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sur 1225 notes
Aussitôt acheté, aussi lu ! Non sans appréhension d'ailleurs, me souvenant de la déception des derniers albums. Eh bien, il n'y a là rien de comparable ! J'ai adoré cet album ! J'ai retrouvé l'humour, les jeux de mots et les gags de nos deux personnages tels qu'ils étaient à leurs débuts. J'ai lu quelques critiques mentionnant le fait que le scénario n'était pas vraiment original... Oui, bien sûr, il y a toujours le voyage qui démarre les péripéties mais en même temps, on n'a jamais reproché cela à Goscinny ou à Uderzo. C'était entendu. Alors pourquoi le reprocher à Ferri et Conrad ? Leur contrat est rempli : Astérix et Obélix restent fidèles à eux-mêmes, tant physiquement que moralement. Ils découvrent une autre contrée avec ses us et coutumes... Que demander de plus ? Et avait-on déjà vu le village gaulois sous la neige ? Il ne me semble pas, à moins que ma mémoire ne me fasse défaut.

J'ai ri, j'ai passé un bon moment, et j'achèterai sans nul doute les albums suivants.
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La critiques est aisée mais l'art est difficile, écrivait Polybe, contemporain des Gaulois, dans son livre d'Histoires. Voilà qui est on ne peut plus vrai. Qui suis-je, en effet, pour critiquer, me plaindre ou molester alors que je n'ai rien fait, rien produit, du haut de mon insignifiance, qui puisse prêter moindrement le flanc à la comparaison.

Voilà qui est on ne peut plus vrai et je souhaite que vous le conserviez à l'esprit tout du long de cet avis. Aussi, me bornerai-je à ne porter qu'un regard extérieur, en ma qualité de grande amatrice de Goscinny et de la série des Astérix* (*première époque et pour moi, seule époque). Vous noterez également mon éblouissante capacité de réaction, moi qui ne parle de cet album que presque deux ans après sa sortie, à l'heure où l'on nous en annonce un autre.

Avant tout, je tiens à saluer une critique de Babelio que je trouve lumineuse et qui est l'œuvre d'Eric75. Elle a le mérite, réellement à chaud quant à elle car écrite au moment de la sortie, d'avoir une clairvoyance et un aplomb que, dans l'enthousiasme de la sortie, beaucoup de commentateurs avaient, ce me semble, perdus. Je partage en tous points l'avis d'Éric et questionne encore un peu plus les mérites supposés ou avérés de cet album.

En ce qui me concerne, j'ai toujours considéré qu'Astérix était mort en 1977 avec la crise cardiaque fatale à René Goscinny. Le triste spectacle de déliquescence de la série orchestré par Albert Uderzo prouve, s'il était besoin, qu'on peut être un immense dessinateur et un fort mauvais scénariste.

Reprendre la série emblématique qui a baigné l'enfance de toutes les générations (en France et même un peu ailleurs) depuis plus de cinquante ans n'était pas chose aisée, j'en conviens, et, à plus forte raison lorsque vous avez papa Uderzo qui veille au grain par dessus votre épaule avec un œil inquisiteur.

La réussite est selon moi moyenne, entre médiocre et acceptable, ni à mettre au rang des catastrophes ni à celui des chefs-d'œuvre. Très loin en tout cas du meilleur de Goscinny, et même d'Uderzo. Ce dernier point est assez peu signalé et développé dans les autres critiques pour que je me sente autorisée à en toucher quelques mots, à savoir, l'aspect graphique.

On sait tous plus ou moins, de manière intuitive, que nous évoluons au fil du temps, et sur une période de vingt ou trente ans, cela devient une évidence. Il en est de même du style graphique des illustrateurs. Si l'on se cantonne, à titre d'exemples, aux seules séries scénarisées par Goscinny, on constate aisément que le trait de Sempé n'est plus le même de nos jours qu'à l'aube du Petit Nicolas. Entre l'Iznogoud du milieu des années 1960 et de la fin des années 1970, il y a un monde. Mais là où l'évolution stylistique est la plus palpable, je pense, c'est dans le dessin de Lucky Luke.

