On fait la connaissance de Halima, qui vient juste de revenir à Paris, après des longues années passées aux USA, elle est entrepreneuse, et pense retrouver cette ville qui symbolise ses années d'insouciances et de romances. Mais, désillusion cruelle, elle ne reconnait plus cette ville, l'ambiance est morose, il faut dire que nous sommes en 2014.
Elle tente de s'étourdir, avec son amie Sophie, qui l'entraîne dans des virées nocturnes, mais à peine quelques mois plus tard se produisent les attentats de
Charlie Hebdo et en novembre les attentats du Bataclan. Comme elle le dit si bien, cela aurait pu être elle, à la terrasse du café mitraillé et après la stupeur, la peur, elle décide de ne pas leur donner raison et de continuer à vivre, mais une réflexion en profondeur sur son identité, ses origines finit par occuper toute la place.
Nous sommes tous égaux devant la mort. Alors, en attendant, on va vivre, mais vivre debout, digne et fier. Je n'aurai plus peur, mais je ne serai plus insouciante. Paris sentait la poudre, les cendres et la mort.
Halima est née en France, ses grands-parents sont Algériens, sa mère se sent entièrement Française et ne se pose pas de questions, alors comment remonter aux origines, quand on n'en parle pas en famille. Halima sent bien qu'il y a des secrets enfouis qu'on ne veut pas faire ressurgir et la jeune femme va se lancer dans sa quête, seule, et son hypersensibilité, comme dit sa psy, va la rendre poreuse à tous les évènements passés et à venir.
La nuit, elle va aider avec le Samu social, les SDF, leur donner à manger ou une boisson chaude, car elle se sent redevable d'avoir une vie normale, sans bien s'expliquer pourquoi. Un jour on lui suggère que ses troubles intestinaux pourraient être d'origine héréditaire mais comment chercher quand on ne peut pas évoquer les souvenirs ?
Ce roman qui sent le vécu, nous entraîne, au delà des attentats en France, vers le passé de l'Algérie, la colonisation, la montée des extrémismes, le GIA qui a entraîné la peur, les attentats qu'on a préféré oublier et nous fait réfléchir sur cette notion d'identité très à la mode, de nos jours avec son lot d'intolérances. La résilience d'Halima nous fournit une très belle réflexion sur la tolérance, la vie, car nous sommes tous des « mosaïques » pour employer son expression et il suffit d'être soumis à une mauvaise influence pour que tout dérape.
J'ai beaucoup apprécié la réflexion, le style de
Fatima Gholem dont l'héroïne ne tombe jamais dans la victimisation ou du moins jamais très longtemps et cherche à donner un sens à sa vie, avec en toile de fond des secrets de familles et la petite histoire qui se mêle et se confond avec la grande. Pour un premier roman, c'est une réussite.
Un grand merci à NetGalley et à « Books on demand » qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur
#autofictionhistoirefamilialealgerie #NetGalleyFrance !
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