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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai aimé ce livre qui nous transporte à la limite entre le Mexique et les Etats-Unis, dans la ville frontière de Nogales, ville de tous les excès.

Nous suivons un romancier francophone installé sur place avec femme, maîtresse, bonnes et enfant. Il écrit des romans policiers et aime profiter des nombreux "plaisirs" qu'offrent la cité. Mais il va bientôt se retrouver au coeur d'une sombre affaire de meurtres violents de prostitués. L'un de ses amis est suspecté, il va donc poser son stylo pour enquêter dans la vraie vie et aider à dénouer les fils de cette intrigue sordide.
Je n'en dis pas plus pour ne rien révéler.

En lisant le dossier, on découvre que le personnage du romancier est très largement inspiré de Georges Simenon qui vécu quelques années sur place où il écrivit plusieurs ouvrages.

Un ouvrage plaisant, d'autant plus que l'objet est agréable avec des pages épaisses, un peu mat. Merci à la super médiathèque Jean Moulin de Margny-les-compiègne.
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Je remercie #NetGalleyFrance et les éditions Dargaud pour l'envoi de cette BD en échange d'une Chronique.
Avec de l'autre côté de la frontière, Jean-Luc Fromental et Philippe Berthet proposent un thriller dont l'action se passe à la frontière entre le Mexique et les États-Unis et signent indirectement un hommage à Georges Simenon en s'inspirant d'un voyage effectué par l'écrivain en 1948 dans la Santa Cruz Valley, terrain de jeu des riches et des puissants, où régnait une atmosphère particulièrement tendue et inégalitaire.

Un auteur de polars se rend dans un bordel d'une ville frontalière pour se documenter ; il y est accompagné de sa secrétaire, sculpturale. L'écrivain est un chaud lapin qui trompe manifestement son épouse avec toutes les jolies femmes qui l'entourent. Ses amis lui ressemblent. Naturellement, son couple bat de l'aile.
Tout bascule quand la jeune prostituée qu'il a rencontrée est découverte sauvagement assassinée et que d'autres meurtres suivent.
Une partie de la narration est assurée une des domestiques mexicaines de la résidence de l'écrivain, observatrice et délurée. Son patron lui demande d'ouvrir les yeux et les oreilles et de lui rapporter tout ce qui se dit sur l'affaire côté mexicain tandis que la police mène son enquête côté américain. Cela crée une double focalisation intéressante et met en lumière les différences sociales et économiques selon le côté de la frontière considéré.

Les dessins sont nets et précis, colorés uniformément, sans nuances. C'est à la fois stylisé et détaillé. Les lieux où se déroule l'action prennent vie et sens. le dessinateur a su rendre compte d'une véritable ambiance, surtout avec le désert et ses sauts climatiques, la ville fantôme et la mine abandonnée ; de même, la ville de Nogales, les scènes dans les cafés où les bordels sont très réalistes ainsi que les situations mondaines ou familiales.
Le scénario tient la route, sans grande surprise cependant. Naturellement, j'ai apprécié la mise en abyme de l'écriture du roman et la manière dont le personnage de l'écrivain évolue jusqu'à devenir sympathique.
En fin de volume, un petit dossier documentaire retrace l'histoire de la Santa Cruz Valley et surtout l'itinéraire américain de Georges Simenon, dont le personnage principal de la BD est librement inspiré. Pour celles et ceux, dont je fais partie, qui connaissent peu Simenon, c'est particulièrement didactique et bienvenu.

Une belle surprise !

#Delautrecôtédelafrontière #NetGalleyFrance

https://www.facebook.com/piratedespal/
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« Ligne noire »

Cette expression , trouvée par Régis Hautière pour qualifier le style de Berthet « qui traite de récits sombres dans un ligne claire » est devenue le nom de la collection dédiée à Philippe Berthet chez Dargaud. Celle-ci fonctionne à contrecourant de ce qui se faisait traditionnellement dans les séries concepts – dans « le décalogue » de Giroud par exemple - où un scénariste officiait avec différents dessinateurs ; ici un dessinateur unique, Berthet, est servi par les plus grands du moment mettant en scène des polars dans des lieux différents . Après, Hautière et Cuba dans « Perico », Zidrou et l'Australie pour « le crime qui est le tien », Runberg et la Norvège dans « Motorcity » et enfin Raule et Barcelone pour « l'art de mourir », Fromental se consacre à l'évocation de la ville frontière de Nogales située entre le sud-ouest des USA (Arizona) et le Nord du Mexique (Sonora et basse Californie). « de l'autre côté de la frontière » avait sa place logique dans cette collection même si l'éditeur a préféré en faire un one shot indépendant.