En effet, Morris s'est cherché pendant longtemps jusqu'à fixer son admirable cow-boy, sa monture et ses fameux quatre ennemis classés par taille. Si vous avez la curiosité d'aller regarder les Lucky Luke des tout premiers numéros, vous serez frappés de la métamorphose du trait. Finalement, le dessin de Lucky Luke monte peu à peu en puissance pour trouver son apogée dans le seconde moitié des années 1960, entre La Caravane et Le Pied-Tendre.

Ensuite, on assiste à une dégradation progressive du trait, qui devient presque un crayonné de lui-même. C'est donc, si l'on essaie de le regarder d'un point de vue mathématique une sorte de courbe en cloche (dite de Gauss) avec une montée, puis un tassement, un plateau et enfin, une descente (parfois aux enfers, cela dépend du dessinateur). On constate ce phénomène pour tous les dessinateurs qui conservent une série pendant assez longtemps, par exemple, c'est très remarquable pour F'murr.

Et évidemment, Albert Uderzo n'échappe pas à la règle. Dans les premiers albums d'Astérix, notre petit héros a une figure taillée à la serpe (même pas en or), Obélix se modifie à chaque image ou presque, etc. Le trait commence à prendre sa maturité vers le milieu des années 1960, dès Astérix Et Cléopâtre, mais de façon certaine avec Astérix Et Les Normands et Astérix Légionnaire. Puis, peu à peu, vers le milieu des années 1970, notamment à partir d'Obélix Et Compagnie, le trait change, Obélix grandit, les plumes du casque d'Astérix prennent des proportions démesurées, etc.

Or, Didier Conrad, en reprenant la série, la reprend non pas à l'âge d'or de son trait mais à un stade très avancé, qui correspond, disons, aux années 1990 d'Uderzo, époque où les personnages sont très " juvénilisés ", très " parc astérixisés ", très américanisés avec des sourires Colgate un peu trop Colgate. Je constate d'ailleurs que le dessinateur Achdé qui a repris Lucky Luke a commis la même erreur d'appréciation. Qu'en sera-t-il lorsqu'eux-mêmes, Conrad et Achdé, seront entrés dans leur période de dégradation stylistique ? Mystère.

Venons-en maintenant à ce qui frictionne le plus, à savoir, le texte de Jean-Yves Ferri. Évidemment, la tâche n'est absolument pas simple de croître dans l'ombre d'un mégalithe tel que René Goscinny et je ne le répèterai jamais assez. Je tiens à saluer la très bonne idée d'avoir transplanté la série chez les Pictes, ça c'est vraiment bien joué.

En revanche, pour m'être pas mal infusée du style Goscinny, je vois mal comment on aurait pu faire l'économie d'un clin d'œil à une personnalité écossaise. Or, si l'on excepte le lourd et très appuyé clin d'œil au monstre du Loch Ness, je n'ai pas perçu le moindre décalage comique en rapport avec l'Écosse.

Connaissant la prédilection de René Goscinny pour les citations de Shakespeare, j'imagine mal le génial scénariste louper le coche d'un clin d'œil à Macbeth, lequel coche est évidemment raté ici. De même, aucune mention d'un Sean Connery, d'une Marie Stuart, d'un James Watt ou d'un Walter Scott. Rien sur David Hume ou Alexander Fleming ; Adam Smith et Graham Bell aux abonnés absents, eux qui donnaient pourtant la possibilité de décalages anachroniques au potentiel comique appréciable.

Pourquoi caricaturer Mac Abbeh en Vincent Cassel ? Quel est le rapport avec l'Écosse ? Un Ewan McGregor eût peut-être été mieux à propos, mais enfin peu importe. Hormis les jeux de mots qui tournent tous autour du "Mac" quelque chose, les clins d'œil véritables à l'Écosse sont rares et, ça, ce n'est pas du tout dans les habitudes de Goscinny.

Lorsqu'il met en scène les Beatles dans les années 1960 dans l'album Astérix Chez Les Bretons, c'est complètement dans l'air du temps, et ça parle à la jeunesse d'alors. Lorsqu'il fait des clins d'œil à Tino Rossi dans Astérix En Corse, certes, ce n'est plus une personnalité très à la mode à ce moment-là, mais il parle encore à la jeunesse, ne serait-ce que par sa (trop) célèbre chanson Petit Papa Noël.

