éduquée dans une tenue exigeante, constituée d'un subtil mélange de discrétion et de silence. Mais comment ces sacro-saintes valeurs familiales pourront-elles résister à l'éclat du temps ? Quelles que soient les aspirations d'émancipation de chacun, gare à ceux qui tenteraient de s'éloigner un peu trop du cadre ! Alors les uns et les autres s'arrangent comme ils peuvent en essayant de trouver un équilibre entre la vie du groupe et la destinée individuelle.
On ne peut que saluer l'ambition de l'entreprise littéraire qui parvient à tenir un équilibre délicat entre le souffle collectif et une petite musique intime. Les portraits sont réussis, souvent touchants par leurs failles. En revanche, on peut regretter un manque d'originalité dans la forme et le fond. de fait, cette lecture agréable a souvent des relents d'ennui ou de déjà lu.
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A travers l'histoire d'une famille nombreuse (10 enfants) bourgeoise, catholique, Alice Ferney montre l'évolution de la société, des idées, des valeurs, des moeurs sur un siècle (1918-2018).
Sans jamais juger, en vertu du principe qu'on ne peut juger qui ou quoi que ce soit avec nos connaissances d'aujourd'hui alors que nous avons des éléments qu'ils n'avaient pas à l'époque pour décider de leurs actes, elle montre les évolutions de la place de la femme, de la religion, du père, de la famille, de l'armée,... dans la société française.
Un essai déguisé en roman, très utile pour comprendre le présent, très agréable à lire grâce à la beauté de la langue utilisée et au talent de l'auteur.
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Il n'est pas toujours simple d'attribuer un genre à un écrit. S'agit-il d'un roman, d'un documentaire, d'une biographie ? A priori ça ne paraît pas compliqué et pourtant. Une biographie, n'est-elle pas quelque peu romancée lorsque l'auteur y ajoute un petit quelque chose de personnel ? Un roman qui comporte nombre de faits historiques réels, ne peut-il ressembler à un documentaire ? La question pourrait se poser pour "Les Bourgeois", même si la mention "roman" figure sur la couverture.

Les Bourgeois, c'est bizarre, en voyant ce nom et, malgré la majuscule, j'ai plutôt pensé au statut social. Et bien non, ce n'est pas ça. Bourgeois est le patronyme d'une famille… de bourgeois catholiques. L'histoire débute le 9 novembre 2013, jour du décès brutal de Jérôme à l'âge de quatre-vingts ans. Jérôme fait partie des dix enfants, huit garçons et deux filles de cette dynastie, pourrait-on dire. Comme souvent dans cette couche sociale ils sont tous dans l'armée, la marine, ont fait des études de médecine, de droit ou encore sont dans les affaires.

Il s'agit presque d'un journal, chaque petite partie commençant par une date, mais un journal complètement démantelé et rassemblé à la va vite, sans ordre. Il n'y a là aucune chronologie, les dates sautant du coq à l'âne, enfin, je veux dire du présent au passé pour mieux revenir au présent via un passé plus proche. Vous suivez ? J'espère, car il faut parfois s'accrocher pour savoir où l'on en est, et, de notre époque, se retrouver en 1919 puis revenir à 2013 après avoir fait un crochet par la guerre d'Algérie (1956) ou encore le 8 novembre 1942, date à laquelle "…les Américains et les Anglais débarquaient en Afrique du Nord." Bref, tout autant qu'une saga familiale il s'agit d'un balayage historique. de la petite histoire, mêlée à la grande, nous partageons pratiquement cent ans de hauts et de bas, de drames nationaux voire mondiaux, mais aussi personnels. L'auteure ne juge rien des faits et gestes de ces Bourgeois, ni de leurs idées. On ne ressent pas davantage de sa part quelconque empathie, elle qui joue presque plus à l'entomologiste qu'à la romancière.

J'avoue avoir été très intéressée par cette manière de présenter plus d'un siècle d'histoire à l'aune de la vie d'une famille, de ses avis, de ses ressentis. Quant à l'écriture, je dirais qu'elle est précise, classique, pleine de finesse. Et le vocabulaire extrêmement bien choisi apporte au texte une grande fluidité et beaucoup de caractère.

Toutes ces qualités font de ce roman une fresque intéressante, intelligente et vraiment réussie.

