Le titre est fallacieux. Il ne s'agit ici en fait que des « deux radicalités dominantes » de la jeunesse en France : la « forme violente d'action » venant de musulmans et de Français de souche que l'auteur qualifie de « politico-religieuse islamiste » et d' « extrémiste FN ». le propos est illustré par les pires profils, souvent ceux de jeunes mineurs à l'esprit en formation, et donne l'impression d'opposer des fanatisés à des abrutis.
Il évoque aussi au passage la radicalisation des juifs de France.
En une phrase, l'auteur englobe « l'engagement radical des jeunes, qu'il soit politique (FN) ou guerrier (djihad), résultat de trajectoires personnelles compliquées… »
Oser mettre sur le même plan le terrorisme islamique et le souci identitaire indigène est déjà en soi un parfait scandale. C'est comme si, dans la conquête de l'Ouest, on mettait au même niveau le cow-boy et l'Indien, l'agresseur et l'agressé.
Près d'1/4 des 18-24 ans votent RN, ce qui fait 1,2 million de personnes, mais Fize n'est pas gêné de présenter sans nuance tout ce groupe non délinquant comme un ramassis d'imbéciles aussi dangereux que les 5.000 jeunes islamistes qui envisagent ou commettent des attentats.
C'est même le message subliminal de ce livre : RN et Daech même danger, ce qui en fait un monument de malhonnêteté intellectuelle.
« On voit le parti que des groupements comme Daech et le Front national tirent de ce vide moral et spirituel » (p.143)
« Djihad et Front national viennent combler l'échec du Parti communiste et d'autres mouvements d'extrême gauche à rassembler les désespérés. » (p.149)
L'auteur démolit d'ailleurs lui-même – s'en rend-il compte ? – l'égalité factice qu'il pose entre ces deux « radicalités », car s'il cite nombre de cas d'actions violentes chez les jeunes djihadistes il se montre incapable d'en trouver chez les jeunes frontistes.
Au final, et malgré son intention de départ, il n'a pas d'autre choix que de faire de son essai un réquisitoire contre l'islamisme, seul véritable danger.
On retrouve cet amalgame odieux quand il met dans le même sac « les regroupements sociaux-politico-religieux (radicaux) hétéroclites, comme Al-Qaïda ou Daech ou les adversaires du Mariage pour tous, bataillant pour l'ancienne morale… » (p.142)
Mais le plus choquant est qu'il n'aborde pas l'autre – et autrement plus dévastatrice – radicalité dominante de la jeunesse, celle de l'ultra gauche. Pas un mot sur les black blocs, activistes écologistes, excités de Nuit debout et autres No Border… sauf pour dire que « le temps manque ici pour aborder une question qui mériterait d'amples développements et nous ferait sortir, nous semble-t-il, du champ ‘naturel' de la ‘radicalisation' proprement dite, qui est avant tout un processus et pas une idéologie figée sur des principes immuables. » (p.15)
C'est véritablement se moquer du monde. L'auteur a « le temps » de cogner dur sur les défenseurs des identités indigènes et de l'unité de la nation mais pas de dénoncer l'extrême violence de la gauche tablerasiste qui veut détruire « l'Etat bourgeois » sous prétexte qu'elle ne serait pas une véritable radicalisation (!).
On comprend mieux pourquoi quand on connaît son compagnonnage avec
Robert Hue du PCF.
L'auteur touche le fond de la malhonnêteté intellectuelle en osant affirmer que le Pen use des mêmes arguments que les fascistes d'hier en promettant « aux jeunes un meilleur présent et un véritable avenir, du travail et de la sécurité », alors que c'est ce que font tous les partis depuis toujours. Tous fascistes ?
Tel ces hommes qui déplorent les effets dont ils en chérissent les causes, Fize déplore l' « absence de valeurs communes et d'esprit collectif » et que « notre société peine à fabriquer de l'unité », et rappelle que l'intégration implique « des normes communes » et « des pratiques partagées : une langue en particulier », mais il ne lui vient pas à l'esprit de faire le lien avec un excès de diversité et donc d'immigration.
Quant à la critique par
Edgar Morin, qu'il reprend à son compte, de tout fanatisme en ce qu'il « procède en opérant par réductionnisme, manichéisme et réification », il pourrait tout aussi bien s'appliquer au hollandisme et au macronisme…
Il est savoureux au passage de le lire user d'un argument à contre-sens pour justifier la discrimination positive quand il cite «
Aristote qui disait que la justice est de traiter également les choses égales et inégalement les choses inégales. »
Aristote défendait l'esclavage et considéraient les femmes inégales car inférieures. En ce sens, il justifiait au contraire une discrimination négative.