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4,02

sur 291 notes
"FUTU.RE" de Dmitry Glukhovsky.
Voici le dernier roman qu'il me restait de cet auteur que j'ai connu après avoir joué au jeu-vidéo Métro 2033, puis en ayant lu l'original de ce jeu.
J'ai toujours adoré son travail et il est un de mes auteurs préféré du 21e siècle.

J'ai retrouvé dans ce gros pavé (960 pages en poche quand même) une histoire surprenante. Au début je n'aimais pas le personnage de Jan mais je le comprenais d'une certaine manière. Il devient de plus en plus humain au fil du roman. Son histoire est horrible et touchante et on se prend à endurer ce qu'il a vécu et à le pardonner. L'histoire est vraiment bonne et la fin incroyable (je verrais bien une suite en série tellement cela laisse une ouverture de dingue !).
Les seuls points négatifs que je peux trouver est la longueur du roman (600 pages aurait largement suffit à mon avis) mais également le surplus de violence (même si elle reste compréhensible dans ce cas précis).

J'ai également retrouvé plusieurs références comme au "Meilleur des Mondes" de Aldous Huxley (avec les médicaments/drogues qui rendent heureux). Mais aussi une critique du gouvernement de l'Europe (avec les réfugiés africains) ou à la Russie et Poutine plus directement (comme on peut le voir dans ma citation), ce qui peut être en lien indirect avec sa peine de prison vu qu'il est contre la guerre en Ukraine.

Pour finir j'ai pu voir dans certaines critiques que l'auteur met du racisme dans son livre. Je ne suis mais pas du tout d'accord. Ayant lu les Métro (et ses autres livres) c'est plus une critique du mode de pensée Russe et de la société que le fait que l'auteur est raciste (tout cela car il y a des descriptions de couleur de peau allant de noir à jaune ou le N-Word). Les gars, ce sont que des mots et des expressions présentes dans le dictionnaire. C'est normal de voir le personnage qui parle à la première personne et qui a vécu une enfance extrémiste (proche des camps de concentration et des écoles nazies) qui donne des termes crus comme ceux-ci (surtout qu'il se remet en question à la fin du bouquin sur ce qu'il a pu dire et même penser).

En bref, j'ai adoré même si un peu long à mon goût. Je conseille fortement !
(9.5/10)
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Année 2455. Trois trillions d'humains sur terre. Et cent-vingt milliards d'hommes, rien qu'en Europe. Ils vivent dans les tours de plusieurs centaines d'étages, le ciel est quasi invisible. Les plus fortunés sont au-dessus des nuages. Et les autres, séjournent dans des logements de deux mètres cubes, dont les murs sont des images de la nature. Ils se nourrissent d'insectes et de viandes reconstitués en laboratoire.

L'Europe est maintenant une ville. Dans les différents quartiers historiques, comme Bruxelles ou Berlin, les monuments historiques ont été intégrés dans les buildings. Les déplacements se font par le biais d'ascenseurs ; des trains à grande vitesse assurent un trajet européen dans la journée.

Un vaccin contre l'immortalité est trouvé. Un couple qui a un enfant doit le déclarer. La loi du Choix oblige alors l'un des deux parents à recevoir une injection qui accélère son vieillissement, et donc son décès : “Une mort pour une vie”.
Un enfant non déclaré est enlevé par les autorités. Il vit plusieurs années en internat, où deux principes lui seront martelés : devenir un fervent défenseur de la loi et haïr ses parents. A terme, il s'appelle un “Immortel”, a un masque d'Apollon et réalise des missions pour l'Etat.

Dans ce contexte, le lecteur va suivre Jan, matricule 171 de la brigade de la Phalange. Il est embauché par un sénateur pour débusquer un membre important du parti de la Vie, opposé aux lois existantes. Mais sa mission va être “bouleversée”…..

Le héro se montre extrêmement pugnace. Son caractère bien trempé et son charisme, l'emmènent au bout de ses intentions même si ses émotions lui jouent parfois des tours. Les personnages qui l'entourent ont tous leurs caractéristiques et un rôle à tenir.

Dans ces espaces réduits, l'ambiance est oppressante, et le lecteur suffoque avec Jan qui souffre de claustrophobie.

Les alternances temporelles, les retournements de situation, les révélations tiennent en haleine et permettent permettent d'apprivoiser facilement ce pavé de 730 pages. Les flashs du passé retracent l'enfance de Jan et sa vie à l'internat. C'est cette période là de sa vie et de son éducation qui ont fait de lui un officier au masque d'Apollon.

