Voilà le genre de roman dont le premier chapitre blesse, et les autres pages tuent à petit feu. 730 pages de souffrances et d'émotions. Un pavé qu'on prend en pleine figure.
Le sujet est bien différent, mais comment ne pas faire un parallèle avec
Meurtres pour rédemption, sans aucun doute le livre le plus connu de
Karine Giébel ? Deux briques littéraires, deux récits ultra-violents et à fleur de peau. Ceux qui ont tant aimé ce précédent roman devraient être tout aussi marqués par celui-ci.
Beaucoup d'éléments font que cette lecture restera nécessairement imprimée au fer rouge dans la mémoire des lecteurs. Par son sujet, déjà, l'esclavage moderne. Une thématique forte qui lui tient à coeur, on le sent chez
Giébel. le lecteur, qui a gardé sa part d'humanité, ne pourra qu'être révolté par l'histoire qu'il va lire. Définitivement oui, le thriller peut être un bon moyen pour décrire le monde et les horreurs qui se passent par chez nous.
Je vous mets au défi de ne pas vous attacher à certains personnages. Lorsque
Karine Giébel construit ses êtres de papier, elle les modèle avec la meilleure matière qui soit : l'émotion. Forte, de préférence. Exacerbée et excessive, c'est sa marque de fabrique.
Son autre signature très personnelle, c'est son écriture, unique. Reconnaissable entre mille, dès les premiers mots, dès les premiers chocs.
Karine Giébel a une plume qui gifle, qui vous étouffe, qui vous rudoie, mais qui vous fait aussi prendre de subites et inattendues bouffées d'oxygène. Sensoriel.
L'enfer est pavé de mauvaises intentions, et il ne déçoit que rarement… L'écrivaine ne fait pas dans la demi-mesure, elle crie ses mots, ses douleurs et sa passion pour ses protagonistes. Elle pose ses tripes sur la table pour nous faire vivre au plus près la rudesse de leurs conditions.
L'être humain est capable du pire, et c'est donc bien quand il fait le mal qu'il ne déçoit jamais. La réalité sordide que raconte l'auteure ne peut laisser de marbre, tant sa violence est inouïe. Physiquement et psychologiquement. Les scènes de torture défilent, laissant le lecteur exsangue. A titre personnel, c'est le petit bémol que j'ai ressenti (le même sentiment, d'ailleurs, que j'avais éprouvé durant la lecture de l'excellent
Meurtres pour rédemption) : j'aurais préféré quelques scènes de violence en moins (je suis trop émotif, sans doute, d'autre lecteurs ont trouvé que l'équilibre était parfait).
C'est la patte
Giébel, cette manière excessive de faire parler la brutalité des sentiments. Toute la palette… Parce qu'il y a aussi de l'amour dans ce roman, quelques scènes aveuglantes, éclaboussant de lumière cette noirceur, par intermittence. La passion est aussi inhérente aux histoires de l'écrivaine, toujours.
Toutes blessent, la dernière tue est un roman qui marquera sans aucun doute la bibliographie de
Karine Giébel. Par ses personnages marquants et ambivalents, elle frappe là où ça fait mal avec ce récit surprenant. Quand
Giébel prend à son compte un fait de société, elle le fait à sa manière propre.
L'enfer est juste à côté de chez vous, bonne visite…
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