Cette compilation inachevée n'est pas du
Flaubert et n'a pas été publiée de son vivant. Ce ne sont ni de ses mots ni ses pensées mais une forteresse de bonne conscience et de confort intellectuel. Voilà ce que sont les autres, les sots qu'il est si facile de tenir à distance — Homais, Bouvard, Pécuchet, le voisin, le collègue, le journaliste, le politique —. À moins que nous soyons tout autant exposés à la bêtise et prêts à « tonner contre », à hurler avec les loups, nous laisser aller sur la pente de la suffisance, du compromis, du poncif. Alors ce dictionnaire est un test.
On y trouve une culture qui rime avec confiture («
Homère : N'a jamais existé. Célèbre par sa façon de rire ») ; des inversions comiques (les blondes, plus chaudes que les brunes, et vice-versa ; « Hygiène : Elle préserve des maladies quand elle n'en n'est pas la cause ») ; une obscénité de bon ton (« Affaires : une femme doit éviter de parler des siennes » ; « Doigt : le doigt de Dieu se fourre partout ») ; des trouvailles de cruciverbistes (« Râtelier : troisième dentition ») ; les prémisses du rapport Sauvé (« Congréganiste : chevalier d'Onan » ; « Prêtres : couchent avec leurs bonnes et ont des enfants qu'ils appellent leurs neveux »). Et encore des ragots qui étonnent comme « Magistrature : Magistrats tous pédérastes ».