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EAN : 9782756423845
176 pages
Pygmalion-Gérard Watelet (14/02/2018)
4.21/5   7 notes
Résumé :
« Je ne suis ni diplomate, ni géopoliticienne. Je suis sage-femme.
Par-dessus tout, je suis indignée.
Indignée par la misère dans le monde, indignée qu’au XXIe siècle, tant de femmes meurent encore en couches, indignée que tant périssent en essayant d’atteindre une vie meilleure. »
Originaire d’un petit village des Pyrénées Orientales, Alice Gautreau travaille pour Médecins sans frontières. Après une première mission à l’est du Congo, elle a em... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce récit-témoignage d'Alice Gautreau est divisé en deux parties.

Dans la première, elle raconte son expérience de sage-femme sur l'Aquarius, bateau-hôpital affrété par MSF en Méditerranée afin de récupérer les migrants en perdition. Elle ne cache pas y avoir embarqué sans vraiment avoir creusé la question de l'immigration clandestine, comme beaucoup, elle pensait que ces migrants "rêvaient d'Europe". L'expérience lui a montré que ce n'était pas le cas. Pris dans le piège libyen, pays sans état où la violence règne partout, ces clandestins se résolvent souvent à monter dans des cercueils flottants sans trop savoir où ils vont, en espérant simplement un meilleur. Un éclairage utile...

Dans la seconde partie, elle revient sur la naissance de sa vocation, sur sa découverte de l'humanitaire et surtout sur sa première expérience dans un dispensaire au Congo. Malgré les difficultés nombreuses, malgré les mentalités si différentes, elle ne juge jamais et cherche par tous les moyens à améliorer le sort de ses patientes dans ce pays où "il ne fait pas bon vivre et encore moins être une femme".

Un témoignage militant et passionné.

Challenge Muli-défis 2018
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Quoi de mieux qu'un 8 mars, journée de la femme pour rendre ma chronique sur ce merveilleux témoignage.

Tout d'abord, et comme à chaque fois, je souhaite remercier chaleureusement Babelio et les éditions Pygmalion pour cette Masse Critique.

Je ne m'attendais absolument pas à cette lecture quand j'ai choisi de chroniquer ce livre.

Il est rempli d'empathie, d'amour et d'humanité. Dieu merci, il reste encore des personnes ainsi sur notre planète.

Il s'agit donc du témoignage d'Alice Gautreau, Jeune femme sage-femme qui est partie sur l'Aquarius l'année dernière pour venir secourir les migrants en mer qui essaient de rejoindre l'Europe.

Sage-femme ou Sage-fille comme certains l'appelle puisque dans les pays africains, la sage-femme est mère de famille et bien en chair, ce qui est loin d'être le cas pour Alice. " "Sage-femme ? Mais tu n'es pas une grosse maman toi ! ""
Depuis son enfance Alice rêve d'accoucher les femmes et elle parvient à réaliser son rêve puis à partir au Congo avec Médecins sans frontières. Elle nous raconte alors l'horreur que vivent les femmes là-bas, les viols, le sexe sans consentement, les milices qui profitent de leurs pouvoirs pour abuser des femmes, le fait que l'avortement soit interdit ou encore qu'il faille l'autorisation du mari pour demander une ligature des trompes ou un implant contraceptif. Il est ignoble de savoir qu'en 2018 chaque femme dans le monde ne peut disposer de son propre corps comme elle l'entend. Ignoble de savoir que les hommes sont encore et toujours derrière tout ça alors qu'ils sont incapables pour la plupart de gérer leurs gosses et leur foyer. Ignoble de voir des femmes mourir, car elles ont recours à des avortements de bouchers pour ne pas avoir à subir l'enfant qu'elles n'ont pas désiré.

" La violence sexuelle commise par un mari est reconnue par la loi, mais n'est pas encore entrée dans les moeurs. Si un mari veut faire l'amour avec sa femme et qu'elle n'en a pas envie, beaucoup pensent : "Mais pourquoi elle ne veut pas ? C'est sa femme, non ? À quoi ça sert d'être mariés, sinon ?"

Lire ça m'a vraiment bouleversée, la condition de la femme est encore loin d'être au point !!


