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3,95

sur 819 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman m'a d'abord effrayée, je ne m'attendais pas à un récit aussi puissant, et cette frayeur a ensuite laissé place à la perplexité : quel message Jean Giono a-t-il voulu faire passer ?

Entre poésie et réquisitoire d'un mourant contre la folie humaine, entre douceur des bastides et nature qui, impitoyablement, reprend ses droits, que penser ?

Perdue dans ce texte que j'avais l'impression de ne pas saisir, j'aurais pu abandonner, mais c'est tout de même un texte de ce merveilleux Jean Giono dont les écrits bercent le lecteur et offrent la beauté d'une région chère à l'auteur. Giono ne se contente pas de décrire, il y met toute son âme, n'hésitant pas à personnifier les éléments, tel le feu qui ravage la colline et qui devient un monstre prompt à piétiner êtres humains et arbres sur son passage.

L'aspect effrayant du roman proviendra sans doute de ce vieux moribond tenu pour responsable des catastrophes, fait entretenu par la superstition ambiante, sorte de démon par qui vient les punitions et les malheurs, sorte de sage qui a compris la toute puissance de la nature et son insoumission.

Un roman qui personnellement restera gravé dans ma mémoire. Je le digère lentement avant de continuer cette trilogie de Pan.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Colline a été ma première rencontre avec Giono, j'étais au lycée. J'ai alors découvert un auteur profondément attaché à la terre ainsi qu'à ses traditions ancestrales, un auteur qui témoigne d'une foi inébranlable en la nature, force vivante sacrée qui peut se révéler tantôt généreuse tantôt cruelle envers les hommes.

Dans Colline, on observe la vie des Bastides blanches, hameau adossé aux collines du Lubéron, « là où la chair de la terre se plie en bourrelets gras ». C'est un hameau où le temps s'est arrêté, alangui à l'ombre des platanes et où on hume le parfum du désert lavandier tout proche. Pour les paysans qui y vivent, seul « ce qui vient de la ville est mauvais ».
Pourtant, le jour où l'aîné en fin de vie se met à « déparler », chacun est pris d'un sentiment étrange mêlant inquiétude et incrédulité. Ce coin de Provence recèle bien des mystères dissimulés derrière les fourrés de genêts et Janet a atteint un âge qui lui a certainement permis de percer quelques uns de ces secrets. Ainsi, lorsqu'il annonce la colère de la terre, la peur s'installe progressivement au fur et à mesure que le vieux Janet débite ses « méchantises ». Elle anéantit toute raison : même le silence devient menaçant, comme si un ennemi imperceptible attendait tapi dans les broussailles. le délire de Janet éveille les consciences à propos de la force de la nature, allant jusqu'à suggérer que le simple fait de tuer un lézard avec une bêche inflige une souffrance qu'il faudra expier.
Dés lors, lorsque la fontaine au centre du hameau se tarit, le discours de Janet apparaît redoutable et visionnaire. le malheur accable le village, et l'incendie qui se déclare sur la colline s'annonce comme une véritable guerre contre la nature.

Le regard de Giono sur la nature emprunte le chemin des superstitions paysannes. Des superstitions qui confèrent à la nature une âme, une chair, du sang. Jouant admirablement avec la personnification des paysages, l'auteur nous décrit ainsi le feu comme une « bête souple » qui dévore tout sur son passage, « la fontaine [comme] chantant une longue mélopée qui parle de pierres froides et d'ombres », et la colline se voit dotée d' « un corps immense qui tremble» de colère. L'auteur rappelle ainsi les liens profonds qui unissent les paysans à la nature et l'unité du monde qui en découle : il coule dans les veines des hommes comme dans les racines des arbres la même vie.
La nature est partout, elle foisonne dans l'écriture de l'auteur et insuffle toute l'intensité dramatique au récit. Elle confère une poésie particulière qui nous happe dans l'univers des Bastides blanches, nous plonge dans l'inquiétude de ses habitants.
La langue de Giono, riche en métaphores, est réellement savoureuse.
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Travaillant actuellement sur le deuxième tome du livre "La Provence de Giono en peinture" avec une association dont je suis adhérente, je ne pouvais pas ne pas me plonger enfin un peu dans des lectures gionesques. J'ai découvert Jean Giono à l'âge de six ans avec "L'homme qui plantait des arbres" et j'avoue que c'est précisément cet ouvrage qui m'a donné le goût à la lecture (et cela, je le dois bien sûr à la manière dont cela m'a été enseigné). Giono...j'y suis revenue plus tard, alors adolescente, mais, ayant lu des ouvrages qu''il avait écrit durant la fin de sa vie, j'ai été déçue et enfin, j'y reviens maintenant. Grâce aux conseils avisés d'un amoureux fou des oeuvres ainsi que de la vie de Jean Giono, je me laisse tout doucement reconquérir par cet écrivain, originaire de chez moi d'ailleurs, avec sa fabuleuse "Trilogie de Pan".

