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3,84

sur 496 notes
Un roman qui débute par la citation d'une chanson de Bruce Springsteen peut-il être mauvais ? La réponse est clairement négative. Dans ce choix, il y a en germe tout ce que l'on trouvera développé dans les pages qui vont suivre : l'amour, l'impuissance des hommes face à leur destin, la tragédie, la nature à la fois douce et pourtant si violente.
Brownsburg, un village comme il y en a tant dans l'Amérique rurale d'après-guerre. La vie s'y écoule tranquillement, presque immuablement. Chaque chose a sa place, chacun son rôle au sein d'une communauté codifiée par la race, la condition sociale et la religion. Il suffira pourtant de pas grand-chose pour rompre ce bel équilibre. Et si ce grain de sable était Charlie Beale débarquant dans la lumière d'un jour d'été ? Et si un autre grain de sable était les robes de vedette de cinéma que Claudie réalise pour Sylvan, une espèce d'Emma Bovary ? Un genre de robe qui attire le regard Charlie, le frappe au coeur… le drame peut alors commencer. le lecteur est alors embarqué dans une histoire qui tient autant de la tragédie antique que du grand roman américain, portée par une langue épurée, poétique. Il y est aussi question de transmission, de sexualité vécue comme un pêché, de manipulation, du poids des non-dits ou encore de loyauté et de cette frontière si ténue entre la vie réelle et la vie rêvée, de ces rêves qui peuvent basculer vers le drame. Mais rassurez-vous, point de guimauve dans ce récit introspectif, tous les personnages affrontent leur destinée avec courage, la tête haute. On en sort le coeur chaviré mais impressionné par l'équilibre entre la beauté du style et la finesse de l'analyse psychologique des personnages.
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Virginie, 1948

Charlie Beale, un homme d'une quarantaine d'années arrive à Brownsburg dans un pick up, avec, pour tout bagage, deux valises, dont l'une pleine d'argent. Le village lui plaît. Il décide de s'y installer. Personne ne sait rien de lui. Mais c'est un homme bon qui s'attire l'amitié de Will, d'Alma, son épouse, et de Sam leur petit garçon de cinq ans qui a pour Charlie une adoration véritable. Il travaille comme boucher dans le magasin de Will. La vie est heureuse, jusqu'au jour où il rencontre Sylvan, une femme mariée à un homme riche et vulgaire. Sam est le témoin de ces rencontres qu'il ne comprend pas, mais qui sont nimbées de l'angoisse du secret. Amour interdit, trahisons, violence... La tragédie est inéluctable.

Arrive un vagabond est un roman sur la passion et ses désastres, sur l'amour idéalisé et trahi. C'est aussi, comme souvent chez Goolrick, un plaidoyer pour l'enfance, prisonnière du secret des adultes, de leurs mensonges, de leur aveuglement et de leur faiblesse. Un livre poignant.