Or, ici, qu'est-ce que nous propose Jean-Yves Ferri ? un clin d'œil à Johnny Hallyday avec son titre Ma Gueule qui date de 1979, soit quelques trente-cinq ans plus tôt, et que plus aucun enfant ne connaît. Rapport Johnny Halliday/Écosse : néant. Ensuite, Il fait dire au héros écossais une phrase pseudo marrante « Be-bop-a-Lula, She's my Babe ». Ouh ! nom d'un chien ! si ça ce n'est pas un clin d'œil jeunesse, je ne m'y connais plus !

Du Gene Vincent de 1957, soit, plus vieux que le plus vieux des vieux Astérix ! Aucun rapport avec l'Écosse, juste un vague rapport avec le calembour du nom de la tribu des Pictes. Excusez-moi de vous le rappeler, Jean-Yves Ferri, mais l'idole des jeunes du début des années 1960 est devenu l'idole des vieux au milieu des années 2010, or, ce me semble, vous écrivez pour la jeunesse ! Et le grandissime calembour avec la 4L n'est pas non plus destiné, je pense, à la génération qui vient d'éclore. (Mais qui parle encore de 4L ! Là, franchement, il faudrait remettre un petit coup de super car l'ordinaire, même la 4L ça la fait toussoter, surtout les mois d'hiver !)

Eh oui, pas de doute, on est loin de l'ère Goscinny. Car c'est ça qu'il manque à cet album, il n'y a aucun décalage comique avec la destination cible qu'on se propose de découvrir. Les clichés populaires sur l'Écossais près de ses sous, sur l'ultra-patriotisme, sur le patois incompréhensible ou sur la mal-bouffe sont complètement ignorés alors qu'ils étaient, eux aussi, un vivier possible de décalages comiques intéressants.

Bref, je ne vais pas épiloguer plus longuement sachant qu'I don't want to depict you the story of the Picts, mais il me semble que pour une bande dessinée, soi-disant, destinée à la jeunesse, on est très loin du compte. Je ne vois que des " vieux " s'extasier dessus. Serait-ce un album vieillesse ? Il y a peut-être un marché et une niche à saisir, qui sait ? La radio Nostalgie a fait des émules en BD…

Bref, un album qui fait très " imitation " (je ne veux pas dire contrefaçon puisqu'il est estampillé et qu'il est officiel) un peu comme si vous aviez chez vous un tableau dont vous seriez très fier car d'époque, un authentique tableau d'un élève de Rembrandt. Le hic, c'est qu'un authentique tableau, même le meilleur tableau d'un élève de Rembrandt ne vaudra jamais un Rembrandt, fut-il le pire des Rembrandt, en tout cas, je le crois…

J'en conserve seulement quelques calembours acceptables, comme le Picte d'eau jaune ou le fondu enchaîné, mais en Picte qui se respecte, je ne sais pas vraiment si cela en vaut la monnaie. Ceci dit, ce n'est là qu'un avis picte rural, c'est-à-dire, pas grand-chose et si vous voulez un bon Astérix, allez voir du côté de Goscinny dans la seconde moitié des années 1960, là ce sera un vrai bon...

P. S. : il existe pourtant un auteur jeunesse actuel qui me semble du calibre de Goscinny et cet OVNI, ce talentueux, ce trop rare se nomme Christian Jolibois et on lui doit la série des Petites Poules avec l'illustrateur Christian Heinrich.
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Ils sont fous ces Gaulois , nom d'un Pictie bonhomme !

Nos deux plus célèbres résistants à l'occupation Romaine reviennent sous les traits et la plume de Conrad et Ferri qui signent ici un album convaincant que n'aurait certainement pas renié Goscinny .

Difficile , pour moi , de comparer ce dernier opus aux albums précédents tant les souvenirs de lecture procèdent bien plus de plaisirs adolescents solitaires , n'y voyez aucune malice , que d'évocations beaucoup plus actuelles . A en croire les divers avis glanés ici et là , la franchise commençait sérieusement à s'essoufler . Que les amoureux de la première heure se rassurent , le greffe a bien pris , les convalescents se portent désormais à merveille !

