Anaïs connait Janvier depuis l'enfance. Elle a vécu ses premières fois à ses côtés tout au long de sa vie, l'a connu en forme pédalant au bord de la rivière avec elle, lisant Boris Vian ou Lucy Maud Montgomery avec lui ou alité, aux pires moments de sa maladie. Quand le récit commence, ils débutent la trentaine, Janvier est au plus mal et Anaïs vit les derniers moments d'une relation chaotique qui dure depuis trois ans. Quand le coeur de Janvier lâche, Anaïs lâche tout à son tour et s'enfuit en Europe. Elle trouve refuge chez de curieux logeurs qui ont ouvert leur grande maison à des artistes en résidence. Elle y rencontre Elena, peintre italienne et Alejandro, écrivain brésilien. Elle donne à voir que tout va bien mais le passé la rattrape.
Ce roman tout en mélancolie et poésie est d'une vitalité étonnante. Malgré les états d'âme d'Anaïs et la mort qui l'oppresse et l'empêche de vivre, l'auteure parvient à la maintenir à la vie par un fil ténu mais essentiel. Les chapitres très courts, parfois une page, illustrent les émotions qui l'habitent, les crises, les éclats de voix ou de rires et tout l'arc-en-ciel de sentiments qui la traversent avec fulgurance. Anaïs est à vif mais refuse de l'admettre. Elle en perd les mots qu'elle voudrait coucher sur le papier, ce pourquoi elle est là, en bord de Seine, dans une maison qui ressemble tellement à son Château de Québec.
A travers son héroïne, c'est le lecteur que Valérie Forgues questionne. Comment l'amour, l'amitié peuvent-ils survivre au deuil ? Comment vivre quand on a le sentiment d'avoir perdu une part importante de soi-même ? Est-ce que la vie est toujours plus forte que la mort ? L'écriture peut-elle être un baume dans ces moments-là ?
J'ai été séduite par la plume de l'auteure, sa douceur, sa beauté et sa poésie. Je me suis laissée portée par ses mots, la tendresse de sa langue ; ses phrases courtes, brutes, au plus près de la crise, quand le présent est trop lourd ; ses longues descriptions nostalgiques quand les souvenirs affleurent.
Ce court roman qui parle du deuil avec justesse s'est insinué en moi et des passages me reviennent en mémoire quelques jours après l'avoir refermé. J'ai vraiment eu l'impression de vivre dans l'intimité d'Anaïs, au plus près de ses émotions. Une belle lecture, qui secoue et réconforte à la fois.
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Nous avons vécu sans espoir d'éternité, avec la conscience pointue que la vie pouvait s'arrêter n'importe quand, que le courant pourrait s'interrompre, sans jamais se rétablir.
La journée contient la fébrilité d'une promesse qui ressemble à un sauvetage.
Les Voix du livre, une source incontournable d'informations et d'inspiration pour vous, oreilles passionnées par le monde du Livre et professionnels qui le faites rayonner chaque jour.Animé par Lauren Malka, journaliste indépendante et podcasteuse, ce podcast est une invitation dans l'univers de Livres Hebdo en plusieurs séquences.Dans cet extrait de l'épisode 6 : En Haut de la pile, la 3ème partie du podcast, l'éclairage et coups de coeur de la rédaction de Livres Hebdo. Nos 2 journalistes dévoilent non seulement leurs coups de coeur mais aussi les livres qui, à leur avis, reflètent comme des miroirs l'horizon littéraire du printemps 2024 : Les Olympes, publié aux éditions Albin Michel Jeunesse, sous la direction de Carole Trébor ; Un choix d'amour, de Valérie Forgues, publié aux éditions Triptyque ; Julia, de Sandra Newman, publié chez Robert Laffont et Les suffragettes de l'art, d'Anaïd Demir publié chez Beaux-Arts éditions.Un podcast réalisé en partenariat avec les Éditions Dunod, l'éditeur de la transmission de tous les savoirs.
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