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3,46

sur 555 notes
En dehors de la saga L'amie prodigieuse, Elena Ferrante c'est aussi Les jours de mon abandon et Poupée volée. Des romans qui explorent avec finesse les méandres d'une femme à la dérive.

Dans Poupée volée, l'héroïne de ce roman, Leda, professeur d'anglais à l'université est en vacances sur les côtes napolitaines. Sur la plage, elle observe une famille qui doucement va l'obséder de plus en plus. Il y a surtout cette poupée avec laquelle jouent une mère et sa fille. Une poupée qui n'est autre que « le témoin éclatant d'une maternité sereine ». Une poupée que Leda va voler mettant cette famille dans tous ses états.
Que se passe t'il dans la tête de Leda ? Pourquoi une telle obsession sur cette famille ? Pourquoi avoir volé cette poupée ?

Voyage au coeur de la maternité, de la féminité où les flash-back et souvenirs vont affluer comme autant de scènes terribles d'une femme morte à la fibre maternelle, morte à l'amour pour ses deux filles. La poupée est omniprésente comme si Leda voulait à tout prix s'approprier ce lien maternel qu'elle a observé et certainement jalousé. La poupée est sale, dans son ventre, une bile noire visqueuse gronde. Flashback de la maternité de Leda, de ses grossesses.

Un roman introspectif et hautement visuel dont j'ai apprécié autant l'écriture soignée et sensible que l'histoire qui se dessine crescendo dans de sombres réminiscences.
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Une histoire étonnante, dérangeante, inclassable .

Pas vraiment un roman- trop court; pas vraiment une nouvelle -trop long; pas vraiment un essai -il y a quand même une intrigue. Mais un peu tout cela à la fois.

Comme en poésie, on se trouve devant un matériau brut - les durs pépins de la réalité- assailli(e) de sensations fortes, violentes- parfois déplaisantes, parfois enivrantes - mais sans qu'aucune main secourable ne nous guide, sans qu'une analyse rationnelle ne mette tout ce magma à distance en le domestiquant un peu.

Une sorte de petite bombe à fragmentation, de mine anti-personnelle...qui envoie les bons sentiments, les bonnes manières, la morale et le conformisme se faire lanlaire vite fait, bien fait.

Jamais vu, ni lu une chose pareille - si peut-être, en très policé et édulcoré dans Doris Lessing ou Virginia Woolf...

Leda a presque cinquante ans, divorcée, deux filles adultes qui vivent à l'étranger, universitaire,seule, en vacances sur la côté ionienne. Elle va, tous les jours, lire et travailler sur une plage aménagée près d'une pinède et bientôt son attention va être monopolisée par une mère très jeune, sa fille et la poupée qui sert de trait d'union à leurs jeux. La famille, napolitaine, bruyante, envahissante est toujours dans les parages et, le weekend, le mari vient ajouter son ombre massive, mi-menaçante, mi-protectrice, au tableau de groupe.

Fascinée, captivée, jalouse et désireuse de précipiter les conflits ou les tentations qu'elle sent poindre, Leda, prise d'une impulsion irrépressible et qu'elle ne s'explique pas, vole la poupée de l'enfant, provoquant un drame.

Rien de pervers pourtant dans ce geste: juste un grand désarroi.

Celui d'une femme qui vit toujours la culpabilité d'avoir pendant trois ans abandonné ses filles pour tenter de se réaliser elle-même, qui, à l'aube de la cinquantaine, sent s'effriter sa séduction devant celle de ses filles, devant celle de cette toute jeune femme, aimée et convoitée, elle dont les aventures ne se vivront bientôt plus que par procuration...

Dans ce monde de forces obscures les objets se chargent d'une puissance maléfique: les chapeaux de paille voyagent d'une tête à l'autre, s'envolent, décoiffent, servent de signal, de balise; les poupées sont un truchement dérangeant à l'amour maternel, la maternité, la sexualité; et les épingles à chapeau n'ont pas toujours pour fonction de maintenir les chapeaux sur les têtes mais deviennent menaçantes, perfides, presque mortelles...