Lien : http://memo-emoi.fr/
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"Les bourgeois, c'est comme les cochons, plus ça devient vieux plus ça devient con".
Hé bien, contre J.Brel...et bien d'autres, il faudra dire que, non, le "bourgeois" n'est pas forcément un vieux con. Dans son épais roman, A. Ferney déroule la longue généalogie d'un famille aisée, catholique, de droite et qui ne pratique pas la contraception.
Les femmes enfantent donc beaucoup, elles épousent sans aucune réticence une sorte d'ordre naturel où chacun a sa place, la leur étant à la maison.
Comme c'est politiquement incorrect ...et plaisant car un certain nombre de membres de la famille Bourgeois sont bien loin de la figure honnie et caricaturée du nanti. Ces bourgeois là, ne sont ni cupides,ni spécialement intéressés par l'argent; ils sont souvent dévoués aux autres ( Jérome, le médecin soigne, les riches, les pauvres, les taulards, sans distinction ),aimants, cultivés, travailleurs. Ce sont des "héritiers" qui font prospérer l'héritage au profit de leur nombreuse descendance. Névrose, mal-être, passez votre chemin: ici on carbure à Dieu et à la famille. Il est grand temps de réhabiliter le "bourgeois".
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Décidément, Alice Ferney est un(e) auteur qui me parle.
Dans ses "Bourgeois", au- delà de la vie d'une grande famille bourgeoise, elle se livre à une belle étude de moeurs au travers d'un siècle qui a connu d'énormes mutations.
Comme à l'habitude, ses personnages sont des " caractères", les évènements sont porteurs de tragédies ; comme à l'habitude, son écriture est précise, incisive, colorée.
Malgré quelques longueurs, quelques complexités généalogiques( famille chrétienne du XX ème oblige...), ce roman permet aussi à l'auteur de placer quelques justes considérations quant à la nature Humaine : "Le fait est désormais avéré- officiel et incontestable-, pour le présent et pour l'avenir on le saura sans forcément le comprendre- l'homme est le plus grand meurtrier sur la terre. Aucun animal, aucun ancêtre avant lui n'a commis pareils crimes, n'a égalé cette cime monstrueuse qu'il vient d'atteindre en 1945. "
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C'est l'histoire d'une famille, les Bourgeois, que retrace Alice Ferney dans son dernier roman, et à travers elle, celui de la fin du XIXe, du XXe et du début du XXIe siècle.
La présentation de la famille est accomplie par l'auteure d'une manière assez simple pour que le lecteur puisse se repérer en cours de lecture : ils sont les enfants d'Henri et de Mathilde, ils sont dix : huit garçons, deux filles, ils s'appellent Bourgeois, ont été tous baptisés dans l'Eglise catholique, ils se prénomment Jules, Jean, Nicolas, André, Joseph, Louise, Jérôme, Claude, Guy, Marie. Ils sont nés entre une hécatombe, celle de 1914 et un génocide, celui de 1945.
A priori, le choix sociologique fait par Alice Ferney peut paraître peu convaincant à un électorat contemporain : un fragment de la bourgeoisie catholique, maurrassienne, conservatrice, étroitement localisée entre le boulevard Emile Augier dans le seizième arrondissement de Paris, et les allées du bois de Boulogne voisin, où la progéniture s'égaye .Les femmes n'y ont pour fonction et pour rôle social que d'être aux services des autres, de reproduire l'espèce, de s'effacer devant la bienséance, de renoncer à tout, surtout à l'affirmation de leur propre personnalité .On peine à croire à l'efficacité de l'hermétisme de cette famille qui se tient décidément à l'écart de tous, à s'identifier à elle .Pourtant, Alice Ferney parvient à mettre en perspective les vies des membres de cette famille , en les mettant en scène à diverses périodes de l'histoire, parmi les plus agitées et les plus cruelles :celles des deus guerres mondiales. Il y a alors toute un réflexion développée sur la mémoire, la saisie sur-le-champ de la signification d'un événement : « Comme c'est vertigineux n'est-ce pas de coller ex post les événements remarquables les uns à la suite des autres et de connaître, puisque tout est consommé, ceux qui furent prémonitoires des drames qu'on a traversés.(…) Appartenir à une époque, c'est être incapable d'en comprendre le sens. »
Autre illustration faite par Alice Ferney : celle de l'évolution des moeurs et leur impact sur la place de la femme dans la société. Ainsi, l'auteur imagine-t-elle les héroïnes de son roman potentiellement heureuses de nos jours, comme si le sort des individus dépendait grandement de l'époque où ils vivent .Nous ne pouvons que souscrire à ce jugement et Alice Ferney délivre dans ce beau roman une démonstration convaincante de ce lien : « Enseigner à l'Université , créer une entreprise ou publier des livres, choisir le nombre de ces enfants, profiter d'une péridurale ou d'une échographie n'existait pas encore quand vivaient Henri et Mathilde Bourgeois .L'espace matériel et temporel était autre, les gens agissaient autrement .

Soyons certains qu'ils recélaient les potentialités que nous avons réalisées. le féminisme politique et le raffinement de la connaissance du corps ont desserré l'étau patriarcal et nous nous en félicitons. »
C'est dit, et l'auteure nous rassure donc, coupant court à une impression de complaisance vis-à-vis de ce passé, par ailleurs bien décrit et évoqué avec une grande finesse.
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