L'univers détaillé est follement réaliste. Beaucoup de comparaisons avec la société actuelle. Les interrogations débutent.

L'immortalité, bien ou mal ?
La régularisation des naissances, bien ou mal ?
La recherche d'une famille après avoir été abandonné est aussi un sujet très étudié dans le récit. Un enfant peut-il renier ses géniteurs ? Garde-t-il une part d'eux en lui ?
Puisque les humains sont immortels, qui est réellement Dieu ? Faut-il toujours croire en Lui et prier ? Sommes nous devenus plus fort de Lui ?

Ce roman de science-fiction offre une vraie vision de l'avenir de l'être humain sur la planète. Rythme de vie, croyances et religions, facultée de se déplacer, tout est remis en question et invite à la réflexion. Au lecteur de se forger sa propre opinion. J'ai adoré voyager dans cet univers. Un travail remarquable.
Lien : http://insomnielivresque.fr/..
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Encore une grosse claque avec cet énorme pavé de 700 pages de l excellent Dmitry Glukhovsky.
Cette fois il nous pose la question jusqu où est on capable d aller pour avoir la jeunesse éternelle?
Comme avec ces précédents l,auteur nous prédit un avenir des plus pessimiste mais nous procure un réel plaisir de lecture.
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Une société où tout le monde reste jeune éternellement, ça vous donne envie ? Vous allez vite désenchanter avec Futu.re de Dmitri Gloukhovski !

L'intrigue se déroule dans quelques siècles, à une époque où l'être humain manipule son propre génome pour obtenir la jeunesse éternelle. Il n'y a plus d'états, mais des confédérations à l'échelle des continents sont apparues. En Europe, toute personne est éternellement jeune, à moins de se reproduire.

Dans ce cas, un des parents doit se faire injecter un sérum vieillissant (mortel au bout de dix ans en moyenne). C'est la loi du choix, pour que son eau, sa nourriture, et même l'espace qu'il occupe sur Terre, soit disponibles pour son enfant.
Parce que sur Terre, il n'y a plus d'espace disponible, tout le monde s'entasse déjà dans des grands ensembles bétonnés, et les ressources (eau, nourriture) sont rationnées et limitées. Et quand je dis qu'il n'y a plus de place, on en est à avoir un renouveau des cimetières qui ne conservent plus d'un cheveu par mort !

D'ailleurs l'univers est vraiment fascinant il y a plein de supers décors et de bonnes idées : de la description des “Sources” (des sortes de bains réservés à une certaine population, aux usines élevant des bisons (ou plutôt de la viande de bison), à Barcelone je me suis sentie totalement embarquée.
Et dans cet univers futuriste, nous allons suivre Jan, qui fait partie de la “Phalange”, la police en charge de veiller au bon respect de la loi du Choix.

Un peu comme le personnage principal d'Equilibrium (super film au passage !), avec qui ils partagent des traits de caractères : ce sont des êtres froids, violents, sans concession, un peu trop stéréotypé.
Mais on va apprendre à connaître Jan, son passé, son vécu, notamment via des flashback qui vont réussir à l'humaniser et à sortir de l'archétype initial.

Je ne vous en dit pas plus sur les événements qui vont avoir lieu dans la vie de Jan pour la chambouler et mettre en place l'histoire, parce qu'en 700 pages et quelques il s'en passe des choses !
Ce monde d'immortels va permettre d'aborder de nombreux thèmes comme la place de la création artistique, ou la répercussion sur les valeurs familiales. On va aussi avoir de nombreuses critiques du monde actuel, comme la politique de gestion des migrants, la “folie” des hommes qui veulent avoir les pouvoirs de dieux ou encore la politique internationale.
Un exemple parmi tant d'autres : il y a eu une guerre nucléaire entre le Pakistan et l'Inde, et les survivants des deux cas se sont réfugiés au même endroit, mais continuent à se faire la guerre à plus petite échelle...

Il faut savoir que Dmitri Gloukhovski, l'auteur, est russe, et qu'historiquement la SF a permit à des auteurs russes de dénoncer des choses, de faire passer des messages ; comme il l'explique dans cette citation : “A l‘époque de l'Union soviétique la science fiction était la seule méthode, le seul porte voix qui permettait de parler de problèmes de la société ou du système politique ou de critiquer les deux… Alors que la soit disante « littérature réelle » était totalement contrôlée par l‘état. “

C'est un livre que je recommande énormément, malgré la taille du bouquin, il se lit très bien, de nombreux thèmes sont abordés et vous allez découvrir des lieux vraiment surprenant.

