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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après une existence insouciamment consacrée à ses succès professionnels et à un papillonnage sentimental, un homme sur le retour prend conscience du vide et de la solitude que l'âge lui réserve. Tandis que la mémoire de son ordinateur le renvoie au souvenir soudain nostalgique de ses anciennes amours, lui prend l'envie de renouer avec l'une d'elles, devenue châtelaine, avec l'espoir, qui sait, de peut-être la reconquérir.


Le synopsis est on ne peut plus classique, si ce n'est même basique. Pourtant, Isabelle Flaten nous a concocté une petite perle d'humour et d'originalité qui se déguste avec autant de plaisir que de surprise amusée. Plutôt que de laisser les deux protagonistes principaux conter leurs délicates retrouvailles, elle a confié la narration à l'ordinateur du boomer, témoin de plus en plus amer, mais privilégié, des égarements de son propriétaire, et au portrait d'un ancêtre guindé, scandalisé par la modernité des moeurs qu'il observe depuis les murs de son château désormais ouvert aux visites du public.


C'est ainsi que le récit qui prend de plus en plus allégrement la tournure d'un fantaisiste et moderne conte de fées, autour d'un prince plus très charmant et d'une Cendrillon quinquagénaire qui a sauvé son château grâce aux gains d'un jeu télévisé sur les « people », se révèle une excellente comédie, où l'auteur s'amuse d'aussi bon coeur que ses lecteurs. Pendant que dans leurs très réjouissants monologues, entrecoupés des commérages des pipelettes de voisines, un symbole de la modernité et un représentant du temps jadis commentent de manière décalée les faits et gestes de deux de nos semblables, l'histoire prend une coloration de plus en plus satirique, soulignant avec la plus grande malice nos travers contemporains : jeunisme, féminisme à tout crin et vague woke, engouement pour le développement personnel, le coaching et les thérapies alternatives, greenwashing, numérisation de nos vies…


Un délicieux moment que cette lecture enlevée, drôle et piquante, dont l'original parti pris narratif permet de nous renvoyer un très impertinent reflet de la société d'aujourd'hui.
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John a soixante ans et ne s'en remet pas ! La retraite, pourtant confortable ne lui réussit pas du tout. Démotivé, désoeuvré, déprimé. Alors, rechercher les traces de ses ex, sur internet : est-ce une bonne idée ?

Ça, c'est son PC qui nous pose la question. En effet, l'originalité de ce roman tient à la nature des narrateurs. Un ordinateur portable, le portrait d'un aïeul, et parfois tout de même un humain en chair et en os, si tant est que des personnages de roman puissent mériter ces attributs.

Il sera donc question de lutte pour se réconcilier avec le temps qui passe (chapitre croustillant dont l'action se situe dans un centre de remise en forme féministe et un peu barré, administré par une gourelle terrifiante), il sera question de retrouvailles, de nouveaux projets, d'allers et retours entre Paris et un château, au grand dam de deux commères voisines de John.

Et puis un peu en retrait, et pourtant âme du roman, Salomé, qui a pris sa revanche sur son enfance précaire, mais qui n'a pas bien appris à dire non.

Entre les lignes, la littérature, évoquée à petites touches, des références classiques, qui restent à travers les siècles des témoins et même des guides.

