De telles oeuvres assurent l’éclat d’un nom, et de bonne heure sans doute les créations de van der Goes se multiplièrent. A Anvers, l’église des Pauvres-Claires possédait un Crucifiement avec volets; l’église de Vosselaere montrait plusieurs tableaux du grand maître. La trace de ces peintures est hélas ! perdue, comme celle du portrait du Vénérable Bède mentionné dans ta collection de Rubens. Le petit retable pliant du Musée de la Cour de Vienne, représentant, d’un côté, Adam et Ève sous l’arbre de la Science et, de l’autre, une Pietà, semble remonter aux premières années de la maîtrise de van der Goes, au moment où son génie prenait un essor définitif.
La grande figure de Hugo van der Goes domine une seconde génération d’artistes flamands. Jean van Eyck, Roger van der Weyden, le Maître de Flémalle, Thierry Bouts ont été les créateurs de notre art ; à travers des conceptions et des visions particulières, leurs oeuvres vivent d’une beauté essentielle, en quelque sorte classique. La puissance et la variété du sublime « Jehan de Eyck », le lyrisme et l’émotion de maître Roger, la plasticité et l’esprit observateur du Maître de Flémalle, la tendresse, la piété et la douceur du peintre de Louvain, se pénètrent et s’harmonisent pour caractériser la peinture flamande aux heures miraculeuses de sa jeunesse.