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4,42

sur 3621 notes
Les bons numéros du loto sont pour les chanceux. Et les mauvais sont pour elle, la très jeune Tama, l'héroïne de ce roman.
Elle a 8 ans, est issue d'une famille marocaine sans le sou, et a été vendue à une famille de France. L'esclavage domestique est le thème de ce roman.

Les heures s'égrènent, blessantes, pour cet enfant de service.
La petite fille subit brimades, mauvais traitements et plus si elle contredit ses maîtres et maîtresses, se relève à chaque fois mais plus marquée et résignée.

La complaisance de certains passages m'a laissé perplexe. C'est trop à la fois, trop à la suite, trop violent. Trop de pages aussi.
Près de 800 pages d'épreuves.
J'ai appris que Karine Giebel ne faisait pas de plan et se laissait porter par le récit en s'appuyant sur des recherches abondantes. le problème est qu'elle se répète à plusieurs reprises mais elle tient bien ses personnages et fait oublier ces petites redondances.

Lecteur malmené, comment surseoir à autant de violences?
Réponse: Karine Giebel détaille des scènes éprouvantes mais ne lâche son étreinte que grâce à une anticipation narrative, une bulle parallèle qui voit la victime quelques années plus tard non pas en meilleure posture mais vivante.

Cette respiration permet de tenir sur la longueur.
Car le récit dérange, malmène, dépasse ce qui est admissible dans notre société.

Cette violence est quotidienne, à domicile, avec des voisins silencieux et indifférents ou des proches qui ne posent pas assez de questions sur les hématomes.

Karine Giebel, dresse un portrait de femme battue quotidiennement. Proche du mysticisme, Tama tendrait à devenir une divinité de la douleur.

Le récit est à peine adouci par une histoire d'amour qui a tout à fait sa place.
Au-delà du thriller, Karine Giebel désigne le scandale de l'esclavage moderne tout proche de nous.
J'ai découvert une auteure majeure avec ce roman.
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Voilà un roman "coup de poing" qui me réconcilie avec Karine Giebel. En effet depuis le titre "Les morsures de l'ombre" que j'avais adoré, ses écrits m'avaient un peu déçue. Que dire du titre aussi magnifique que mystérieux ! (j'ai dû patienter jusqu'à plus de la moitié de ma lecture pour savoir à quoi il s'appliquait)

Karine Giebel a choisi le procédé assez classique de raconter deux histoires sans lien apparent. Le lecteur se doute bien qu'elles vont finir par ne plus faire qu'une, mais attention car l'auteure a le talent de surprendre par de multiples fausses pistes.
D'un côté, on fait la connaissance de Tama, petite marocaine de 8 ans, confiée (vendue ?) par son père à Majda, une femme qui l'emmène en France soi-disant pour faire son éducation. Placée dans une famille dès son arrivée, la fillette va servir de bonne à tout faire, mangeant les restes et dormant sur le sol de la buanderie. Sans papier donc sans existence légale, Tama est condamnée à obéir malgré l'instinct de rébellion qui sommeille en elle, surtout lorsque le maître de maison commence à s'intéresser à elle, déclenchant ainsi la jalousie de son épouse. Et si ce n'était que le début...
Parallèlement, on découvre Gabriel qui vit isolé de tout dans les paysages sauvages des Cévennes. Un matin, dans l'écurie de ses chevaux, il tombe nez à nez avec une jeune fille blessée et terrorisée. Mais Gabriel n'est pas un ange, il vit déjà avec ses fantômes. Quant à cette apparition, difficile de savoir d'où elle vient et qui elle est car un traumatisme violent l'a rendue amnésique...

