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3,37

sur 116 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
S'approprier les mots de Dominique Fortier n'a pas été chose facile. Et pour cause, la construction narrative de la porte du ciel est surprenante. A la lecture des premières pages, on s'attend à découvrir le portrait de deux amies aux bagages bien différents. L'une blanche et fille de médecin, l'autre noire et fille d'esclave. Deux destins qu'on devine s'entremêler alors que gronde la guerre civile et que le centre du débat semble plus que jamais les séparer. Pourtant, ce n'est pas à une histoire d'amitié indéfectible que nous aurons affaire, mais à une sorte de chronique sociale de l'Amérique du XIXème siècle.

Certes, nous suivons l'histoire d'Eve et d'Eleanor, mais entrecoupée de bribes de vies complètement étrangères à l'intrigue. Au fin fond de l'Alabama, on découvre des couturières qui s'adonnent à l'art de la courtepointe, dans une Amérique plus contemporaine, on vit les derniers instants d'un condamné à mort, et comme dans un livre d'Histoire, l'auteure nous révèle les grands enjeux de la Guerre de Sécession. On alterne entre le romancé et le didactique, entre histoires particulières et Histoire avec un grand H.

Avec une écriture métaphorique et pleine de mystère, Dominique Fortier chamboule tous nos repères. Tout au long de son texte, elle joue avec la symbolique. Celle de la liberté tout d'abord, qu'elle évoque avec une retenue presque pudique. Par petites touches, elle définit les contours de cette indépendance tant espérée et à la fois tellement relative. En toile de fond, se dessine bien évidemment l'émergence d'un rapport de force autour des droits de l'homme. A travers différentes situations, l'auteure laisse entrevoir l'évolution de la ségrégation, tout d'abord raciale, qui se mue peu à peu en ségrégation sociale. Mais son ton est étrangement neutre, comme figé par le poids de la destinée. Révoltes et prises de positions sont finalement absentes, comme pour laisser planer un flou gaussien sur ces questions universelles. Et pourtant entre les lignes s'esquisse un soupçon de réponse. L'idée de la construction et de la réunion est largement développée par l'auteure, à travers les scènes de couture, mais aussi lorsqu'elle parle de cette église élevée de bric et de broc grâce à la volonté des habitants du comté. N'est-ce pas là l'allusion à une Amérique faite de communautés différentes ?

Pour résumer…

La porte du ciel est un roman atypique qui se plait à laisser planer le mystère. Entre bribes de vie et métaphores, l'auteure dépeint la construction difficile des Etats-Unis tels que nous les connaissons aujourd'hui. Sous couvert de l'esclavage, Dominique Fortier aborde des questions plus universelles mais nous laisse difficilement entrevoir son cheminement de pensée. Reste une impression d'inachevé qui nous laisse sur notre faim.

Ma note…

13/20
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Je dois vous avouer qu'en terminant ma lecture, à l'instant, je ne m'imaginais pas un tel récit, une telle construction narrative qui, si elle est romancée – davantage dans le dernier tiers d'ailleurs -, relève beaucoup de la description historique. En effet, nous survolons la guerre de Sécession aux États-Unis au milieu du XIXème siècle, et le regard de plusieurs personnages distillent en nous les bribes de cette époque compliquée. Mais au grand jamais, nous ne pénétrons véritablement leurs vies. Elles nous sont ainsi suggérées.

« Mais il faut que je vous explique, peut-être : certaines choses sont de notoriété publique.
Par exemple, le fruit de l'union d'un âne et d'une jument est un mulet, tandis qu'une ânesse et un cheval donnent un bardot.
Par exemple, le basilic naît de l'accouplement de deux coqs, dont on donne les oeufs à couver à des crapauds. Il en sort des poussins auxquels poussent au bout d'une semaine des queues de serpent.
Par exemple, l'enfant d'un homme blanc et d'une femme noire est un mulâtre ou une mulâtresse.
Si cette mulâtresse a à son tour un enfant avec un Noir, cet enfant est dit noir et l'on n'en parle plus. le sang noir a pour ainsi dire eu raison du blanc, l'effaçant, le noyant, le dissolvant à jamais. »

