Ma première rencontre avec
Elena Ferrante … Donc pas d'attente particulière et surtout pas de comparaison à effectuer avec sa saga l'Amie prodigieuse. Or, visiblement, en lisant les critiques de certain.e.s Babeliotes, il revient souvent qu'elle ne se réinvente pas … Je n'ai pas eu à le constater ni le déplorer.
J'ai apprécié cette écriture fouillée, l'analyse des personnages, j'adore ça, des films ou des livres dans lesquels il ne se passe rien (sous-entendu pas de morts, pas de casse, pas de violence gratuite …). Un texte dans lequel l'autrice prend le temps d'analyser tous ses personnages, de les disséquer au scalpel.
Comment ne pas se retrouver dans l'adolescente rebelle, blessée, en questionnement qu'est Giovanna? Nous avons sans aucun doute tous et toutes été confrontées aux mensonges ou petits arrangements de nos parents, notre famille. La période de l'adolescence est une période difficile, si en plus elle coïncide à la période de séparation de ses parents, à la distanciation de ses amies d'enfance, à la rencontre de quelques petits voyous de mauvais quartiers, il n'en faut pas plus pour que l'on soit tenté par l'arrêt de ses études, le sexe provocateur, l'alcool, le mensonge, … On retrouve à peu près tous ces ingrédients dans cet ouvrage. Je l'ai lu en un week-end, je me suis beaucoup questionnée sur mon adolescence à moi, sur ma famille, sur les mensonges de mes parents … puis j'ai repensé à mon couple et à l'adolescence que nous avons fait vivre à notre fille.
A nouveau une lecture qui m'a permis de réfléchir et de me poser des questions. Or c'est ça que je recherche dans mes lectures, qu'elles m'interpellent, me dérangent, voire me bousculent ...
J'ai aussi beaucoup apprécié la description de la ville, qui est une héroïne à part entière du livre. Je ne connais pas Naples, mais finalement on retrouve dans ces petits ilots, ces quartiers, les mêmes caractéristiques que dans toutes les grandes villes. le quartier "haut" bourgeois, le quartier d'en bas, près de la mer ou du fleuve, plus populaire, plus prolétaire … c'est une configuration traditionnelle. Ce livre m'a fait me souvenir de mes lectures de
Pier Paolo Pasolini (question ambiance dans les quartiers mal famés de Rome chez les Raggazzi), et aussi d'Erri de Luca avec son Montedidio. Et comment ne pas penser au voleur de bicyclette? Bref, c'est ça aussi que j'aime quand je lis un nouveau livre, établir des liens entre ceux que j'ai déjà lus, les films vus, parfois un morceau de musique …
Et finalement, comme je n'ai pas lu l'amie prodigieuse mais que j'ai vu la série, j'y ai bien évidemment retrouvé les thèmes traités les uns dans les années 50, les autres dans les années 90 … mais cela ne m'a pas du tout ennuyée, au contraire.