J'avais reproché à Karine Giebel sa propension à se complaire dans un univers de violence comme dans "Meurtres pour rédemption" par exemple. C'est évidemment le cas ici, mais je l'ai accepté plus facilement car la cause est justifiée, elle met ainsi sous nos yeux la réalité cruelle de ce que peut être l'esclavage moderne. J'ai été littéralement bouleversée par l'innocence bafouée de Tama et impressionnée aussi par son instinct de survie. J'ai vécu difficilement sa longue descente aux enfers, espérant que cela cesse enfin, le cœur battant d'espoir à chaque brève rencontre qui amenait un peu de répit et d'affection dans sa vie (Vadim, Marguerite).
Alors que je n'adhérais pas toujours au style "minimaliste" de Karine Giebel, j'ai trouvé qu'il collait parfaitement à cette histoire. Les courts chapitres, les phrases brèves contribuent à donner l'impression d'être pris dans une spirale infernale. Parfois la plume se fait poésie avant de replonger l'instant d'après dans l'horreur absolue. L'attention du lecteur est soumise à rude épreuve car l'auteure change de narrateur fréquemment, tantôt le récit est à la troisième personne, tantôt un des protagonistes prend la parole pour confier ce qu'il ressent. J'ai fini les quelques 700 pages à bout de souffle.

Un thriller psychologique dur et poignant, mais aussi un roman d'amour, pour mettre en exergue le drame caché de l'esclavage d'aujourd'hui, qui n'apparait au grand jour que lorsqu'il fait la une des faits divers, c'est à dire trop tard. Il est difficile de se remettre d'une telle lecture mais il est évident pour moi qu'elle mérite un 20/20.
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Karine Giebel a l'art de faire souffrir ses personnages et ses lecteurs, on peut même dire qu'elle est orfèvre en la matière.

Ce nouvel opus n'échappe pas à la règle. Il m'a tenu en haleine pendant deux jours.
J'ai eu de la peine à le lâcher, mais il me fallait bien manger et dormir ! Et souffrir, au côté de Tama, enfant esclave des temps modernes.

Nous suivons parallèlement l'histoire de Gabriel, que l'on devine blessé par la vie. Quel est le lien entre les deux histoires ? En tous cas, pas celui que j'avais imaginé.

Karine Giebel est au sommet de son art, elle nous livre un roman noir, très noir,
parfaitement maîtrisé, totalement addictif.
Certes cette lecture est souvent douloureuse par la violence physique et psychologique qui s'en dégage.
Je peux donc difficilement le conseiller aux lecteurs trop sensibles et leur suggère de découvrir l'auteure avec des titres plus soft tels « Juste une ombre » ou « Satan était un ange ».

Pour ma part, j'ai lu le meilleur Giebel, depuis « Meurtres pour rédemption ».
Un régal !
Un immense merci à NetGalley et aux Editions Belfond
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Voilà le genre de roman dont le premier chapitre blesse, et les autres pages tuent à petit feu. 730 pages de souffrances et d'émotions. Un pavé qu'on prend en pleine figure.

Le sujet est bien différent, mais comment ne pas faire un parallèle avec Meurtres pour rédemption, sans aucun doute le livre le plus connu de Karine Giébel ? Deux briques littéraires, deux récits ultra-violents et à fleur de peau. Ceux qui ont tant aimé ce précédent roman devraient être tout aussi marqués par celui-ci.

Beaucoup d'éléments font que cette lecture restera nécessairement imprimée au fer rouge dans la mémoire des lecteurs. Par son sujet, déjà, l'esclavage moderne. Une thématique forte qui lui tient à coeur, on le sent chez Giébel. le lecteur, qui a gardé sa part d'humanité, ne pourra qu'être révolté par l'histoire qu'il va lire. Définitivement oui, le thriller peut être un bon moyen pour décrire le monde et les horreurs qui se passent par chez nous.

Je vous mets au défi de ne pas vous attacher à certains personnages. Lorsque Karine Giébel construit ses êtres de papier, elle les modèle avec la meilleure matière qui soit : l'émotion. Forte, de préférence. Exacerbée et excessive, c'est sa marque de fabrique.

Son autre signature très personnelle, c'est son écriture, unique. Reconnaissable entre mille, dès les premiers mots, dès les premiers chocs. Karine Giébel a une plume qui gifle, qui vous étouffe, qui vous rudoie, mais qui vous fait aussi prendre de subites et inattendues bouffées d'oxygène. Sensoriel.

L'enfer est pavé de mauvaises intentions, et il ne déçoit que rarement… L'écrivaine ne fait pas dans la demi-mesure, elle crie ses mots, ses douleurs et sa passion pour ses protagonistes. Elle pose ses tripes sur la table pour nous faire vivre au plus près la rudesse de leurs conditions.