On ne sort pas indemne de ce voyage dans le corps et l'âme féminins, dans ce grand chamboule-tout des relations mère-fille.

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Professeure universitaire, une fois les corvées administratives et les examens finis, Leda décide de louer un petit appartement sur la côte ionienne. Si celui-ci s'avère minuscule, la grande baie vitrée et le balcon lui permettent d'admirer la côte hérissée de rochers et la mer infinie. Dès le lendemain de son arrivée, elle décide d'aller à la plage. Et c'est au bout de vingt minutes en voiture qu'elle s'en trouve une petite. Entre travail, farniente et rêverie, elle y passe des heures. S'y sentant sereine et apaisée, elle y retourne tous les jours. Mais lorsqu'un après-midi, elle remarque une jeune maman et sa petite fille avec une poupée, elle est à la fois envieuse et agacée. Agacée d'autant plus que la nombreuse famille qui les entoure s'agite dans tous les sens et parle fort. Pour autant, Leda revient sur cette même plage le lendemain et les jours suivants, le regard souvent porté vers cette maman...

Dans ce roman, l'on fait la connaissance de Leda, universitaire et maman de deux grandes filles qui, aujourd'hui, sont parties s'installer à Toronto avec leur papa. Au contact de Nina et de sa fille, Elena, la presque cinquantenaire revient sur sa propre expérience de mère et analyse le comportement qu'elle a eu avec ses filles, des années auparavant. Elle se souvient également de sa difficulté à assumer aussi bien son rôle de mère que d'épouse. Apparaissant un brin égoïste, perverse et éternelle insatisfaite, la personnalité de Leda, tout au long de ces pages, est d'une richesse et d'une ambiguïté sans équivoque. Elena Ferrante aborde, avec lucidité et froideur, la maternité mais aussi l'amour, la culpabilité, la jalousie et explore l'âme humaine avec une grande sincérité. Un court roman, profond et fort, qui donne à réfléchir...
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Leda, 48 ans, professeur d'université, divorcée, a deux filles parties vivre avec leur père au Canada.
Elle vit donc seule en Italie et se déclare, au début du roman, très soulagée de n'avoir plus à penser aux repas, aux côtés domestiques qu'engendrait la présence de ses filles.
Les vacances sont arrivées, elle prend le chemin de la mer et loue un petit appartement.
Elle ne tarde pas à découvrir une plage près d'une pinède.
C'est là qu'elle va commencer à observer une jeune mère en relation très fusionnelle avec sa petite fille et sa poupée.
Elle découvre par la suite toute la famille qui accompagne la petite et sa maman.
Cette observation réveille des souvenirs d'enfance où sa mère les aimait mais piquait des colères en les menaçant de disparaître.
Elle revient aussi sur la relation avec ses deux filles et on découvre alors une âme tourmentée qui s'abrutissait dans le travail scolaire.
Un jour, elle retrouve la petite fille qui s'était égarée mais en même temps commet un étrange larcin bien visible dans le titre.
C'est une étude de caractère très profonde que nous donne à lire Elena Ferrante. On retrouve au passage, sa fine observation des familles, les mots très vifs des Italiens entre eux qu'on rencontrait déjà dans "L'amie prodigieuse".
La narratrice qui n'est autre que Leda s'adresse à nous à la première personne. Elle nous livre un roman intimiste assez étrange mais intéressant pour moi, parfois un peu monotone si je dois lui trouver un défaut.
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Leda, quadragénaire en vacances, assiste à une scène idyllique sur la plage : une jeune et jolie maman et sa petite fille de trois ans jouent à la poupée ensemble. Elles sont charmantes.
Leda les observe de loin, à la fois fascinée et agacée par la mère et l'enfant parfaites. Ce spectacle et l'agitation vulgaire de la famille qui accompagne (belle-soeur, beaux-frères, grands-parents, et toute une marmaille mal élevée), la replongent dans sa jeunesse, la confrontent à ses faiblesses de mère, elle dont les filles adultes ont pris leur envol.
Universitaire issue d'un milieu populaire, Leda souffre toujours de ses origines. Elle est devenue épouse et mère trop jeune, alors qu'elle était encore étudiante et espérait échapper à la 'médiocrité' familiale. Elle a étouffé, voulu respirer ; son couple et ses filles en ont pâti...