Dans ce premier tome, "Colline", le lecteur découvre la vie de fermiers de ceux que l'on appelle Jaume, Gondran, Arbaud ou encore Maurras aux Bastides sur la montagne de Lure, montagne située aux alentours de la ville de Manosque dont est originaire Jean Giono et qui se situe dans les Alpes-de-Haute-Provence (04). Mais en plus d'eux, il y a aussi les femmes, le vieux Janet et la jeune Marie. Tout ce petit monde se côtoie mais sans forcément s'entraider jusqu'au jour où la source qui alimente la fontaine du hameau se retrouve à sec. C'est dans ces moments de crise que l'on voit que ces paysans sont néanmoins soudés car d'autres malheurs suivront et tous y feront face comme un seul homme, eux tous contre celle qu'ils croyaient être leur amie, à savoir La Colline.
Mais là encore, peut-être se trompent-ils ? Peut-être que cette terre qu'ils labourent tous les jours et qu'ils ont appris à connaître, à parler sa langue...peut-être cette colline-là veut-elle simplement leur transmettre un message, tout comme à nous, lecteurs ?

Il m'a été impossible de relever des citations au cours de cette lecture tant les phrases qu'utilise Giono sont chantantes en elles-mêmes, elles nous vont droit au coeur, nous font sourire parfois et il aurait fallu citer des chapitres entiers pour vous montrer comment l'écriture de Giono est une mélodie en elle-même.
Une lecture que je ne peux donc que vous recommander car celle-ci vous donnera un petit goût de ma Provence...mais surtout celle de Jean Giono !
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Parlant de ce livre Jean Giono disait :"En faisant Colline , j 'ai
voulu faire un roman , et je n 'ai pas fait un roman : j 'ai fait un poème ! " "Colline est le drame de l 'eau : parce qu 'une
source tarit ,un hameau est menacé de mort .Mais l 'épreuve
-l 'incendie qui éclate- recrée la solidarité des hommes .Colline est aussi et surtout l 'exaltation de la terre ,conçue
comme une personne , non seulement vivante mais sensible
Toutes les erreurs de l 'homme viennent de ce qu 'il
s 'imagine marcher sur une chose inerte alors que ses pas
s 'impriment dans la chair pleine ! " ( 4 e de couverture ) .
Ce roman est un véritable hymne à la nature .
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Giono, pour moi, c'est un lointain souvenir, si lointain que je me suis même demandée, il y a peu, si j'avais déjà eu l'occasion de lire ses oeuvres.
Cet oubli est impardonnable, j'en ai bien conscience.
Oublier Giono, c'est comme si j'avais oublié d'arroser les fleurs dans mon jardin, en pleine canicule. Mais, ça, malheureusement, ça peut m'arriver aussi !
Bon, je ne suis pas très fière de moi...Et il était temps que je répare cet affront fait à Giono, et bien naturellement, à l'un de ses personnages préférés : Dame Nature.

Et c'est bien de cela dont il s'agit dans Colline. Les hommes d'un petit hameau provençal vont devoir expier les crimes commis contre la Terre, cette mère qui les a toujours nourris, qui les enveloppe de sa bienveillance et qui, soudain, semble irritée...
Ce conte, qui donne la part belle aux quatre éléments et notamment à l'eau , prend sa source dans les légendes mythologiques, dans les vieilles superstitions qui subsistent encore dans les campagnes, et se complait dans le merveilleux et le surnaturel.

C'est beau mais surtout ça donne évidemment à réfléchir sur les relations entre l'Homme et l'environnement naturel qui l'entoure, sur les transformations qu'il lui fait subir, sur les cataclysmes qui en découle...

Je pose l'oeuvre de Giono sur ma table de chevet. Il me reste à lire les deux autres romans de la Trilogie de Pan.
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Ma vieille édition du livre “Colline” ne comportait pas de résumé en quatrième de couverture, ni en page liminaire, comme on en trouve parfois sous la biographie de l'auteur dans d'anciens livres de poche.

Daté de 1929, c'est le premier roman publié de Jean Giono, qui sera complété par “Un de Baumugnes” et “Regain”, constituant la “Trilogie de Pan”.

J'ai été happé par la lecture de la première page et charmé par le style, l'ambiance provençale, si bien que j'ai enchaîné jusqu'à la soixantième page sans pour autant savoir de quoi allait parler ce roman.

Lisez la présentation du livre dans Babelio ; certes, l'histoire vous sera narrée mais vous serez moins désemparé dans votre lecture que je ne le fus.