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Une pépite découverte en surfant sur Babelio, comme souvent maintenant quand j'ai un coup de coeur. Un roman qui fait chaud au coeur même si on sent bien que tout ça ne va pas finir heureusement, quelques larmes écrasées discrètement (je suis au bord d'une piscine très fréquentée quand j'en achève la lecture) et le sentiment d'avoir lu une vraie belle histoire tragique, de celle qu'on met du temps à oublier.
Fin de la seconde guerre mondiale, en Virginie, Charlie Beale débarque d'on ne sait où, au volant de son pick-up. Voilà longtemps qu'il trace la route pour trouver l'endroit où il a envie de s'installer, ce sera à Brownsburg, petite bourgade bien tranquille où les familles vivent depuis plusieurs générations (les quelques pages de description du village sont vraiment de qualité, elles dépeignent avec talent l'essence des années 50). de Charlie, on ne saura jamais rien, de son passé, de ce qui l'a meurtri – la guerre, sans aucun doute -, de ce qui l'a poussé à quitter sa région, sa famille ni d'où proviennent les billets qui remplissent une des deux valises qui l'accompagnent.
On découvre un quadragénaire heureux de s'endormir au bord d'une rivière, sur un terrain qu'il va rapidement acquérir, qui souhaite travailler même sans rémunération et s'intégrer dans ce lieu qu'il a choisi pour se sentir chez lui.
Après avoir observé son nouvel environnement, Charlie se rend chez Will, unique boucher du bourg où il propose ses services. Celui-ci, avant de prendre sa décision, le convie à partager un repas avec sa famille afin qu'Alma son épouse donne son accord. Là, il découvre un foyer chaleureux, dont Sam l'unique enfant du couple deviendra un compagnon à toute épreuve. Ce couple formé par l'inconnu et l'enfant est vraiment le coeur du livre, ils apprennent chacun au contact de l'autre et développe une amitié d'une rare intensité qui façonnera Sam à jamais.
Charlie achète progressivement, et en secret, toutes les terres alentour et s'intègre dans la petite communauté. En premier lieu parce qu'il est un boucher très compétent mais aussi parce qu'il est un homme généreux, attentionné qui traite chacun avec respect (nous sommes dans le sud des Etats-Unis, les personnes de couleur souffrent toujours d'ostracisme). Will et Alma laissent leur garçon accompagner Charlie dans ses ballades et l'acceptent comme membre à part entière de leur famille.
L'homme semble enfin s'être posé et avoir trouvé un lieu où se fixer. Jusqu'à ce qu'il croise le regard de Sylvan, jeune épouse d'un notable peu ragoutant qui l'a achetée à ses parents, des fermiers très pauvres. Depuis l'âge de 5 ans Sylvan s'est inventé un univers où se côtoient stars de la radio et du cinéma. Son quotidien n'est supportable que du fait qu'elle s'en échappe grâce à ses toilettes – copiées dans les magazines – et aux séances de cinéma de la ville voisine. Entre Charlie et Sylvan, une rencontre, une véritable passion née qui les emporte – sous le regard plutôt bienveillant dans un premier temps des villageois qui se sont attachés à l'homme et qui éprouvent de la compassion pour le sort de Sylvan. On se doute néanmoins que tout cela va mal finir, le poids des codes sociaux et de la religion pèsera lourd sur le destin de nos amoureux. Pourtant, on se plaît à espérer que Charlie va enfin trouver la paix parce que c'est un homme bon et généreux et qu'on s'attache à l'idée qu'il se fait du bonheur.
Un roman fort.

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....................... j'en reste sans voix....... super roman..... La plume de Monsieur Robert Goolrick est sublime. Il relate l'Amérique profonde de la fin des années 40, une petite ville où tout est calme et paisible, rythmée au son des rires d'enfants, de l'unique radio arrivant jusqu'à eux et des soirées sur leurs terrasses à fumer et parler entre voisins. Il nous raconte l'arrivée d'un homme, un vagabond, qui va enfin trouver un lieu où il se sent chez lui, adopté et aimé de tous, qui va s'investir pour les autres et rendre un maximum de ce qu'il reçoit. Il nous raconte l'histoire d'une jeune fille vendue par ces parents à un homme riche pour qui l'apparence prévaut de tout et surtout sur l'amour. Il nous raconte surtout comment tout l'équilibre de cette petite ville va être bouleversé et laissera à jamais des cicatrices. Nous sommes happés dès les premiers lignes de ce roman, écrit avec beaucoup de pudeur. Je le conseille fortement à la lecture de chacun ...
Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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Il arrive au village. On l'inspecte. On se méfie. Il fait ses preuves. Il devient le préféré. On assiste, impuissant, à la tragédie menaçante.

Première rencontre avec l'auteur, ce ne sera pas la dernière. L'écriture est subtile, ciselée, lyrique. Aucun mot n'est de trop, ils nous ferrent, nous happent jusqu'à la dernière page. On le sait. Quelque chose va arriver. Évidemment, la fin va être laide mais on espère le miracle. Ce mélange d'émotion que chaque lecteur attend.

Le talent de Robert Goolrick est de viser juste, l'air de rien, par petites touches douces-amères. Ce qui ne devrait pas être, le jeu des apparences, l'impossibilité de résister à la tentation, le goût insupportable de l'inévitable, la vision d'un enfant face aux secrets des adultes. Les mots sont habités par la liberté, la plume est teintée de mélancolie.

Cruel, injuste, vibrant ! le plus beau roman de cette sélection du prix ELLE 2013.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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J'ai été amenée à donner mon avis sur ce livre dans le cadre d'un prix de lecteurs d'une grande enseigne culturelle.

J'ai été séduite par le talent de conteur de Robert Goolrick. Très vite, le lecteur rentre dans l'histoire et ressent l'atmosphère de cette bourgade de la Virginie après la seconde guerre mondiale. Il y a un parfum de nostalgie.

Par contre, je n'ai pas été sensible à l'histoire d'amour entre Charlie et Sylvan à l'issue trop dramatiquement prévisible. Les amours illégitimes dans les sociétés aux règles morales codifiées sont légion en littérature et se terminent mal en général.

