On retrouve dans ce roman presque tous les thèmes chers à
Elena Ferrante et que nous avions découverts avec "L'amie prodigieuse":
* le passage difficile, voire douloureux de l'enfance à l'adolescence; pour Giovanna, 12 ans, ce passage est particulièrement brutal lorsqu'elle entend son père adoré dire qu'elle est laide et qu'elle ressemble de plus en plus à sa tante Vittoria, la soeur de son père, ostracisée et incarnant le mal. Cette blessure, qui ne s'effacera jamais, marque un terme à sa vie heureuse et crée un mal-être qui la pousse à provoquer ses parents en se rapprochant de sa tante ou à se replier sur elle-même.
* la trahison : celle de son père vis-à-vis d'elle, mais aussi celle de son père vis-à-vis de sa mère qu'il quittera alors que Giovanna a 14 ans et plus généralement celle des adultes.
* le mensonge des adultes
* l'importance des livres et des mots qui donnent le pouvoir, l'influence; ceux qui ont la connaissance parlent un italien classique et les autres, le dialecte, considéré comme marqueur social. Ceux qui sont instruits n'utilisent d'ailleurs le dialecte que pour injurier.
* les différences sociales géographiquement implantées; on ne se mélange pas, chaque classe sociale a son quartier
* l'amitié entre filles mais aussi les jalousies qui trouvent leur origine dans les résultats scolaires, les garçons.
* et bien sûr Naples.
Cette reprise des thèmes qui ont fait l'attrait de "L'amie prodigieuse" a ici un goût de déjà-vu; une fois les personnages féminins campés (Giovanna, Angela, Ida, Giuliana et Vittoria), les trahisons dévoilées, la magie n'opère plus autant même si l'écriture et le style sont magnifiques malgré quelques longueurs. Ce roman reste néanmoins un très agréable moment de lecture.