Le paisible petit village Gaulois est en émoi . La découverte d'un étranger au corps musculeux , prisonnier des glaces , ravit les mirettes blasées de ses occupantes là où leurs maris n'y voient qu'un bellâtre en mal de concurrencer leur mâle suprématie .
La barrière de la langue difficilement surmontée , Mac Oloch , Picte de son état , leur narre sa bien triste épopée . Ni un , dos , tres ! Astérix et Obélix se proposent alors de le raccompagner sur ses terres ancestrales afin d'y combattre l'ignoble adversaire local - parfait sosie de Vincent Cassel - et accessoirement se frotter à leurs ennemis héréditaires que sont les Romains , toujours avides de complots foireux en vue d'étendre un peu plus leur suprématie . Chaud devant , ça va encore bastonner !

Un cahier des charges parfaitement respecté !
Le trait est immédiatement reconnaissable et les protagonistes habituels tous au rendez-vous , d'emblée le lecteur se retrouve en pays de connaissance .
Un récit qui se boit comme du petit lait tant les bons mots foisonnent . Chaque tirade fait mouche , la finesse prédomine , l'humour n'est jamais gratuit ni facile . Ajouter à cela une inventivité réjouissante et c'est un grand chelem qui se profile à l'horizon .
Seul petit bémol notoire , l'absence d'un Idéfix privé de sortie . Pour le reste , un agréable sentiment de bien-être prédomine au sortir de cette dernière aventure .

Astérix chez les Pictes : ô grammes ! ô jubilatoire ! ô liesse mon amie...
N'ai-je donc tant vécu que pour cette drôlerie ?
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Une vague de froid et de neige vient de s'abattre sur ce cher petit village gaulois. Au lieu d'aller chasser le sanglier, Astérix propose à Obélix d'aller se promener sur les bords de plage et recueillir ce que les vagues ont rapporté sur le rivage. C'est là qu'Obélix découvre un énorme glaçon avec quelqu'un à l'intérieur. Les deux compères le ramènent au village. Au vu des tatouages qu'il a sur le corps, Panoramix en déduit aussitôt qu'il s'agit d'un Picte, venu tout droit de la lointaine Calédonie. Les femmes du village craquent pour lui, allant même jusqu'à confectionner les mêmes habits pour leurs hommes. Après l'avoir dégelé et administré un petit remède revigorant, le Picte reprend des forces et arrive à faire comprendre au village d'où il vient. Sous l'ordre d'Ordralfabétix, Astérix et Obélix ont pour mission de ramener ce nouvel héros chez lui, au grand dam de toutes ces dames...

Astérix chez les Pictes... Pictogramme? Oeuvre picturale? Picrate ou picolo? Ça picote encore après l'avoir picoré...
Avec Conrad au dessin et Ferri au scénario, nos deux Gaulois ont pris un bain de Jouvence et pourtant, l'on ne se sent aucunement en territoire inconnu. Loin de là... Pour ce qui est de comparer avec ce qui s'est fait précédemment, je ne pourrais en juger étant donné que ma mémoire fait défaut. Mais, j'ai pris un plaisir certain à retrouver nos deux comparses dans de nouvelles aventures. Un scénario original, des dessins au mieux de leur forme tant la couleur crépite et le trait est minutieux, des jeux de mot à tout va et deux figures emblématiques françaises tirées à quatre épingles font de cet album une bien jolie (re)découverte.

Astérix chez les Pictes... un album topique, épique et typique qui tombe à-pic!
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N'en doutons pas, la parution de ce 35ème album des Aventures d'Astérix est un événement. Pour la première fois, un album d'Astérix est presque – je dis bien presque car Uderzo se serait chargé du dessin d'Obélix sur la couverture – réalisé sans intervention du couple géniteur du petit Gaulois. Celui-ci, désormais émancipé et libre, peut donc ouvrir toutes grandes les portes de ses nouvelles aventures, remplir sa gourde de potion magique, remonter ses braies d'un air bravache et s'aventurer vers de nouveaux horizons, encore inexplorés, où tout est encore possible.