L'être humain est capable du pire, et c'est donc bien quand il fait le mal qu'il ne déçoit jamais. La réalité sordide que raconte l'auteure ne peut laisser de marbre, tant sa violence est inouïe. Physiquement et psychologiquement. Les scènes de torture défilent, laissant le lecteur exsangue. A titre personnel, c'est le petit bémol que j'ai ressenti (le même sentiment, d'ailleurs, que j'avais éprouvé durant la lecture de l'excellent Meurtres pour rédemption) : j'aurais préféré quelques scènes de violence en moins (je suis trop émotif, sans doute, d'autre lecteurs ont trouvé que l'équilibre était parfait).

C'est la patte Giébel, cette manière excessive de faire parler la brutalité des sentiments. Toute la palette… Parce qu'il y a aussi de l'amour dans ce roman, quelques scènes aveuglantes, éclaboussant de lumière cette noirceur, par intermittence. La passion est aussi inhérente aux histoires de l'écrivaine, toujours.

Toutes blessent, la dernière tue est un roman qui marquera sans aucun doute la bibliographie de Karine Giébel. Par ses personnages marquants et ambivalents, elle frappe là où ça fait mal avec ce récit surprenant. Quand Giébel prend à son compte un fait de société, elle le fait à sa manière propre.

L'enfer est juste à côté de chez vous, bonne visite…
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Karine Giebel est une autrice dont je connais bien l'univers puisque j'ai lu quasiment tous ses romans. Je reconnaîtrais son style vif et percutant entre mille. Pourtant, pour la première fois, et même si ses autres romans n'ont pas tous été des coups de coeur, j'ai pensé que Karine Giebel faisait du Karine Giebel. L'avantage de ce style identifiable, c'est que le lecteur est censé n'être ni surpris, ni déstabilisé. Sauf que là, clairement, j'ai éprouvé un réel sentiment de lassitude. Si encore ce n'était qu'une question de syntaxe… L'histoire en elle-même, découverte avec intérêt au cours des premiers chapitres, m'a vite mise mal à l'aise. Quelle surenchère ! Est-ce qu'il était nécessaire d'en faire autant ? La violence est omniprésente et les schémas semblent se répéter à l'infini. J'ai fini par ne même plus croire à cette histoire et il m'a fallu 21 jours pour en venir à bout, et encore, motivée par une certaine curiosité plus que par une réelle appétence. Bref, je suis déçue. J'ai aimé Karine Giebel, mais peut-être est-il temps que je passe à autre chose…

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Une sortie en poche chez Pocket, une proposition Masse Critique (que je remercie au passage) et me voilà à lire mon premier thriller de Karine Giebel. Un thriller terrifiant qui a pulvérisé mon compteur de tolérance à l'abject.

Tama, orpheline de mère et bouche inutile à nourrir de père, tu n'es que l'esclave des Charandon. Petite Marocaine, achetée à huit ans, même ton prénom t'a été ravi.
Une buanderie pour dormir, les restes des repas de cette admirable famille pour survivre et la cruauté, les insultes, les sévices psychologiques et physiques pour toutes marques d'affection.
Karine Giebel qui te met en lumière pour dénoncer ton esclavage sait parfaitement broyer le coeur du lecteur avec une écriture hachée, martelée, des faits implacables, intolérables, puisés dans la noirceur la plus totale de l'être humain. Elle te donne souvent la parole pour exposer ton calvaire, tes rebellions au risque de ta vie, tes souffrances, tes espoirs, stupides espoirs.
Ton unique évasion se fera par l'esprit, lorsque les douleurs du corps sont trop intenses ; quelques souvenirs, des sensations lointaines de tendresse maternelle, la chaleur de ton pays. Tu puises aussi ta force dans la lecture, toi qui as eu le courage d'apprendre seule la magie des mots.

L'auteure nous mène aussi aux côtés de Gabriel, retiré dans un coin complètement désert des Cévennes. Que fuit-il ? Quel regret semble le ronger et faire planer la mort dans son regard glacial ? Et pas uniquement dans son regard mais aussi dans son sillage…
Quelle chance aura la jeune femme blessée et amnésique qui a trouvé refuge dans son hangar ?

