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sur 367 notes
"Le fantastique n'a d'intérêt que parce qu'il surgit du réel et l'enlace."
(S. Rushdie)

Pero qué pasa ? C'est bien du Marquez, et en même temps, comme s'il manquait quelque chose.
Comment dire... ?

Garcia Marquez est un romancier avec un don de Dieu. Un écrivain qui a réussi à créer son propre univers, quelque part entre le fantastique et le réel - et c'est uniquement à vous de voir si vous vous y sentez à l'aise ou pas. Même si, chez certains auteurs, on peut parfois rencontrer une sensation de "déjà vu" ou "déjà lu", ceci ne peut tout simplement pas arriver avec Marquez. Il a toujours su rester que lui-même.
Mais il n'a jamais eu la prétention de devenir un maître incontesté en matière d'histoire courte; et il ne l'est jamais devenu.
Rien qu'en lisant la préface des "Douze contes vagabonds", on peut se rendre compte de la genèse longue et un peu laborieuse de ce recueil. Ce qui peut en partie expliquer ma petite déception.

Dans l'ensemble c'était une belle lecture, mais on est un peu loin du réalisme magique; de l'atmosphère verte et étouffante de Macondo, ou des mirages fantasmagoriques créés par la chaleur qui fait onduler l'air de la côte aride des Caraïbes. Ici, pas de Buendia, ni d'anges qui vivent dans un poulailler...
Les "Douze contes vagabonds" parlent de gens qui sont loin de leur pays : d'un ex-président, en passant par une ex-prostituée, jusqu'aux gens qui ont une mission à accomplir ou de simples touristes.
J'ai plutôt envie de qualifier ces histoires de "tragi-comiques". Au fond, il s'y passe très peu de chose, et leur force se trouve dans la poésie du texte. Mais de penser que Marquez va se contenter d'un beau texte, ce serait le sous-estimer. Il rajoute à chaque histoire une chute surprenante, un peu dans la veine d'Ambrose Bierce.

Parfois le dénouement était un peu évident, ou même décevant ("Epouvantes d'un mois d'août"), mais on se rattrape vite avec les histoires comme "Maria dos Prazeres" (qui parle du dernier client d'une très vieille poule de luxe), ou cette aventure d'un homme qui passe un long voyage en avion à côté d'une belle endormie. Amplement suffisant pour en faire une bonne histoire !
Le thème de "Un métier de rêve" fait penser à Borges; et vu que l'histoire se finit avec un hommage ouvert à celui-ci, ce n'est pas une coïncidence.
Mais ce n'est qu'à la fin que je suis tombée sur deux merveilles - "La lumière est comme l'eau" (la seule qui donne dans le "vrai fantastique" - il suffit de casser l'ampoule, et vous pouvez nager dans la lumière !) et la très fataliste "La trace de ton sang dans la neige", qui vous apprend que la bureaucratie française peut changer bien des destins.

Les "Douze contes" sont assez intimistes - les héros apparaissent et disparaissent dans la foule anonyme - Paris, Naples, Barcelone, Rome - et on les oublie presque aussitôt. Il n'y a pas cette démesure des "Cent ans de solitude", cette tension irréelle de la "Chronique d'une mort annoncée", la prosodie exaltante de "L'automne du patriarche", ni la folie onirique de "Candide Erendira". Peut-être parce que nous sommes en Europe ?

Mais finalement, j'ai trouvé ça bien. C'est peut-être le livre idéal si vous n'avez encore rien lu de Marquez, et si vous souhaitez commencer en douceur. Dans le sens inverse, il reste cette petite sensation de quelque chose qui manque.
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L'écrivain voyage, conte et raconte ses contes. Je l'imagine dans son hacienda, l'ombre qui apporte un brin de fraîcheur à sa cerveza muy fresca. L'écrivain se pose ainsi, reprend des notes de jeunesse, évoque ses souvenirs, retriture de vieux textes. Gaby, après tout c'est notre troisième rencontre, je peux me permettre quelques familiarités, ce n'est pas un prix Nobel qui va m'intimider... enfin si, ce genre de prix ou d'honneur me fait un peu trembler, d'appréhension ou de peur... Gabi, Ô Gabi, donc aurait pu m'emmener dans son hacienda du côté d'Aracataca ; non, il commence par me promener aux abords du lac de Genève, à la rencontre d'un pauvre type, oh pardon monsieur le président, d'un ex-président déchu. Puis je file en Italie, en France, en Espagne... Rome, Paris, Barcelone... bref, je fais le tour de la Méditerranée, il y a moins de poussière qu'en Amérique du Sud, cependant...