L'ambiance est donnée dès la couverture : décor aride hérissé de « saguaros » ( les hauts cactus en forme de chandeliers), au moment où une femme qu'on identifie par sa posture et sa tenue comme une prostituée discute ses tarifs avec son potentiel client qui demeure invisible derrière la vitre fumée dans la pénombre. La voiture devient l'incarnation du mal : en légère contre-plongée elle apparaît menaçante et monstrueuse et ses phares se transforment en yeux globuleux. Les couleurs reprennent les codes du genre : le jaune et le noir comme sur la couverture de « Perico », l'oeuvre inaugurale qui rendait hommage à la série noire, mais aussi le rouge (de la violence et du sang) et le bleu-gris (couleur des voitures de police et évocateur de mystères). D'emblée, les thèmes sont posés.

Ce récit est plutôt sobre dans sa forme : il est court (62pages), concis et percutant à la manière des romans « à l'os » de Simenon. Fromental a travaillé pour le cinéma et il a donc l'habitude de l'ellipse et évite les scènes inutiles. La trame est efficace : des indices sont donnés au lecteur pour qu'on sache d'emblée que le suspect est un faux coupable. Comme dans les enquêtes du commissaire Maigret, on a un coup de théâtre final : le coupable était insoupçonnable et l'explication du mobile des crimes permet de réorchestrer tous les thèmes abordés : le stupre, la violence, l'inégalité sociale.

Ce classicisme se retrouve aussi dans le dessin : les cadrages sont travaillés mais sans esbroufe et le gaufrier demeure plutôt sage. On remarque un gros travail sur la répartition des noirs et des ombres portées qui créent une atmosphère soulignée par les couleurs parfois violentes dans les scènes de meurtre : les dessins des sévices subis par les femmes sont crus et parfois insoutenables lorsque les viscères sont par exemple exhibés. La colorisation joue sinon de la nostalgie pour les années 1940 en donnant un côté rétro avec des couleurs pastel. Comme dans les films noirs hollywoodiens , on trouve notre lot de femmes fatales : Berthet magnifie les femmes comme le rappelle son récent artbook intitulé sobrement « Ladies ». Il dessine également de superbes voitures et des décors grandioses : la ville de nuit, le désert et la ghost town. La mythologie du polar en rencontre alors une autre : celle du western. Berthet conjugue, dans ce one-shot, son amour des années 1950 avec celui du western et l'on se souviendra qu'il a dessiné « Chiens de prairie ». de tels décors inspireront d'autres artistes et l'on ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec le film d'Orson Welles « la soif du mal» qui s'intéresse sous forme d'enquête aux trafics divers dans une ville frontière mais aussi à la frontière entre le bien et le mal chez l'homme et révèle des personnages « gris » situés entre les deux. On a alors affaire à un album qui ne se résume pas à des meurtres de prostituées et à l'identification d'un tueur en série mais prend cette intrigue comme un simple prétexte et devient l'équivalent de ce que Simenon appelait « un roman dur » .

Un « roman dur »

Dans ses « romans durs », l'écrivain s'affranchissait du fameux commissaire Maigret et des codes du polar pour mieux renouer avec sa grande obsession : la peinture de l'homme nu et seul au monde. Il y dépeignait des héros au coeur noir, plongeait dans les ombres de l'âme humaine et appliquait sa devise d'écrivain : « Comprendre mais pas juger ».

Le héros François Combes n'est ni sans peur ni sans reproches et Jed Peterson, l'accusé à tort, loin d'être innocent : tous deux sont des prédateurs. Ils n'hésitent nullement à consommer de la chair fraîche et à satisfaire leurs désirs y compris en blessant leurs proches (les femmes de Combe, Opale) . Pourtant, malgré tout, ils gardent une forme de sens moral : l'écrivain porte secours à son ami tandis que Jed veut racheter les fautes de son père. C'est d'ailleurs ce qui leur vaudra bien des ennuis.