Le défaut que je peux trouver à ce livre est la place de la femme : Femmes objets, maman ou putains. Il y a quelques perso plus importants (notamment une chercheuse), mais je ne sais pas si leur petite présence est une critique de notre situation actuelle et de la place des femmes ou la vision auto-centré de l'auteur.

Un très bon livre de SF, qui peut être lu comme du pur divertissement ou comme une critique sociale. Dans tous les cas, j'ai vraiment accroché !
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🏛 Dans un futur plus ou moins proche, la population atteint le trillion d'habitants. L'Europe, la Panamérique et l'Indochine ne forment plus que trois super mégapoles hérisées de tours de milliers de kilomètres de hauts accueillant la population. Dorénavant, l'homme est immortel mais selon la loi du Choix, pour limiter la surpopulation, pour un enfant qui nait, l'un des deux parents renonce à son immortalité. Quand la grossesse est illégale, l'enfant est envoyé à l'internat et rejoint la Phalange des Immortels, formés à traquer ceux qui ne respectent pas la loi. Jan Nachtigal 2-T, sept un sept, est l'un de ces enfants.

🏛 Dans l'ensemble, j'ai beaucoup apprécié ce roman qui a pourtant ses petits défauts à commencer par son épaisseur (945 pages un beau bébé) et pourtant je reste vraiment sur une grande satisfaction. Pas de questions sans réponses, pas de regrets

🏛 Jan est un personnage que j'ai vraiment appris à apprécier avec le temps. Il est complexe à comprendre mais c'est ce qui fait son charme. Il a une grande évolution tout au long du roman et d'autant plus grâce à Annelie. On a hâte de savoir où son périple va le mener.

🏛 La plus de l'auteur est à la fois parfaite et déconcertante. Par moment, Jan est raciste, homophobe et c'est vraiment difficile à lire en appréciant. D'un autre côté, Jan part dans des crises de claustrophobie ou des délires et l'écriture le rend perceptible à un niveau que je n'avais encore vu. On se perd avec lui, on divague, on mélange nos mots avec ses pensées vagues et floues.

🏛 Alors que le roman s'approche tout à fait d'une dystopie, il est sous-titré "roman utopique". En effet, il nous permet vraiment de remettre en question cet idéal que serait l'immortalité. On se questionne en tant qu'être humain et sur ce que cela signifie mais également sur ce que cela implique dans notre relation à notre environnement.
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Avec « Futu.re », Dmitry Glukhovsky s'attaque au double sujet de la surpopulation planétaire et de l'immortalité de l'espèce humaine, deux thèmes déjà largement traités dans la science-fiction. D'ailleurs, l'univers de ce roman russe m'a rappelé celui de Robert Silverberg dans ses « Monades urbaines ».


Si l'auteur de « Metro 2033 » ne propose pas grande chose de neuf de ce côté-ci ni dans les réflexions qui en découlent, l'intrigue n'en reste pas moins captivante. Glukhovsky sait immerger son lecteur dans son monde faussement utopique et a le sens du suspens et du rebondissement. Et en terme de rebondissements, on est servi ! « Futu.re » se lit presque comme un thriller/action au style très visuel pour ne pas dire cinématographique. Et c'est bien lorsque « ça bouge » que l'écrivain est le meilleur. Les passages philosophico-théologico-politico-sociétaux sont moins convaincants, redondants et ont tendance à casser le rythme du récit. Cette réserve n'entache cependant pas l'ambiance générale du roman qui provoque chez le lecteur un sentiment de claustrophobie ; sentiment déjà omniprésent dans « Métro 2033 ».


