'Savez-vous ce qu'est la beauté? Avez-vous déjà vu la beauté d'une rue sale?' a demandé
Jiddu Krishnamurti à son audience.
Voir la beauté, même dans le désastrastre,
Naomi Fontaine le fait. Elle connait la beauté et l'amour.
Et elle est poète.
Ce livre est fait de courtes descriptions poétiques de la réserve où vivent les Indiens Innus, au Québec. Elle parle beaucoup de la beauté, celle de la nature et celle des gens qui vivent dans la réserve, mais sans pour autant oublier de mentionner les choses négatives comme la drogue, l'alcool, la mort d'avoir trop bu, la tristesse, le désespoir. le sentiment d'infériorité avec lequel on a inculqué ces gens, et qu'ils ont fini par accepter, à voir comme vrai...
Le livre est si beau à lire qu'on pourrait le lire d'une traite - mais on ne le fait pas, on préfère prendre de petites gorgées de ces descriptions.
Mais ce livre est également tellement cruel et confrontant, que j'ai eu difficile de le terminer.
On sait bien pourquoi ces Indiens se retrouvent confinés dans des réserves. On sait bien que ce sont les blancs qui ont fait en sorte, et font toujours en sorte, que les Indiens ne manquent jamais d'alcool ni de drogue. On sait que nous faisons partie de cette humanité cruelle. En même temps, nous partageons l'impuissance, la tristesse, le désespoir des Innus.
Ensuite, nous lisons que les Innus chassent le caribou, et qu'ils en chassent là où c'est défendu par les écologistes, qui ont peur que le caribou sera exterminé. Nous lisons que les Innus chassent le caribou pour donner à manger cette viande à leur famille, mais savent également que c'est la tradition. La question se pose s'ils ne pourraient pas se passer de chasser ces animaux ? Et si les nous les aidions pour le réaliser ? Nous ne savons pas.
Nous restons muets et silencieux.
Naomi Fontaine, elle-même Innu et élevée dans cette réserve, était professeur de français à l'université de Laval au Québec. Après avoir écrit ce livre elle est restée dans la réserve, pour y donner des cours de français aux adolescents. Elle y élève seule un fils.