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EAN : 9782724608618
115 pages
Les Presses de Sciences Po (11/04/2002)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, la coopération internationale Nord-Sud a fait naître beaucoup d'espoir mais aussi beaucoup de déception. Le dialogue entre États et sociétés civiles est resté asymétrique et très imprégné de considérations géopolitiques.

Ce livre retrace la genèse des pratiques de coopération pour s'interroger :
- n'y a-t-il pas eu glissement vers des pratiques d'aide ?
- Celles-ci ne mènent-elle... >Voir plus
Que lire après Nord-Sud, l'impossible coopération ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Jean-Jacques Gabas enseigne l'Economie du développement à Paris XI Orsay et à l'IEP Paris. Il présente, dans un ouvrage clair et pédagogique, les déceptions nées de cinquante années de politiques de coopération et suggère les moyens de refonder le dialogue Nord-Sud.
La coopération, relation symétrique et égalitaire, s'est dévoyée en aide au développement, asymétrique et verticale, dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il s'agissait d'assister les pays « en retard de développement » sur la trajectoire de croissance empruntée un siècle plutôt par les pays industrialisés. le plan Marshall a été érigé en modèle. Les pays du Nord décidaient des modalités de développement de ceux du Sud, sans consultation des populations.
Cette politique, humiliante pour le récipiendaire (« La main qui reçoit est toujours sous celle qui donne »), suppose des transferts financiers considérables. Or la manne de la générosité publique n'a cessé de diminuer. L'objectif de 0,7% du PNB des pays riches, arbitrairement fixé dans les années 60 sans appréciation préalable des besoins financiers des PVD, demeure incantatoire. L'aide a surtout bénéficié au continent asiatique où les Etats-Unis souhaitaient enrayer la montée du communisme ; l'Afrique noire, victime d'afro-pessimisme, a été marginalisée. Dans les années 90, second effet d'éviction, l'aide au développement est allée à l'Europe de l'Est, à la reconstruction de l'ex-Yougoslavie.
L'Europe, malgré sa surface financière, est aujourd'hui à la traîne de la politique menée par les institutions de Bretton Woods. Pourtant, dès 1957, la CEE s'est souciée de coopération, articulant aide au développement et ouverture asymétrique de ses frontières aux exportations. le Stabex et le Sysmin garantissaient la stabilité des recettes d'exportation. Un dialogue politique était instauré dans le cadre du système de Lomé. Une assemblée paritaire était créée. La contractualisation primait sur la conditionnalité, la différence n'étant pas seulement sémantique. Mais l'accord de Cotonou signe la fin de cette spécificité. Les décaissements décroissent ; le « consensus de Washington » prévaut ; le régionalisme UE-ACP se dissout dans le multilatéralisme de l'OMC.

Jean-Jacques Gabas brosse ensuite à grands traits l'histoire des politiques de développement depuis les années cinquante. Après Rostow, l'idée à prévalu que les PVD devaient suivre un chemin de croissance obligé. Qu'on soutienne tous les secteurs (c'est la théorie du big push de Rosenstein-Rodan) ou seulement les « industries industrialisantes » il fallait promouvoir la croissance. Mais celle-ci réduit-elle automatiquement les inégalités ? Plutôt que de privilégier la croissance, les politiques d'aide au développement ont ensuite visé en priorité à satisfaire les besoins fondamentaux par des projets précis et ciblés. C'est l'aire de l'aide-projet. Les années 80 marquent une rupture. La priorité est désormais donnée au rééquilibrage des finances publiques et des balances des paiements. On passe de l'aide-projet à l'aide-programme. On considère sans barguigner que l'insertion dans l'économie mondiale aura des effets positifs. La bonne gouvernance économique devient une priorité. Elle est liée à une démocratisation souvent teintée d'ethnocentrisme.

le bilan de cette politique chaotique est mauvais. L'aide au développement a certes laissé des traces sur le terrain : des routes, des écoles, des hôpitaux ont été construits. Mais elle s'est complexifiée, s'est sédimentée. Les intervenants se multiplient. Les priorités s'ajoutent aux priorités : lutte contre la pauvreté, démocratisation, développement rural, sécurité urbaine …

Jean-Jacques Gabas propose de reconstruire le dialogue Nord-Sud autour de biens publics mondiaux. le concept est connu : il s'agit de problèmes planétaires dont la gestion étatique est insuffisante. L'économie néo-classique en a dressé la liste et en a défini les modes de régulation par des mécanismes internationaux souvent imposés au Sud. L'économie politique, moins dogmatique, suggère d'associer le Sud à la définition de ces biens et à leurs modes de gestion. Les médicaments génériques, les logiciels peuvent-ils être des biens publics mondiaux, à conditions que soient révisées les règles de la propriété intellectuelle ? Quid de la monnaie ?
Cette réhabilitation des politiques publiques est, selon Gabas, la seule manière de sortir de l'aide sans coopération dont le Sud a si longtemps pâti.
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