Pour Noel, je propose un bonbon vert qui me rappelle le visqueux jeux-sludge de mon enfance, sans la texture molle élastique et l'odeur bien chimique.
En fait, c'est un roman jeunesse qui aurait pu ne pas voir le jour : huit ans d'écriture et de réécriture, plusieurs refus par les agents littéraires ; et puis enfin, il est remarqué et reçoit le prix du meilleur premier roman du concours organisé par The Times et l'éditeur The Chicken House.
L'histoire, qui se lit à mon avis à partir de 9 ans, parle avec beaucoup de simplicité du rejet, de la différence et surtout de la reconnaissance par son peuple, du plus petit des géants qui porte malicieusement le nom d'un empereur romain: Titus.
L'auteur nous dépeint avec humour le monde des géants, qui vivent à l'écart des hommes, installés dans le Mont Éboul lequel, nous le découvrons au tiers du roman et à l'insu de ses habitants, est un volcan toujours en activité… — Préparation pour une suite bien sûr….—
Les descriptions, notamment celles des géants, de leur univers, des humains « les Rapetits », sont non seulement croustillantes, mais renversent la situation pour l'enfant lecteur qui découvre le regard singulier des géants sur les humains.
Titus Trog raconte ainsi aux plus petits et plus grands:
. La peur absurde de l'étranger : A cause de leurs croyances erronées mais ancestrales, les géants craignent les humains pour leur supposée magie (les armes, les voitures…). Et comme ils ne savent pas lire « le Livre de leur magie », un livre de recettes. ils ne peuvent pas s'en rendre compte! D'où l'intérêt de savoir lire…
. L'injustice du mépris de la différence : Titus petit en taille, est considéré comme inférieur aux autres géants au début du récit mais il se montrera bien plus malin tout au long des péripéties et arrivera à des prouesses que nul autre n'avait réussi jusque là (comme voler sur un dragon) !!!
. le danger de croire que l'on sait et de ne pas remettre en question nos soit-disantes connaissances : Nul autre que Titus ne croit la Rapetis qui les met en garde contre le Mont Eboul. Titus découvre qu'il peut voler sur les dragons, et ne supporte pas l'idée de lui rogner les ailes, alors que cette coutume est ancestrale car Titus est doué pour s'adapter aux situations,il se dit que loin de poser problème (perte des dragons royaux), il peut tirer partie de leur faculté de voler : si le volcan venait à rentrer en éruption, les habitants pourraient s'enfuir sur les dragons!
. L'injustice des évaluations : Bien plus érudit que ses deux profs de Sciences Dragonnesques et de Civilisation Rapetisse, Titus va pourtant échouer aux deux épreuves. Comme le résume le Grand Sage :« tes connaissances (…) étaient tellement supérieures qu'elles ne pouvaient être prises en compte par notre système de notation. »
Au terme de cette aventure, Titus ne souffre plus d'être moqué et même parle de lui en utilisant le sobriquet de « frelique » car « c'était la façon la plus rapide et la plus facile d'expliquer qui il était sans se faire couper en deux par une hache de guerre ». En plus d'une confiance en lui affermie, et alors qu'il était certain de n'accéder à aucun rôle sociale, Titus est désigné successeur du Grand Sage par ce dernier, lequel se sent vieux et dépassé. Place à la nouvelle génération qui a treize ans! Ce qui est bien séduisant pour les pré-ados lecteurs qui ont souvent hâte de devenir grands…
Un second volume est attendu avec des promesses esquissées: un volcan en éruption, le changement de l'ordre établi comme arrêter de rogner les ailes des dragons,retrouver Grok…
Sûr que
Steve Wells fera les Illustrations!
Le titre est déjà trouvé:
Titus Trog et l'âne volant. Ca ne vous rappelle rien?
(critique publiée sur Fan2fantasy par
Linné Lharsson)
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