Il va sans dire que la Révolution n'affecta ni les chansons populaires, ni les récits merveilleux et fantastiques, ni l'art décoratif rural, ni les centaines d'observances auxquelles le clergé officiel ne participait pas antérieurement, ni le recours aux rebouteux et aux guérisseurs de toute sorte. Même dans les villes, les hommes eurent beau hurler contre les superstitions et leurs suppôts, les femmes conservèrent leurs croyances ; et comme à la fin de l'Empire il ne restait plus que peu d'hommes dans les familles, les femmes rétablirent tout tranquillement la situation selon leurs propres tendances mentales et rituelles.
La grande chance de l'Allemagne en matière de folklore au XIXe siècle se trouve dans les frères Grimm ; mais leurs travaux trouvèrent un terrain favorable dans l'intérêt que suscitaient depuis longtemps dans ce pays les traditions populaires germaniques. Van Gennep, s'interrogeant comme dans le texte précédent sur les raisons du désintérêt manifesté en France pour le folklore durant le XIXe siècle, incrimine ici les institutions académiques et universitaires qui estimaient comme dignes d'attention les seuls Grecs et Romains.