Il est toujours compliqué de s'attaquer, c'est le cas de le dire, à une critique sur un classique, et dans ce cas-là d'un prix Goncourt. Encore plus lorsqu'on ne met pas la note maximale et que la lecture s'est révélée assez monotone.
Je découvre d'ailleurs seulement maintenant que j'avais déjà lu un roman de cette auteure, qui s'est avéré être un flop total.
Eh bien non, ça n'a pas été pour moi une lecture magistrale, une grande claque. Pourtant, lorsqu'une amie me l'a présenté, ainsi que son pitch, et m'a lu un extrait, j'ai été saisie, happée. Avec des "si" on referait le monde, n'est-ce pas ? Visiblement on écrit aussi un roman, empreint de regret et de chagrin, du moins c'est ainsi que je l'ai ressenti.
Je n'ai pas trop suivi l'accident du mari de
Brigitte Giraud mais je peu dire que c'est une tragédie ce qui lui est arrivé. de ce fait, j'ai déjà été très touchée par le sujet du roman.
Je ne m'attendais, d'autre part, pas du tout à cette forme de récit ! Chaque chapitre est une cause de la mort de son mari. Parce qu'ils ont acheté cette maison, parce qu'elle a fait ci, fait ça...Je trouve qu'écrire et lire cela est douloureux, trop ; tout aurait pu être évité, si ça ne s'était pas passé comme cela. Mais c'est arrivé, et c'est le passé. Ce n'est pas moi qui ait vécu cette tragédie et pourtant, vers les chapitres qui me rapprochaient de la fin, je me disais "Mais pourquoi ai-je fait cela ? Pourquoi est-il parti ? Pourquoi ? Pourquoi ?!". Cette question flotte encore dans mon esprit après ma lecture et, en y repensant, je n'aime pas du tout.
Brigitte Giraud vend la maison dans laquelle elle devait habiter avec son enfant et son mari. Elle y habitera vingt ans avec son fils, son mari n'y dormira jamais. Cela fait vingt ans que son mari est parti...Deux décennies qui ont dû être deux décennies de souffrance pure. Mais pourquoi se ressasser tout ça ? Pourquoi écrire un livre sur ce qui a conduit à ces évènements ? Quel est le but, si ce n'est de s'enraciner plus profondément dans la culpabilité ?
Je ne comprends pas.
C'est bien écrit, la narration est plaisante et fluide, du vocabulaire me dérangeait de temps en temps par sa familiarité mais je retrouvais une certaines poésie, que j'apprécie énormément. J'enchaînais donc les chapitres, les premiers étant vraiment ennuyeux, les derniers juste atroces pour moi à lire.
Enfin, c'est une espèce d'autobiographie et je n'apprécie pas du tout ce genre lorsque l'auteur est encore en vie ; je préfère lorsque c'est une oeuvre posthume ou, carrément, que c'est une biographie. Dévoiler ainsi sa vie, sur un sujet aussi touchant...Elle écrit, a priori, pour se guérir et comprendre, nous sommes seulement spectateurs.
Mais ce n'est ni l'écriture, ni la biographie qui me dérangent. C'est de construire un livre, sur le passé. Se refaire un film dans sa tête, en s'imaginant ce qu'aurait été sa vie si son mari n'était pas décédé. C'est une façon de faire son deuil, mais personnellement, je trouve que c'est pire.
De ce fait, c'est une lecture assez mitigée, dont je ne me souviendrai pas éternellement et qui me laisse un certain arrière goût de malaise.