Au nom de la liberté, qui résonne et s'intègre comme la toile de fond du roman, nous suivons le chemin de vie d'Eleanor, blanche, et d'Eve, mulâtre, toutes deux serrant les brides de destins qu'elles ne choisissent pas. Nous entrons peu dans leur amitié finalement, ce qui est assez perturbant puisqu'en lisant la quatrième de couverture nous nous attendons plutôt au contraire. Et voici le manque qui s'est fait sentir. La frustration. Car ce sujet émotionnel de la condition des noirs américains est pour moi une source affective et émotive inconditionnelle, que j'aime lire de façon romancée, en étant par conséquent imprégnée. Mais comme ici tout est suggéré, je n'ai quasiment rien ressenti. Seul le dernier tiers m'a beaucoup plu, mais c'est trop peu à mon goût.

L'écriture est toutefois magnifique, nécessitant l'attention qu'elle mérite. Et c'est tout l'atypisme de ce roman : un récit historique survolé mais conté de façon poétique, parfois même onirique. Alors évidemment, cela soulève le débat et ne peut qu'engendrer des avis hétéroclites.

Petite aparté, j'ai apprécié les moments dans lesquels les différences entre les blancs et les noirs sont peintes au travers d'exemples symboliques, comme cette poule noire qui a pondu un oeuf blanc comme neige ou comme le jeu d'échecs expliqué par Eleanor.

« C'est un jeu d'échecs, annonça Eleanor, avant de poursuivre, d'un ton efficace : Je vais te montrer comment on joue. »
Eve s'assit sans mot dire.
« C'est un jeu très ancien, commença la jeune fille blonde, qui a été inventé très loin d'ici, à une époque où la machine à vapeur et le télégraphe n'existaient pas encore… ni même la charrette, peut-être. Voici. Il y a deux armées qui s'affrontent : les Noirs et les Blancs.
Alors la guerre, elle, avait déjà été inventée, forcément, songea Eve, qui ne dit rien, se contentant d'étudier les pièces posées devant elle. (…)
« Je vais prendre les blancs », continua Eleanor. Puis, comme si elle s'en avisait tout juste : « Ce sont toujours eux qui commencent. »
Cela allait de soi.
Elle prit dans sa main l'une des pièces les plus petites, sagement alignées devant les grandes, et dit : « Ça, c'est un pion. Ils ne servent pas à grand-chose, à vrai dire. Ils avancent d'une case à la fois, mais mangent en diagonale. »
Eve leva vers elle un regard interrogateur.
« Ils mangent d'autres pions. Ou d'autres pièces. Mais uniquement des noirs. »
Cela aussi allait de soi. »

C'est pourquoi je suis réellement mitigée, en pleine digestion d'un roman qui avait tout pour me plaire, qui me fut agréable à la lecture, qui m'a laissée tendrement satisfaite dans son dernier tiers, mais qui m'a frustrée dans les deux autres. L'originalité de la construction est au détriment de cette histoire qui aurait pu se révéler magnifique et émouvante. Les destins croisés des personnages se dévoilent à nous par faibles pans de leur vie, pas assez pour ressentir et s'imprégner véritablement du récit. Mais la poésie qui s'en dégage nous fait passer de beaux instants littéraires. Un avis un peu en dents de scie donc, mais il est révélateur de ce que j'ai pu ressentir tout au long de ma lecture. Dans tous les cas, je suis heureuse d'avoir pu découvrir ce roman singulier, merci encore Les Escales !
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Dominique Fortier, auteure québécoise, nous brosse le portrait des Etats-Unis pendant la guerre civile. Entre la petite histoire d'Eve et Eleanor et la grande Histoire de ce pays à la fois jeune et géant, nous naviguons entre les champs de coton et les rivières, les rêves de liberté et la réalité plus amère. L'écriture de l'auteure est très travaillée et le choix de narration intéressant. Nous avons un regard extérieur et omniscient et j'ai plutôt apprécié ce choix. L'inconvénient peut-être est que l'émotion est moins présente mais les filles sont tout de même attachantes.

C'est une lecture qui m'a dépaysée. Les descriptions rendent très bien l'atmosphère de cette période particulière (du moins, l'idée que l'on s'en fait !). Certaines descriptions étaient un peu longues à mon goût et me semblaient parfois un peu loin du sujet. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur Eve et Eleanor qui incarnaient plutôt bien les débats sur la question raciale et la liberté.

