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EAN : 9782012353053
271 pages
Hachette Littérature (21/10/1998)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Le monde a vu s'instaurer un " nouvel ordre international " à la fin des années quatre-vingt, au moment où l'URSS a été contrainte d'adopter une politique étrangère plus conciliante. L'éclatement de l'empire soviétique puis la victoire de la " communauté internationale " dans la guerre du Golfe ont paru confirmer ce nouvel ordre. Mais le conflit yougoslave, le fiasco somalien et le génocide rwandais ont anéanti tous les espoirs. Et pourtant, les années 1989-1991 ont... >Voir plus
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Emmanuel Glaser a longtemps préparé les étudiants de Sciences Po à l'épreuve de questions internationales du concours d'entrée à l'ENA. Son enseignement est parmi les plus suivis, et il faut souhaiter à son manuel un égal succès.

Dans ce court ouvrage au style alerte, l'auteur brosse à traits énergiques les grandes lignes du monde de l'après-guerre froide. de « nouvel ordre international », il n'est guère question, contrairement à ce que le titre du livre annonce. E. Glaser s'attache plutôt à décrire la nouvelle ère qui débute avec la chute du mur de Berlin et dont les caractéristiques ne suffisent pas encore à définir un système international.

E. Glaser raconte longuement la chute de l'empire soviétique (on regrettera que soit à peine évoquée la situation actuelle de la Russie). Il nous introduit à un monde dans lequel l'exercie de la puissance s'est compliqué (la force militaire cédant le pas au soft power), un monde duquel la guerre n'a pas disparu (nous ne partagerons pas le point de vue de l'auteur sur le point de savoir si elle est devenue moins meurtrière), un monde confronté à des menaces plus nombreuses et plus diverses (criminalité organisée, terrorisme, prolifération nucléaire ...).

le monde de l'après-guerre froide semble plus homogène : la démocratie en constitue désormais, en principe sinon en fait, l'horizon indépassable. C'est là l'idée centrale de la thèse de Fukuyama, souvent raillée faute d'avoir été comprise, et que réhabilite à juste titre E. Glaser. Mais l'avènement de la démocratie, la culture des droits de l'homme, le respect par tous du droit international rencontrent encore des contestations majeures : le défi religieux, notamment islamique, et la montée en puissance d'un nationalisme identitaire agressif.

C'est ce basculement de l'ordre ancien, menaçant, mais confortable, vers un ordre nouveau, plein de promesses mais aussi de risques, qui retient toute l'attention d'E. Glaser. Il pointe avec pertinence une angoisse paradoxale, celle qui a saisi le monde libre à la disparition de la menace soviétique. André Fontaine rapportait, à la fin des années 1980, ces propos d'un proche conseiller de Gorbachev : « Nous allons vous rendre le pire des services : nous allons vous priver d'ennemi ! ». Depuis dix ans, tout se passe comme si le monde libre, Etats-Unis et Europe occidentale, étaient orphelins de la menace existentielle qui justifiait leur combat. E. Glaser, citant Gabriel Robin, souligne que les Etats-Unis ont du mal à être une « superpuissance tout seul » ; même si, tranchant le débat lancinant de la fin des années 1980 sur l'avenir de la puissance américaine, il affirme que le monde n'est pas devenu multipolaire avec l'effondrement de l'URSS : « Deux moins un n'égale pas cinq ou six, mais un » (p; 116).

L'Europe, elle aussi, est comme privée de raison d'être depuis la chute du mur. le « continent des certitudes » est devenu le « continent du doute » (p. 223). L'Europe doute de sa géographie. Jusqu'où s'étendra-t-elle ? Doit-elle inclure l'Ukraine ? la Russie ? la Turquie ? L'Europe doute aussi de sa finalité. Les prédictions d'E. Glaser sont sur ce point bien sombres. Entre les deux options de l'Europe-puissance et de l'Europe-espace, l'élargissement à l'Est vouerait, selon lui, l'Europe à n'être qu'une «vaste zone de libre-échange éventuellement dotée de quelques politiques communes» (p. 248).

E. Glaser, qui a travaillé successivement à la Délégation aux affaires stratégiques du ministère de la défense et au S.G.D.N., consacre encore de passionnants développements aux questions militaires. Si l'arme nucléaire était, à l'en croire, le fondement de l'ordre de la guerre froide, elle n'est plus capable aujourd'hui de jouer ce rôle régulateur. L'auteur est très pédagogue quand il décrit les traités de désarmement et de non-prolifération, la délégitimation, tant militaire que morale, sinon juridique, dont est frappée l'arme nucléaire dans l'après-guerre froide. Pour autant, l'arme nucléaire disparaîtra-t-elle ? Non. Car elle demeure aux yeux de ses possesseurs une garantie ultime, « une assurance vie à laquelle ils ne sont pas prêts de renoncer » (p.163). Au mieux (au pire ?) assistera-t-on à sa « disparition asymptotique ».
Sur la défense européenne, E. Glasern'est pas moins catégorique. L'UEO, après que la France l'a arraché, dans les années 80 à un sommeil trentenaire, serait redevenue « la Belle au bois dormant de la sécurité européenne » (p. 237). L'identité européenne de sécurité et de défense, elle reste une « virtualité » (p. 239) ; car « à l'exception de la France, les Européens ne souhaitent pas de défense européenne » (p. 236). Aussi n'est-il pas surprenant que l'OTAN, quand bien même son nouveau concept stratégique resterait « particulièrement indigent » (p. 235), soit en passe de devenir « la seule organisation de sécurité en Europe » (p. 237).

Que retenir de ce tableau riche et complexe ? Que nous changeons de système, que l'ordre westphalien, organisé autour de l'Etat-nation, est en voie d'être dépassé. L'Etat est grignoté par le bas, dépassé par le haut ; il ne détient plus de monopole sur la scène internationale, concurrencé qu'il est par les ONG, les médias, les firmes multinationales ... Disparaîtra-t-il pour autant ? E. Glaser ne le pense pas, qui soutient que l'Etat demeurera le « principal fondement d'un système international plus complexe, moins stable mais aussi moins anarchique qu'on ne le dit » (p. 255).
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