De la bonne SF, intelligente, divertissante, crédible avec une histoire en béton. Je recommande à tous, adeptes ou non de ce genre littéraire.
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Je ne suis en général pas adepte des pavés, mais celui-ci, avec ses plus de 700 pages (1500 pour moi en numérique...) m'a captivée du début à la fin. Futu.re narre une dystopie dans laquelle les êtres humains ont réussi à vaincre le problème de la mortalité. L'Europe est devenue une immense mégalopole. Au coeur de celle-ci, les hommes, devenus éternels, font croître leur population vers le ciel, en amoncelant les espaces de vie hiérarchisés selon le rang social.Le contrôle des naissances étant devenu un enjeu majeur, les couples choisissant d'enfanter doivent alors faire le Choix: il faudra que l'un des deux accepte de devenir mortel et de se dégrader et périr en quelques années. le roman suit l'histoire de l'un des membres de l'organisme chargé de traquer ceux qui transgressent cette loi : la phalange. Futu.re est un roman particulièrement bouleversant, tant la dystopie proposée est réaliste. Glukhovsky prend son temps pour installer un monde totalitariste, tellement crédible que sa lecture m'a souvent dérangée.C'est tout l'enjeux de la surpopulation qui est abordé en en prenant le parti pris extrême : que se passerait-il si les hommes devenaient immortels ? Si l'immortalité n'était plus un rêve, mais qu'elle existe depuis si longtemps qu'elle soit une évidence, un acquis. Quels sacrifices seraient alors consentis par la population ? Dans notre société dans laquelle la mort est déjà mise de côté, dans laquelle les personnes âgées sont déjà mises au ban de la société, toutes ces réflexions prennent tout leur sel... Dans l'univers sordide du livre, le héros est l'un des personnage les plus travaillé qu'il m'ait été donné de lire ces derniers temps. L'intrigue se cristallisant autour de son parcours, il est l'atout majeur du récit. Absolument détestable presque tout au long de l'histoire, c'est au fur et à mesure de la levée du voile sur son passé que j'ai fini par le comprendre à défaut de m'identifier. En effet, le sordide côtoie l'innommable, et on se rend compte au fil du récit de ce qu'implique vraiment la société qui nous est décrite : contrôle de la population et contrôle des masses, enlèvement d'enfants, conditionnement... La prise de conscience est longue et chaotique, elle laisse un goût de bile dans la bouche. Fort d'un cynisme et d'une noirceur folle, le récit est cru et sans concession, ce qui le rend d'autant plus réaliste. le cheminement moral du héros ne sera pas parvenu à me le rendre sympathique une seule seconde, mais m'aura permis de profondes réflexions. L'auteur réussi avec ce roman un énorme tour de force, un livre d'une intensité inouïe qui est en prime tellement prenant qu'on en oublie très vite la longueur. Sa lecture aura fortement raccourcie mes nuits, pour mon impossibilité à le lâcher, et pour les abîmes de réflexions dans lesquelles il m'a plongée, et qui me hantent encore.…
Lien : https://atraverslamarelle.org/
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2454. L'humanité a trouvé un remède à la vieillesse. Désormais l'immortalité est la norme et la mort une erreur de parcours. Pour lutter contre la surpopulation tout en garantissant à chacun de ses cent vingt milliards de citoyens son droit à défier la nature, l'Europe contrôle sévèrement les naissances : à l'annonce d'une grossesse, un accélérateur de vieillissement est injecté à l'un des deux parents – c'est la loi du Choix. Jan est un Immortel : un soldat d'élite lancé à la trousse des contrevenants. le député Erich Schreyder lui offre une promotion fulgurante à la condition de débusquer et d'éliminer un terroriste aux idéologies rétrogrades ainsi que sa compagne illégalement enceinte. Sur place, la situation dérape. L'homme prend la fuite et Jan doit se débarrasser de la fille malmenée par son équipe. Mais rien n'est plus simple, désormais : Jan pressent qu'on l'utilise pour un dessein plus grand que lui, et s'attache contre toute attente à sa captive ...

Quand on furète sur le net à la recherche d'avis sur Futu.re, on constate deux choses. La première c'est que le livre n'a pas des masses de lecteurs (et c'est franchement dommage, notez bien) ; et la deuxième c'est que soit on accroche direct, soit on abandonne après cinquante pages en hurlant misogynie, haine des femmes et « brûlez l'auteur sur le bûcher ! » à pleins poumons. Vous vous en doutez, je fais partie de ceux qui sont allés au bout, et malgré le vif dégoût et la colère que le livre a souvent suscité chez moi, j'ai aucun regret. Parce que justement, tout la force de Futu.re, c'est les émotions violentes qui en ressortent et qui vous brûlent de l'intérieur – sur la question de la femme notamment, mais ça on y reviendra. Avertissement : la lecture de Futu.re n'est pas facile et mieux vaut être au top de sa forme mentale pour s'y plonger, ce qui je pense relègue définitivement ce livre à la catégorie adulte ++.

Explications.

