One Lifetime Is Not Enough

Une vie ne suffit pas, sans doute, même pour l'excentrique actrice américaine d'origine hongroise Zsa Zsa Gabor, décédée en2016 à l'âge canonique de 99 ans. Publié en 1991, One Lifetime Is Not Enough est très agréable à lire, car il est écrit par Wendy Leigh, ghostwriter stakhanoviste qui couche avec talent les souvenirs hauts en couleur de Zsa Zsa, stakhanoviste des soirées mondaines, qui alliait sens de l'humour et sens de la répartie.

On a sans doute oublié la prolifique carrière cinématographique de la belle Hongroise, dont on retiendra Moulin Rouge de John Huston ou La Soif du mal d'Orson Welles. Les Américains eux ont surtout retenu ses neuf mariages et ses sept divorces avec Conrad Hilton, fondateur des hôtels Hilton, qui fit sortir ses parents de la Hongrie occupée ou avec Georges Sanders (qui évoque Zsa Zsa avec beaucoup d'élégance dans ses Mémoires d'une fripouille et qui pour l'anecdote, épousa sa soeur à sa demande), ses bijoux, ses fourrures, ses choucroutes (capillaires) , ses chihuahuas, ses shows à Broadway et ses interventions à la télévision.
Si Zsa Zsa avait vécu sous l'Ancien Régime, elle aurait brillé dans les salons. Si elle possédait aujourd'hui un compte Twitter, nous serions tous suspendus à ses 140 caractères. Petit florilège gaborien: « Je veux un homme gentil et compréhensif... Est-ce trop de demander cela à un millionnaire? » , « Je ne sais rien à propos du sexe : j'ai toujours été mariée », « Le mariage, c'est du 50/50. L'homme doit avoir au moins 50 ans et 50 millions de dollars. »

Dans ses mémoires, Zsa Zsa narre son enfance dans une famille juive de la bourgeoisie hongroise, sa relation avec ses soeurs toutes célèbres, ses nombreuses rencontres avec le tout Hollywood (Brando, Sean Connery…) et les ténors de la politique (Kennedy, Reagan…), le harcèlement sexuel dont elle fut souvent victime. Elle reconnait avoir raté sa carrière d'actrice, narre ses incartades judiciaires et revient sur la perte de sa vertu avec …Kemal Ataturk qui lui fit une vive impression: « For the rest of my life I would search for another god to eclipse him. »
Ces souvenirs sont ceux d'une femme qui ne se prend pas au sérieux, qui joue son rôle de mondaine excentrique, et possède un grand sens de l'humour. Toutes les actrices ne font pas preuve du même détachement et du même esprit. C'est donc un carton plein pour les souvenirs personnels et les bons mots, mais un tout petit pas pour la cinéphilie.