AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 616 notes
A son image de Jérome Ferrari...Un magnifique roman à la sobriété émouvante à la lecture abrupte et intelligente , qui ne pourra vous laisser indifférent, un véritable requiem pour une journaliste corse, un roman mêlant la destinée d'une femme éprise de liberté , une chronique sur la corse, le tout parsemé de paroles sacrées.
 L'auteur nous plonge au coeur de cette ile, nous raconte son histoire, ses luttes incessantes et vaines, ses guerres fratricides. L'auteur en virtuose de la plume parle de foi, démontre les limites de la photo à pouvoir changer la vision des choses. Un texte avec une héroine voilée d'un certain érotisme à la description touchante et vibrante.
Antonia a été photographe de guerre en ex-Yougoslavie. Depuis, elle fait surtout des mariages, en Corse: photos de joies après celle de douleur. 
C'est au retour d'une séance de pose avec un jeune couple qu'Antonia bascule dans un ravin avec sa voiture, elle avait 38ans. Ses obsèques sont célébrées par son parrain, celui qui lui a offert son premier appareil photo quand elle avait quatorze ans. Un prêtre fort peu conventionnel. Et il ne se fait plus guère d'illusion sur l'être humain pour en avoir tant confessés et ce n'est pas en devant célébrer les funérailles de sa nièce chérie, qui va le réconcilier avec l'espèce humaine .... Une messe éprouvante , un sermon qui n'en est pas un et qui en conséquence nous touche droit au coeur , un requiem qui va voir le défilé de la vie de la jeune femme disparue, sa jeunesse, son adolescence , son amour pour un militant indépendantiste qui fera de la prison avant de périr assassiné. ...Photo après photo, zoom après zoom on reconstitue le puzzle de cette vie fauchée
en plein élan.
La mort, la Corse, la religion chrétienne sont omniprésents dans ce roman et en constituent les éléments majeurs qui montrent l'absurdité de la Vie. La photo, elle, est le fil d'ariane du récit, valide art de la mise en scène de la réalité , avec souvent du trop ou de pas assez quitte parfois à en perdre la vrai valeur des choses ... J
Commenter  J’apprécie          80
Un roman qui m'a bien plu et qui me donne envie de lire J Ferrari.
Ce livre dont le thème central est la photo nous explique l'importance que peut être avoir une photo dans la société.
Photo de malheur (guerre attentat) de bonheur (mariage ) ou force de témoignagne.
Dans ce cours roman est aussi évoqué le rapport de la religion avec tous les phénomènes de la société.
Un roman sur la Corse et le FLN.
Que de bons ingrédients dans cette histoire un peu de violence dans les descriptions de guerre qui font froid dans le dos mais qui ne sont pas nombreuses heureusement.
Commenter  J’apprécie          80
Antonia, jeune photographe corse, trouve la mort au détour d'un virage. Son parrain, le prêtre du village, se charge de la cérémonie religieuse. Il était très proche d'elle, surtout depuis qu'il lui avait offert son premier appareil photo, pour ses 14 ans. Une passion commune partagée. Cette perte le peine beaucoup. À chaque étape de la messe, nous suivons un pan de l'existence d'Antonia associé à une photographie, un évènement. Un lien, celui de la vie chemine parmi eux.

Un récit dense, très complexe. Il ne m'a pas été simple d'entrer dans l'univers de Jérôme Ferrari. L'écriture est généreuse, minutieuse, avec de longues phrases dont il ne faut surtout pas décrocher. J'ai mis quatre jours à le lire, à le savourer à sa juste valeur pour mieux m'en imprégner. le texte s'appuie sur un décès en y intégrant la photographie où plutôt le rôle qu'elle joue dans notre vie et notre mort. Comment peut-elle figer, capturer des instants précis ? Et quel impact a-t-elle sur nous ? À son image amène à la réflexion. N'est-ce pas ça la magie de la littérature.

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2018/11/24/36889856.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
Commenter  J’apprécie          80
Ne nous y trompons pas : le sujet de ce roman n'est pas Antonia, mais la photographie de guerre. Quand on rencontre la jeune fille pour la première fois, c'est quelques heures avant sa mort dans un accident de voiture. On assiste ensuite à la cérémonie religieuse, au cours de laquelle ses proches, et plus particulièrement le prête, qui est aussi son parrain, se souviennent de la jeune fille qu'elle était. Ou plutôt, de la vie qu'elle a vécue dans cet univers du reportage photographique.

