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EAN : 9782246486817
263 pages
Grasset (09/03/1994)
5/5   1 notes
Résumé :
4ème page de couverture :

La corruption politique dans ses oeuvres. Grandeur nature. Sans fioritures. Des palais du pouvoir aux réseaux de l'ombre, Gilles Gaetner et Roland-Pierre Paringaux nous entraînent au coeur des grandes affaires politico-financières (Urba, Sages, Trager, financement du PR) qui ont récemment ébranlé la République. Un voyage mouvementé. Édifiant. Sans précédent....
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Je crois que partout dans le monde, dans les pays démocratiques du moins, il y a de temps en temps des conflits plus ou moins ouverts entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif. Un problème qui ne se pose pas dans des régimes autoritaires ou dans les fausses démocraties, comme la Russie de Poutine par exemple, où les juges sont nommés par l'exécutif. À la lumière de ce qui se passe en Hongrie et en Pologne actuellement le sujet de l'ouvrage de Gilles Gaetner et Roland-Pierre Paringaux : "Un juge face au pouvoir" de 1994 prend hélas une nouvelle acuité.
Comment le problème s'est-il par exemple posé en France pour le célèbre juge Renaud van Ruymbeke ?

À cause de son nom de famille bien flamand, qui traduit donnerait en Français "de la rivière large", ce juge m'a intrigué tout particulièrement. Moi, qui figure dans le cas opposé : étant Flamand avec un nom de famille tout ce qu'il y a de plus Français : Parmentier ! Et comme prénom, mes parents contents que les Boches soient enfin partis : Jean-Pierre.

Renaud van Ruymbeke est né à Neuilly-sur-Seine en 1952. Contrairement à son père, André, et son frère, Oliver, qui avaient opté pour l'ENA, il choisit l'École nationale de la magistrature et est nommé à l'âge de 25 ans juge d'instruction à Caen. C'est le début d'une longue carrière, où en charge des dossiers les plus controversés il s'est fait une réputation et est devenu, sans le chercher une célébrité. Actuellement, il est le doyen du pôle financier au tribunal de Paris. En 1985, le juge, qui a failli devenir pianiste professionnel, a été pendant quelques années maître de conférences à l'École nationale de la magistrature, ce qui lui a permis de publier son ouvrage instructif "Le juge d'instruction" dans la collection Que sais-je (1988).

De Gilles Gaetner, j'ai lu "L'homme qui en savait trop : Alfred Sirven et les milliards de l'affaire Elf" en 1998. L'histoire d'une belle escroquerie par le numéro 2 d'Elf, Alfred Sirven (1927-2005), et co, avec de l'autre côté de la barrière, entre autres van Ruymbeke.

L'affaire SAGES illustre très bien le champ d'action du juge van Ruymbeke. La SAGES, une abréviation du nom pompeux de "Société Auxiliaire Générale d'Etudes et de Services", fondée par Michel Reyt (1926-2013), avait comme vocation de mettre en rapport des élus (sénateurs, députés, maires...) avec des entreprises pour l'obtention de marchés publics, moyennant des commissions dont il rétrocédait une partie à ces élus. "Une pratique qui tourne rond et peut rapporter gros ! Mais que la loi réprouve et pour laquelle le code pénal a un nom : trafic d'influence". Ce qui m'a étonné c'est...l'étonnement de Reyt, qui, interrogé par van Ruymbeke, ne voyait pas du tout où était le problème !

Si je peux me permettre une anecdote personnelle. En tant que secrétaire de la commission des transports du Parlement européen, il m'est arrivé de recevoir des cadeaux d'entreprises que je remettais aussitôt à mon directeur-général pour mettre dans une armoire à cet effet et qui se trouvait dans le corridor juste à côté de son bureau. de même, j'ai toujours refusé catégoriquement des voyages à des endroits exotiques comme les Seychelles ou l'Île de la Réunion, aux frais de la princesse pour ma famille et moi, gentiment offerts par des compagnies aériennes et bureaux de voyage. C'était peut-être un peu bête, mais ainsi personne n'a eu la moindre emprise sur moi et très vite cela a été su parmi les différents lobbies.