Je garde une bonne impression de ce roman même si certaines digressions m'ont moins touchée. L'auteure a réussi à mon sens à parler de liberté sans pathos.
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Eve, une petite fille esclave, est recueillie par un médecin. Elle devient alors à la fois bonne, et fille de compagnie d'Eléonor, la fille du médecin qui a le même âge. On suit ainsi la vie des deux petites filles dans cette famille bourgeoise, leur évolution et même leur début de vie d'adulte. L'auteur se permet parfois un égarement et on a des instants de vie de la mère d'Eve, restée esclave, d'un inconnu emprisonné parce qu'il est noir ou de femmes assemblant des morceaux de tissu pour en faire des courtepointes. Une manière de s'exprimer... Et tout cela sur fond de guerre de sécession qui oblige les femmes à attendre leurs maris ou leurs fils, qui quand ils reviennent, ne sont plus tout à fait les mêmes. le roman m'a paru assez original dans le sens où les personnages principaux vivent mais jamais l'auteur ne se permet de nous parler de leurs sentiments profonds, de ce qu'ils ressentent. C'est à nous lecteurs de deviner et de se faire sa propre opinion. Une belle écriture, de belles images mais un roman parfois déroutant. Merci à Babelio et aux éditions escales grâce à qui j'ai découvert l'auteur.
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Deux fillettes, deux destins : Eleanor McCoy est blanche et fille de médecin, Eve est fille d'esclaves. "Voyez ces deux fillettes sous le soleil de la Louisiane, l'une brune comme le thé, l'autre aussi blanche que le lait, même taille, mêmes membres frêles, huit ans à peine, et pourtant tout les sépare." (p 13).
A la demande d'Eleanor, la petite esclave est adoptée par la famille McCoy. Eleanor et Eve grandiront donc ensemble, elles resteront ensemble lorqu'Eleanor épousera Michael Arlington et ira vivre dans la grande demeure où elle ne se sentira jamais chez elle mais chez sa belle-mère, Mrs Arlington, qui lui fait immédiatement comprendre que c'est elle et elle seule la maîtresse de maison.
Difficile de trouver sa place pour Eleanor, difficile aussi pour Eve qui n'est pas traitée en esclave mais qui n'est pas vraiment libre.
En toile de fond, la guerre de Sécession, les champs de coton, les femmes qui confectionnent des courtepointes dont la description s'intercale entre certains chapitres, sorte de fil conducteur tout au long du roman.
A la fin du livre, une longue note de l'auteure explique que "ce livre ne se veut pas un roman historique au sens strict du terme" et que ce sont "les femmes de Gee's Bend" qui lui "ont donné envie d'écrire ce roman". Les images des courtepointes décrites sont d'ailleurs visibles sur le site des Escales : www.lesescales.fr.
Une façon originale d'aborder cette période de l'histoire des Etats-Unis, un roman qui se lit bien mais je m'attendais à ce qu'il se passe quelque chose de plus fort entre les deux jeunes filles.
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Nous sommes en Louisiane au milieu du 19ème siècle, une époque où les Etats-Unis exploitent 4 millions d'esclaves.

Le récit commence par une scène très forte : un médecin accompagnée par sa fille est en visite dans une plantation, il assiste à une scène de violence envers une petite fille noire de 8 ans qui a cherché à s'enfuir de la plantation pour retrouver sa mère et ses frères dont elle a été séparée. Elle est habillée d'une tunique d'esclave fabriquée dans un vieux sac de farine en jute. Sur la demande pressante d'Eléanor, 8 ans également, le médecin sauve la petite fille et la ramène chez lui.

Nous allons suivre l'histoire d'Eleanor et d'Eve. On se rend rapidement compte que le médecin a agi pour faire plaisir à sa fille car il se désintéresse très vite d'Eve.
Quant à Eléanor, elle utilise Eve comme un jouet. Eve a d'ailleurs un statut mal défini dans sa nouvelle demeure où elle semble être une sorte de servante.

Eléanor est une jeune fille assez superficielle et futile qui pratique la broderie avec ses amies et se marie à 18 ans. Ce mariage avec un homme qui l'indiffère ne lui apporte pas la liberté attendue, elle ne semble pas plus libre qu'Eve dans sa vie d'ennui.

