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« Son regard absent, retranché dans son erre invisible, est le symptôme poignant d'une détresse que rien ne saurait masquer ni éteindre. Cette fois, tous les efforts des sels d'argent, de la gélatine, des révélateurs et du papier sont inutiles. Malgré l'empreinte photonique qui lui fut dérobée un jour d'automne, cette femme, déjà, n'est plus là. » ****
Hélène Hivert n'a aucun souvenir de sa mère biologique, décédée dans un accident de voiture alors qu'elle n'avait que trois ans. La découverte d'une photographie de Nathalie, entourée de deux hommes qu'Hélène ne connaît pas, l'incite à rédiger une petite annonce, seul espoir d'en savoir un peu plus sur celle qui lui a donné la vie et dont feu son père a toujours refusé de parler. Elle reçoit réponse d'un scientifique suisse, Stéphane, qui a reconnu son propre père sur la photo, et entame avec lui une correspondance étrangement intime et une quête de vérité, avec en guise de fil d'Ariane des photos et des écrits.
Je ne savais pas à quoi m'attendre en lisant ce livre, découvert un peu par hasard, et j'ai été très agréablement surprise. L'intrigue n'a rien d'exceptionnel et pourtant, le lecteur se laisse happer par les découvertes successives des deux protagonistes, voyant (re)naître sous ses yeux les êtres du passé et s'absorbant dans leur histoire, leurs bonheurs et leurs drames. La description des photos retrouvées vient interrompre l'échange épistolaire et donne au récit un certain cachet, saisissant tantôt un paysage, tantôt un sentiment, et nourrissant ainsi l'imagination. J'ai par ailleurs beaucoup aimé le style littéraire de l'auteur, en particulier lorsqu'elle décrit les plages de Bretagne et qu'on admire, comme si on y était, « la lumière rase de février qui faisait onduler la mer comme cristal et feuille d'or »…
Un très beau roman sur les secrets de famille, le poids du passé, les non-dits, les amours douloureuses, avec pour (anti-)héros «
eux sur la photo, qui nous parlaient, qui nous appelaient », ceux que l'on « contemple jusqu'au vertige ».