J'ai bcp apprécié style de l'auteur, je serais curieuse de découvrir ses autres ouvrages.
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Gorge serrée, larmes aux yeux, comme si l'on venait de nous égratigner le coeur.

Les dernières pages du Robert Goolrick sont bouleversantes et marquantes, à l'image d'une montée en puissance qui prend son élan dès les premières pages du livre.

« Je vais vous raconter une histoire. »

Les plus beaux contes commencent par "il était une fois". L'aventure d'une chanson ou d'un roman débute souvent avec un titre qui vous envoûte dès que vous en prenez connaissance. Un peu comme Une Femme simple et honnête, Féroces et Arrive un vagabond. Ce dernier titre choisi pour la traduction française des éditions Anne Carrière est assez éloquent en la matière.

Encore une fois (je l'évoquais déjà après ma lecture d'une Femme simple et honnête) il crée ici une sorte d'écho à l'histoire d'Amelia Evans, héroïne de la romancière Carson McCullers que l'on découvre dans la Ballade du café triste. Un peu comme si ces romans évolués dans un univers commun.

On y respire les premières flagrances d'une mélancolie et d'une passion enivrante, qui va de fil en aiguille nous oppresser. Ce parfum ne nous quittera jamais et il persistera au-delà de notre lecture. Ces trois mots, arrive un vagabond, sont le point de départ d'une histoire retentissante, le moment où les choses semblent encore figées. Comme dans une histoire racontée oralement, c'est le moment où l'on prend une grande respiration avant d'aborder l'un des éléments déterminant de l'histoire. Comme une ponctuation dans la présentation du cadre. L'arrivée de l'incarnation du destin. le Destin de Brownsburg, avec deux valises.

Arrive un vagabond est une histoire que l'on a tous pu connaître dans nos vies. Celle d'un amour qui nous habite soudainement sans prévenir et qui nous quitte sans aucune promesse d'avenir. Cette passion amoureuse consumant Charlie et la belle Sylvan, va hanter la vie de ses acteurs et témoins. Un coup de foudre qui rassemble deux âmes abîmées et fait de nous des témoins privilégiés, comme le deviennent les fabuleux personnages secondaires de l'histoire tel que le petit garçon Sam et ses parents, la formidable couturière Claudie et même le chien Jackie.

Robert Goolrick ne se contente pas d'habiller ses personnages. Avec l'efficacité qu'on lui connait, il leur insuffle la vie et les nourrit pour les faire grandir. Il évoque des gens simples qui aspirent à vivre sobrement en s'efforçant de profiter des jolies choses mises à leur disposition. Il va dès le début brandir au dessus de leurs têtes une immense épée de Damoclès. Une menace perceptible en début de roman tel une simple brise, annonciatrice d'une grande tempête à venir.

Comme dans les précédents livres cités précédemment, Robert Goolrick évoque le romantisme et la poésie des choses simples avec des mots simples. Une écriture qui devient partition, où chaque mot devient une note. Une symphonie à la fois magique et tragique, qui délivre dans sa dernière partie un crescendo, une montée orchestrale qui va tout souffler sur son passage, brutalement s'arrêter en nous laissant groggy, sonné, et seul.

J'ai rarement éprouvé cette sensation de lire et donc de vivre une oeuvre capitale, et j'ose l'écrire, monumentale. La précédente fois, c'était avec le magnifique Julius Winsome de Gerard Donovan.

Quand je referme Arrive un vagabond, je comprends sans aucun doute possible, que j'ai en main un livre qui a vocation à devenir le joyau des bibliothèques de mes contemporains. Dès maintenant et pour les années à venir.