Les ficelles du thriller, Karine Giebel les manie avec dextérité et intelligence, c'est indéniable. Elle malmène son lecteur, le tient en haleine, jongle avec ingéniosité entre les personnages pour nous mener fébrilement vers la sortie. Elle nous fait passer la peur, cette peur collante, poisseuse, cruellement présente, tapie pendant de brèves périodes mais toujours prête à ressurgir. Plus on avance, et plus le rythme de lecture s'accélère, c'est là l'un des intérêts que l'on recherche dans ce genre de livre non ? Je pense que c'est également la marque de qualité d'un thriller.
Cependant c'est une plongée tellement douloureuse, dans les insoutenables tortures morales et physiques, que c'est souvent les mâchoires crispées que j'ai continué cette lecture. C'est glacial, comme le froid d'hiver des Cévennes où se terre Gabriel. C'est une chute vertigineuse dans le sadisme, la perfidie, le mensonge, la violence, la folie et la cruauté. L'enfer, ici, maintenant, à nos portes.
Même les lueurs font mal, un mot gentil qui emplit Tama de gratitude, l'attachement du petit Vadim, le tricot de Marguerite et l'amour d'Izri. Mon coeur balance, se brise.
Est-ce possible que tous ces personnages fassent partie de la même espèce humaine ? Ceux qui, à l'image de Tama, résistent envers et contre tous en puisant leurs forces dans l'amour et la bienveillance et ceux qui utilisent des êtres comme jouets de leur violence ?
L'auteure fait surgir l'esclavage moderne, bien présent et bien caché derrière des familles respectables, mais, avec les yeux de cette jeune marocaine, elle montre d'autres facettes de servitudes, sous-jacentes.

C'est dur, extrêmement dur, un véritable paroxysme de la violence. Garder foi en l'humain après ce thriller demande une bonne dose d'optimisme, ce qui me fait plutôt défaut.
Je reconnais le talentueux travail de l'auteure et les purs amateurs de thrillers trouveront ici l'éveil de frissons, de peur, de colère, de fébrilité, tout l'assortiment de sensations extrêmes que Karine Giebel véhicule avec brio dans cette dénonciation dramatique. Mais ma sensibilité se heurte de plus en plus à toute cette injustice noyée dans la violence alors je ne pense pas m'aventurer plus avant dans l'univers des thrillers d'une trop grande noirceur.
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Plonger dans un pavé est un vrai plaisir pour moi ! Oui je suis fana de ces pavés qui font peur… Plus le truc est gros (je vous vois venir ! Rien de sexuel…) plus je m'éclate ! Bref, ce n'est donc pas le nombre de page qui me freine… Mais qui dit gros pavé, dit que je suis plus exigeante dans la lecture. Il faut que l'auteur arrive à m'accrocher et surtout ne pas me perdre en route. J'ai déjà eu le plaisir de découvrir la plume de l'auteur, avec « Juste une ombre » et sur quelques nouvelles, j'attendais donc beaucoup de cette lecture…

Pour autant, c'est en demi-teinte que je termine ce livre.Une lecture qui a mis du temps à se digérer… Une lecture dont le sujet touche, mais une lecture aux parties inégales.

Karine Giebel, nous embarque dans une intrigue touchante, avec sujet principal l'esclavage moderne. Et même si cela semble tout droit sorti de l'imagination de l'auteur, on sait malheureusement que l'horreur existe.

La première partie campe l'intrigue et Tama, personnage principal est décrite avec empathie. Sa vie est un calvaire et ce qu'elle vit est le summum de la noirceur dont l'être humain est capable. le sujet est grave et touche à la corde sensible du lecteur.

Je me suis même demandée, si ce n'était pas le parti pris de l'auteur… A la sortie du livre, j'ai eu la sensation que plusieurs livres traitaient du sujet… Je venais de lire « dans la cave » de Minette Walters… Peut-être un trop plein d'émotions… Je ne sais pas, mais toujours est-il que dans l'ensemble, je suis passée à côté !

