sous-titre : une éducation sentimentale et politique dans l'Allemagne en guerre.
Ce roman permet de comprendre l'état d'esprit de la population allemande au cours de la Première guerre mondiale, et dans les années qui précèdent. Vu du côté allemand, il est à rapprocher du livre «
Al'ouest, rien de nouveau », d'
Erich Maria Remarque, qui connut un plus grand succès encore, même en France. On suit tout d'abord la vie d'adolescents à l'école, aux prises avec l'anti-sémitisme ordinaire. Il faut dire que les années d'avant-guerre sont le théâtre d'une campagne chauvine continuelle sur la “nation allemande” : l'empereur Guillaume II promet une “place au soleil” aux allemands, ce qui signifie colonisation et armement. Les sentiments nationalistes sont exacerbés. Malheureusement, la force de ce courant va entraîner avec lui les militants du puissant Parti Social-Démocrate allemand, pourtant farouchement internationaliste (du moins, dans les déclarations) quelques mois auparavant. Ainsi, la majorité des socialistes, ouvriers ou députés, vont basculer dans “l'union sacrée” à la déclaration de guerre de 1914. le prétexte invoqué : “ce n'est pas l'Allemagne qui l'agresseur, nous sommes attaqués par les pays impérialistes” ! (la même argumentation sera utilisée en parallèle par les socialistes français, afin de justifier l'envoi de soldats au front : “il faut combattre l'impérialisme allemand”).
Puis, au fil des années, le peuple se rend compte qu'il a été trompé, on ne fête plus les victoires avec le même entrain, la seule chose qu'on espère est que la mort épargne les proches, et le problème essentiel devient : le ravitaillement, la faim...
Pas de grand discours, mais des personnages attachants ; un roman qui permet de comprendre comment un peuple pourtant éduqué et une classe ouvrière organisée ont pu se laisser entraîner dans la boucherie de la guerre impérialiste.