Vous pourrez alors vous promener tranquillement dans les collines, au pays de Lure en Haute-Provence et écouter l'accent de Giono dans un texte au vocabulaire régional et ancien :
le raspail, les genestes, l'agachon, les avettes, l'esquirol, la dourgue, la fenière, le calen à huile, les bridons, le coutre, les bourasses, le capon, le rostre, le bavolet…

L'histoire est un support à cette balade dans la vie de la Provence d'autrefois, à ces descriptions du “réalisme merveilleux”.
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Plus que la lecture de ce classique , c'est la longue analyse détaillée que je viens de terminer, en vue de la présentation de ce livre lors d'une soirée "lecture partagée" dans une librairie avignonnaise qui m'a donné un grand plaisir :les lieux, le sens du récit, les personnages, les thèmes , le style, les champs lexicaux, les mots du provençal, les recherches complémentaires autour de ce récit comme l'épisode de choléra , le tremblement de terre...
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En Provence, dans le hameau des Bastides Blanches, Janet, le doyen de l'endroit, a une attaque. Après cela, les malheurs se succèdent, la fontaine ne donne plus d'eau, la petite Marie tombe malade…
Premier Giono que je lis et j'ai apprécié son style dépouillé, qui fait vivre autant les hommes que la nature. L'ambiance est très sombre, personne ne sait comment arrêter ces calamités. Les hommes cherchent une explication, pas forcément rationnelle, un homme en colère, qui aime la nature... Un combat assez particulier.
Un auteur que je continuerai à découvrir, j'aime sa façon de raconter les hommes de façon poétique. le prochain sera sans doute Un de Baumugnes, le second tome de la trilogie de Pan.
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Conte, récit poétique, on ne sait pas trop, mais ce coin de Provence où se passe le récit à des airs de légende. Giono y transfigure la région dont il vient en donnant vie - et quelle vie! - aux collines, aux arbres, à l'eau et au feu, ce feu qui comme une langue monstrueuse avale tout ce qu'elle trouve sur son chemin.
Janet se meurt. Janet, c'est le père de Marguerite, dite Gritte, et le beau-père de Gondran. Il se meurt comme il a vécu, mauvais, hargneux, revanchard et c'est de son oeil encore mobile, quand tout le reste est paralysé, qu'il jubile des malheurs qui s'abattent sur le petit hameau. La fontaine ne coule plus, il faut maintenant faire des kilomètres à tour de rôle grimper jusqu'à Lure qui domine les Bastides Blanches de son ombre, pour trouver de l'eau. La petite Marie tombe gravement malade. le feu, bientôt, gronde là-haut. Et Janet jubile. Lui seul sait où trouver l'eau souterraine. Sourcier, sorcier, il refuse de partir seul, c'est tout le village qui doit partir avec lui, et avec eux l'eau, la colline, les arbres, l'herbe.
Gondran, Jaume, Maurras, les hommes luttent contre les éléments, hésitent à croire les délires de Janet.
Car dans la bouche de Janet, la nature alentour commence à vivre, s'animer, comme dans les légendes japonaises.
C'est d'une poésie folle et profonde, on goûte les mots épais de Giono.
Lu au retour d'une semaine en Provence, j'ai retrouvé cette nature soumise à la force des éléments et ses belles collines arides. Une belle expérience.
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J'avoue que j'ai eu quelques difficultés à rentrer dans ce livre ou tout au moins à comprendre où allait ce récit. Mais peu importe, dès les premières lignes je me suis sentie embarquée dans un texte d'une grande poésie, presque de la poésie en prose par moments. Même sans trop savoir où j'allais, je me suis sentie entraînée dans un torrent puissant avec Janet qui n'en finit pas de mourir, avec cette sensation de huis-clos en pleine nature, avec tous les malheurs qui s'accumulent sur cette petite communauté. Giono nous fait sentir le poids et la force de la nature, la petitesse de l'homme qui dans son besoin de compréhension émet des hypothèses qui relèvent de la coïncidence puis de la superstition. L'animisme qui se dégage de ce roman me laisse plutôt perplexe mais que le texte est beau, et prenant, avec cette tension qui monte et culmine avec l'épisode de l'effarant incendie de forêt. Un texte qui se prête particulièrement bien à l'oralisation et qui doit être une agréable lecture audio. La langue de Giono est poétique, mais aussi très riche, mieux vaut avoir un dictionnaire à côté, même si ce n'est pas non plus indispensable : Giono invente des mots (déparler), utilise des mots dans des emplois ou des tournures inhabituelles (panteler) ou des mots rares, vieillis ou locaux (avettes). Un roman bien plus sombre que son titre ne le laisserait supposer, un roman qui interroge et laisse perplexe.
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