L'auteur nous présente deux faces du même art qu'est la photographie. Il y a d'un côté le reportage "alimentaire" que représente la prise de vues lors de divers évènements tels que les 50 ans de mariage de Monsieur et Madame, le loto du quatrième âge, le tournoi de pétanque de l'association du coin… et, le summum, le reportage photos proposé lors des mariages. A l'opposé, figure la photographie artistique qui n'a d'autres finalités que de produire une oeuvre d'art. C'est la face noble de la photo. Entre les deux, se situent d'autres motifs photographiques comme le sont les reportages de guerre.

Antiona se confrontera à toutes ces questions au cours de sa carrière : son rôle, médiocre, de reporter local, ses aspirations à témoigner de l'Histoire, avec les photos des nationalistes corses d'abord, puis celles de la guerre en Yougoslavie au début des années 1990. Elle navigue entre ses deux faces d'une même pièce, se laisse griser par ces photos de cadavres prises au plus près, du nationaliste corse fusillé dans sa voiture aux soldats yougoslaves abandonnés au bord de la route. A aucun moment elle n'aura le sentiment de photographier la mort, des être humains qui plus jamais ne respireront. Elle aime ressentir cette fébrilité lorsqu'elle se trouve au coeur du combat.

Au milieu de ces réflexions, digressions, apartés sur l'histoire de la photographie, on assiste également à l'histoire d'amour entre Antonia et Pascal B., un militant de la cause corse. C'est l'occasion, comme chez Maylis de Kerangal, d'apporter un peu d'humanité à ce récit très orienté sur l'art et sa pratique. J'ai cependant trouvé chez Jérôme Ferrari moins de passion, de sensualité, de fougue ou d'ardeur artistique que chez Maylis de Kerangal. Je n'ai pas ressenti pour Antonia l'intérêt, voire l'empathie, que je pouvais avoir pour Paula, l'élève copiste de Un monde à portée de main.

A son image est un passionnant roman, très instructif, qui fait découvrir au novice l'univers de la photographie. Il m'a juste manqué d'un peu de chaleur humaine pour en garder un souvenir inoubliable. Cela n'en reste pas moins une belle surprise de mes lectures de cette rentrée littéraire.

Lien : https://itzamna-librairie.bl..
Commenter  J’apprécie          80
Sur la route de son village natal du sud de la Corse, Antonia rate un virage et meurt sur le coup.
C'est son parrain qui célèbre ses funérailles. L'occasion de faire défiler la courte existence de la jeune femme tellement passionnée par la photographie qu'elle en fait son métier. Un peu honteuse de « couvrir » les concours de boules et autres élections de Miss, elle part pour Belgrade afin de témoigner des conflits entre les pays de l'ex-Yougoslavie. Pour montrer la violence du monde comme le firent avant elle Gaston Chéreau, témoin de la guerre italo-turque en 1911-1912, Rista Marjanovic, spectateur éclairé du premier tiers du vingtième siècle ou encore Kevin Carter dont « La fillette et le vautour », prix Pulitzer 1994, déclencha la polémique et le suicide du reporter.
S'interrogeant sur le pouvoir des images, Jérôme Ferrari situe son intrigue en Corse, territoire marqué par la violence et où les indépendantistes les plus acharnés apparaissent, sur les clichés, le visage masqué. Quel paradoxe pour Antonia de photographier des hommes cagoulés !
L'auteur va encore plus loin en soulignant l'ambiguïté foncière du huitième art qui, à force, ne provoque plus qu'une indignation éphémère.
Cette réflexion intéressante et intelligemment menée est malheureusement « polluée » (le terme est un peu fort, j'en conviens) par des digressions peu intéressantes sur la vie de la défunte comme sa relation avec Simon T.
Il reste que l'écriture de Jérôme Ferrari est de plus en plus belle.