Frédéric Fontès
Lien : http://www.4decouv.com/2012/..
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Distance, telle est l'impression ressentie au premier abord. Distance temporelle d'abord car on relate une histoire en passe d' être oubliée située à la fin des années 40. Distance spatiale car l'action se situe dans une lointaine bourgade isolée, paisible mais rude de Virginie, Brownsburg. Distance spirituelle enfin car les habitants vivent dans la terreur des menaces de Satan vociférées en chaire chaque dimanche. On est dans le Sud ségrégationniste où l'obscurantisme continue à vouloir guider des vies qui n'en ont déjà plus vraiment besoin.
Malgré cette distance dès le début on sent que la tragédie est là, latente, inévitable. Charlie, venu de nulle part, arrive avec ses 2 valises. Plus tard il va reconnaître en Sylvan, belle paysanne mariée prisonnière d'un non-dit et s'évadant dans le mythe doré d'Hollywood, la femme qui le fera vibrer d'une passion intense et destructrice.
Entouré de gens de bonnes volontés et de personnes bienveillantes, le drame ira à son terme comme une machine lancée à vive allure qu'on ne peut plus arrêter.
60 ans plus tard Sam, le jeune garçon témoin de cette histoire, se souvient avec intensité du coeur qui bat toujours sur cette terre et continue à se perpétuer.
Lecture noire, âpre. le style fluide et didactique donne à ce récit la dimension d'une légende. Les protagonistes ne sont pas maîtres de leur destin. Des puissances extérieures s'emparent de leur foi aveuglée et entravent leur volonté jusqu'à détruire leurs vies.
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Dès le départ, l'auteur annonce que l'arrivée de Charlie Beale dans le petit village de Brownsburg en Virginie va profondément troubler le calme paisible de ses habitants. Nous sommes dans l'Amérique profonde des années 50, encore marquée par la ségrégation et très influencée par les différentes religions.
Tout le monde se connaît, chacun a son église qui met en garde les pauvres pécheurs contre les foudres de l'enfer.
Charlie Beale parvient toutefois à s'intégrer et à se faire aimer par les habitants, notamment par Will et Alma pour lesquels il travaille comme boucher et surtout par leur petit garçon de cinq ans, Sam.
Mais le malheur arrive toujours de l'étranger et la passion naissante de Charlie pour la jeune et belle Sylvan va tourner au tragique entraînant la perte de l'innocence du jeune Sam.
L'histoire devient très vite passionnante car l'auteur est parvenu à me faire ressentir l'ambiance de cette ville de Virginie. Les personnages se matérialisent par leur description physique et leurs actes. Sylvan est une jeune "Marylin Monroe", pulpeuse et sophistiquée amoureuse du cinéma et Charlie est le rebelle au grand coeur et au physique rassurant comme les acteurs qui font rêver Sylvan. Bien évidemment le jeune Sam est l'enfant attendrissant qui pose son regard naïf sur les évènements.
Tout est raconté avec passion, que ce soient les métiers de boucher de Charlie ou de couturière de Claudie, la passion de Sylvan pour les actrices, l'amour inconditionnel de Sam pour Charlie et bien évidemment la passion adultère de Sylvan et Charlie.
Une histoire qui aurait pu être trop romanesque si l'auteur ne l'installait pas dans un contexte éclairé d'une Amérique puritaine qui n'hésite pas à exclure les Noirs mais accepte les lubies du riche et imposant Boaty, qui refuse une main tendue à des pêcheurs en détresse parce que l'Eglise leur prédit les flammes de l'enfer.
" L'enfance est l'endroit le plus dangereux qui soit. Personne n'en sort indemne."
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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TRAGIQUE MAIS BEAU COMME DU ROMANTIQUE.
Charlie est un homme bond sans une once de méchanceté. Il débarque dans un petit bled de Virginie venant d'on ne sait où, avec deux valises, l'une pleine d'argent gagné on ne sait comment, et l'autre de quelques effets et de couteaux de boucher. Il s'intègre vite dans sa nouvelle ville, décrite comme calme et paisible «  dans laquelle aucun crime n'a (encore) jamais été commis ». Excellent professionnel, serviable et plein d'amabilité, il devient la coqueluche des clientes de la boucherie de son patron. Malheureusement un coup de foudre en ciel serein le frappe quand une jeune grâce blonde aux yeux verts entre dans la boutique...Dès lors, il sera dévoré par une passion brûlante et destructrice tellement forte qu'elle ne peut que les conduire à leur perte. En filigrane de ce beau et tragique roman d'amour, il y a la description d'une société de l'Amérique profonde d'après guerre, apparemment bonne mais raciste et percluse d'hypocrisie, sous l'influence d'un protestantisme intolérant et la coupe de pasteurs « infernaux ». Charlie se lie d'amitié avec Sam, 5 ans, le fils de son employeur, qui deviendra témoin et dépositaire de son terrible secret. La fin est tragique, mais pouvait-il en être autrement à ce niveau de passion ? J'ai fait le lien avec la chanson de Brassens :
🎶 Y'a pas seulement qu'à Paris, que le crime fleurit....
Autant j'avais abordé avec réserves Robert Goolrick avec La chute des Princes, autant avec ce roman, je découvre une belle oeuvre bien écrite et bien traduite qui se lit d'une traite.
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