Avec
le petit frère,
Louis Grall utilise le terreau de sa propre enfance, plus encore que dans ses précédents écrits. L'histoire est bien une fiction mais il reconnaît que les souvenirs de sa jeunesse en constituent le décors.
On y retrouve son personnage principal, à savoir Brest et sa rade! J'y ai également reconnu ses thèmes favoris: la poésie, l'exil et l'accueil,l'adoption,la guerre et la Marine,le rapport à la foi. Avec ce petit frère, j'ose dire que la foi est plus à entendre dans sa signification étymologique " faire confiance à ",car
Jean Queguiner,alors qu'il est en mission militaire pour récupérer l'or de la banque de France en Éthiopie, accepte sans hésiter d'emporter avec lui un bébé chétif dont la maman n'a aucun moyen de répondre à ses besoins les plus primaires. Cette confiance à répondre oui à la vie est réciproque. le bébé s'abandonne dans ces bras sentant " qu'il est plus précieux que tout l'or,que tous les grades et les honneurs du monde".
Puis de la même façon, la femme de Jean et leurs quatre enfants accueillent avec joie et naturel ce nouveau petit frère. Plus tard,bien que totalement intégré Abébé aura besoin de savoir et comprendre d'où il vient et pourquoi " papa" n'est jamais devenu Amiral.
Il est question dans ce roman de racines et d'ailes. La question de l'identité est aussi au coeur de l'oeuvre de
Louis Grall. Jean est un soldat paysan,comme Cincinnatus le Général romain,il a besoin de revenir sans cesse dans les sillons de la terre de son enfance, et ceci est vrai aussi pour l'auteur! Abébé à besoin lui aussi de connaître ses origines. Cependant, les ailes sont indispensables car elle permettent de s'élever,de partir et revenir. Elles permettent la poésie si chère à Jean et à Louis!
Je n'ai pas aimé autant ce roman que
le nageur d'aral ou le voleur d'etoites. L'écriture est moins poétique et malgré le sujet qui s'y prêtait pourtant,je n'ai ressenti aucune émotion.