Dominique Fortier nous fait suivre également le destin de June, la mère d'Eve, dont tous les enfants ont disparu, ont été vendus ou se sont enfuis.

Elle évoque l'arrivée de Lincoln, la formation de l'Union contre la Confédération, la guerre de Sécession puis la montée du Ku Klux Klan.

Ce n'est pas un roman historique, l'auteure ne rentre pas dans les détails de la guerre de Sécession, c'est plus une histoire humaine au coeur de l'Histoire.
Dominique Fortier évoque aussi les femmes du Gee's Bend qui fabriquent des courtepointes pendant la guerre et brodent des drapeaux pour les soldats.

A noter quelques personnages secondaires intéressants : un jeune prêtre qui veut construire une église dans le bayou, le labyrinthe marécageux de la Louisiane et un beau-frère qui apporte un peu de clarté dans la vie d'Eleanor.

J'ai trouvé ce roman assez dispersé, il survole de multiples sujets et je me suis souvent demandé où l'auteure voulait en venir. J'ai été déçue que les personnalités et la psychologie d'Eleanor et d'Eve ne soient pas développées, de même leur relation m'est restée assez mystérieuse. cela m'a maintenue à distance des héroïnes avec lesquelles je n'ai pas pu être en empathie sauf à la fin, une fin que j'ai trouvée très réussie.
Pour moi, ce roman manque également d'atmosphère, je n'ai pas ressenti la moiteur accablante qu'on imagine retrouver dans une histoire qui se situe en Louisiane.
J'ai par contre aimé les multiples symboles auxquels l'auteure a recours, le jeu d'échecs symbolisant la lutte des Blancs contre les Noirs, la courtepointe symbolisant l'union des Etats.

En conclusion, je peux dire que je ne me suis pas ennuyée avec ce roman que j'ai trouvé bien écrit mais que je suis restée sur ma faim.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Avec ce roman, j'ai retrouvé avec grand plaisir un thème qui me tient à coeur, l'esclavage.

Dominique Fortier nous entraîne ici au milieu des plantations dans un pays encore jeune et dont l'Histoire va connaître de nombreux bouleversements.

L'intrigue principale de ce récit tourne autour de deux enfants, Eléanor et Ève, l'une blanche et l'autre noire. Cette dernière va être recueillie par la famille d'Eléanor et les fillettes vont grandir ensemble.

La construction narrative de ce livre est assez atypique car l'auteur a fait le choix, comme elle nous l'explique à la fin du roman, de survoler l'histoire d'Eleanor et d'Ève tout en évoquant par bribes l'Histoire des Etats-Unis.

J'ai aimé quelques-uns de ces interludes mais j'ai parfois éprouvé quelques longueurs lors de certaines de ces descriptions historiques qui ont freiné le rythme de ma lecture.

Néanmoins, j'ai compris en partie l'intention de Dominique Fortier qui a construit son livre à l'image d'une courtepointe.

Ce patchwork de morceaux de tissus cousus ensemble est représenté dans son roman à travers une mosaïque de personnages et d'évocations historiques qui nous dressent un superbe panorama des Etats-Unis du 19ème et des conditions de l'esclavage à cette époque. La guerre de Sécession, la naissance du Ku Klux Klan y sont également évoqués et viennent enrichir le récit.

Mon seul bémol concerne le manque de profondeur concernant les deux héroïnes principales, deux personnages pas assez abouties et attachantes à mon goût.

Cependant, le dénouement mérite vraiment de persévérer jusqu'à la fin du récit et m'a agréablement surprise.

J'ai aussi pu apprécier la magnifique écriture de l'auteur, empreinte de poésie, et même si l'émotion était peu présente, je ressors de cette lecture avec un sentiment plutôt positif au final.

