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J'ai seize ans, je suis en Première littéraire et je découvre L'antivoyage de Muriel Cerf : la claque. L'envie de partir, d'aller où le vent me mènera. Je n'irai nulle part. Je passerai mon bac, poursuivrai mes lectures et découvrirai Alexandra David Néel (lue et relue), Nicolas Bouvier, Annemarie Schwarzenbach.
Plus tard Sylvain Tesson, cet été le magnifique Hautes solitudes. Sur les traces des transhumants d'Anne Vallayes.
Là, je viens de finir Saisons du voyage. Et de nouveau, s'empare de moi cette sensation qui s'apparente à de la faim ou plutôt à de la soif. L'impression de se balader le long d'un cours d'eau bien frais un jour de grande chaleur. Juste une envie : se jeter dedans !
Je tiens ça de mon père qui, jusqu'à ce qu'il finisse par se paumer dans des rues qu'il connaissait par coeur à cause de sa maladie de m---- , passait tout son temps à marcher. A peu près n'importe où.
Heureux dehors.
Ma soeur est pareille. Mon frère serait bien aussi dans le même genre. Maintenant que j'y pense, ma mère aussi.
C'est de famille.
Saisons du voyage dit à quel point partir est un besoin vital. « Demain ne pouvait que se trouver ailleurs. » L'auteur, étudiant en géographie, ne tarde pas. Il part. Il part car il s'ennuie. C'est lui qui le dit. Peu importe la destination au fond. Ce qui compte, ce sont les paysages traversés. Ils s'accompagnent d'une terrible prise de conscience : plus rien n'est à découvrir.  Tout a été vu, revu, photographié. Il ne reste plus qu'à marcher « sur les traces de ». Terrible constat : il est arrivé trop tard. Il ne peut que ramasser « les miettes du grand festin de l'exploration ». Sa génération doit se contenter de « lambeaux d'aventure ».
Sans compter que le tourisme de masse et la modernité viennent ternir encore davantage le tableau. On le sent un peu dépité notre Cédric ! Il s'en remettra. Il comprendra qu'on voyage à un instant T et que le monde qui nous est offert à ce moment-là est le nôtre et qu'il faut le prendre comme il est. Pourquoi en vouloir un autre ? Pourquoi toujours penser à ce qu'il y avait avant ? On appartient à une époque. On n'a pas le choix. Oui, maintenant on peut se rendre au Tibet « en wagon pressurisé ». Eh bien, allons-y quand même. Je comprends bien l'amertume de celui ou de celle qui aurait voulu y aller déguisé(e) en mendiant(e). Mais Alexandra David Néel serait, je crois, la première à nous inviter à la sagesse, à la contemplation de nos voisins de compartiment, à leur façon de manger, de dormir, de s'occuper d'eux-mêmes ou de leurs enfants.
« À Luang Prabang, il aurait fallu venir dix ans plus tôt. À La Paz les jeux sont faits. À Iguazu nous sommes des milliers. Je suis un voyageur en retard. »
On sent, dans les premières pages du livre, du dépit, de la colère même peut-être. Parce que le tourisme « proscrit la rencontre et folklorise le dépaysement », parce que le tourisme « ne peut s'immerger dans les lieux qu'il submerge », parce qu'en un mot, il « se moque du monde. »
Mais par la suite, j'ai eu le sentiment, en avançant dans ce récit, que Cédric Gras avait pris conscience qu'au fond, en faisant juste un pas de côté, on pouvait avoir le sentiment d'être seul, enfin dans un lieu où aucun touriste ne va : il suffit « d'éviter les incontournables, les tropismes communs, Ushuaïa, la vallée de Khumbu... », il faut « tracer des perpendiculaires aux circuits des superlatifs, ne pas s'émouvoir à l'unisson de ses pareils. »
Un simple pas de côté, vers un monde « absent de nos écrans, de nos ondes radio, du creux de nos assiettes » par exemple ! Aller là où les gens vous demandent pourquoi vous êtes là, bien persuadés qu'il n'y a pas grand-chose à photographier chez eux.
Pas si difficile que ça finalement. Car, à mon avis, ils sont bien nombreux, les lieux où personne ne va.
Et puis, si c'est possible, ajoutez à cela un petit décalage temporel : « Je me déplace avec les saisons, pas les périodes touristiques et les calendriers décrétés par les ministères, mais celles de la mécanique céleste. »
Et le tour est joué !
Au fond, la sagesse ultime, n'est-ce pas, finalement, accepter d'explorer « SON monde » c'est-à-dire, le monde tel qu'il est dans l'époque qui est la nôtre.
Saisons du voyage est l'histoire, me semble-t-il, d'un itinéraire spirituel, le récit d'une acceptation, celle qui consiste à regarder le monde dans lequel on vit avec ses brouillards de pollution, ses objets en plastique fluo, ses touristes à appareils photo, ses autoroutes infinies, son uniformisation-rouleau-compresseur et à l'accepter tel qu'il est. Je repense soudain à la façon dont Apollinaire dans « Zone » intègre, à sa poésie, le quotidien de son époque : Tour Eiffel, automobiles, enseignes, plaques, journaux, aéroplanes. Oui, c'est cela, Saisons du voyage est l'histoire d'un cheminement vers une forme d'adhésion à ce qui fait notre époque, qu'on le veuille ou non. « Je m'étais vu explorateur, au temps du bureau des Longitudes à l'intitulé si extraordinaire. Je suis devenu un simple voyageur emporté par la vitesse des transports, autour d'une planète rétrécie et uniformisée sous l'hégémonie des plus forts. Je n'en suis pas moins comblé, je ne me suis même jamais véritablement senti floué par l'époque. C'est dans ce monde-là que je me suis plongé la tête la première, pour feuilleter les pages de l'humanité dissemblable ou clonée, déchiffrer les sociétés en éruption et disséquer les pays anesthésiés. Voilà tout le voyage aujourd'hui. Lire le monde, partout, quel que soit ce qu'il nous raconte, observer les yeux grands ouverts. le regard : la vraie définition du voyage. »
C'est un homme « résigné » qui termine l'écriture de ce livre magnifique (et je ne vous ai pas parlé des mille lieux évoqués dans une prose poétique ciselée), « résigné » dans le sens d'apaisé car enfin en accord avec le monde qui est le sien, SON monde, peut-être un homme qui a mûri, qui n'est plus l'enfant qu'il était lors de ses premières escapades, mais quelqu'un qui a compris que le passé appartient au passé, que lui marche dans le présent et que ce présent, si on veut bien le regarder en face, révèle ses beautés à qui est capable de les voir. Un homme qui a compris qu'il ne pourra jamais tout contempler, parce qu'il est humain, qu'il n'a plus vingt ans et que certaines terres lui resteront à jamais inaccessibles.
« Résigné » et heureux.
Capable, un soir d'été, de se laisser porter par la mer « sous la voûte scintillante et démesurée », de contempler le ciel et d'avoir le sentiment profond d'être là où il doit être.
La sagesse ? Oui, ça s'appelle peut-être comme ça ...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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"La beauté se planque partout à qui sait la voir." : voilà une bonne raison de voyager !
Cédric Gras est allé sur tous les continents, il a sillonné quantités de territoires. Il a croisé des êtres humains de toutes sortes, s'est confronté à une impressionnante variété de modes de vie.
De ce qu'il a vu, de ceux qu'il a rencontrés, il garde des souvenirs forts qu'il partage ici.

