AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782343032023
230 pages
Editions L'Harmattan (01/06/2014)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
L’État français nous a obligés à faire la guerre en Algérie lorsque nous avions 20 ans, dans le cadre du service militaire obligatoire. Étrangement, nous n'en avons jamais parlé publiquement, ou presque pas. Certains d'entre nous n'osent toujours pas en témoigner, par pudeur, par ignorance de l'intérêt que cela peut avoir, ou encore par peur de se remémorer des épreuves douloureuses et traumatisantes. Officiellement, on partait pas faire la guerre mais allait parti... >Voir plus
Que lire après Paroles d'appelés, leur version de la guerre d'AlgérieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre est un recueil de témoignages d'anciens appelés ayant fait la guerre d'Algérie. Il est à l'initiative de Fernand Fournier lui-même ancien appelé d'Algérie; il a collecté des témoignages auprès d'une trentaine d'hommes qu'il connaissait pour certains comme voisins, collègues de travail, adhérents d'associations d'anciens combattants - la plupart des habitants de la Basse-Normandie où vit Fernand Fournier.
Il a interrogé ses témoins sans questionnaire préétabli, laissant la parole se délier au fil de la conversation qu'il a retranscrit sous la forme d'un récit à la troisième personne soumis à la relecture et à l'approbation des témoins. Chaque conversion eut lieu dans le cadre d'un entretien individuel; chaque récit reste donc l'expression d'une expérience intime, d'un vécu singulier. Enfin, parce que cela fut demandé par presque tous les intéressés, les récits sont anonymes. Seule les initiales des prénoms et noms des témoins figurent en tête de chapitre avec leur classe et leur lieu d'affectation en Algérie.
Inévitablement, le travail de retranscription gomme la voix singulière de chaque parole qui se trouve ainsi pris en charge par la voix du transcripteur lui-même. Parce que Fernand Fournier connaît bien personnellement les hommes qu'il a interrogé et par la haute importance qu'il accorde à ces témoignages, un grand sentiment de vérité se dégage de leur lecture. Ces expériences ont été recueillies avec respect et sont retranscrites sans chercher à faire de la "littérature".
Mais ce qui frappe quand on a refermé ce livre, c'est la grande diversité des expériences relatées; diversité des tempéraments, des origines sociales, des affectations, des rôles, des bilans. le sentiment que l'Algérie fut un moment fondateur de leur construction personnelle est général; pour certains une expérience formatrice, celle d'avoir vu du pays, d'avoir accomplis des tâches nobles auxquelles ils n'étaient pas prédestiné (enseignement, soigner), pour d'autres des traumatismes dans leur chair et leur âme (blessures, présence de la mort et la pratique de la torture, jamais loin d'eux). En réalité, pour la plupart, ce fut à la fois formateur et dégradant - ces deux orientations s'annulant dans ce mutisme qui caractérise nombre des anciens d'Algérie et qui est l'expression d'un puissant malaise auquel Fernand Fournier a voulu donner une voix. Il y est parvenu le plus honnêtement du monde avec ce livre.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La situation des prisonniers les pieds dans l'eau pendant plusieurs nuits alors que la température avoisinait le zéro degré relevait de la torture. A l'infirmerie, il était assez fréquent de soigner des prisonniers aux arcades sourcilières éclatées. Souvent après les soins, ils devaient retourner au deuxième bureau d'où ils revenaient le lendemain avec des blessures encore plus profondes. En général ces allers-retours se terminaient par la "corvée de bois" dont l'issue était fatale. Pour ma part, je n'ai jamais participé à de tels massacres mais des camarades ne s'en cachaient pas, je pourrais même dire qu'ils en manifestaient une certaine fierté.

Pour situer le degré de déshumanisation auquel peut conduire la guerre je citerai le cas de deux bons copains, routiers dans le civil. Je suis même sûr qu'ils devaient faire partie des routiers sympas de l'époque. Un jour, ils sont revenus au dortoir tout contents d'eux-mêmes. Au cours d'une opération, alors qu'ils étaient restés dans la vallée, ils avaient réussi à déterrer un cadavre de femme et à se faire photographier avec lui, après lui avoir introduit une cigarette entre les lèvres. Quand ils m'ont montré la photo, je me suis demandé s'ils n'étaient pas devenus fous. De tels actes ne condamnent pas forcément les personnes qui les commettent. Les copains en question étaient en Algérie depuis plus de deux ans avec tout ce que cela suppose. C'est bien plutôt la guerre qui est condamnable avec son enchaînement de haine et de violence.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : colonies françaisesVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3193 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}