Bon voilà, il est lu, le Goncourt 2023. J'ai fini par craquer, en février 2024 !
Que peut-on en sauver ? Déjà il a le bon goût de s'appeler "
Vivre vite" mais aussi de se lire vite, merci pour l'économie de temps de vie. La structuration du récit, une accumulation d'hypothèses qui culmine avec la mort du compagnon de l'autrice, est un peu originale, et la tension s'installe avec plus ou moins de précision.
À part ça... le livre souffre du syndrome de l'autofiction française : "Je l'ai vécu, donc ceci a valeur littéraire." Non, pas forcément. Questionner le réel demande un talent inouï, et malheureusement le fond social de l'ouvrage reste très nombriliste.
Brigitte Giraud est sans doute très sympathique, qui sait, mais la lire nous raconter benoîtement que si elle n'avait pas acheté coup sur coup deux biens mobiliers, son amour serait peut-être en vie, nous donne envie de lui répondre "Ah oui, oui, peut-être." Déjà parce que leur amour n'est jamais incarné dans le récit, donc globalement on se fout pas mal (désolée mais c'est vrai) de la fin de celui-ci ; ensuite parce que cette "confession" ressemble furieusement à un désir de consolation bourgeois auprès du petit peuple. Cet opus aurait s'intituler "si j'avais refait l'électricité du jacuzzi plus tôt" ou "oops, j'aurais du favoriser Deauville à Courchevel."
Bref on regarde ces gens vivre, mourir, poliment invités sur le pas de la porte. Mais l'apéro ne nous sera pas servi, car on ne saurait pas mettre les patins.