Alice nous parle également de la condition des migrants. Certains n'ont réellement pas le choix, les passeurs sont menaçants et violents, promettent des bateaux de conséquence et au final proposent des embarcations sur des pneumatiques qui ne tiennent absolument pas la route pour la durée du voyage ou encore le nombre de personnes qui montent à bord. Et si quelqu'un refuse de monter à bord, car ce n'était pas le deal, il sert alors d'exemple devant les autres et se retrouve avec les deux jambes cassées et laissé tel un sac-poubelle sur le bord de la plage, abandonné à sa propre mort.. "Obéir était plus sûr que de rester à terre. Il faut bien le comprendre : il n'y a pas de choix. Ces personnes en situation de faiblesse à ce moment de leur vie, deviennent tellement vulnérables qu'on leur fait croire n'importe quoi, et c'est ainsi qu'elles se retrouvent dans ce genre d'impasse."

Toutes ces femmes, qui se sont confiées et qui au final ont vécu les mêmes atrocités, viols collectifs, maltraitances, coups et blessures, qui arrivent tant bien que mal à s'échapper et pour qui la seule solution est de fuir .. Fuir pour au final n'être pas forcément mieux accueillis ailleurs. Toutes ces personnes qui ont fait confiance à Alice ainsi qu'à l'équipage de l'Aquarius .. " Comment faire confiance à une inconnue lorsqu'on n'a pas rencontré un humain digne de confiance depuis une éternité ?"

Alice nous dépeint aussi les moments de crise sur le "bateau" où certains/es s'en prennent à elle, en lui reprochant de les affamés, car ils n'ont le droit qu'à une barre de céréale hyper-protéiné par 24H (les "traitements de faveur" étant réservés aux plus faibles, sur le point d'abandonner la vie comme la vie les a lâchement abandonnés), alors qu'ils font leur maximum nuit et jour. Comme partout, il y a des gens bons et reconnaissants, et les autres ... "Les femmes du shelter se sont rendu compte que nous n'étions pas des machines, juste des humains. Nous ne sommes pas non plus des bons Samaritains qui allons tout faire. Nous sommes là pour les aider, mais nous ne sommes pas Dieu".

Alice nous raconte également le déroulement d'un débarquement et ceux qui ont lieu principalement en Italie à Pozzalo, et, où un médecin monte à bord du bateau en hurlant aux femmes lesquelles ont une infection gynécologique. Pour la discrétion et le respect du médecin, tu repasseras mec ! Et si les membres de l'équipage tentent de lui dire quoi que ce soit, il menace alors de mettre toutes les personnes du bateau en quarantaine, alors tout le monde acquiesce et attend que ça passe ... Honteux !

Bref, je terminerai cette chronique, avec le plus grand espoir, de voir dans les années qui me restent à vivre, un changement considérable de la considération de la femme, notamment dans ces pays-là ...



" Un proverbe dit : "Seuls les poissons morts suivent le courant." Moi, je ne suis pas un poisson mort." Comprendra qui pourra ...



20/20
Lien : http://libebook81.blogspot.f..
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Si j'ai peu apprécié la première partie traitant du sauvetage de migrants en Méditerranée (manque de passion apparente, descriptions et narration dépourvues de ferveur),
je trouve que l'intérêt, la vocation, la flamme, apparaissent davantage dans l'expérience des missions en Afrique. On y sent bien les difficultés, les conditions de travail et toute l'humanité et la solidarité à la fois avec les personnes accueillies, avec le personnel sur place et au sein de l'organisme humanitaire. La dévotion, la détermination et la vocation d'Alice Gautreau sont une réalité incontestable, en même temps qu'un témoignage fort de son engagement et de l'espoir de voir chacun faire sa part et prendre ses responsabilités. Les expériences décrites ont sans nul doute modifié les valeurs de son quotidien, permis de tisser des liens forts grâce à des rencontres et des aventures improbables : un grand décalage avec nos vies "civilisées". Cette piqûre de rappel nous ramène à la vraie vie.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
" Un proverbe dit : "Seuls les poissons morts suivent le courant." Moi je ne suis pas un poisson mort." Comprendra qui pourra !
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