Le pari était audacieux et risqué, car après le naufrage des derniers numéros, redresser la barre plombée par Uderzo et tenter de relever le mythe de la bédé franco-belge au niveau de la grande époque de Goscinny était une gageure. Alors, Jean-Yves Ferri et Didier Conrad ont-ils réussi ? L'Armorique n'étant jamais très loin de la Normandie, je me permets une réponse de Normand : p'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non… Il ya du pour et du contre. Faisons le tri.

J'ai apprécié la tonalité générale de l'histoire, le choix de renouer avec la tradition des albums faisant voyager nos deux héros, le comique de situation, les personnages et les paysages, les caricatures et les traditionnels calembours. Quelques scènes panoramiques sont assez bien réussies comme la scène d'ouverture montrant le village sous la neige, on n'avait pas vu ça depuis Astérix et Cléopâtre (page 5), le débarquement des légions romaines en Calédonie (page 20) ou le point de vue sur le village picte et le château écossais au bord du loch, souligné par un « pictogramme » digne des cartes Michelin (page 25). L'humour des précédents albums est le plus souvent respecté, si ce n'est imité, comme le recours aux caricatures de personnalités, ici Vincent Cassel et Johnny Hallyday, dignes successeurs des Bernard Blier, Kirk Douglas, Sean Connery et autres Beatles.

Ces bonnes idées ne suffisent cependant pas à occulter quelques fausses notes et un certain manque d'ambition, comme si les auteurs, tétanisés par l'enjeu qui leur a été fixé, avaient retenu leur talent par crainte d'en faire trop, se cantonnant dans l'imitation sans oser la création, restant timorés de peur de dépasser leurs impressionnants modèles.

On peut en effet déplorer quelques jeux de mots sans finesse, une intrigue trop simpliste, une satire sociale et politique embryonnaire, et même, contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là, un manque de finesse dans la précision du dessin. In cauda venenum. Ça commence à faire beaucoup ! Un peu de patience, je vais argumenter par Toutatis !

Des jeux de mots souvent sans finesse (« taphone », « borborythme », page 14), et même parfois incompréhensibles (« Je n'aime pas les pommes », page 28) ou pesamment soulignés (« On dit aujourd'hui pots de vin », page 39).

Une intrigue trop simpliste. Astérix et Obélix ne sont plus les locomotives de l'action, ils agissent peu, ils se comportent comme de simples touristes visitant un pays étranger, en voyage organisé. On aurait aimé une intrigue davantage recentrée sur la prise de pouvoir du terrifiant Mac Abbeh, s'appuyant sur un vrai enjeu dramatique et, in fine, une réelle course contre la montre. L'énorme Afnor fait de la figuration et aurait pu être davantage exploité. La visite dans l'antre du monstre est… grotesque ! Les différentes péripéties autour de la gourde d'élixir sont indigentes et inutiles. Cette gourde aurait pu être l'un des enjeux du scénario, si elle avait été remplie de potion magique, tant convoitée par les Romains, et servir d'arme secrète livrée aux Pictes. le petit fonctionnaire Numerusclausus chargé du recensement aurait pu être un espion à la solde des Romains, ainsi mis au courant du dessein des Gaulois, etc. Que d'occasions manquées ! On retrouve cette inutile gourde à la fin et Astérix se contente de la rejeter à la mer !

Les disputes beaucoup trop fréquentes entre Astérix et Obélix sont sans réelle justification dans le présent scénario et procèdent plus d'une copie maladroite de scènes présentes dans d'autres albums.

Une satire sociale et politique embryonnaire, alors qu'elle est omniprésente dans la plupart des albums. La guerre des clans, le processus électoral, le droit d'asile, la trahison et le pacte conclu avec l'ennemi, tout cela est évoqué mais ne sert pas vraiment l'action sauf sur deux pages. Les romains font figure de faire-valoir et auraient pu avoir un rôle politique bien plus important.

Le manque de finesse dans la précision du dessin. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer le rendu des vagues figurant dans cet album (page 6) avec celui d'autres albums comme La grande traversée ou Astérix et les Normands. Comparé à celui d'Uderzo, le trait de Conrad se fait moins précis, plus saccadé. Par ailleurs, l'absence d'expressivité des visages, les postures maladroites, trahissent le changement de dessinateur et se vérifient notamment chez Astérix, un comble.