Les amis, les amours, les emmerdes, la vie quoi ! Avec des poissons qui s'agitent au fond du bocal ! L'humour est une arme irremplaçable pour dire les tribulations insensées de nos existences. le roman fait mouche, comme une éclaircie qui déchire un ciel sombre.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Chère Isabelle, il faut que je vous remercie pour avoir osé twister le bon vieux conte de fées afin de nous en livrer une version aussi savoureuse qu'impertinente. Grâce à vous j'avais déjà passé quelques délicieux moments en compagnie de l'inoubliable Adelphe, et bénéficié d'un éclairage singulier sur le mariage par la voix de la terrible Lenka. Il faudra désormais compter avec John et Salomé, qui devraient pouvoir postuler au titre de couple de l'année, irrésistiblement ancré dans le 21ème siècle. Pour celles et ceux qui se demandent à quoi peut bien ressembler un conte de fées en 2022, vous répondez start-uper vieillissant, châtelaine malgré elle, culte du corps et du bien-être, féminisme, business de l'apparence, quête de sens. Et peur du vide. C'est elle qui pousse John à recontacter Salomé, l'une de ses anciennes conquêtes. Il est bourré de questionnements existentiels, John. Sur cette époque qui avance de plus en plus vite alors qu'il peine à raccrocher les wagons, sur les femmes dont il ne comprend plus trop les aspirations si tant est qu'il les ait comprises un jour. Il a gagné pas mal d'argent mais, on le sait pourtant, ça ne fait pas le bonheur. Et Salomé ? Après sa rupture avec John, elle a vécu un vrai conte de fées pour le coup. LA rencontre, le mariage et le château en prime, réalisant ainsi le rêve de sa mère. Deux enfants désormais adultes et un veuvage plus tard, la voici elle aussi en plein doute. L'âge ouvre-t-il encore des possibles ? Doit-elle accepter de revoir John ? Ça vous fait rire tout ça, Isabelle, je l'ai bien senti. Vous les aimez bien, les deux mais c'est l'époque qui ne tourne pas rond. Ces concepts alternatifs, "écolo-naturo-féministe" je sens que vous adorez. Belle trouvaille de confier le récit à quelques témoins privilégiés. L'ordinateur de John le connaît mieux que personne (note à moi-même : penser à effacer mes traces dans la mémoire du mien), ça aide. Quant au tableau de l'ancêtre dont Salomé a fait son confident, sa vision de la vie et ses évaluations à l'aune de son vécu moyenâgeux sont tout simplement savoureuses. N'oublions pas le choeur des voisines, jolie métaphore de nos existences vouées à l'observation et aux commentaires publics. Vous mêlez ainsi les époques à travers la mémoire d'un disque dur et celle d'un ancêtre aristocrate décati pour mieux pointer les aberrations, les excès d'une période où il est difficile de discerner la vérité des êtres et ce qui est vraiment important. Bien sûr, tous ces gens ont des problèmes de riches, des enfants qui ne veulent pas prendre la succession, des charges à payer... Il ne faut pas croire que c'est facile, la vie de château. Vous vous moquez un peu, Isabelle. Si, si. C'est subtil mais le sarcasme n'est pas loin même s'il n'éclipse jamais la tendresse. C'est important la tendresse, parce que, château ou pas château, un jour où l'autre le mot fin apparaît, alors autant que ça se passe le mieux possible. Dans cette perspective, à l'approche de nos vieux jours, on pourra toujours recommander la compagnie de vos livres. Subversifs juste ce qu'il faut. Nappés d'un voile d'insolence. Mais portés par une profonde empathie pour les pauvres humains que nous sommes. Merci Isabelle et longue vie à John et Salomé.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Qu'en dire ? John et Salomé ne sont ils représentatifs que d'eux mêmes ou peut on extrapoler afin que Triste Boomer illustre un fait social et une évolution de notre mode de vie ?

John, 60 ans, après avoir bien travaillé, gagné beaucoup d'argent, en fait être dans l'action, le stress et la puissance décisionnaire, a décidé de tout vendre et de prendre sa retraite. Il a sciemment négligé les autres secteurs de vie, en particulier, vie sentimentale et enfant.
John se retrouve donc, riche désoeuvré et confronté à un vide qu'il se devra de remplir.

Salomé. Famille modeste, mais belle à souhait. Elle sort de sa condition via la rencontre avec John, 20 et 30 ans respectivement ou peu s'en faut. Au bout de 5 ans elle s'échappe d'une vie potiche. Devient duchesse puis sans le sous gagne 10 millions à un jeu télévisé ce qui la renfloue bien d'autant que le duc a trépassé.
Parenthèse, Cosette qui devient duchesse et gagne 10 millions en deux coups de cuillère à pot, qu'en penser ?

Bref, Salomé reçoit un mail de John, 50 et 60 ans. Je vous laisse lire la fin du livre.