J'ai survolé des passages entiers, car même si les descriptions sont importantes et parfois riches de surprises, j'ai trouvé ici que certaines étaient superflues et l'ennui m'a guetté à plusieurs reprises !

Dans la première partie, l'auteur arrive à jouer avec nos nerfs et quelques passages font repartir l'intrigue, mais entre temps, j'ai réussi à perdre le fil, sans surprise, l'auteur dévoilant trop ses cartes…

Je ne me suis pas sentie embarquée… Plus je tournais les pages et plus je me sentais perdue… Je sais que le sujet est grave, mais pourquoi l'auteur a-t-elle pris le parti de trop en faire ? Pourquoi autant de violence… Une violence gratuite, dans la seconde partie… Avec Gabriel… Même si on sait qu'une victime a du mal à sortir de ce cercle infernal… Mais pourquoi ne pas dénoncer l'esclavage d'une manière plus subtile.

Pourquoi retourner la situation et faire de Tama un personnage aussi naïf ? Je n'ai pas compris, j'ai longtemps cherché la réponse… Et j'ai arrêté de chercher… La romance qui a pointé son nez va supplanter l'intrigue et me vriller les neurones ! Encore une fois, l'auteur m'a perdu… Même si le parallèle entre les deux parties a une raisonnance entre esclavage et amour toxique, cela ne l'a pas fait et l'auteur s'est fourvoyée…

Je n'ai eu aucune surprise avec ce final prévisible…

Une déception et j'en suis la première navrée…

J'attendais beaucoup de ce livre, qui pourtant est très dur, sans concession et d'une rare cruauté, mais le tout est balayé par cette déception et cette sensation d'avoir tourné en rond sur plus de 700 pages…

En bref, une lecture que je vais vite oublier…

Je remercie les éditions Belfond pour leur confiance réitérée.
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- Mouais, ben finalement ça casse pas des briques...
- Tu rigoles, tu les as quand même avalé super vite, ces 732 pages, ça devait pas être si mauvais !
- Je te l'accorde : même pour moi qui ne suis pas un rapide, ça n'a pas traîné. Rythmé et efficace, oui. Éblouissant et inoubliable, je suis moins sûr...
- T'es vache, regarde un peu la collection pléthorique d'étoiles récoltées par ce roman sur Babelio, y'a certainement une raison !

Voilà. Ça, c'était un extrait du petit dialogue que j'entends dans ma tête depuis que j'ai refermé ce bouquin (un peu dérangé le garçon, limite schizo, hein ?)
Alors, polar addictif ou roman de gare ordinaire ? Thriller magistral et coup de projecteur salvateur sur l'inqualifiable enfer de l'esclavagisme moderne, ou littérature commerciale, simpliste et sans profondeur, artificiellement chargée d'hyper-violence gratuite ?
Entre les deux mon cœur balance, d'où l'attribution de ces 2 étoiles 1/2, tout pile dans la moyenne.

Oui ça se lit très bien, oui Giebbel sait y faire pour nous amener au bout de son pavé sans nous laisser un instant de répit, oui le sort atroce réservé à la jeune Tama nous glace d'effroi, mais bien vite la surenchère de sadisme et la répétition - quasi à l'identique - des scènes de maltraitance, sans que le nouveau chapitre n'apporte rien au précédent, si ce n'est un effet d'accumulation assommant (Giebel serait-elle payée à la page ou au caractère ?), finit par nous abrutir un peu.

Et que dire de cette écriture sèche, sommaire, qui multiplie les lieux communs et les gimmicks éculés sur la vie et la mort ? Des phrases ultra courtes, le strict minimum vital, quelques mots en vrac projetés sur la page, un point, un groupe nominal, un point. Retour à la ligne.
Parfait pour faire monter la tension, exacerber le sentiment d'urgence et la nervosité, mais sur plus de 700 pages, ça use...

Et ces personnages improbables, ces monstres de cruauté, ces véritables caricatures ambulantes qui n'ont plus grand chose d'humain ni de crédible, on en parle ?
Chacun des bourreaux de la pauvre Tama est encore plus barbare que ses prédécesseurs, et même ce "brave" Izri, pourtant capable par moment de se laisser aller à des déclarations d'amour-chamallow et dégoulinantes à souhait, ne peut pas s'empêcher de tabasser un peu la jeune femme quand ses phalanges le démangent de trop. Faut l'excuser, il a connu une enfance difficile...

