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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Plus que Simone de Beauvoir, belle intellectuelle féministe, j'ai découvert Nelson Gren, écrivain neurasthénique sans le sou, beaucoup plus séduisant et captivant. L'univers glauque dans lequel il évolue évoque bien les films noirs des années 40, le chat et la machine à écrire sur fond d'orage "chicagonien" traduisant son inspiration littéraire à la fois poétique et désabusée.
L'histoire d'amour qui lie un temps les deux amants est joyeusement illustrée par Irène Frain qui nous conte le refrain éternel du jeu du chat et de la souris.
Coup de coeur pour le chat.


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« Il m'arrive quelque chose - qu'est-ce qui m'arrive ? » En ce début d'année 1947, Simone de Beauvoir se réveille fréquemment en étant la proie de nombreux cauchemars desquels ne lui reste que cette phrase qui vient la hanter constamment. Il faut dire qu'à cet époque, elle est tourmentée par les affres de la jalousie car Jean-Paul Sartre la délaisse pour Dolorés Vanetti, une italo-américaine qui restera l'un des plus grands amours du pape de l'existentialisme après Simone de Beauvoir. Celle que cette dernière surnommera d'ailleurs : "la Maudite".
Cet épisode malheureux va précipiter son départ vers l'Amérique où elle doit donner une série d'interviews et de conférences et la pousser dans les bras de l'écrivain Nelson Algren. Cet ouvrage d'Irène Frain retrace de façon romancée, la passion tumultueuse que vont vivre ces deux êtres qu'à priori tout séparait : les continents, l'origine sociale ainsi qu'une vision diamétralement opposée de la vie et du monde de la littérature !

On connaît tous Simone de Beauvoir, surnommée le Castor par ses pairs, une figure essentielle de la philosophie existentialiste et la compagne au long cours de Jean-Paul Sartre. En revanche, qui était Nelson Algren ? Issu d'un milieu modeste, Nelson se décrivait lui-même comme un "écrivain du réel". Passionné par le jeu, la boxe et l'alcool, il vit dans un deux pièces misérable du nord de Chicago quand il rencontre Simone. Il aime fréquenter les bouges du quartier Wabansia où il a élu domicile, et où traîne une foule de paumés en tous genres auprès desquels il puise son inspiration et déniche par la même occasion, ses conquêtes éphémères. Nelson "l'homme-chat" se comporte au quotidien comme l'animal : « il bouge en chat, observe en chat, d'un oeil aussi précis que les chats, et parfois aussi fixe. Il entretient son mystère, comme les félins. Et sait comme eux se rendre invisible, sauf si on l'approche de sa machine à écrire : il devient alors aussi féroce qu'un matou dont on menace le territoire. Il est fou de chats, comme Baudelaire, son maître en littérature. Et partage son goût de l'errance au fond des jungles urbaines, là où nul vivant ne se risque, hors les maudits de la terre, les fous, les poètes, les rats et les chats. »
Il n'a que deux passions, les machines à écrire et son chat Doubleday, un matou à l'appétit vorace auquel il voue un véritable culte. Son amour des machines à écrire l'a d'ailleurs conduit tout droit en prison, le jour où pressé par la tentation, il en a volé une. Un larcin qui reste l'épisode le plus traumatisant de sa vie, car il a dû partager sa cellule avec des assassins. Depuis, il est sujet à de fréquents accès de mélancolie, ce qu'il appelle la maudite sensation, un mal qui le ronge régulièrement et qui l'a déjà conduit à faire une tentative de suicide suivie d'un séjour en hôpital psychiatrique.
A son contact le Castor va se métamorphoser, la femme froide aux allures d'institutrice revêche et au chignon strict devient Simone l'épicurienne intrépide, celle qui n'a pas peur de boire sec comme un homme, de manger comme une ogresse, de dénouer ses cheveux et de se risquer à l'aventure dans les entrailles des bas-fonds de Chicago.
Ce récit relate leur passion tout aussi dévorante que destructrice, leurs amours, leurs errances, leurs déchirements, une histoire qui durera le temps de trois printemps et un été et qui se poursuivra par des échanges épistolaires quatorze ans durant...