EXTRAIT
Non, nous ne resterons pas dans l'ignorance au sujet des morts. L'histoire de la photographie a commencé par l'inerte (…). Il était donc inévitable que, (…), la photographie passe de l'immobilité des pierres, des fleurs séchées et des boulets de canon à celle, non moins parfaite, des cadavres, les aîeux embaumés, les enfants morts en bas âge (…).
Commenter  J’apprécie          80
Désolée mais ma critique ne sera pas aussi dithyrambique que les précédentes. J'ai écouté Jérôme Ferrari mercredi dernier lors de son passage à la grande librairie, ce qui m'a donné envie de le lire. Je pensais pouvoir utiliser certains extraits pour travailler avec mes élèves sur la photo de presse. J'aurai en fait beaucoup de mal à Utiliser ce livre. Peu importe après tout. Mais j'ai été déçue. Je me suis parfois perdue dans ces allers retours temporels. Même si l'histoire ne m'a pas vraiment deplu, je n'ai pas non plus adhéré.
Commenter  J’apprécie          80
Très beau livre...je découvre une écriture magnifique qui nous emporte au cours d une vie ,le long d une messe de funérailles ,dans un beau labyrinthe autour de la richesse de l existence d une photographe...et de ses sujets d intérêt ,d inquiétudes,dans un monde boulversé localement ,en corse,et mondialement ,en yougoslavie...un monde de fureurs.
Vraiment la belle découverte qu « a son image »....je pointerais particulièrement le chapitre du sermon de l oncle d Antonia..
Commenter  J’apprécie          70
En août 2013, sur le port de Calvi, Antonia aperçoit Dragan dans un groupe de la Légion étrangère. Elle a connu cet homme en 1991 à Belgrade. Il faisait son service militaire en Croatie. En photographe indépendante, elle prenait des photos de guerre. Ils ne s'étaient jamais revus. Après une soirée avec celui qui a marqué sa meilleure période de photographe, elle prend la route pour rejoindre le village de ses parents. Sur la route de l'Ostriconi, au détour d'un virage, sa voiture plonge dans un ravin.
Le récit dure le temps de la messe d'enterrement d'Antonia, dite par son parrain, un prêtre qui a rejoint le continent, las de voir mourir la jeunesse de son village. Il a toujours protégé Antonia. C'est lui qui lui a offert son premier appareil photo à quatorze ans, soutenant ainsi son voeu le plus cher, devenir photographe. Au fil des différentes périodes liturgiques, l'auteur alterne les flashbacks et les réflexions des proches d'Antonia.
Même avec un bon coup d'oeil, devenir photographe pour un grand journal n'est pas chose facile. Antonia travaille pour un journal local. Son métier se résume à prendre des photos de groupe en grand angle de rencontres anodines du village. Son seul frisson est de couvrir parfois des revendications du FLNC. Une organisation qu'elle connaît bien puisque son ami, Pascal B. et bon nombre de jeunes gens du village y appartiennent. Mais « être la femme de Pascal B. », attendre régulièrement sa libération quand il est en prison, photographier des jeunes gens fiers et inconscients ne la comblent pas. Alors, elle prend un congé sabbatique et part en Yougoslavie en pleine désintégration. A son retour, elle ne développera même pas les photos des scènes de violence auxquelles elle a assisté. Désabusée, elle ne prendra plus que des photos de mariage.
Prise dans un triangle amoureux entre Pascal et Simon, craignant les conséquences des rivalités indépendantistes et déçue de ne pouvoir exercer son métier sur des zones de guerre, Antonia a perdu sa fougue. A trente-huit ans, en photographiant le bonheur des mariés, elle n'a en elle-même que des regrets et des souvenirs de mort.
Devenir photographe de guerre. L'ambition d'Antonia ouvre une réflexion sur le message de l'image. La photographie est-elle encore un art quand elle expose la mort et la violence du monde. Jérôme Ferrari enrichit sa fiction des travaux de photographes comme Gaston C. ( Gaston Chérau), écrivain et journaliste sur le front des Balkans en 1915 ou Rista M.( Rista Marjanovic) qui immortalisa la photo d'un réfugié cadavérique.
La terre de Corse, « pays qui voue un culte aux assassins » déplore Antonia et la religion, symbolisée ici par le parrain de la jeune fille sont ici aussi très présentes.
Ce roman est sous le signe de la mort, avec celle du personnage principal mais aussi toutes les morts des guerres au travers des siècles et des lieux. Antonia sembla à la fois attirée et dévastée par ces images obscènes. Je me suis demandée comment une jeune femme sans expérience pouvait partir seule couvrir un conflit armé. Elle n'en avait pas le caractère. C'est peut-être ce qui l'a perdue.
J'en avais déjà fait l'expérience mais je peine aussi avec le style de l'auteur. Certaines phrases sont très longues. Les quelques récits sur des photographes disparus donnent un peu d'oxygène dans un roman pesant et sombre.
Lien : https://surlaroutedejostein...
Commenter  J’apprécie          71
C'est une messe qui s'étend sur 220 pages et au cours de laquelle l'officiant évoque la courte vie de sa filleule dont il préside à son corps défendant la cérémonie d'obsèques. Il fait chaud, très chaud. Nous sommes en Corse et, si le récit nous offre des "sorties" en Yougoslavie, le cercueil reste obscurément toujours présent au pied de l'autel. L'encens nous enveloppe, la scansion du Dies Irae et de tous les chants de messe offre des repères sur lesquels s'appuie l'officiant mais, en même temps, lui permet des apartés comme il arrive souvent que l'on en ait au cours d'une cérémonie dont la trame nous est familière. Cela est très bien rendu dans ce roman.
L'écriture de Jérôme Ferrari est belle, envoûtante ; elle se déroule en longues phrases si agréablement balancées qu'il vous prend l'envie de les lire à haute voix mais, comme chez Proust, s'il faut dire : "Alors, c'est parfait.", on l'écrit aussi courtement que cela.
Un des sujets du livre est la photographie qui est une métaphore de la mort, car l'instantané tue l'instant, le fige à jamais. Jérôme Ferrari décrit avec empathie les affres par lesquels les journalistes photographes passent avant de décider quelle photo relatant un fait violent doit être publiée et quelle autre doit être détruite.
L'inanité des photographies de mariages, le regard désabusé et parfois cruel que porte la photographe sur les couples qu'elle "torture" le jour de leurs noces ne fait pas diversion dans ce roman, mais s'intègre magiquement avec la lutte du FLNC et de délitement de ses factions, la guerre en Yougoslavie, l'amour du héros et la révolte contre la violence.
On aimerait, si ce roman était "porté" au cinéma, fermer les yeux : l'écran est ainsi "bien plus large que dans une salle de cinéma"... (comme un ami me l'a rapporté récemment) ; fermer les yeux au cinéma, oui, mais écouter et se laisser imprégner par la bande son car la sombre plénitude des chants polyphoniques corses accompagnerait parfaitement le déroulé de cette histoire, ses arcanes, ses profondeurs et ses nuances.
Commenter  J’apprécie          70
A son image est le cinquième ouvrage de Jérôme Ferrari que je lis; je commence donc à être une habituée des portraits noirs qu'il fait de ses personnages et de la Corse...
Ce dernier livre ne fait pas exception aux premiers ; on y découvre une jeune photographe corse qui décède dès le premier chapitre ; s'ensuit le récit de son enterrement, entrecoupé des souvenirs de tous ses proches qui y assistent.

