La fabrique des jeunes gens tristes

On se blesse. On traverse la vie en habits neufs pour dissimuler ses véritables intentions. On se rencontre avec entrain, on boit du rosé, et puis on se fait du mal. C'est pas qu'on le veuille ! Ce qu'on veut, qu'on veut vraiment, c'est tendre les mains [..] et toucher tous les gens, et leur dire : Je suis désolé. Je t'aime. Merci pour ton e-mail. Merci d'être passé me voir. Merci. Sauf qu'on peut pas. On peut pas. Sur le petit radeau de sauvetage [..], il n'y a de place que pour une seule autre personne. Une seule ! Du coup, empêché, on inflige des tourments. Voilà ce qu'on fait. On ne se tient pas compagnie. On ne s'envoie pas de gentils textos. Ou plutôt, quand on fait ces choses, on les fait seulement pour retarder le moment où on rejettera ces personnes pour continuer d'aller de l'avant, d'aller de l'avant sur son petit radeau, seul.