Comme certaines des oeuvres de Simenon qui ont cette prestigieuse étiquette – « Les rescapés du Télémaque » par exemple - , cet album s'inscrit dans le cadre traditionnel d'une enquête menée par un homme qui n'est pas du tout policier. Dans le roman de Simenon, c'était le frère jumeau du suspect, simple employé de chemin de fer qui menait son enquête et démasquait le vrai coupable. Ici c'est un écrivain qui s'improvise enquêteur et entraîne même avec lui une jeune femme qui fait partie des « invisibles » : la jeune bonne mexicaine.

La frontière est en effet moins géographique que sociale. Elle sépare distinctement une population blanche aisée et décadente qui s'était aménagé une retraite dorée afin de pouvoir se livrer dans l'impunité à tous les excès d'une population mexicaine miséreuse, au service des premiers ou vivant d'expédients, de trafics et de la prostitution. On a une coexistence de deux mondes dans un rapport quasi colonial. Estrellita, qui vient du côté mexicain mais travaille chez François, fait le lien entre les deux.

Cela permet à Fromental, comme chez Simenon, de creuser sa veine réaliste du monde des petites gens. Dans les « rescapés du Télémaque », l'écrivain évoquait les conditions de vie des marins et du petit peuple de Fécamp ; ici le scénariste met en scène, par-delà l'histoire d'un « Jack l'éventreur » mexicain et de l'enquête, de riches débauchés et des femmes misérables. Il s'intéresse d'un côté aux proies, de l'autre aux prédateurs et dépeint un monde où la spoliation est généralisée et où règne l'abus de pouvoir masculin qui a laissé pour compte de nombreuses victimes depuis des décennies tant dans la population mexicaine servile que chez les propriétaires victimes de la spéculation et de la récession. Ainsi l'album revêt un côté documentaire, voire social, et acquiert des résonnances particulières sur la place de la femme dans le climat actuel.

D'ailleurs on notera que c'est à la jeune bonne mexicaine qu'incombe la narration. comme dans le précédent opus de Fromental « le coup de Prague »où c'était Elisabeth Montaigu qui contait l'histoire de Graham Greene et la genèse du troisième homme. La femme n'a donc plus un simple rôle de faire-valoir mais guide aussi bien le héros que le lecteur : elle nous permet de comprendre l'univers de Nogales, mais aussi celui de François Combes . Là aussi on se retrouve « de l'autre côté de la frontière » : dans les coulisses de la création et de la vie d'un célèbre écrivain.

Le roman de l'écrivain

Estrellita sert de « double » à Fromental car on peut retrouver dans cet album une sorte de biographie fictionnelle et fantasmée de la part d'un scénariste talentueux qui connaît son Simenon sur le bout des doigts.

En 1945, Simenon fuit l'épuration : il est accusé de collaboration avec l'ennemi car il a travaillé pour la firme allemande Continental qui a adapté certains de ses romans au cinéma; il veut aussi conquérir le marché américain alors, après un passage au Canada, il part pour Hollywood dans l'espoir d'y adapter ses oeuvres et s'installe dans le Connecticut puis découvre New-york, la Floride, l'Arizona et la Californie. le héros porte ses traits, il est un peu empâté et ridé, d'ailleurs Berthet explique qu'il n'était pas forcément à l'aise pour ne pas dessiner un bel homme semblable à ses héros habituels (tel Philippe Martin dans « L'art de mourir » par exemple). Au début de son séjour américain, Simenon était accompagné de sa femme Tigy et de son fils Marc alors âgé d'une dizaine d'années, de sa maîtresse et secrétaire la jeune Denyse Ouimet et de sa gouvernante Boule (qui est elle aussi était sa maitresse également ! ). On retrouve dans l'album, ce côté polygame chez le héros et l'atmosphère irrespirable de rivalité qui régnait dans ce gynécée. On a même un clin d'oeil au nom de la maison qu'occupait la maîtresse de Simenon dans la vraie vie (Stud barn) dans le nom choisi par Fromental pour le ranch de Combe : Stallion farm (la ferme de l'étalon). Combe partage la même appétence pour la gent féminine et en particulier pour les prostituées que son illustre modèle qui se vantait d'avoir eu 10000 femmes dont 8000 professionnelles ; Fromental explique d'ailleurs, dans le dossier final, qu'il a créé la scène d'ouverture, à partir d'une photo qui l'a marqué : on y voyait « sa voiture arrêtée devant un bordel à la frontière mexicaine [avec] à son bord, Denyse, sa secrétaire et maîtresse qui l'attend ».