Cependant, c'est l'heure de ma sieste, la sacralité de l'instant quand je pose mon regard sur la belle endormie. Elle est sublime, même quand elle dort je vois son sourire, sa pureté, sa crinière brune, son âme comme lorsque je transperce de son regard le mien. Je suis à l'écoute des effluves de son parfum de jasmin, comme des rythmes de son coeur, le sang coule et la trompette me réveille au son de l'Espagne.

Alors, entre deux bières ou deux verres de rhum, pour agrémenter deux nouvelles, je respire ces senteurs andalouses, celles du jasmin, celles de ces orangeraies qui longent la poussière de ma route. Celle qui traverse le désert de Monegros, celle qui suit la trace de ton sang dans la neige... En douze contes, je vagabonde avec l'auteur, des rencontres imaginaires, des nuances gothiques, des grands noms de la littérature, hommage à ses maîtres, de Kawabata à Neruda, en passant par Borges. Je prends mon temps, baigné dans cette irréalité littéraire, des êtres solitaires errant dans la poussière, comme sorti d'un rêve, comme plongé dans l'absurdité du monde. Je rêve de cette femme, je rêve de ce verre, je pense à ma vie, je pense à Gaby oh Gaby tu veux que j'te chante la mer...
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« En Espagne, à Madrid, une ville ancestrale aux étés torrides et aux vents glacials, sans mer ni fleuve, et dont les aborigènes terriens n'avaient jamais maîtrisé l'art de naviguer dans la lumière. »

Un recueil de Douze contes vagabonds. Des contes qui sont différents de ce que j'ai l'habitude de lire. Des contes magnifiques, qui demandent du temps pour en apprécier les subtilités. L'écriture est drôle, poétique, fleurie. En revanche le fond est lourd, sombre, politique aussi, et pour autant, il y a de la magie qui fait qu'on ressort de la lecture avec malgré tout, une touche d'espoir. L'espoir de ne pas commettre deux fois la même erreur, l'espoir de rencontrer une voiture blanche ou de faire un doux rêve, mais certes, pas de trouver un téléphone. C'est agréable de faire un petit tour d'Europe, de découvrir la vie de ces voyageurs, voyageurs du temps pour certains agrippés au charme d'une autre époque, de temps révolus et des voyageurs de l'espace, passant d'un continent à l'autre, d'un monde à un autre. J'avoue avoir beaucoup apprécié « La lumière est comme l'eau ». Comme toujours j'aime quand un auteur renvoie à ses compères, « Un métier de rêve ». Donnant la parole à P. Neruda sortant de sa sieste :
 ''J'ai rêvé de cette femme qui rêve'', dit-il. (...) ''J'ai rêvé qu'elle rêvait de moi, dit-il. - Ça, c'est du Borges'', répliquai-je. Il me regarda, déçu : ''C'est déjà écrit ? - Si ça ne l'est pas, il l'écrira un jour. Ce sera un de ses labyrinthes.'' 
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Pour qui a vécu l'expérience unique en son genre de l'immersion intense dans la narration longue et les phrases sans fin des romans de Garcia Marquez, ces Douze contes vagabonds sont d'abord une surprise: il sait faire court! et le fait merveilleusement bien, avec un art consommé de la nouvelle, exercice particulièrement difficile à réaliser.

Pas pour l'ami Gabriel, dont la prose est aussi réjouissante en format court que dans les méandres infinis de Cent ans de solitude ou L'automne du patriarche, bien que l'auteur nous avoue lui-même avoir longuement peaufiné pendant de nombreuses années ces douze histoires, pour certaines initiées plusieurs décennies avant la parution du recueil.
C'est ainsi une sorte de testament ou autobiographie littéraire que ces douze contes, qui nous emmènent à la fois sur les terres d'une vieille Europe latine sillonnée par l'auteur dans ses jeunes années et dans ces contrées oniriques teintées de mystère propres à l'auteur.
On y croise un vieux dictateur à la rue, des figures de femmes hors des normes par leur beauté, leur caractère ou leur parcours, une barque fendant les flots dans un appartement et jusqu'à un cadavre immortel dans une valise, le tout maculé de traces de sang dans la neige.

Un recueil magique, condensé de l'univers de ce poète de l'humanité, qui se déguste comme un alcool vieilli jusqu'au nectar.
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Recueil de douze nouvelles comme son titre l'indique. Douze nouvelles de longueur et d'intérêt très inégaux, rien de bien transcendant en ce qui me concerne.

