Dans le cadre de la dernière Masse critique littéraire organisée par Babelio que je remercie chaleureusement, me voici donc embarquée sur le radeau de cet auteur,
André FÜZFA, et de sa famille, tous confrontés à la maladie de leur petit garçon Hugo, âgé de 10 ans au moment cette terrible annonce en forme d'éclair puis de tornade intérieure : une tumeur au cerveau, un gliome situé dans la partie inférieure du tronc cérébral, bref un cancer... incurable.
Malgré les examens toujours plus nombreux et les séances de traitement toujours plus lourds, la nature infiltrante de cette tumeur couplée à sa localisation ne permettront qu'un temps de ralentir sa progression avant que les premiers troubles ne laissent place à ceux plus importants qui engageront, à terme, son pronostic vital.
Ce récit autobiographique construit comme un journal qui se suit jour après jour, mois après mois, s'est d'abord révélé à moi dans sa dimension technique et médicale comme si écrire chaque étape permettait de mieux la comprendre et surtout de ne pas oublier, d'expliquer aussi peut-être à ceux qui traversent la même épreuve. Et cette question qui taraude tout au long de la lecture : comment réagirais-je si j'étais de l'autre côté ?
Tour à tour exprimés puis aussitôt enfouis, nous assistons d'abord en spectateur à ces moments de profond désarroi, d'incompréhension et de colère, de sentiment d'injustice et de culpabilité aussi vis-à-vis de sa petite soeur qui ne pouvait pas suivre le rythme des visites et des rendez-vous dans ces nombreux hôpitaux, auprès de ces nombreux spécialistes, entre Namur et Paris. Enfouis parce que le regard d'Hugo se fait pilier, ainsi que sa volonté farouche de rester fidèle à lui-même, espiègle, optimiste, courageux... vaillant.
Puis progressivement, le descriptif technique laisse une place d'abord timide puis considérable aux émotions, aux partages de tous ces regards qui vivent à côté, dedans, autour. Une grand-mère, des amis, des parents de l'école, des copains d'Hugo... on les sent tous là et chacun à leur façon.
Au coeur du récit naturellement, ce papa narrateur se fait la voix de tous en naviguant à vue avec son épouse et la force du coeur pour ramer et faire face à chaque orage, chaque vague, et puis, au tsunami.
La compréhension des titres de chaque chapitre ne se fera pour ma part que vers la fin et l'idée du premier « Il me manque... » en particulier est alors devenue retentissante, même si à retardement.
Dire au revoir à un enfant en le faisant vivre autrement par les mots qui restent dans ce récit relève d'une démarche bien courageuse et sans doute salutaire à plusieurs titres. Et en ce qui me concerne, maman de trois adolescents, l'instinct de survie et des mécanismes de défense bien ancrés m'ont tout d'abord éloignée de toute plongée dans ces mots. Il m'a fallu attendre d'arriver à la moitié du livre, enfin, pour les accueillir intérieurement et laisser la résonance opérer. Mais... c'est en apnée puis en larmes que j'ai terminé ce récit, parce que l'écriture s'est tardivement laissé le droit de se détacher de toute rationalisation et de vivre le moment présent au fur et à mesure que le lâcher-prise s'affirmait et que les barrières tombaient.
Passées ces notions de délais, de chiffres, de nombres, de mots savants, votre volonté Monsieur FÜZFA de tenir et de toujours essayer d'entrevoir le soleil sous cette couche épaisse de nuages m'a touchée et cette lumière persistera, j'en suis persuadée, dans toute l'obscurité que le vide laissé par Hugo a dû laisser.
Amis Babelionautes, je serais heureuse d'avoir des retours sur votre propre lecture de ce récit et d'échanger, n'hésitez pas !
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