Cédric Gras est intelligent et cultivé, il ne voyage pas "idiot", il ne se contente pas de superficialité et les nombreuses idées qu'il avance dans ce texte sont pour la plupart très intéressantes.
À l'occasion, il se lance dans des aphorismes, à l'instar de son ami Sylvain Tesson avec lequel il a partagé de nombreuses aventures : "Le tourisme c'est quand on raque, le voyage quand on radine."
Eh oui, le voyage n'est pas fait de luxe, du moins pas de luxe matériel, mais il est fait de simplicité, de vécu authentique et de découvertes.

Ce livre n'est pas un guide touristique. Ce n'est pas un récit de voyages.
C'est un essai, une succession d'observations et de réflexions.
Mais avant tout, Cédric Gras écrit sur l'évolution du voyage au fil du temps.
Désabusé, il constate avec tristesse que notre époque n'a plus rien à offrir aux aventuriers. Tout a déjà été découvert sur terre, pas le moindre petit recoin nouveau à se mettre sous la dent : "Je suis un voyageur en retard" regrette-il.
Oui, plus aucune terra incognita sur notre planète qui a déjà été sillonnée de long en large dans ses moindres recoins, mais cela n'empêche pas d'y faire de merveilleux voyages, à condition de bien savoir observer et comprendre ce que l'on voit.

Très intéressant, Les saisons du voyage n'est cependant pas exempts de défauts, la fin en particulier m'a paru un peu décousue et en-dessous du reste de l'ouvrage.
Mais cela n'empêche pas l'ensemble de rester une excellente lecture, agréable et intelligente.

Dans la même catégorie, je ne peux m'empêcher de mentionner l'indétrônable Petit traité sur l'immensité du monde de Sylvain Tesson, véritable coffre au trésor que je rouvre régulièrement et que je recommande à tous ceux qui ne l'ont pas encore lu.
Vive la lecture qui nous offre en toutes saisons de si merveilleux voyages !
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De temps en temps, je fais ma valise et je pars en voyage avec Cédric … Enfin ça c'était dans le monde d'avant, bien sûr. Alors aujourd'hui Cédric et moi on discute au coin du feu (foutu printemps qui n'arrive pas). de tout, de rien, mais surtout de voyages, bien sûr. du tourisme qui dénature tout, les paysages, les peuples et leur hospitalité, leurs mentalités. de la liberté, si essentielle et pourtant si insaisissable et si douloureuse à gérer. Des raisons qui nous poussent encore à prendre la route, à l'heure où tout a été découvert. Je perçois alors beaucoup de tristesse dans sa voix, celle d'être né à une époque où il n'y a pas plus de terra incognita. Et puis on parle aussi de nos plus beaux voyages et de nos plus belles rencontres, ceux que les livres nous ont offerts.