Je ne suis pas une adepte du genre "nouvelle" donc ma déception tient sans doute en grande partie à ça. J'ai l'impression qu'il y a un peu de tout (et n'importe quoi) : politique, fantastique, romantisme, absurde... l'auteur aurait sa propre définition du vagabondage, vraisemblablement associée à l'éclectisme.

J'avoue que je suis même passée complètement à côté de certains récits, simplement parce que je ne les ai pas compris ! Seul réel bon point de cette courte lecture, la découverte, grâce au challenge NOBEL, d'une plume sud-américaine dont j'ignorais tout et qui, pour ne pas être désagréable à lire, ne m'a pas aimantée pour autant.


Challenge NOBEL 2013 - 2014
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Douze contes tous aussi différents les uns des autres dans le style incontestable de Gabriel Garcia Marquez. Il faut trouver la réponse à l'écriture et au choix des contes dans le prologue qu'a écrit l'auteur. Je cite : "Lorsque j'ai commencé "Chronique d'une mort annoncée", en 1979, j'ai constaté qu'entre un livre et un autre je perdais l'habitude d'écrire et qu'il m'était de plus en plus difficile de me remettre au travail. Alors, entre octobre 1980 et mars 1984, je me suis imposé la discipline d'écrire chaque semaine un récit pour des journaux de différents pays, afin de garder la main...
... les douze contes de ce livre. Au mois de septembre 1991 et après deux autres années de travail discontinu, ils étaient prêts à être publiés... Comme j'avais décrit les différentes villes d'Europe où ils se déroulent en faisant appel à ma mémoire et de loin, j'ai voulu mettre à l'épreuve la fidélité de souvenirs vieux de presque vingt ans, et j'ai fait un rapide voyage de reconnaissance à Barcelone, Genève, Rome et Paris.
Ni les unes ni les autres n'avaient plus rien à voir avec le souvenir que j'en avais... Et pourtant, je tenais la solution. J'avais enfin trouvé ce qui me manquait pour terminer mon livre et que le seul cours des ans pouvait me donner : la perspective du temps.
À mon retour, après ce voyage heureux, j'ai récrit tous les contes du début à la fin en huit mois fébriles au long desquels je n'ai eu nul besoin de me demander où finit la vie et où commence l'imagination ...
Prologue écrit à Cartagena de Indias, avril 1992.
— de préférence à une analyse des contes qui sont très courts, j'ai choisi d'évoquer les motivations qui ont amené Gabriel Garcia Marquez à les écrire.
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Voici un recueil de douze nouvelles de longueurs différentes. Ce qui les relient entre elles est généralement leur noirceur. Ces textes sont très bien écrits et entraînent le lecteur en Amérique Latine ou dans diverses villes européennes : Genève, Rome, Paris, Barcelone... dans des aventures dramatiques et sinistres. Un écrivain talentueux, mais un livre à découvrir de préférence lorsqu'on a un moral d'acier.
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Douze contes vagabonds, autant de récits inspirés de personnages, rêves ou bribes d'idées nés d'une beaucoup plus grande sélection, et placés comme des pions sur un plateau sur différents points d'Europe.
Douze contes très différents les uns des autres, surprenants et poétiques. J'aurais voulu que certaines continuent ou soient plus denses, comme la Sainte, Tramontane ou l'été heureux de Mme Forbes, alors que d'autres se suffisent en elles-mêmes: Je ne voulais que téléphoner, La lumière est comme l'eau et enfin La trace de ton sang dans la Neige.
Toutes en tout cas possèdent tout un univers en creux que l'on peut imaginer en filigrane et c'est ce qui leur donne toute leur puissance, l'air de rien.
J'ai aimé entrer dans ces mondes comme j'aime tous ceux que j'ai lu de Garcia Marquez jusqu'ici et je suis encore une fois impressionnée par la capacité de l'auteur à nous entraîner, très simplement, ailleurs, un peu comme en parallèle de notre vie, notre monde.
Une belle lecture faite en petit groupe avec Allantvers, le Bison et Florarol, expérience à refaire et bien adaptée à la lecture de nouvelles!
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Comme dans bien des recueils de nouvelles, il y en a de meilleures et d'autres moins intéressantes. Mais ici toutes sont remarquablement travaillées, ciselées, il faut dire que comme l'auteur l'explique l'auteur dans le prologue, leur rédaction a été très étalée dans le temps. Ces récits ont en commun de parler de personnages loin de chez eux, en Europe, qu'ils y vivent ou y soient seulement de passage. Ils ont en commun aussi une tonalité plutôt sombre, de parler de l'ironie de la vie. Un regret : que Gabriel Garcia Marquez n'est pas écrit le conte dont il parle dans le prologue, celui où il assiste à ses propres funérailles.
*Bon voyage, Monsieur le Président : un ancien président, autrefois chassé du pouvoir, se retrouve à la rue à Genève, il est pris en charge par un couple dont l'intention première était de l'arnaquer.
*La sainte : Un Colombien fait le siège du Vatican avec le cadavre imputrescible de sa fille, qu'il voudrait faire béatifier.
*L'avion de la belle endormie : Un voyageur se retrouve assis pendant un trajet Paris-New-York auprès de la belle jeune femme qu'il avait repéré peu avant l'embarquement. L'auteur fait le parallèle avec Les belles endormies de Y Kawabata.
*Un métier de rêve : l'histoire d'une colombienne égarée à Vienne puis au Portugal qui vit littéralement de ses rêves. Quand elle rencontre Pablo Neruda qui n'y croit pas, la situation prend un tour digne de J Borges comme le souligne l'auteur.
*Je ne voulais que téléphoner :Une jeune femme en panne est prise en auto-stop entre Saragosse et Barcelone par l'autobus d'un asile d'aliénés, elle se retrouve internée. Une des nouvelles les plus abouties, avec un petit quelque chose de Fredric Brown.
*Épouvantes d'un mois d'août : à Arezzo en Toscane, la chute n'est pas très originale
*Maria dos prazeres : une vieille putain de Barcelone originaire de Manaus qui croit fermement à ses rêves organise son enterrement car elle en est sûre, elle va mourir dans trois mois. Les obsessions de cette femme sont intéressantes, ses peurs, le dressage de son chien, … une vision de la mort
*Dix-sept anglais empoisonnés : à Naples un groupe d'anglais est empoisonné par une soupe aux huîtres dans le resto d'un hôtel
*Tramontane : mort d'un superstitieux qui avait peur de mourir s'il retournait dans la petite ville de Cadaqués en Espagne. Je n'ai pas beaucoup aimé ce récit mais les effets de la tramontane sur les âmes humaines sont très bien communiqués au lecteur.
*L'été heureux de Mme Forbes : sur l'île de Pantelaria deux enfants souhaitent la mort de leur gouvernante.
*La lumière est comme l'eau : une barque fendant des flots de lumière dans un appartement au 5ème étage d'un immeuble à Madrid. C'est la seule nouvelle que l'on puisse qualifier de fantastique, et elle est très réussie.
*La trace de ton sang dans la neige : une histoire très fataliste entre Madrid et Paris lors du voyage de noces d'un jeune couple colombien. Une des nouvelles les plus abouties.
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Je remarque que parmi les personnes dont j'ai pu lire ici et là les critiques de Douze contes vagabonds, une partie d'entre elles connaissait déjà Garcìa Márquez, l'apprécie beaucoup, et n'aime pas ce recueil de nouvelles. Une autre partie ne le connaissait pas, l'a découvert avec ces nouvelles, et n'aime décidément pas le recueil. Et pour cause !