Tout ceci étant dit, je reconnais que l'héroïne de cette histoire tragique nous touche (comment pourrait-il en être autrement ?) et qu'en dépit des quelques griefs évoqués plus haut, j'ai dévoré ce livre à toute vitesse, comme un McDo appétissant mais bourratif qu'on avale avec plaisir mais qui n'aura jamais la saveur d'un grand plat.

Une chose est sûre : "Toutes blessent la dernière tue" est un page-turner sordide mais efficace, qui a au moins le mérite d'afficher au grand jour, sous le prisme (déformant ?) d'une loupe surpuissante, le drame trop souvent passé sous silence de ces esclaves des temps modernes (le "Global Slavery Index" estima leur nombre à 129.000, en France, en 2018 !).
Glaçant.
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Irions-nous jusqu'à mourir d'amour ? Mourir par amour ? Tama, elle, le sait. Elle ne le sait que trop bien. Après tout ce qu'elle a enduré, et est devenue éperdument amoureuse d'Izri, le fils de sa geôlière, la mort ne serait-elle pas une délivrance ?

Encore une fois, Karine Giebel y va fort. Très fort ! Après le milieu carcéral dans Meurtres pour rédemption, la pédophilie dans Purgatoire des innocents, c'est l'esclavagisme moderne qu'elle dénonce. de manière virulente, explosive, insoutenable.

Tama a cinq ans lorsqu'elle perd sa mère. Son père s'est remarié, a eu d'autres enfants et Tama devient une charge financière. Sous les promesses qu'elle aurait une vie meilleure à Paris, qu'elle irait à l'école, son père l'a vend à une intermédiaire, Mejda, pour la famille Charandon. Qui aurait cru ce qu'elle allait devenir? Je n'ose même pas le décrire ici... Innommable. Et j'ai stoppé ma lecture deux jours. Je me conditionnais et me répétais "ce n'est qu'une histoire !".
Jusqu'à ce que mon compagnon me dise "si, ça existe... j'ai entendu une histoire comme celle-là, il y a quelques années. C'était à Paris, ils ont retrouvé une petite fille qui était devenue une esclave dans une famille bourgeoise."
Alors, j'ai pris mon courage à deux mains pour reprendre la lecture. Car il faut savoir de quoi est capable la nature humaine.

Heureusement, d'autres personnages très attachants sont apparus, comme Gabriel, et Tama a connu l'amour avec Izri. Izri. Lui-même battu par son père, rejeté à l'école pour ses origines marocaines. Comment grandir ?

Ce livre soulève tant de problèmes... Mais l'amour, toujours présent dans ses personnages "humains", est-il assez fort pour les résoudre ? Là, je vous laisse le découvrir.

Comme toujours, chez Giebel, les protagonistes ne sont jamais ceux qu'on croit qu'ils sont et on lit en ayant une incroyable soif de vengeance.

Malgré ce coup de force, je retire une étoile pour la réelle difficulté que j'ai eue à la première partie.

Enfin, sachez que la réduction en esclavage, la servitude et le travail forcé, touchant principalement des enfants, des jeunes filles et des femmes, existant pas seulement dans des familles aisées, est punissable en France selon le code pénal du 5 août 2013..
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Encore un très bon Giebel. Une fois ouvert je ne l'ai pas lâché pendant 2 jours.
Des héros très attachants, en souffrance, en quête d'amour et d'espoir . Des histoires noires, des personnages écorchés au sens propre comme au sens figuré, des parts d'ombre avec lesquelles il faut bien composer.
Et, parce que c'est du Giebel, de la violence car le monde réel est violent et n'épargne pas les innocents. Des personnages toujours aussi bien travaillés tout en sensibilité.
Un happy end ? Relatif aussi, comme d'hab j'ai envie de dire.
Pour ceux, qui comme moi, sont fans de cette auteure, pas une seconde à perdre, et pour ceux qui ne connaissent pas , laissez vous tenter.
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