Cette femme rappelle beaucoup la Lena de 'L'amie prodigieuse' (même auteur) : trajectoire sociale, dureté et éternelle insatisfaction identiques.
Mais, tandis que Lena m'agace crescendo au fil des épisodes de la série (3/4), cette Leda me touche. Elle paraît complètement dingue, perverse, malveillante et dangereuse, mais on peut se retrouver dans certains de ses sentiments ambivalents et mesquins, de ses comportements les plus vils de 'mauvaise mère' :
« Je voulais être une bonne mère, une mère irréprochable, mais mon corps s'y refusait. Je pensais parfois aux femmes du passé, écrasées par leurs enfants trop nombreux, aux rites qui les aidaient à guérir ou à supprimer les petits les plus démoniaques : les abandonner une nuit seuls dans les bois, par exemple, ou les immerger dans une source d'eau glacée. »
Beaucoup d'idées terribles comme celles-là donnent l'impression d'entendre un cri. Un long cri sur deux cents pages troublantes, envoûtantes, et dérangeantes, parce que les aveux de Leda nous tendent un miroir à peine déformant, un condensé de nos erreurs, de nos faux-pas.

La voix de femme de Leda m'a souvent fait penser à Annie Ernaux ; sa voix de femme, d'universitaire, de mère et de fille à Catherine Cusset.
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Poupée volée nous fait part des réflexions de Leda la narratrice, sur la maternité, sur la difficulté de concilier le rôle de mère avec celui de femme et une soif de liberté, d'émancipation. Cette difficulté va l'amener à quitter son mari et abandonner ses deux filles pendant trois ans.
Elena Ferrante va alors disséquer les pensées de Leda, ses état d'âme, son cheminement psychologique en tant que mère, femme et universitaire.
Cette poupée volée par Leda surprend le lecteur mais cet acte insensé peut prendre sens si l'on considère que la poupée joue un rôle de substitut à l'enfant et redonne ainsi à Leda le rôle de mère qu'elle a eu tant de mal à assumer.
Ce petit roman montre une fois de plus le talent d'Elena Ferrante pour dépeindre des personnages et analyser avec finesse et beaucoup de sensibilité la psychologie des personnages blessés par la vie et ses exigences.
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Je découvre la fameuse Elena Ferrante non pas avec sa tétralogie mais avec une nouvelle de 2006, Poupée volée. La quatrième de couverture m'avait beaucoup intriguée. Pourquoi une universitaire proche de la cinquantaine s'emparerait-elle de la poupée d'une petite fille qu'elle rencontre, ainsi que sa volubile famille, sur une plage, en vacances? A priori cela n'a aucun sens...

En moins de 200 pages, Elena Ferrante dissèque la vie de la narratrice, ladite universitaire, au moyen de réflexion et de réminiscences. Il y est beaucoup question de l'essence même de la féminité : qu'est -ce qu'être femme? Comment concilier sa propre individualité de femme avec la maternité, les contingences de la vie familiale, ...? Rapports mère-fille sont analysés avec profondeur et désarroi : ceux que la narratrice a tissé avec sa mère puis ses filles, ceux qu'elles devinrent et extrapole de cette famille croisée sur une plage.

Le tout produit un résultat - et une lecture - assez déconcertant. Dérangeant même car la barrière entre rationalité et folie de la narratrice tend à s'effrite depuis un bon moment, semble-t-il. Difficile d'éprouver beaucoup d'empathie pour elle et, paradoxalement, on ne peut s'empêcher de comprendre ses atermoiements ou ses actes.

