Premier tome d'une tétralogie intitulée « Il a joué même pour les larrons », ce roman d'apprentissage signé
Nandor Gion se veut également une belle reconstitution d'une époque révolue. Celle durant laquelle les habitants de Szentamas se voient confrontés à un monde qui entre dans la modernité, avec le XXe siècle au seuil de chaque existence et l'ombre de la première guerre mondiale. Dans ce cadre, le jeune Istvan passe une adolescence pleine d'insouciance entre rêve et brutalité. Il vit en jouant de la cithare dans les bals et observe les adultes. Rezi, jeune Allemande rebelle, et Gilike, petit porcher, l'accompagnent le plus souvent. Malgré ses appréhensions de changement, le conflit éclate et bouscule les habitudes, ramenant chacun à ce qu'il possède de plus instinctif. L'auteur construit son histoire en accumulant les scènes tantôt oniriques et tantôt d'une sourde violence, poussant le narrateur à ouvrir les paupières et à regarder autour de lui, abandonnant son insouciance pour entrer dans la réalité sordide d'une société où rien n'est jamais acquis sans efforts. En quelques mois, son entourage s'effondre et il est amené à se remettre complètement en question. Quant au titre, il évoque une peinture. Celle d'une représentation de la Passion du Christ sur laquelle figure un soldat muni d'une fleur et dont la mise en scène intrigue le protagoniste. Passage de l'enfance à l'âge adulte, guerre et développement des sentiments donnent à ce récit une force qui se maintient du premier au dernier chapitre. Egalement une formidable leçon d'Histoire !