Je ressors réellement conquise par la lecture de ce récit, passionnant de bout en bout, riche en anecdotes inédites, l'auteure nous fait découvrir une facette totalement inconnue et surprenante de la grande philosophe . Irène Frain posséde un vrai talent de conteuse, sa plume enivrante sait se faire tour à tour tendre, mordante, passionnée, ironique et colorée. J'ai apprécié la richesse des descriptions, que ce soit les décors passés à la loupe ou encore l'immersion dans les pensées profondes des personnages. La narration est vivante, on peut suivre simultanément les dialogues intérieurs, les ruminations et les émotions ressenties par Simone et Nelson et du coup, on a l'impression que leur aventure se déroule sous nos yeux. Ce roman nous fait aussi voyager, du nord des États-Unis au fin fond du Mexique, des caves enfumées de Saint-Germain-des-Prés aux Flop-houses de Chicago parmi les damnés de l'humanité, à pied, par avion ou en taxi, l'épopée est riche en mouvements et en sensations.
Ce roman est pour moi un véritable coup de coeur dont je recommande vivement la lecture. Que vous soyez admiratifs ou non de l'oeuvre de la célèbre philosophe existentialiste n'a guère d'importance, car ce récit est avant tout l'histoire d'une magnifique passion avec tout ce qu'elle peut comporter de magique et de tragique !

Je remercie Babelio et les Éditions Michel LAFON pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique de la rentrée 2012.
Lien : http://leslecturesdisabello...
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Je me rends compte que beaucoup de mes coups de coeur proviennent de lectures qui font écho à des lectures de jeunesse. Ici, c'est encore le cas. J'ai découvert Jean-Paul Sartre lorsque j'étais étudiante, La Nausée, Les mains sales, Les mots, etc... Quelque chose m'avait parlé alors dans son écriture, sans savoir forcément quoi faire à l'époque de ce sentiment, de reconnaissance et d'étonnement. Et puis, dans L'écume des jours, on touche du doigt la fascination qu'a pu exercer Jean-Paul Sartre à la fin de la deuxième guerre mondiale avec son concept d'existentialisme sur ses contemporains... le maitre s'apparentait à une sorte de gourou. Je n'ai donc pas été surprise, en ouvrant ce livre, de constater l'emprise qu'il a également exercé sur Simone de Beauvoir, dont j'ignorais ma foi beaucoup de choses, et surtout cette face cachée, son histoire d'amour avec Nelson Algren.  En 1947, Simone de Beauvoir débarque aux Etats-Unis pour une série de conférences sur l'existentialisme, pleine de jalousie envers celle qui l'a supplantée dans le coeur de Sartre. Elle fait, pendant son séjour à Chicago, la rencontre du brillant écrivain Nelson Algren. Entre eux, une attirance très forte nait, qui se concrétise en histoire d'amour. Mais Simone de Beauvoir est tiraillée, Sartre la tient par un vieil accord passé entre eux, et elle reste très dépendante de lui. Elle fera plusieurs allers et retours aux Etats-Unis, exaltants mais également insatisfaisants, car il faut sans cesse se séparer, retourner à Paris. Les deux amants partagent le goût de l'écriture, mais aussi des bas-fonds, des bars mal fréquentés. Ils seront une inspiration l'un pour l'autre, s'échangeront une correspondance dense. La démarche d'Irène Frain, qui fait parler d'elle en cette rentrée avec son Un crime sans importance, est ici de produire une biographie romanesque. Elle s'est, bien entendu, appuyée sur les nombreux documents mis à sa disposition mais a aussi pris le parti de combler les vides avec du plausible. J'ai véritablement adoré cette lecture, douée d'un très fort souffle littéraire et romanesque, et suis encore très heureuse d'avoir fait une belle pioche dans la boîte à livres de ma ville.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Ce livre d'Irène Frain relate de façon romancée l'histoire d'amour passionnée et impossible entre Simone de Beauvoir et l'écrivain américain Nelson Algren, qu'elle rencontra à Chicago en 1947 lors d'une tournée aux Etats-Unis pour des conférences sur l'existentialisme.
Après un travail d'enquête minutieux dans des archives inédites, des photos d'époque, des récits de témoins, mais aussi et surtout dans les lettres de Simone de Beauvoir ainsi que dans le journal intime qu'elle a tenu avec Algren, l'auteure nous restitue cet épisode que Beauvoir a évoqué de façon cryptée dans certains de ses livres.
Liaison passionnée mais aussi liaison tumultueuse, aux multiples ruptures, où Beauvoir se débattait avec les deux facettes de sa personnalité : femme amoureuse et femme écrivain, la première à connaître une reconnaissance internationale. C'est notamment grâce à l'influence d'Algren, que Beauvoir rédigea son oeuvre majeure « Le deuxième sexe ».
Le style légèrement insolent d'Irène Frain convient à merveille pour nous faire découvrir l'icône de la littérature française sous un nouveau jour, terriblement humain.
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Nous suivons ici le parcours tortueux d'un des «amours contingentes» de l'écrivaine Simone de Beauvoir. L'auteure s'est servie de la correspondance entre cette dernière et Nelson Algren, écrivain américain, pour tenter d'imaginer leur relation qui, bon an mal an, s'est inscrite dans le temps.