Le ton sonne juste, dans un style à la fois élégant et dissonnant puisque reflet du personnage principal. Les objets, à commencer par la fameuse poupée mais pas seulement, se chargent de connotations symboliques. J'en ressors troublée et mue par l'envie de découvrir l'oeuvre d'Elena Ferrante plus en détail. Ça tombe bien, L'amie prodigieuse m'attend sur mon étagère.
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Bien curieuse lecture! Un livre que l'on referme avec une impression de malaise, de perplexité...

Leda, universitaire italienne de presque cinquante ans se réveille à l'hôpital : elle semble avoir perdu le contrôle de sa voiture contre le rail de sécurité .Et elle a une inexplicable blessure au côté gauche...

Retour en arrière : elle décide d'aller passer ses vacances au bord de la mer. Ses filles, jeunes femmes maintenant, vivent au Canada avec leur père, dont Leda est séparée .

Sur la plage, elle remarque Nina, jolie maman d'Elena, qui a trois ans. Et à partir de là, tout déraille dans l'histoire et surtout dans la tête de Leda. Elle vole de façon instinctive et sans vraiment d'idée arrêtée la poupée de la petite fille. La famille napolitaine ( on retrouve cette ville chère à l'auteure dans "L'amie prodigieuse") d'Elena recherche bruyamment et avec acharnement cette fameuse poupée.

Le texte plonge ensuite dans les pensées folles, les souvenirs tourmentés de Leda. J'ai pensé alors aux livres ( la poésie en moins, l'écriture est plus abrupte, plus nerveuse) de Laura Kasischke , où la folie rôde, où les obsessions se multiplient.

Le livre offre une réflexion sur la maternité, les rapports mère-fille, la difficulté à concilier rôle maternel et vie professionnelle, la poupée symbolisant tout cela. Cependant, l'esprit tordu, les névroses de Leda m'ont assez agacée, je ne comprenais pas toujours son comportement.

Un livre, en tout cas, qui ne laisse pas indifférent. Et c'est ce que l'on demande avant tout à une lecture, n'est-ce pas?
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En général, je n'aime pas rester sur un échec.
Lorsque je suis à contre-courant concernant un auteur, j'essaie de lui donner une nouvelle chance.
Après avoir détesté « L'amie prodigieuse », dont je ne suis pas parvenue à terminer le premier volume, il était temps que je tente une nouvelle approche de l'oeuvre d'Elena Ferrante.
« Poupée volée » en fut l'occasion.
J'ai lu ce livre avec un plaisir certain.

L'auteure a un réel talent pour brosser un personnage complexe. Elle excelle à décortiquer les moindres pensées de Leda, me donnant parfois l'impression d'être à ses côtés en train de regarder ses voisins de plage.
L'auteure part d'une situation banale à laquelle il m'arrive fréquemment de succomber : observer les gens et faire des suppositions.

Elena Ferrante emmène ses personnages sur une brèche psychologique qui fait découvrir ce qu'ils ont de plus secrets.

J'ai trouvé ce roman très bien construit, tant dans l'équilibre entre le passé de Léda et ses vacances actuelles, que dans la tension qui monte de plus en plus dans ce presque huit-clos, mode station balnéaire.
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Seule sur la plage ..............

Leda s'isole sous son parasol et observe autour d'elle.

Elle se rappelle ses deux filles qui vivent maintenant au Canada et qui l'appelle de temps en temps.
Ses filles qu'elle a abandonné un temps , pour vivre sa vie, se retrouvée et avec qui c'est le non-amour incompris.

"Mes deux filles se sont éloignées pour de bon. Je les ai perdues dans le futur !"

Quand il fait vraiment trop chaud et que le corps n'en peux plus de chaleur, elle laisse couler l'eau de la douche sur son corps pour enlever l'impression de chaleur.
Elle dit : "The chill of the crocked wing" -(le froid de l'aile tordue). -

L'existence a parfois une géométrie ironique !

La fin m'a laissé sans voix.
Un froid glacial m'a transpercé comme une longue épingle à chapeaux !

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Elena Ferrante est le pseudonyme de Erri De Luca, le véritable auteur des romans.

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