Trouvaille.
L'interlocuteur, bonne conscience de John, son ordinateur, qui parle comme vous et moi et avec ma foi une grande sensibilité et une justesse des jugements.

Retrouvaille.
C'est un jeu de mots.
L'interlocuteur, bonne conscience de Salomé, un portrait de l'ancêtre, marquis de je ne sais quoi, avec ma foi une grande sensibilité, une justesse des jugements, et des principes désuets dont certains mériteraient qu'ils soient remis au goût du jour.

Humour.
Exemple 1 – il rédigeait un mail à son dircom pour formaliser les next steps business et upgrader le benchmark avant le meeting du lendemain.
Exemple 2 – John ayant fait un détour sur une association je n'ai rien compris de quoi : avant de procéder au don de gamètes obligatoire, prière de vous rendre au cabinet médical où vous sera délivré l'ordonnance indispensable à l'établissement de votre bilan de santé.
Explication : ici, les enfants sont conçus uniquement par insémination de façon a éviter l'emprise d'un géniteur sur sa progéniture. Ps l'emprise féminine, cela n'existe pas .

Donc.
Un type qui n'est que le reflet de lui même comme probablement 5 à 10 % des hommes.
Une duchesse qui me fait me demander si les pommes duchesses existent vraiment ou si mes connaissances me trompent.
Une histoire qui se terminera bien selon le bon vouloir d'Isabelle Flaten, ou mal selon ce même bon vouloir.

John, tout temps perdu est quand même vécu, idem pour le lecteur.
Salomé, j'aime bien les pommes duchesses.
Isabelle Flaten. Continuez votre bonhomme de chemin sans trop les maltraiter ( les bonhommes ). Ceux d'hier ne sont pas ceux d'aujourd'hui.
Lecteur. Bon passe temps, vous le ne perdrez pas.
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Voilà, c'est dit, John Coleman entre dans la lessiveuse de la retraite. Lui, un self made man, une pointure, toujours dans le vif des sujets, réduit à meubler son salon et regarder en arrière une vie qui s'est dérobée sous ses pas trop pressés. Comme un fromage affiné, il coule, sans espoir de se redresser. Entre creuser son moi profond et recourir au carnet de ses ex, son coeur balance, et son ordinateur, gloire de ses heures surfacturées, est le témoin de sa déchéance.

"Relis le mail que tu viens de rédiger. L'absurdité de ta démarche ne te saute pas aux yeux ? Rien ne colle, ni la forme ni le fond. L'intention est obscure, une bouteille à la mer lancée par un homme à la dérive ou pire, une pêche aux souvenirs, cette manie de vieux. Je ne pensais pas que tu en étais déja là, un pauvre type condamné à relire la même page, à réveiller le passé, englué dans une existence réduite à sa plus simple expression, bonjour bonsoir et sans lendemain. Tu n'y peux rien, mes mises à jour aussi prennent de plus en plus de temps, jeunesse rêve et vieillesse décompte, L'âge est un animal sournois qui prend tout le monde au dépourvu. Eh oui, boomer! Allez supprime le brouillon de ce mail sans queue ni tête !"

Salomé est l'une de ces âmes croisées, sans que pour autant leur couple ait survécu à la lime d'un jeune quotidien. Alors elle est partie, se planter dans un destin que sa famille avait tracé pour elle : réussir, c'était en en entrant dans le Beau Monde. C'est une duchesse qui multiplie les entretiens avec le portrait du sulfureux Gustave de Mercueil, ancêtre du château, qui nous permet de suivre les méandres de la pensée de cette femme jadis jeune, toujours belle.

S'ensuit un jeu de chapitres alternés de gauche à droite sur terre battue, le lecteur englué dans la profondeur des projets de chacun, eux-mêmes tellement centrés sur leur personne, qu'ils ne perçoivent pas le monde ambiant. Un monde cacophonique dans lequel les boomers tentent de colmater les brèches à coups méditation et d'ouverture à toutes les différences.