Il émaille, de plus, cette biographie à clefs de références à l'oeuvre de Simenon. Ainsi , le nom de deux des protagonistes : François Combe et Kay vient de « Trois chambres à Manhattan » qui racontait la rencontre entre Simenon et sa secrétaire. Certaines descriptions que l'on trouve dans la bande dessinée (notamment la chevauchée en compagnie du fils et la découverte du village fantôme) reprennent l'unique western de Simenon « la jument perdue » tandis que l'alcool qui coule à flot dans santa « booze » valley chez les ranchers quand le crues de la rivière les isolent et les adultères pour tromper l'ennui viennent directement du roman « le Fond de de la bouteille ».

Enfin, à l'épilogue, le roman qu'envoie François à Estrellita est finalement l'album qu'on vient de lire : l'écrivain et sa charmante acolyte y deviennent donc personnages ! On pourrait voir dans cette mise en abyme un ultime hommage à Simenon qui fera de même dans « mémoires de Maigret » où, imaginant une rencontre entre le commissaire et le romancier, il se mettra en scène avec son héros fétiche et les fera disserter, se contredire et dialoguer sous cet angle double : la réflexion sur la vocation de policier - et sur celle d'écrivain dans un savoureux jeu de miroirs.


Ce sont ces deux dernières dimensions sociales et littéraires qui font toute l'originalité de ce magnifique album. On aurait même aimé que la pagination soit plus importante pour développer davantage la psychologie des personnages. On appréciera enfin particulièrement les éclairages qui sont donnés sur le côté anthropologique et biographique grâce à la postface et au dossier iconographique final qui retrace l'histoire de la Santa Cruz Valley et l'itinéraire américain de Simenon.
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Reflet de la haute société dans les Etats du sud où comment un riche écrivain s'encanaille en fréquentant un lupanar de luxe le "Cielo Lindo" afin de se documenter. Mais à cette époque et dans cette région frontalière avec le Mexique, la femme est un objet et sa vie ne vaut pas grand chose.
Les meurtres de prostituées se succèdent et une enquête est ouverte. Cette bande dessinée décrit la vie des élites locales, le dilettantisme, l'alcool, les grosses berlines et le sexe qui pimente leur quotidien.
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Berthet et Fromental se sont inspirés de Georges Simenon pour imaginer ce polar qui sent bon l'Amérique... Ou plutôt qui sent bon la frontière americano-mexicaine. Et ça marche bien, le désert, des personnages bien campés, des meurtres, un final réussi, que demander de plus ? Ce n'est pas un coup de coeur mais c'est bien quand même !
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Dans cet album, j'ai avant tout beaucoup aimé le trait net des dessins, les échanges de regards qu'ils soient de connivence, de suspicion ou de séduction. Les couleurs choisies correspondent parfaitement à l'ambiance sombre de l'histoire. La violence de certaines scènes est très bien représentée voire grossie.
Pour ce qui concerne l'histoire, le décor est très vite planté dès les premières planches car les dialogues ne laissent aucun doute sur les relations entre les différents personnages ou sur leurs intentions ainsi que sur les rôles tenus à cette époque par chaque sexe, origine sociale et ethnique. On suit cette enquête en s'interrogeant sur les responsabilités et culpabilités éventuelles avant que la fin dévoile la vérité sans que l'on ait pu suspecter quelqu'un ou quelque chose.
Une belle réussite.
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On se retrouve au coeur d'un triller sur les traces de Georges Simenon qui a vécu dans ces lieux. Il écrira une dizaine de romans pendant son séjour aux Etats Unis. C'est l'occasion de relire "Le fond de la bouteille" qui, selon les auteurs de cette bande dessiné très documentée, est l'un des "meilleurs témoignages jamais produits sur cette vallée », au même titre que le chef d'oeuvre d'Orson Welles la "Soif du mal".
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Un écrivain français (ou canadien), François Combe, s'est installé à la frontière mexicaine à la Santa Cruz Valley. Il ressemble singulièrement à Simenon, avec son armada de femme derrière lui (épouse, secrétaire et maitresse) et même son petit garçon.
Pour ses recherches (et son propre plaisir) il se retrouve dans une maison close à Nogales et flashe sur une jeune prostituée Raquel, tout comme son ami Jed. Sauf que Raquel va se faire poignarder mortellement la nuit de sa rencontre avec Jed. Puis une deuxième femme va mourir dans les mêmes circonstances. François va finir par se poser des questions sur la culpabilité de Jed et va mener une enquête avec la jeune employée de maison.
Suspens bien mené avec une conclusion un peu alambiquée mais plausible. Petite incursion dans le climat social de l'époque avec tensions raciales entre blanc et "basané", et rivalités ancestrales entre les riches familles terriennes.
Dessin classique voire rétro qui colle bien au propos, avec des femmes toujours magnifiques!
A lire.

