Petits bouts d'existence couchés sur un papier épais et doux au toucher. le petit format de l'album (147 * 210 mm) nous invite à entrer dans un univers intime et propice à la confidence.
L'objet-livre contient quinze nouvelles qui vont conduire le lecteur à « rencontrer » différents protagonistes et à écouter ce qu'ils ont à dire. Chaque histoire a donc sa voix-off, celle du personnage mis en premier plan. Il se livre, témoigne de ce qu'est sa vie, partage sa réflexion et fait le point sur ses impasses, des fragilités et ses échecs. Les récits ne proposent aucun dialogue direct, uniquement des situations racontées, analysées, décortiquées pour certaines tandis que d'autres resteront davantage sur du factuel. Les individus se remettent en cause, se questionnent. Ils cherchent, pour certains, une porte de secours sans toutefois se risquer à l'approcher de trop près. Quinze monologues qui ont ce point commun de contenir une certaine nostalgie d'un moment passé, d'une décision qui n'a pas été prise, d'une opportunité que l'on n'a pas su saisir ou d'une envie qui ne sera jamais réalisée.
« Saudade ». Comme l'explique le texte en quatrième de couverture, « Saudade est un mot portugais qui exprime une mélancolie empreinte de nostalgie. La saudade raconte un désir intense, pour quelque chose que l'on aime et que l'on a perdu, mais qui pourrait revenir dans un avenir incertain. » On retrouve d'ailleurs cette nostalgie mêlée à une petite étincelle de vie dans la chanson « Saudade » de
Cesaria Evora.
Quinze nouvelles qui nous amènent à nous poser délicatement sur l'épaule d'autant d'inconnus pour entendre leurs pensées, apprendre d'eux et comprendre comment ils cheminent. Autant d'opportunités de « vivre » des situations nouvelles. le lecteur côtoie ainsi un homme qui vient de perdre brutalement son enfant ; tandis que sa femme est dépassée par un deuil insurmontable, lui se révolte et dans un dernier soubresaut de colère, fait son adieu au monde. Ailleurs, dans un autre quotidien, nous assistons à une séparation à la terrasse d'un café et encaissons toute l'incompréhension que la situation fait naître : « je suis privé de celle avec qui j'aime être sous prétexte que l'on s'entend trop bien… Il y a vraiment quelque chose d'illogique ». Je repense aussi à l'histoire de ce jeune retraité qui, le jour de son pot de départ après 40 ans de carrière, mesure toute la difficulté d'accepter son nouveau statut ; il ressent déjà la nostalgie de son quotidien de travail, il comprend qu'il perd une part de lui-même, un élément de son identité, comme s'il perdait sa raison d'être. Ailleurs, un autre homme de 65 ans, homosexuel, en proie à un désir de paternité qui restera à jamais assouvi… « Ma vie ressemble désormais à cette cigarette. Elle se consume lentement, sans rien attendre d'autre, et elle s'éteindra sans laisser de trace » pense-t-il. Il est aussi question d'identité avec ce vieux portugais qui a quitté son pays dans sa jeunesse pour fuir la misère et la dictature de Salazar et qui, au crépuscule de sa vie, cherche toujours sa place, tel un apatride.
La grossesse, le coup de foudre, le deuil, la drague, le chantage… sont autant de situation et de sentiments que Fortu explore dans ce recueil.
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