Un roman à lire à plusieurs niveaux, qui retrace le bouleversement de la vie d'un homme face à une vie dans contraintes, mais également une allégorie du temps qui passe et de ce qui ne reviendra pas (doit-on ressusciter les fantômes du passé ?), sans oublier une peinture assez cinglante des courants bien-pensants et des dérives extrémistes qu'ils (i.els ?) engendrent. Il ne faudrait pas oublier l'aspect décalé et moqueur des thèmes abordés, et j'ai notamment adoré lire cette histoire par le prisme d'un ordinateur et du personnage d'un tableau de maître !
Un roman original, qui ne m'a pas laissée de glace, même si pour moi, trop d'introspection tue l'introspection.
J'y ai retrouvé les traits d'un roman de Lionel Shriver, "Quatre heures, vingt-deux minutes, dix-huit secondes", sur le même thème de l'âge qui avance et les esprits qui repoussent les limites d'un corps qui a déjà rendu certaines pièces. J'ai également retrouvé l'introspection tyrannique de Virginia Woolf dans la Promenade au phare. J'ai abandonné ces deux romans, mais suis allée au bout de celui-ci, notamment parce qu'il fait partie des livres sélectionnés dans un jury auquel je participe, mais également parce que l'écriture, bien que forçant le trait (à tomber joyeusement dsns la caricature), s'allège grâce à ses narrateurs.
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Une belle confusion des sentiments à l'orée piégée d'une deuxième vie de boomer, celle qui s'ouvre après la réalisation des objectifs. Acide et hilarant.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/06/21/note-de-lecture-triste-boomer-isabelle-flaten/

« Objets inanimés, avez-vous donc une âme / Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ? » C'est sur le célèbre vers d'Alphonse de Lamartine, plutôt sans doute dans sa version malicieusement revue par Raymond Devos, que s'appuie peut-être bien le « Triste boomer » d'Isabelle Flaten, publié en janvier 2022 au Nouvel Attila, pour prendre son essor féroce. Pour nous confier les heurs et malheurs de deux amis d'enfance désormais cinquantenaires, ultra-entrepreneur tout à coup désoeuvré et châtelaine veuve, confrontés à la fois à une (presque) classique « crise de la cinquantaine » et à la particularité de voir cette crise multiforme située bien au coeur d'une société néo-libéralisée de facto, en quête maladroite de significations – la nôtre -, l'autrice rusée d'« Adelphe » ou de « La folie de ma mère » a confié la parole à un ordinateur facétieux et à un tableau d'ancêtre présomptueux, tous deux néanmoins fort jaloux de leurs prérogatives supposées, ce qui donnera un ton bien particulier à cette narration jouant entre le terre-à-terre efficace et l'ironie parfaitement tempérée.

Entre l'agenda de bureau témoin des errances croissantes du personnage principal de « Planning » (Pierre Escot, 2007), les réminiscences franchement nostalgiques ou légèrement acides d'amours passées qui caractériseraient un « How I Met Your Mother » côté séries télévisées (Carter Bays & Craig Thomas, 2005) ou un « Haute fidélité » côté roman (Nick Hornby, 1995) ou film (Stephen Frears, 2000), les incisions des voisines de cage d'escalier en redoutable succédané de choeur antique, et surtout l'exploration patiente des alternatives possibles au vide laissé par des vies de devoir et de réussite – en parcourant savoureusement tant de motifs de ressourcement et de coaching, tels ceux recensés par Thierry Jobard dans son « Contre le développement personnel » -, Isabelle Flaten nous offre une chronique hilarante, au degré d'acidité pourtant parfaitement dosé, d'une très contemporaine et logiquement fatale confusion des sentiments.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Une lecture que j'ai appréciée,
Avec son côté « petit conte satirique », imaginatif et divertissant,
Avec son procédé narratif surprenant, Ah les passages savoureux sur le vocabulaire numérique ou les anglicismes d'entreprise !
Avec son regard pointu mais bienveillant sur nos travers actuels, notamment pendant le séjour du héros dans un centre de développement personnel écolo-féministe-alternatif carrément détonnant !
Avec son indulgence malicieuse enfin, devant l'incessante course à la réussite professionnelle ou sociale à laquelle l'égo du héros ne peut renoncer !
C'est un peu court, un peu fouillis, mais très bien observé !
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