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L'écrivain François Combe vit dans une luxueuse villa de la Santa Cruz Valley, entouré de sa femme, de sa secrétaire et maîtresse (Kay), de la cuisinière (Marieke), et d'une très belle gouvernante mexicaine (Estrellita). La frontière est toute proche et sépare distinctement une population blanche, aisée et décadente d'une population hispanique miséreuse, vivant de trafics et de prostitution. L'occasion pour Combe d'aller s'encanailler dans les bordels des deux côtés de la frontière, collectionnant les photographies érotiques de jeunes prostitués. Mais le jour où l'une d'elles est retrouvée sauvagement assassinée, Combe décide de mener lui-même l'enquête, persuadé que son expérience d'écrivain de romans policiers l'aidera. Et ce d'autant plus que les soupçons mènent vers Jed, un riche ami américain, alcoolique et fêtard, dernier client de la victime. Soupçons qui s'accentueront lors du deuxième crime. Pour mener son enquête, Combe s'attache les services de la jeune Estrellita qui connaît du monde de l'autre côté de frontière, notamment une cousine tombée dans la prostitution. Mais on ne s'improvise pas enquêteur comme cela. Inspiré d'un épisode de la vie de Georges Simenon qui vécut quelques années à cet endroit, entouré de ses femmes et de son fils, ce récit est plutôt classique dans la forme. La jeune gouvernante nous raconte ce qui s'est passé lors du passage de l'écrivain. Un épisode douloureux et meurtrier dont elle se souvient. Et les rapports entre les différentes personnes de la villa qu'elle observe avec acuité, elle qui vient d'un autre monde. Cette histoire est magnifiée par le dessin de Philippe Berthet, une ligne claire tout à fait personnelle, idéale pour l'époque décrite (fin des années 40) dans une Amérique de légende. Un dessinateur expérimenté au sommet de son art. Sans oublier les couleurs de Dominique David. Un récit qui met en relief les rapports quasi coloniaux entre la population aisée et ceux qui sont condamnés à les servir, pour la vie quotidienne et leurs petits plaisirs. Deux populations qui vivent côte à côte sans vraiment se croiser. Une bd classique et efficace.
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Si en matière de romans je fais une allergie chronique au format PDF, je reconnais que pour les BD et romans graphiques ça passe plutôt bien même si le format n'est pas optimum (si j'avais le choix, je privilégierais un format CBR ou CBZ). Il n'en reste pas moins que PDF lu avec STDU Viewer constitue une bonne alternative.

Je reconnais volontiers que développer une intrigue policière qui tienne la route sur une soixantaine de planches peut être un exercice délicat. Contrairement au roman qui permet de prendre son temps pour tisser un écheveau plus ou moins complexe autour du cadre et des personnages, dans la BD il faut condenser les infos afin d'aller à l'essentiel.

En cela le duo Fromental / Berthet tire plutôt bien son épingle du jeu. le déroulé de l'intrigue est plutôt bien pensé et le dénouement devrait surprendre plus d'un apprenti Sherlock (en grande partie pour la raison évoquée précédemment, les indices sont quasiment inexistants). J'avoue que pour ma part j'étais partie vers une autre hypothèse, beaucoup plus (trop ?) classique.

La narration est assurée par Estrellita, une jeune domestique mexicaine qui travaille pour François Combes et que ce dernier mettra à contribution afin de faire progresser ses recherches en vue de prouver l'innocence de son ami.

Le trait est fin et précis même si parfois les personnages m'ont semblé un tantinet inexpressifs par manque de détails dans les visages. Ce petit bémol ne m'a nullement empêché d'apprécier pleinement cette BD.

Après la BD Jean-Luc Fromental nous offre une brève présentation de la ville de Nogales et de son histoire, il y fait notamment état d'un certain Georges Simenon qui s'installera non loin de là entre mai 1948 et juin 1949. Et profitera alors sans modération de tous les plaisirs qu'offre Nogales.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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