Malgré ces défauts, ce « premier album » repositionne la série sur une voie prometteuse. Uderzo ne voulait pas qu'Astérix lui survive, puis il a changé d'avis. Conscient du fiasco des précédents albums et de l'accueil mitigé du public (c'est le moins que l'on puisse dire), Uderzo a décidé de passer la main, et il a eu raison. L'univers d'Astérix offre encore un potentiel énorme. La tâche de ses successeurs n'est pas facile. La difficulté est de contenter de façon équilibrée un double lectorat : adulte (les jeux de mots, les références et allusions) et enfant (le comique de situation, la répétition de scènes convenues : les éternelles bagarres avec les romains, le banquet final...). On espère tous que Ferri et Conrad vont réussir cela. Après tout, les successeurs d'E.P. Jacobs ont bien réussi, avec brio, à poursuivre les aventures de Blake et Mortimer, ce qui n'était pas gagné d'avance !
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Le changement est notre compagnon le plus fidèle. Cet Asterix est le premier sans ses deux créateurs. Je l'ai bien aimé. L'univers est graphiquement un peu moins dense que d'habitude mais il est réussi notamment avec l'hiver et les passages nocturnes.
L'histoire est touffue et ramifiée et les calembours variés sont au rendez-vous. Toujours ce comique de situation qui est plaisant.
Sinon les pictes n'étaient pas celtes. C'est la dimension gaélique que les auteurs ont sélectionnés principalement et malgré le choix de mettre Pictes dans le titre.
De pictes on a les peintures corporelles, le carractere matrilinéaire de la transmission du pouvoir cf:Camomille,les pierres gravées dans l'Isle, le reste est gaélique ou écossais.
Mais le carractere cosmopolite et étrange du pays est bien au rendez-vous.
Le monstre du Loch Ness est sympa et bien que les romains soient malins, le mur d'Hadrien sera plus tard nécessaire à cause des baffes.
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Si on me demandait quel est le mot qui me vient à l'esprit concernant ce nouvel album, je dirais, sans hésiter « jeux de mots « car ma lecture s'est trouvée ponctuée de petits rires pour mon grand plaisir. Rassurez-vous, je ne dévoilerai aucun de ces jeux de mots !
Par ailleurs, on retrouve effectivement l'ambiance Uderzo et Goscinny , mais avec une histoire relativement pauvre en événements, les auteurs ayant fait porter leurs efforts sur l'environnement des pictes et les habitudes des Pictes, peut-être auraient-ils pu d'ailleurs mettre en évidence leur côté grippe-sous ?
Il serait intéressant de lister des éléments de comparaison avec le combat des chefs car il me semble qu'il y a bien des points communs entre les deux albums.
Il me faudra certainement relire cet Astérix afin de repérer des détails qui m'auraient échappés, ce que je ferai avec plaisir ! Si vous hésitez encore à le lire, j'ai envie de vous dire de ne pas passer à côté sans vous y arrêter !
Mention particulière à notre ami Obélix dont je trouve les répliques hilarantes !

Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Je l'avoue j'ai bien aimé cet album !!!

Je suis une fan d'Astérix de la première heure, une inconditionnelle et j'ai beaucoup riz avec les jeux de mots, les dessins où on voit passé Bernard Blier, Gabin, Shean Connery, Lino Ventura et tant d'autres.

J'ai été tellement frustrée dans la période sans Goscinny que je crois même qu'il y a un album que je n'ai pas vu passer à la sortie.

Là , j'ai retrouvé la magie du début, et j'ai bien ri, lesjeux de mots latins sont à nouveau là, les dessins très bien ce qui était une lourde tâche pour Jean-Yves FERRY et Didier CONRAD qui s'en tirent très bien.

Bien sûr, on ne compare pas avec Astérix et Cléopatre, par exemple où il y avait une réflexion sous jacente (architecture, conditions de travails, civilisation...) où Astérix et les Bretons, Astérix en Hispanie (Pépé qui retient sa respiration chaque fois qu'on le contrarie), Astérix en Corse (et le sommeil d'Osterlix) qui sont mes préférés. Certains sont pratiquement usés, avec des pages volantes tellement je les ai lus et relus.