Commence alors une narration inhabituelle, car divisée entre des pans de la vie d'Antonia, de ses relations sociales et de ses ambitions de photographe dans son petit village corse, où le nationalisme assouvit les pulsions d'une jeunesse enserrée dans les traditions et devant se conformer à l'idée que se font de la morale les habitants de la région.
Le deuxième prisme de cette narration est celui du parrain et oncle d'Antonia, un curé qui adule sa nièce et tente par tous ses moyens de l'aider à fuir cette île où il lui semble qu'Antonia ne trouvera jamais le bonheur...
Enfin, une part importante du récit est consacrée à une réflexion plus générale sur la photographie, à travers le travail de photographe d'Antonia mais également à travers la description de photographies et photographes célèbres. L'auteur s'épanche sur le sentiment que provoquent les images et la fascination éprouvée par les photographes devant des scènes qui "valent la peine d'être capturées", qui rompent avec le quotidien et les images banales. Très intéressante, cette analyse et ce questionnement sur la photographie comportent néanmoins beaucoup de similitudes avec un autre court ouvrage de Jérôme Ferrari, intitulé "A fendre le coeur le plus dur", comme si ce dernier n'avait pas suffi à satisfaire son auteur sur le sujet.

Au-delà de ces trois lignes conductrices du roman, A son image aborde aussi la question des Balkans et des crimes qui ont été commis, et qui annihilent toute tentative de réconciliation aujourd'hui.
Un des aspects intéressants du roman est également toute la représentation que l'on peut se faire d'une personne décédée qui nous était chère, et la manière dont on la fait revivre selon nos désirs, refusant même à d'autres de ses proches de la pleurer, comme s'ils n'avaient jamais réussi à la comprendre véritablement.

Un cocktail dense, pas vraiment réjouissant mais qui fait réfléchir et qui m'encourage à poursuivre ma découverte de cet auteur décidément bien acerbe.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1195) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1833 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}