La mémoire et la mer
sous l'éclat d'un soleil oblique, apparurent soudain les rochers, mirage ou réalité...il nous était difficile de discerner, tant l'eau était encore profonde et le secret primordial.
Les blocs, posés, plissés, usés, arrondis, fatigués, mais ressuscités de mille vies, se découpaient dans le ciel.
Scrutant les traces d'une présence, nos regards erraient parmi les formes, aspirés à l'intérieur des creux et des ombres, puis s'échappant sur la cambrure d'une épaule incertaine.
Des étreintes pourtant absurdes et minérales réveillaient nos consciences, engourdies de tant de chaleur et d'immobilité.
Un peu plus loin, comme des des tombeaux oubliés, quelques rocs épars émergeaient encore d'une eau plombée, et marquaient la possibilité d'un passage.
Un chemin se dessinerait peut-être...
Nos yeux, brûlés d'éternité, cherchaient une voie. Le silence, à chaque instant plus lourd, nous paralysait, et, peut-être, aurions-nous pu traverser les décombres de cette mémoire ensevelie, pour atteindre encore une autre rive, si nous n'étions pas déjà morts.
Yves Dana