On sait que Simone de Beauvoir avait conclu un pacte avec Jean-Paul Sartre: leur amour était «nécessaire», mais tous deux pouvaient également vivre des «amours contingentes». Et on sait que l'un et l'autre ont largement honoré cette clause du contrat.

En lisant l'autobiographie de Simone de Beauvoir, cependant, j'avais déjà cru deviner une certaine amertume chez elle. Il m'avait semblé que sous le couvert de la sacro-sainte liberté, elle sacrifiait parfois une certaine authenticité à toutes ses théories (élaborées avec beaucoup de brio, il faut le dire).
Comme si sa vie devait avant tout servir les théories qu'elle partageait avec Sartre...

Dans son roman, Irène Frain illustre le conflit intérieur de Simone de Beauvoir en opposant le Castor (la philosophe qui théorise) à Simone (l'amoureuse). Et l'amoureuse est affreusement manipulatrice. Elle guette les amours de Sartre, fomente des plans pour les détruire et se sert de ses propres amours contingentes pour (on dirait bien, en tout cas) passer le temps pendant les escapades de Sartre.

À trop vouloir embrasser une théorie, on en oublie la vie telle qu'elle est...
La Simone du roman est présentée comme un être tourmenté par sa conception de la liberté alors qu'elle assume mal la jalousie qu'elle ressent envers Sartre.

Plus qu'un roman, j'ai vu dans ce livre une très belle réflexion sur l'amour, sur la fragilité de ce sentiment et sur toutes les méprises qu'il peut inspirer...



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Le livre d'Irène FRAIN nous fait découvrir une Simone de Beauvoir terriblement humaine, fragile dans ses amours, féminine , loin de cette intellectuelle existentialiste dont on nous a souvent dressé le portrait et toujours dans l'ombre de Sartre. L'histoire des amours De Beauvoir pourrait être banale somme toute. Or le style d'Irène FRAIN précis, poétique, ciselé et rythmé m'a ravit . Elle a su marier avec dextérité sa documentation et le romanesque.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Un des meilleurs roman biographique que j'ai lu !
J'ai adoré découvrir ce côté intime de la vie de Simone, finalement peu connu en dépit de ses autobiographies. La plume de l'auteur est très agréable, ça coule tout seul, je l'ai lu en très peu de temps (à mon grand désespoir, parce que vraiment j'ai adoré !)
Si vous aimez les histoires personnelles des écrivains, je vous le conseille plus que vivement. Finalement c'est le roman de la vie de Simone qui nous est proposé là.

Lien : http://lemonde-dans-leslivre..
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