Un roman qui ne manque pas d'originalité sur la liberté, l'esclavage et qui fait découvrir au lecteur un pan de l'Histoire des Etats-Unis. L'auteur a su mêler habilement diverses voix et personnages grâce à une plume talentueuse. Mon seul regret concerne le survol effectué par Dominique Fortier sur l'histoire d'Eléanor et d'Ève qui ne m'a pas touchée autant que je l'aurais souhaité.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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Ce roman parle de l'esclavage bien sûr, mais aussi de liberté et d'amour, du destin de la femme qu'elle soit blanche ou noire, de la vie quotidienne dans une plantation, de la guerre entre le Nord et le Sud, de l'émergence du Ku Klux Klan. L'auteur fait un parallèle entre les couvertures que les femmes assemblent avec des tissus de couleurs et de formes différentes et ce jeune pays les Etats-unis, patchwork de sangs-mêlés. une écriture soignée pour un livre agréable à lire, mais qui laisse comme une impression d'inachevé.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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La porte du ciel″ de Dominique Fortier, je l'ai gagné grâce à un tirage au sort réalisé par les éditions Les Escales et je les en remercie chaleureusement.
Après la discussion extrêmement intéressante organisée autour de ce roman par les éditions « Les Escales », enrichie par les précisions apportées par Dominique Fortier elle-même, j'avais décidé de faire une relecture avant de rédiger ma chronique. Mais quelques jours ont suffi pour ″éclairer″ mon ressenti.
Sur fond de guerre de sécession, l'ouvrage nous relate le destin de deux femmes. Eléanor, blanche et fille du Docteur Mc Coy et Eve, mulâtre et fille d'esclave. Les deux petites filles vont grandir ensemble dans la famille Mc Coy et, même si l'une semble être l'ombre de l'autre, leur vie au final ne sera pas si différente.
Mais cette histoire d'Eléanor et Eve ne représente qu'une partie du roman, deux pièces d'un tableau, comme l'a expliqué l'auteur. On pourrait dire que ce livre est construit à la manière d'un patchwork (là encore précision de la romancière), imitant ainsi les fameuses courtepointes cousues par les femmes de Gee's Bend à partir de morceaux de tissus différents et dont les descriptions particulièrement précises ponctuent certains chapitres. Car ce roman est fait de symboles : des courtepointes représentant les Etats d'Amérique, au jeu d'échecs symbolisant la lutte entre les noirs et les blancs.
Si j'ai beaucoup aimé tous ces symboles, le personnage de Samuel pour sa différence et la lumière qu'il a réussi à allumer dans l'oeil d'Eléanor, celui du prêtre capable de construire une chapelle de bric et de broc et la belle écriture de Dominique Fortier, poétique à souhait et d'une grande élégance, si j'ai reconnu toute l'audace de la construction, j'ai largement moins apprécié le survol des personnalités, de la guerre juste abordée, la multitude de sujets juste suggérés.
J'ai eu l'impression d'un éparpillement et, si, grâce aux explications de l'auteur certains points obscurs ont été éclairés, je reconnais être restée sur ma faim.
Mais, pour terminer sur une note positive, la couverture, comme toujours chez ″les Escales″ est très belle et parfaitement choisie.
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J'ai été attirée à la fois par le patchwork et l'ambiance, l'atmosphère de la guerre de sécession.... J'avais lu "la dernière fugitve" de Tracy Chevalier et imaginait retrouver le travail et la connivence des femmes.
Ici nous suivons, Eve la métisse et Eleanor la blanche, depuis l'enfance jusqu'au mariage contraint d'Eve. Je ne suis pas sûre de pouvoir parler d'amitié mais plutôt de fidélité entre ces 2 personnages. le roman s'achève sur ce que l'on pense être la fin de la guerre....les soldats quittent en effet leurs uniformes alors que d'autres (ou les mêmes ?) revêtent les "déguisements" fantomatiques du Ku Klux Klan : la couleur de peau restera donc élément de lynchage, viol et discrimination !
Cela étant, le principal héros du roman est le coton, cette matière devenue tissu est en effet le fil conducteur du roman construit tel un patchwork... S'il est vrai qu'aujourd'hui cette activité de loisir semble désuète, à l'époque, les femmes rapiéçaient, réutilisaient tous les tissus jusqu'à l'usure, réalisaient des courtepointes où des linceuls.... Dominique Fortier nous en fait des descriptions fort précises dans son livre.
Si je n'ai pas été happée par l'histoire, j'ai particulièrement apprécié la plume légère et poétique de Dominique Fortier offrant des descriptions qui donnent envie de prendre un pinceau.
Sélectionnée par l'équipe de Babelio pour la lecture de ce roman, j'ai participé à la rencontre avec les éditions "Les Escales" dont j'apprécie le principe de publication respectueuse (1livre/mois) ainsi que la qualité de la présentation des livres choisis. Merci
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