C'est une œuvre sans grand intérêt, où l'auteur a recyclé de vieilles idées, les développant assez peu. Et quand bien même il va, parfois, jusqu’au bout de son sujet, on ne peut pas dire que ça soit transcendant. Des histoires sur l'ironie de la vie, souvent, des histoires qui ne vont nulle part, encore plus souvent, un conte allégorique dont on comprend mal le but... Des nouvelles de ce genre, il en existe des milliers. Mais en mieux, la plupart du temps, même quand elles ne brillent pas pas leur excellence. Le pire se présentant sous le titre Épouvantes d'un mois d'août, histoire de château hanté et de fantôme, censé instiller un certain mystère, un du malaise, enfin, quelque chose, quoi ! La nouvelle doit faire quatre pages (allez instiller une atmosphère digne du sujet en quatre pages quand vous ne maîtrisez pas le genre), pas d'histoire, pas d’atmosphère, rien. La chute est désespérante de banalité et de médiocrité. Même Edith Wharton, qui ne brillait pas spécialement dans ses nouvelles d'épouvante, se débrouillait mieux. Même si un ou deux récits sortent légèrement du lot et avec peine, je ne vois donc pas en quoi Douze contes vagabonds mérite qu'on s'y arrête, à moins qu'on cherche à tout prix à s'ennuyer.

La prochaine fois, j'irai directement à Cent ans de solitude et autres perles dont on m'a tant vanté les mérites.
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