Dans un petit hameau, peuplé de quelques âmes et perché sur une colline, à la fois magnifique, rude et fragile, Janet, le plus vieux des Bastides, qui a longtemps regardé et écouté la nature et en connaît les secrets, est à l'agonie et « déparle ». Ses propos inquiètent. La peur s'infiltre dans les esprits.
Au même moment la source se tarit, un chat noir traverse la placette, une petite fille tombe malade et un incendie ravage la colline qui jouxte le bourg.
Suprématie de la nature, coïncidence, hasard ?
Ou, pratique de sorcellerie imaginée par le vieux Janet à l'égard des habitants de la Colline qui ne respectent pas la nature ? Car, dit-il : « la terre c'est pas fait pour toi, unique, à ton usance, sans fin, sans prendre l'avis du maître qui tient dans sa main la grande force ».
Dans ce roman-poème onirique,
Jean Giono donne à voir le destin de chacun des membres d'une petite communauté, qui face au déchainement de la nature, face à l'adversité, dévoilera sa vraie personnalité, quitte à frôler la transgression. le lecteur, au départ dans un environnement provençal, poétique, lyrique et familier, est happé par une atmosphère progressivement apocalyptique. S'introduit en lui une étrange contagion de panique.
Un drame « antique » - l'expiation des crimes commis par les hommes contre la Nature - et une exaltation de la Nature, - conçue comme une personne, non seulement vivante, mais sensible. "Toutes les erreurs de l'homme viennent de ce qu'il s'imagine marcher sur une chose inerte alors que ses pas s'impriment dans de la chair pleine". Une réflexion visionnaire sur les forces du "grand tout".