J'avais déjà eu l'occasion de l'affirmer dans ma critique du premier tome de cette trilogie,
Alexander Freed est un des rares auteurs à comprendre ce qui fait l'originalité de Star Wars et comment traduire en mots l'alchimie particulière de cette franchise, sans sombrer dans le verbe plat et l'accumulation de références creuses qui caractérisent le travail de ses collègues. On a l'impression d'être en présence d'un auteur consciencieux, qui parvient à s'acquitter avec habileté d'un cahier des charges exigeant, tout en produisant une histoire au ton singulier. En d'autres termes : avec « L'Escadron Alphabet », on retrouve le rythme et l'ambiance visuelle de Star Wars, mais il s'agit d'un récit qui n'a d'équivalent dans aucun film et aucune série de la saga.
Dans ce deuxième volume, les failles des personnages gagnent en intensité et en profondeur, quant au contexte géopolitique, il est exploité de manière ingénieuse et fournit au roman une toile de fond fertile, alors qu'on aurait pu imaginer que rien ne pourrait être plus barbant qu'une histoire où les gentils ont gagné et les méchants ont perdu. Ici, tous les personnages, quels que soient leur camp, trimbalent des traumatismes causés par la guerre qui faussent leur jugement et les poussent à commettre des erreurs qui coûtent cher. de ce point de vue, c'est du Star Wars comme on n'en a jamais vu, avec des personnages en souffrance et des actes qui ont des conséquences personnelles sur le long terme. Parvenir, comme le fait
Alexander Freed, à rendre attachants les membres de cette bande d'écorchés vifs, tour à tour agressifs et repliés sur eux-mêmes, qui se murent dans leurs secrets, est un tour de force.
L'originalité de ce deuxième tome, contrairement au premier, c'est qu'il prend le parti d'être un récit de guerre à 100%. le roman raconte une campagne militaire, vu des deux camps, des généraux aux troufions en passant par les pilotes, en commençant par la préparation, en poursuivant par les hostilités qui se déroulement de manière catastrophique, et en concluant le récit par les conséquences terribles de la bataille pour les protagonistes. Ici, on ne voyage pas, on ne sort jamais du système Troithe, et il s'ensuit par moment un sentiment d'inéluctable et parfois même d'asphyxie au sujet du sort qui attend les différentes figures auxquelles nous sommes attachées.
Comme le veut la tradition entamée avec « L'Empire contre-attaque », les deuxièmes volets des trilogies Star Wars se concluent de manière amère et séparent les personnages principaux. C'est le cas ici aussi, les différents chapitres nous faisant découvrir les trajectoires très diverses des protagonistes pendant et après la bataille. le ton est sérieux, concret, parfois tragique. Il le sera sans doute trop, au goût de certains lecteurs. On n'y retrouve pas tellement l'humour et les gamineries qui font (également) le sel de Star Wars, mais les autres aspects habituels sont présents.
Quant à la fin, en ce qui concerne deux des personnages, elle appelle désespérément une suite, que je me réjouis de découvrir – même si rien ne me ferait plus plaisir en vérité que de lire un roman d'
Alexander Freed où il serait libéré des contraintes d'une franchise pré-existante.
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