Elliot est un jeune lycéen qui cherche à survivre dans son nouveau lycée, traumatisé par le harcèlement physique et moral grave qu'il a subit avant son déménagement. Un père présent physiquement mais absent mentalement, une mère qui a du mal à joindre les deux bouts et une rentrée scolaire marquée d'angoisses et de techniques pour ne pas se faire remarquer,
Elliot va devoir très vite faire un choix : être la victime ou le bourreau.
L'angoisse d'
Elliot est très présente tout au long du livre, son traumatisme est très frais et l'a fortement marqué, au point d'être sur le qui-vive à chaque seconde de sa vie scolaire. Chacune de ses rencontres commence par la méfiance et la paranoïa mais on le comprend très clairement. Tout bascule très vite dans cet établissement très beau en apparence mais qui, en réalité, cache tout autant de laideur que l'ancien lycée d'
Elliot. Il va chercher à se faire une petite place, ni trop grande ni trop invisible, un juste milieu pour ne pas se faire remarquer assez négativement pour être une cible facile, ni trop positivement pour éviter la jalousie.
Ce jeu d'équilibre est comme un phare pour
Elliot, qui navigue dans ce stress constant. J'ai d'ailleurs adoré le personnage d'
Elliot, qui est un garçon très sensible et avec beaucoup de profondeurs, de questionnements et d'empathie - clairement différent des garçons de son âge que l'ont retrouve dans la littérature. On s'attache très rapidement à
Elliot et on angoisse avec lui, on vit ses victoires, ses peurs, ses échecs. On ne lui souhaite que du bonheur mais malheureusement, le chemin est long.
Ce récit n'est pas naïf ni irréaliste,
Elliot fait des rencontres qui apportent un peu d'espoir, puis qu'il gâche, où il n'est pas lui-même, pleines de faux semblants. Il n'y a pas de morale un peu bancale à la "il ne faut pas faire attention aux autres !" ou "il ne faut pas se laisser marcher sur les pieds", ses mots qui ne font pas vraiment bouger les situations de harcèlement dans lesquelles
Elliot s'est retrouvé, victime ou spectateur. Même si j'avoue avoir trouvé le groupe des Gardiens un peu "too much".
Si j'ai d'abord été un poil frustrée par la fin, avec le recul, celle-ci est, je trouve, finalement parfaite pour conclure un livre comme celui-ci. Ni naïve, ni stupide, ni dramatique - elle est neutre, ouverte. Ce n'est pas un livre pour apporter une solution à la question du harcèlement, mais plutôt une invitation à en parler, à essayer de se sortir de ce cycle.
J'ai énormément apprécié ma lecture, le style d'écriture est très appréciable et facile à lire, et
Elliot est tellement attachant que l'on n'a pas envie de le quitter. Les références à 1984 sont intéressantes et offrent un parallèle sympathique selon le point de vue du personnage qui en parle. Je le recommande chaudement.