HUITIÈME VOYAGE À SAINT-MAUR
EXTRAIT 1
Une casquette est un toit et bien plus. Je ne peux m’en séparer. Je l’utilise comme paratonnerre dans les rues où il faut courir. À sa vue, les chiens s’étranglent dans leurs aboiements. Je l’agite comme un chiffon pour exciter le molosse de la rue Jean-Bart. Je fais de grands gestes, par le portail ajouré, et plus il saute en l’air, plus violemment il est ramené à terre par ses chaînes. Après un quart d’heure de rage et de chutes, je m’en vais sourire aux lèvres. Je n’ose rire franc. Peur que ses liens ne cèdent.
Un peu plus loin, les oiseaux me remercient. Leurs chants accompagnent chacun de mes pas. Au loin, la colère du chien devient houle, simple écume venant mourir sur la proue de ma casquette baissée, frayant vers d’autres aventures.