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Toute l'oeuvre de Romain Gary est centrée sur l'échec. Échec de l'Homme à se construire une destinée à la hauteur du mystère de la vie. Échec du même à vivre en harmonie avec ses congénères, son environnement. Échec de la civilisation qu'il a façonnée à canaliser les individualités en une communauté de prospérité. Et pour le thème de cet ouvrage, échec de l'utopie européenne. Nous sommes en 1971. A-t-on progressé en 2018 quand d'aucuns sont tentés de retrouver en notre époque le climat des années 30, avec la crainte que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets ?

Et Romain Gary de regretter que la vieille civilisation occidentale n'ait pas su concrétiser les espoirs fous qu'avait vu naître le siècle des lumières : le mythe d'une Europe de la culture, qui aurait fait ses humanités, stimulée par la langue française, laquelle brillait de tous ses feux dans les cours européennes.

Romain Gary, le faussaire sublime mais sincère, le rêveur qui n'a su dompter ses cauchemars nous étonne encore une fois avec sa verve inspirée et intarissable dans un roman labyrinthique. Une fois de plus il choisit la dérision pour leurrer son désespoir et contenir sa colère d'être le témoin d'une civilisation qui, si évoluée soit-elle, n'a su maîtriser ses démons.

Le Temps comme le Destin prennent la majuscule dans Europa, en signe de soumission de l'homme à ces deux concepts qui gouvernent sa vie. Il faut dire qu'ils en prennent à leur aise. le Temps à se jouer des chronologies, ne craignant ni les anachronismes ni les alternances de rythme, le Destin à se complaire dans le mépris de sa proie. Au diable la cohérence dans un monde qui perd la raison, même si l'ouvrage peut devenir quelque peu indigeste à force d'acculturation.

Pareilles circonvolutions font durer l'instant encore et encore. Telle une ascension vers le nirvana, la vieille Hispano-Suiza de 1927 qui transporte Malwina, Erika et le Baron vers l'ambassadeur Danthès n'en finit plus gravir le chemin qui mène à la villa Italia. Elle est tellement chargée d'histoire, la grande et la petite, de faux espoirs et de regrets, tellement chargée de l'imaginaire d'un auteur fécond que la faire parvenir à son but serait donner raison au Temps et n'avoir aucune prise sur le Destin. Voilà pour l'entame d'un roman qui tire quelque peu en longueurs.

Roman difficile qu'il faut aborder avec l'intention, à chaque phrase, de saluer le talent d'un auteur et ne pas chercher à suivre le fil d'une intrigue. Romain Gary est parvenu à un stade de sa carrière d'écrivain où il peut s'autoriser la mise à l'épreuve de son lecteur, tester la force de son adhésion aux valeurs que lui-même a voulu défendre toute sa vie, tout au long de son oeuvre.
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Europa de Romain Gary ne ressemble pas vraiment à l'Éducation européenne. L'auteur lui-même dans sa Note pour l'Édition américaine reconnait comme un constat d'échec. le terme est peu être un peu fort.
Pour être tout à fait franc, il faut posséder une certaine intelligence, une vision du monde quelque peu détachée des réalités terrestres pour pleinement l'apprécier.
L'histoire évoque une sorte de rêve métaphysique. le lecteur est bien vite déboussolé, perdu alors que l'auteur sait très bien où il veut en venir... et d'un autre côté, il y a de nombreuses répétions qui énervent rapidement, tout comme les points de vus par trop mouvants.
L'auteur s'inspire des Liaisons dangereuses. S'il s'agit d'une vengeance entre Merteuil et Valmont, le lecteur perd rapidement le fil. Qui est la victime de ce conflit psychologique ?
Si la question de la culture européenne est parfois évoquée celle-ci l'est de manière marginale. Il s'agit de culture hermétique (de quoi ravir certains adaptes de Umberto Eco, moins le côté romanesque du Pendule de Foucault) et limitée aux XVII et XVIIIème siècles français. Une certaine idée de l'Europe en somme.
Lien : http://kriticon.over-blog.co..
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Et bien moi j'ai adhéré à Europa, à sa narration alambiquée, tordue, à son histoire complexe, à son style mi-réaliste mi-onirique, à son goût d'inachevé, de pessimisme européen, à ses personnages qui s'inventent les uns les autres, à ses réflexions alchimico-politico-historico-poétiques.
Danthès rêve d'une Europe de la culture, à défaut d'être politique, d'autre chose que le monstre de charbon et d'acier de la CECA, Malwina rêve de vengeance à travers les siècles et son amour, le Baron entame une partie d'échec sur le long cours pour tendre un piège machiavélique...
Ces personnages s'entrecroisent, se rêvent, s'inventent, se mêlent, s'aiment et se déteste à travers les âges, chacun créant ou rêvant l'imaginaire de l'autre entre les chapitres et au sein même de ceux-ci.
L'écriture suit ce rythme complètement fou et épouse le regard de chacun, les interprétations personnelles des protagonistes, leurs lubies et phantasmes, le tout interprété par un psychiatre qui sert de fil rouge au récit et offre un semblant de réalisme à ce conte baroque que l'on peine de prime abord à suivre, mais qui bien vite nous emballe pour finir dans un époustouflant, mais peu réjouissant feu d'artifice d'illusions et de désespoir.