Dans les affaires SAGES, Trager et Urba, un autre bureau d'études, ce sont des élus du PS qui bénéficiaient du système, aussi bien que le juge fut accusé de parti-pris. Mais van Ruymbeke "peut passer sans états d'âme de la gauche à la droite, poursuivant les délits avec la même rigueur ".En 1993, il enquête sur une commission versée par la société Pont-à-Mousson pour l'obtention d'un marché d'adduction d'eau à Nantes, 4,4 millions de francs français virés sur un compte suisse en faveur de politiciens du PR. Plus tard suivront les affaires Elf et des frégates de Taïwan, qui ne sont pas couvertes par ce livre sorti en 1994.

Il est incroyable ce que "l'omniprésent trio que forment l'élu, l'intermédiaire et l'homme d'affaires [permet comme] acrobaties financières... qu'il soit question de béton, d'hypermarchés ou d'équipement hospitalier..." Longtemps les enquêtes se sont surtout concentrées sur des affaires où il était clairement question d'enrichissement personnel. Mais comme le remarquent les auteurs : "le lien entre commissions et avantages personnels n'est pas toujours évident" (page 140). Les campagnes électorales coûtent cher et un petit appui est tellement tentant !
Dans ce contexte le rôle des juges comme Eva Joly, Laurence Vychnievsky, Thierry Jean-Pierre, Eric Halphen, Renaud van Ruymbeke... est loin d'être une sinécure. Surtout dans les dossiers politiques et financiers, où il convient de louvoyer entre la résistance parfois tenace des élus et la curiosité des journalistes pour préserver le secret des enquêtes.

L'ouvrage de Gilles Gaetner et Roland-Pierre Paringaux est clair et d'une lecture facile, mais pour se faire une idée plus précise de l'héros de cette histoire, je crois qu'il vaut la peine de lire comme complément l'ouvrage un peu plus volumineux de Fabrice Lhomme : "Renaud van Ruymbeke : le juge".

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Vidéo de Philippe Paringaux
Artiste multiforme, Jacques Loustal est notamment connu pour ses carnets de voyages, genre qu'il pratique depuis plus de quarante années. Cette pratique du dessin d'observation, sur le vif, n'est d'ailleurs pas étrangère à celle de la bande dessinée, les images faites en situation pouvant ensuite être utilisés comme socle d'un récit (« L'Homme de sable, avec Philippe Paringaux, Métal Hurlant, 1981). En compagnie Laurent Lolmède confrère ayant également pratiqué le carnet de voyages, on reviend dans cette rencontre du SoBD 2023 sur cette façon de dessiner… et de faire des livres. « Je faisais un dessin comme quelqu'un pouvait se mettre au coin d'une rue et fumer une cigarette », explique ici Loustal pour exprimer ce qui l'intéresse dans le dessin sur carnet. Pour lui, le voyage est eu coeur de cette activité graphique. Moins pour Lolmède, qui se définit plus comme un promeneur, un dessinateur de campagne. Pour ce dernier, le carnet de voyage est un objet à part entière, qui peut s'apparenter à un fanzine, tandis que Loustal évoque le plaisir fétichiste du carnet vierge, du livre blanc qu'il s'agit de peupler en toute liberté, l'exercice autorisant le dessinateur à choisir les outils qui lui conviennent. Evoquant le dessin-récit, qui condense en une seule image une scène qui peut être éclatée et s'étaler sur un certain temps, Laurent Lolmède rappelle que le B.A. BA du dessin, pour Lolmède, c'est de faire comprendre ce que le dessinateur voit. Les intervenants s'accordent sur le fait que le carnet de voyage est devenu un genre littéraire dessinée à part entière. le dessin sur le vif est un pratique très spécifique, qui rejoint également le reportage dessiné. La rencontre, qui s'est tenue le dimanche 2 décembre 2023, est animée par Frédéric Michel.
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