Donc, un album qu'on découvre avec plaisir, qu'on relit pratiquement illico, avec autant de plaisir et n'oublions pas que le défi à relever était lourd donc, j'attends le prochain avec impatience. Laissons à ces deux auteurs le temps de s'approprier les personnages.

Je suis une inconditionnelle de la BD mais les adaptations cinématographiques ne m'ont pas convaincue.
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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En fan inconditionnelle d'Astérix et après le désastreux le ciel lui tombe sur la tête, c'est avec une grande impatience que j'attendais la sortie de Astérix chez les Pictes scénarisé par Jean-Yves Ferri et dessiné par Didier Conrad.

Ces deux artistes ont eu beaucoup de courage pour s'attaquer à cette BD culte : quoiqu'ils fassent, ils devaient s'attendre à recevoir une volée de bois vert. Soit ils collaient trop à la BD d'origine et on leur reprocherait leur manque d'inventivité, soit ils s'en éloignaient et on crierait au sacrilège.
Je ne ferai ni l'un ni l'autre car Jean-Yves Ferri et Didier Conrad signent un album de transition plus qu'honorable.

Astérix chez les Pictes est un véritable hommage au travail de René Gosciny et d'Albert Uderzo. Graphiquement, il n'y a pas de différences flagrantes entre le coup de crayon de Conrad et celui d'Uderzo. Conrad pousse même l'hommage en dessinant Mac Oloch, le héros Picte, à la manière d'Oumpah-Pah.
Quant au scénario, il est classique et repose sur les habituels ressorts comiques : un événement vient bouleverser la quiétude du petit village gaulois que nous connaissons bien et Astérix et Obélix partent en voyage pour vivre une folle aventure. Ils vont se confronter à une culture qu'ils ne connaissent pas, se bagarrer avec des Romains, vaincre le méchant de l'histoire (qui pour le coup est d'un joli vert qui ferait pâlir d'envie Tullius Détritus) et rentrer à la maison pour être accueillis en héros.

Comme dans tout bon album d'Astérix, les clichés sont légion : les Pictes ne boivent que du whisky, jouent au Caber (lancer de troncs d'arbres), adorent la cornemuse et leurs noms commencent tous par Mac. A ce titre, les jeux de mots sur les noms ne sont pas piqués des vers et pas toujours faciles à comprendre du premier coup.
Il y a beaucoup d'humour même si on ne rit pas à s'en faire exploser un abdo. J'ai aimé les petits anachronismes avec le nom de certains Dieux et les références aux standards du rock des années 70.
L'album ne faillit pas à la règle des guest-stars : Johnny Hallyday est croqué sous les traits d'un barde hirsute et Vincent Cassel se taille la part du lion en méchant diabolique.
L'ensemble est récréatif et d'un bien meilleur niveau que les derniers albums.

Notez aussi que les enfants ne seront pas en reste avec ce nouvel opus car, même si certaines blagues ne leur seront pas compréhensibles, il y a des chamailleries entre Astérix et Obélix et, surtout, le dieu Afnor est facétieux et a une bonne bouille.

A mes yeux, Jean-Yves Ferri et Didier Conrad ont réussi leur pari et signent un album honnête qui laisse présager une suite meilleure s'ils arrivent à prendre plus de liberté.
Vivement le prochain album !
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« Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Et la vie n'est pas facile pour les garnisons de légionnaires romains des camps retranchés de Babaorum, Aquarium, Laudanum et Petibonum... »
Astérix et Obélix découvrent un jeune homme enfermé dans un glaçon, un Picte !! Il décident de l'accompagner afin qu'il puisse rejoindre son pays natal, l'ancienne Écosse. On va y découvrir les noms en Mac, le monstre du Loch Ness, la cornemuse, l'eau de malt, le lancers de tronc, etc..
Belle histoire et à vous d'en découvrir le dénouement.

Bande dessinée pour nos enfants, pas sûr !!
Bonne lecture à vous.

J'ai adoré.
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