Dans Futu .re, Dmitry Glukhovsky a fait le choix de refuser les étoiles aux Hommes. La conquête spatiale a échoué et l'humanité s'est résignée : s'il y a un avenir, il est sur Terre. L'Europe déborde littéralement de monde au point d'être devenue une gigapole monstrueuse de cent vingt milliards d'habitants immortels. Toute destination est à portée de main, on fait l'aller-retour Bruxelles-Bracelone en deux heures comme on si on sautait d'un pâté de maisons à un autre … et en un sens c'est vraiment le cas. Les citoyens chanceux sont parqués dans des appartements de deux mètres sur deux empilés dans des tours aux dimensions colossales surclassant les nuages. Pour les moins chanceux, c'est les favelas au pied des tours. le Monde est bondé, saturé et rappelle beaucoup celui d'Altered Carbon de Richard Morgan : trop de gens, trop de tours, trop d'artifices technologiques destinés à occuper l'humanité immortelle. Ici l'ambiance est étouffante et l'Europe écrasante : on vit à l'étroit et quand Jan dit se sentir oppressé, impossible de faire la sourde oreille et de pas partager le malaise. Futu.re, c'est un roman immersif qu'on vit avec son héro.

Mais une population qui ne craint pas la mort, ça consomme. Ça demande de la nourriture, de l'eau, de l'énergie, de l'espace. Quatre ressources limitées dont on est pratiquement arrivés à bout en 2454. Conséquence : la société européenne vit dans le contrôle… et notamment celui des naissances. Une vie pour une vie : avoir un enfant condamne l'un des parents, telle est la loi du Choix - inutile donc de préciser que ça se bouscule pas au portillon de la parentalité, vous aurez compris. Dans un monde où mourir est anormal, vieillir est une grave et malaisante erreur de parcours. Avoir un enfant, pour quoi faire ? Fort de la certitude d'être toujours là d'ici cent ans, on préfère profiter de son temps infini pour faire la fête, baiser dans tous les coins, vivre dans l'insouciance avec le peu de mou que laisse gracieusement le gouvernement - mais à qui ça importe ? Tout ce que les tours ne peuvent apporter, on l'avale en dizaines de cachetons réparateurs : tablettes de bonheur, de destin, de sérénité et hop ! en une dose les soucis s'envolent ! Ca, c'est le rêve européen : le droit à l'immortalité pour tous ... et le retour à la mortalité pour les marginaux qui décident de procréer. Et cette fois on n'a même pas l'excuse de se dire que ça se passe ailleurs pour se dédouaner : l'Europe, c'est la maison, et j'ai beau la trouver hideuse entre les mains de Dmitry Glukhovsky, j'aime ce qu'il en a fait et les nombreuses thématiques qu'il traite tout autour - dont notamment celle des réfugiés rassemblés dans le cloaque barcelonais.

C'est moins étonnant qu'il n'y paraît quand on y réfléchit et que Glukhovsky est là pour éclairer le chemin devant nous, mais là-dedans à peu près tout le monde se satisfait de son sort. Rien de difficile : imaginez pouvoir tout remettre constamment à demain, pouvoir vous y mettre “plus tard” pour être celui que vous voulez être - parce que l'immortalité assure les arrières. Alors on profite de l'instant présent sans rien construire pour demain, parce qu'il y aura toujours un demain (la procrastination ultime). Rien n'est toutefois perdu : certains idéalistes s'insurgent dans l'ombre. S'ils ne prônent pas nécessairement un retour à la mortalité, ils exigent au moins le droit de concevoir sans avoir à en crever - littéralement - et c'est après le leader populaire Jesus Rocamora qu'un député blasé lance Jan. Jan, c'est pas un tendre - vraiment, vraiment pas. C'est un enfoiré, un gars intraitable et violent qu'on a formaté sur mesure pour les opérations ingrates : débusquer les contrevenants, tirer un nourrisson illégal des bras de sa mère, injecter la dame au passage et y aller franco sur les noms d'oiseaux (quand on ne lui demande pas un petit extra : éliminer un adversaire politique, par exemple). Dans Futu.re une grossesse tue, c'est un crime, et en bon fonctionnaire de l'etat Jan y va avec zèle pour mater les hors-la-loi - souvent des mères, souvent des femmes. Et c'est pas des scènes jolies-jolies à voir, donc laissez-moi vous déconseiller ce roman si vous êtes du genre fleur bleue.

