AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791094680636
Le Serpent à plumes (02/09/2016)
3.86/5   11 notes
Résumé :
En 1945, Jack, issu d'une famille pauvre et noire de l'Ontario, arrive à se faire passer pour blanc. Débarqué à Terre-Neuve dans un contingent de la marine canadienne, il rencontre Vivian, qu'il séduit par ses talents de musicien. Celle-ci découvrira-t-elle sa véritable identité ? Pendant combien de temps peut-on se fuir soi-même avant que le passé nous rattrape ?
Le jour de l'émancipation est un roman magistral qui aborde des thèmes profondément humains tel... >Voir plus
Que lire après Le jour de l'émancipationVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« William Henry n'avait jamais eu de chance avec les Blancs, et maintenant, son propre fils était blanc. (…) William Henry observa Jackson avec attention chaque fois que Josie le lui amenait pour le tenter, mais le bébé ne présentait aucun signe de coloration. Il était résolument blanc. On aurait même dit que son teint était de plus en plus clair. Presque dix-huit ans plus tard, Jackson était toujours aussi clair que le drap porté par les membres du Ku Klux Klan. »

Voici un extrait qui résume en quelques mots l'histoire de le jour de l'émancipation (à noter qu'il est celui qui marque l'abolition de l'esclavage).

Jackson est Noir mais né blanc. Son père a toujours eu du mal à considérer ce fils comme sien. de son côté, Jackson n'arrivait pas à trouver sa place dans la communauté noire. Alors Jackson est devenu un Blanc puisque ceux-ci l'acceptaient, ne voyant pas du tout en lui un Noir… car en 1943 aux Etats-Unis, votre couleur vous range dans des mondes séparés. Il est Jack pour les Blancs et est partagé entre un mépris certain pour les Noirs qui l'ont rejeté et la peur d'être découvert par les Blancs… Plus étonnant encore, Jackson ne ment pas qu'à son entourage, il se ment à lui-même : il est un Blanc.

Il rencontre Vivian, une Blanche, avec qui il finit par se marier tout en prenant soin de lui dissimuler la vérité. Elle ressent un certain malaise dans l'attitude de Jack, elle sent que quelque chose « cloche » sans toutefois pouvoir mettre le doigt dessus, jusqu'à ce qu'enfin les pièces du puzzle s'assemblent et là le roman devient véritablement très accrocheur…

« Un jour il lui faudra choisir son camp ou briser les barrières… ».

Jack(son) est un personnage assez antipathique et il est difficile au départ d'entrer vraiment dans l'histoire. Mais le livre vaut vraiment la peine de persévérer de par l'ambiguïté des sentiments : ceux de l'identité et de l'appartenance quand vous n'êtes ni d'un monde ni d'un autre, traitée de façon subtile et originale. Quant à la fin elle ne manque pas de surprise…
Commenter  J’apprécie          80
Ce roman est assez fascinant par les thèmes qu'ils abordent de manière originale.

Il faut du temps pour bien cerner l'histoire et les personnages, et ce n'est vraiment fait qu'à la fin du rom, ce que j'ai beaucoup apprécié : il s'agit vraiment d'un tout et pas d'éléments isolés.

Les personnages mis en scènes sont particulièrement humains, ni bon ni mauvais, sans pour autant être oubliable. Plusieurs points de vue, très différents les uns des autres, alternent autour de Jack.

Les thèmes de la guerre, de la musique, des petits boulots sont évoqués dans le livre sans qu'ils soient des ressorts centraux. Au coeur du livre, la construction d'un racisme et d'intégrations dans des milieux très communautaires.

J'ai beaucoup aimé cette construction chorale, où les personnages et les époques varient. Il faut souvent un moment pour resituer l'action, ce qui crée une ambiance particulière sans être difficile à suivre (je ne m'y suis perdue q'une fois et je me demande encore s'il ne manque pas une phrase ou un paragraphe). On y croise du coup des idées sorties de leur contexte qui peu à peu se dessine lui aussi. Comme pour le livre en général.

C'est assez bien écrit, et simplement, avec des nombreux passages que j'ai trouvé percutants sans aucune touche de mélo.

J'ai par contre nettement moins aimé le dernier chapitre, écrit dans un style très différent mais qui manque d'originalité, (et là on a p'tet un brin de mélo) alors qu'il soulève une conclusion intéressante. C'est un peu dommage.
Commenter  J’apprécie          40

Le jour de l'émancipation.
Wayne GRADY

Ontario 1945.
Jack est un jeune marine de la Navy qui rentre au pays.
Enrôlé contre son gré, ce musicien de jazz a eu la chance d'être démobilisé pour mal de mer intense.
Avec Vivian ils vont pouvoir s'installer et vivre comme tout jeune couple.
A un détail près…
Jack (qui s'appelle en fait Jackson) n'est pas l'homme blanc qu'il parait mais un homme d'une famille noire. Sa couleur n'étant due qu'a une « farce » de la génétique.
N'osant pas dévoiler la réalité à Vivian il se perd et risque de la perdre aussi.
Mis de côté par son père qui le croit issu d'un adultère, mettant de côté les noirs qu'il ne considère pas comme siens, Jack a bien du mal à affronter l'avenir tant ses racines sont frêles.
Le jour de l'émancipation l'aidera t'il à s'affranchir ?
Un roman qui explore beaucoup de domaines comme le racisme, la guerre, la filiation et ce que l'on choisit de taire ou non.
Les chapitres donnent tour à tour la parole à Jack, à Vivian et à William Henry le père de Jackson à des époques différentes.
La violence et les difficultés économiques sont très bien dépeintes et je crois que finalement Jack est un peu celui qu'on aime ne pas aimer !
Commenter  J’apprécie          30
Jack est un personnage avec une histoire assez particulière. Il est né blanc dans une famille de noirs, il a toujours ressenti le rejet silencieux de son père et en grandissant, il a choisi de rejeter sa famille à son tour. Jack est assez difficile à cerner. Au début du roman, on en sait très peu sur sa vie et sur les sentiments qu'il éprouve.