Le style est bien celui de Gary, d'un Gary affirmé, épris d'Europe mais toujours aussi peu confiant dans les destinée des peuples et de la politique. On y retrouve l'effet produit par un Faulkner dans le Bruit et la Fureur qui mélange les narrateurs pour amener son lecteur à un état proche de celui des personnages: halluciné, perdu, chamboulé, dépressif.
C'est un peu comme ça que Gary voyait l'Europe... Force est de constater aujourd'hui que sa vision était peut être juste assez pessimiste... il nous manque aujourd'hui de tels romanciers à Goncouriser pour nous aider à affronter cette période morne et peu emballante !
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Je me suis intéressé à ce roman de Gary à cause du très bel hebdomadaire Le1 qui a consacré tout un numéro à cet auteur doublement "Goncourisé".
Peut-être ne suis-je pas assez intelligent pour ce type de lecture ? Peut-être n'ai-je pas les codes ? En tout cas, je n'ai rien compris. Rien. Désolé. Danthès. Erika. le Baron. Ma. Rêve. Illusion. Cauchemar. Europe réelle. Fantasmée. À venir. Je ne sais pas. Je suis sorti de cette lecture de 500 pages, quelque peu fourbu.
Pourtant, le style de Romain Gary est magnifique (d'où mes deux étoiles). Mais pour le reste... Difficile d'en dire plus car encore une fois, je n'ai rien compris à Europa.
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Grand admirateur de Romain Gary, il m'a fallu faire preuve de beaucoup de confiance et de patience pour poursuivre la lecture de ce roman bizarre où on ne sait jamais si on est dans une narration d'événements réels ou dans le rêve délirant d'un des personnages et en particulier du héros principal. Celui-ci passe son temps à s'évader dans des histoires sans fin où il vit une passion pour une jeune femme qui est la fille d'une ancienne maîtresse qu'il a abandonné et qui cherche depuis à se venger... à moins que ce ne soit pas le cas et qu'il invente tout ça.
On démarre fréquemment un chapitre avec un récit structuré foisonnant de détails qui semblent refléter la réalité mais cela se révèle à la fin être un nouveau délire. Des scènes sont revécues plusieurs fois de suite (comme un rêve qui revient indéfiniment), donnant l'impression de revenir sans arrêt en arrière.
Si le roman montre une très grande maîtrise de l'écriture de la part de l'auteur (ce qui n'est évidemment guère surprenant), pour le lecteur, c'est assez éprouvant et déstabilisant.
Bref, pour une fois, Romain Gary ne m'a pas captivé. Je continuerai néanmoins à le lire. Même un génie peut ne pas faire mouche à chaque fois.
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Romain Gary se justifie dans sa note pour l'édition américaine, « une préface explicative », suite à « l'estime polie » qu'eut son roman « Europa » publié en France.
Il est vrai que ce roman est étrange. Avec son côté fantastique avec des personnages, à la croisée de différents pays, et ce qui est plus étonnant, ayant vécu différentes époques ; des personnages qui s'aiment et se déchirent d'une manière perverse. Un ambassadeur de France à Rome, inconsolable de l'anéantissement de l'Europe du 18ième siècle ; une aventurière qui prétend se promener à travers les siècles, et connaître les Médicis, Nostradamus, Leibniz, et Choderlos de Laclos !
C'est un roman destiné à servir les convictions personnelles de l'auteur sur l'Europe, qu'il qualifie d'utopie. Romain Gary exprime un véritable lyrisme sur les enchantements de la culture européenne de Rilke à Casanova et la fracture, le désenchantement qui suivent la seconde guerre mondiale.
Mais il ne propose rien.
Si la question sur l'Europe reste toujours d'actualité, voire prophétique, le texte, riche en références culturelles s'avère complexe, avec différentes narrations du même évènement ; avec de longues phrases, et des intrigues compliquées.
Ceci peut sans doute expliquer l'insuccès de cette oeuvre, qui est une tentative d'aborder une façon de créer de la littérature différente Ce qui est louable en soi. Aussi il m'est impossible de le noter.