Mais attention, attention, derrière le salaud de classe internationale, Jan c'est aussi un gamin que le système a brisé et haché menu. Sa haine viscérale des femmes et des enfants, elle vient de sa propre condition (ne tarde pas trop à découvrir : bon point) et de sa rancoeur personnelle envers sa génitrice - un genre d'amour-haine hyper bordeline exceptionnellement bien rendu. le personnage est très convaincant, il est réaliste et merde quoi, il en impose ! Alors oui, Jan n'y va pas de main morte avec la gente féminine. Il y a des mots, des intentions et des actes difficilement pardonnables et certains (majoritairement certaines), en ont jeté le livre au feu après cent pages : parce que viol, parce que violence, parce que gros vilain auteur semble glorifier la haine des femmes. Un peu de recul, pardi ! Réduire un roman et un auteur à leur héro (et dans ce cas-ci, à leur anti-héro) sans même dépasser le troisième chapitre alors que tous les voyants d'une évolution grandiose clignotent vert fluo, c'est absurde. D'abord parce qu'il ne faut pas oublier le contexte de Futu.re (on est quand même dans une société dystopique extrême qui annonce clairement la couleur : les enfants, personne de sain n'en veut plus et les mères clandestines sont traquées comme des criminelles envers l'humanité) et ensuite parce que Jan a le bagage parfait pour expliquer la souffrance qu'il inflige à autrui …. du moins jusqu'à sa rencontre avec la douce Annelie. Annelie, c'est le second personnage clé de Futu.re, la petite touche de douceur dans un monde de brutes épaisses (et croyez-moi, sur le moment on prend tout ce qu'il y a de bon à prendre !). Elle est le point de départ de la métamorphose difficile et spectaculaire de Jan : un véritable sevrage dont on témoigne des suées pendant les huit cents pages qui suivent la grosse intro. Passée celle-ci Glukhovsky retourne sa veste : s'il a introduit un enfoiré c'est pour mieux le tabasser d'expériences de vie nouvelles et lui remettre la tête bien en place. Ça prend du temps, c'est pas parfait, mais au passage on a droit nous aussi à plusieurs leçons de vie. Partir d'un connard politiquement correct et travaillé pour ne heurter personne n'aurait pas eu le même effet sur moi que Jan ; la leçon aurait été tronquée et le livre carrément plat. Bref Futu.re bascule lentement du bon côté de la balance, et rester sur le seuil sous prétexte qu'on n'aime pas ce qu'on voit dans le vestibule, c'est passer à côté de la casa du siècle - promis, celle-là elle fait pas deux mètres sur deux : on est sur quelque chose de beaucoup plus ambitieux.

Maintenant que je vous ai vendu le roman, que je l'ai défendu, je peux vous toucher sans culpabiliser deux-trois mots au sujet de ce qui m'a chiffonné : c'est sombre. La vache que c'est sombre ! La lumineuse Annelie et une certaine famille Hindou mises à part, y a pas des masses d'échappatoires positives dans Futu.re. Il y a de l'humour bien noir et des vannes en aparté qui tombent juste (merci la narration à la première personne rondement menée), mais ça reste pas joyeux-joyeux. Autant être honnête : ce livre je l'aurais dévoré si je n'avais pas senti qu'il me faudrait une semaine pour m'en remettre après ... à moins d'enchaîner sur du loufoque, mais ça j'ai plus en stock. Donc j'y suis allée pépère et si le voyage n'a pas été de tout repos, il a été hyper enrichissant : de quoi me décider à miser sur la dystopie bien plus souvent. J'ai quelques titres en tête (notamment Les furtifs de Damasio auquel il faut toujours que je me colle), mais si vous avez des recommandations, ça intéresse Choupaille ! Pour le reste je regrette également quelques transitions pas évidentes à cerner entre l'enfance de Jan et son existence présente, mais rien de très méchant. Avec tout ce bla-bla vous êtes avertis : moi je vous recommande Futu.re, mais surtout si vous avez le coeur solide.
Lien : https://la-choupaille-lit.bl..
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Un des meilleurs livres que j'ai pu lire ces dernières années.
En filigrane, ce récit pose une multitude de questions. La vie éternelle : pourquoi faire aujourd'hui, ce que l'on pourra faire dans 10 ou 100 ans, pouvons nous vivre éternellement avec la même personne, etc.
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Un livre sombre décrivant un futur distopique et surpeuplé.
Un héros tout aussi sombre auquel on s'attache. Au fil des pages nous suivons son évolution, découvrons ses réelles blessures, victime lui aussi du système en place.
De l'action du début à la fin, une vraie traque dans cet univers de grattes ciels qui recouvrent les vestiges de notre planète.
De la science fiction accessible à tous avec une fin que j ai trouvée PARFAITE après avoir passée 945 pages dans ce futur oppressant.
Très bonne lecture pour moi !
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