Peu à peu, on revient sur son enfance et on commence à comprendre d'où vient le détachement du personnage. Les tensions raciales étant ce qu'elles sont à l'époque, Jack a de nombreuses difficultés à trouver sa place. Sa couleur de peau lui donne accès à des lieux et à des personnes qu'il ne pourrait pas fréquenter s'il était noir comme le reste de sa famille.

La question de l'identité est évidemment centrale dans ce roman. La couleur de peau définit une grande partie de l'identité et particulièrement à cette époque. Dans le cas de Jack, sa couleur de peau, la façon dont les autres le voient, le milieu dans lequel il a grandit et le milieu dans lequel il choisit d'évoluer sont en constante contradiction. Comment peut-il définir son identité ? Est-elle un choix personnel ou un choix des circonstances ?

Le personnage est écartelé entre l'identité que les autres lui attribuent et celle qu'il s'attribue lui-même. Finalement Jack est-il blanc ou noir ? Ce roman m'a bouleversée bien plus que je ne voulais me l'avouer parce que jusqu'à aujourd'hui, je n'arrive toujours pas à me faire une idée claire sur Jack. Sa situation ébranle un peu mes certitudes et soulève de nombreuses questions. Son histoire nous pousse à nous interroger sur nos propres choix et leurs conséquences sur notre vie et celle des autres.
Lien : http://emlespages.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          20
test
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle aurait aimé lui dire "je t'aime" sans avoir l'air de réciter une réplique sortie tout droit d'un film. Elle s'exerçait devant la glace au-dessus de sa commode, ou en brossant les dents au cabinet de toilette, mais les mots sonnaient platement, de façon sentimentale. "Je t'aime Jack." Devait-elle le lui dire avant l'amour, ou après ? Devait-elle lui dire de façon désinvolte ou théâtrale ? Elle n'arrivait pas à se décider. Elle cessa de s'exercer et attendit de laisser échapper les mots, peut-être pendant une attaque aérienne, tandis que la ville s'écroulerait autour d'eux et qu'ils se seraient cherchés dans les rues en ruine. Mais il n'y avait pas d'attaques aériennes, la guerre était pratiquement finie, et elle ne se décidait toujours pas.
Commenter  J’apprécie          30
Quand Jack regarda de nouveau la mer, il aperçut une traînée d'huile, le sang du sous-marin coulé, miroitant dans la lumière blafarde de l'hiver, s'élargissant en un cercle paresseux au-dessus de lui. Puis, à l’intérieur de la lisse circonférence, des objets se mirent à flotter. Tout d'abord, Jack crut qu'il ne s'agissait que de vêtements et de couvertures. Mais il se rendit vite compte que ce qu'il voyait, c'était des hommes. Certains agitaient les bras et s'évertuaient à nager à travers l'huile vers le navire, tandis que d'autres, immobiles, étaient ballottés en surface par les turbulences sous-marines. Les cadavres noircis émergeaient un moment de l'obscurité, se tordaient, s'enroulaient, puis plongeaient dans l'abysse.
Commenter  J’apprécie          20
- Et quel âge as-tu, Miss Josie-Constance-O'Sullivan-Hughes-Rickman-bientôt-Madame-Lewis ?
- Quel âge faut-il avoir ?
- J'sais pas, dix-huit ans, j'imagine.
- Alors dis-leur que j'ai vingt ans.
- T'as pas vingt ans ! Moi j'ai vingt ans. On peut pas avoit vingt ans tous les deux !
- Et pourquoi pas ?
- Ça à l'air suspect.
- Pas du tout. Y'a plein de gens qui ont vingt ans. C'est dix-huit qui a l'air suspect.
Il fallait admettre qu'elle mentait mieux que lui.
Commenter  J’apprécie          30
Il voulait se croire blanc, bon, d'accord, laissons le faire, peut-être qu'il aurait plus de chance dans la vie comme ça. Peut-être avait elle raison, peut-être que c'était comme ça que les Blancs avaient commencé : personne ne leur avait dit qu'ils n'étaient pas blancs.
Commenter  J’apprécie          41
Le premier août , Jour de l'émancipation, qui marque l'anniversaire de l'abolition de l'esclavage dans l'Empire britannique, il y avait toujours une grande fête à Jackson Park. Quand Jack était petit, il pensait que l'esclavage n'était illégal que ce jour-là, tandis que le reste de l'année, on traitait les gens de couleur comme on voulait, et c'était bel et bien le cas.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : couples mariésVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Wayne Grady (1) Voir plus

Lecteurs (36) Voir plus



Quiz Voir plus

Un couple : un chef d'oeuvre et son musée (n°2/2)

"Impression, soleil levant" de Monet

Musée d'Orsay à Paris
Musée Marmottan-Monet à Paris

10 questions
71 lecteurs ont répondu
Thèmes : peinture , art , culture généraleCréer un quiz sur ce livre

{* *}