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Je ne serais pas longue sur ce livre et, je dois l'avouer, je me suis forcée à le terminer. le quatrième de couverture m'annonçait un voyage à travers l'histoire de notre vieux continent et la culture européenne. Visiblement, je suis restée sur le quai. Les personnages sont effectivement hors du temps puisqu'immortels et ne savent plus forcément dans quelle époque ils se situent, ni finalement, où se situe la réalité de la fiction. Bref, je ne me suis pas prise au jeu et je cherchais constamment les références annoncées dans cette mensongère quatrième de couverture. Je sais en revanche que d'autres l'ont particulièrement apprécié, voire, en ont rêvé la nuit - AF ;) -, ce qui n'a fait que renforcer ma déception. Enfin bon, ce livre n'était pas pour moi.
Lien : http://mediatexte.blogspot.c..
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Dans cette oeuvre, chaque personnage est ou peut être imaginé par un autre, maîtrisant ainsi ses actions et parfois, ses réflexions. Dans ces identifications changeantes, il est nécessaire de se laisser porter par l'histoire sans forcément se repérer a chaque fois dans la réalité du personnage, ce qui est très perturbant.
La préface écrite par l'auteur aide bien évidemment à s'inscrire dans le roman plus aisément.
J'ai trouvé cependant la lecture assez fastidieuse et j'ai souvent eu l'impression de nombreuses longueurs.
Ce que je retiens majoritairement de cette histoire est une énorme mélancolie de la part du héros Danthès, et même sûrement de Romain Gary, de l'Europe. En effet, l'idée globale de ce livre est une énorme déception de ce que l'Europe a pu générer en termes culturels, et qui pour autant n'a pas épargné de nombreuses horreurs commises pendant la guerre. L'auteur écrit ainsi "L'Europe n'a jamais su devenir ce qui aurait pû la faire naître : une concrétisation vécue de son imaginaire. Elle n'a jamais su donner à vivre ses chefs d'oeuvre, laissant la musique à la musique, le poème au poème, l'esprit à l'esprit. Elle les a ainsi condamné à un exil que plus tard au XXème siècle, on appellera aliénation". Durant tout l'ouvrage, les personnages côtoient d'illustres célébrités (auteurs, politiques, artistes peintres,....), mais dans la mesure où tous les personnages sont potentiellement fictifs, cela rend les apports de ces personnalités quasiment inutiles à la société, exactement ce que le héros ressent après avoir été victime de la guerre.
Je conseille néanmoins la lecture de cet ouvrage, que ce soit sur la vision du clivage culture/réalité ou sur cette histoire d'amour que vit le héros, certains passages sont magnifiques !
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C'est mon tout premier roman de Romain Gary. Danthès, diplomate français, est confronté à deux femmes : Malwin von Leyden, qui représente la vieille Europe, celle des Lumières et de la culture et Erika, qui représente l'Europe du XXe siècle, celle des atrocités totalitaristes. Danthès entend rappeler à ses contemporains les véritables valeurs européennes que le XXe siècle a voulu supprimer. Mais il est conduit à se réfugier dans son imagination pour y vivre le rêve européen, car dans le « monde réel », l'Europe a souillé ses valeurs. Les personnages féminins sont particulièrement bien explorés, il est difficile de discerner l'imaginaire du réel …
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Le titre était alléchant, invite enjôleuse du 4ème de couverture. Revenant de Vilnius, proche du centre de l'Europe, j'ai ouvert ce volume avec appétit et confiance. poursuivi 159pages laborieuses. Livre bavard. Danthès est d'une grande culture, certes, mais il en fait trop étalage. C'est ronflant parfois même grandiloquent, Danthès (Gary?) s'écoute penser, s'écoute parler. Il a du style, mais parle pour ne rien dire. s'écoute souffrir, nous inflige ses infsomnies....
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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