C'est un livre pour guérir de l'envie de voyager, et donc peut-être idéal à découvrir dans ce monde nouveau fait d'immobilité et de solitude. Sauf que cet essai est aussi imprégné de nostalgie et de désillusions, et donc une lecture peut-être pas si indiquée en ces temps moroses. Ou alors à condition d'avoir tiré un trait sur le monde d'avant.
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Qu'est-ce que le voyage? Pourquoi voyager? Cédric Gras, l'éternel bourlingueur, se pose, l'instant d'un récit, pour décortiquer ce besoin viscéral de quitter et de revenir. « Ceux qui ont l'espace dans le ventre et qui butinent le nectar du monde » trouveront à s'y repaître et ceux qui ne partent pas comprendront un peu mieux les premiers.
« La Terre, vaste salle des pas perdus » arpentée joyeusement dans la jeunesse et plus sérieusement à l'âge mûr, Cédric Gras en rend compte magnifiquement dans ce recueil qui est plus qu'un compte-rendu de voyages mais bien une réflexion sensible sur la frénésie du tourisme et ses effets sur les beautés de ce monde. L'auteur nous invite à voyager autrement qu'à la vitesse de l'éclair, à s'arrêter aux lieux le temps d'appréhender l'autre et pourquoi pas, apprendre les rudiments de sa langue. Aller voir autre chose que l'attendu.
Écrit avant la pandémie, Saisons du voyage arrive à point alors que l'humanité a des fourmis dans les jambes et souhaite renouer avec les horizons lointains.
Un très bel ouvrage à posséder afin de pouvoir relire et savourer les phrases joliment tournées de Cédric Gras.
« Nous ne sommes peut-être qu'une espèce de rupture dans l'évolution, un de ses plus marquants visages. Et cela aussi c'est un vertigineux voyage… »
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Un mélange de récits de voyages et de considérations philosophiques, ethniques, sociales... sur le voyage, la découverte, la rencontre avec les autres civilisations. Comment "découvrir" encore des choses quand tout a déjà été découvert...
Un petit livre pas désagréable à lire, mais peu passionnant, je me suis malheureusement ennuyée...
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Cédric Gras continue d'inscrire son nom dans le catalogue des éditions Stock. Après L'hiver aux trousses publié en 2015 puis Anthracite l'année suivante, le voilà qui revient aux affaires avec Saisons du voyage. Un récit intime, une vision mise à nue sur le voyage et ses déconstructions contemporaines. Vous avez dit mélancolie ? C'est peut-être bien plus que cela… Lettres it be a pris part à ces pérégrinations et vous en rapporte quelques mots.


# La bande-annonce


Du Tibet à l'Albanie, du Pakistan à la Mongolie et à travers toute l'Eurasie, Cédric Gras interroge le voyage. Rite de passage pour la jeunesse occidentale dont il faisait partie. Âge d'or de l'exploration d'un monde qui l'a fait rêver, mais que sa génération a trouvé transfiguré. le voyage est aussi synonyme d'aventure, de poésie, de solitude ou de l'étude d'une langue. Comment redécouvrir la Terre au xxie siècle ?


# L'avis de Lettres it be


C'est un tour du monde le temps d'une vie qui nous est proposé dans ce livre récemment paru du côté des éditions Stock. le tour du monde d'un homme, Cédric Gras, d'abord étudiant en géographie avant de partir vagabonder au gré des pays et des continents. Après avoir fait transparaître son goût pour l'ailleurs dans nombre de ses précédents livres, celui qui a contribué à créer l'Alliance française de Donetsk dès 2011 avant la naissance du conflit entre Russes et Ukrainiens propose cette fois un texte bien plus personnel, entre l'éloge et l'oraison funèbre du voyage.


La mélancolie qui imprègne les pages de ces Saisons du voyage est loin d'en être le seul élément constituant. Au-delà du récit de voyage qui est proposé de temps à autre, au-delà des reproches faits au modernisme galopant qui fait du voyage et de l'évasion un procédé mercatique comme les autres, Cédric Gras montre toute l'étendue de son talent d'auteur. C'est simple : la langue servie dans ce livre respire le travail, l'attention. L'édifice littéraire modeste et sans prétention aucune qui est proposé entre ces pages donne toute l'impression du travail bien fait, attentif, cette même impression qui habite l'observateur devant le travail de l'artisan attablé des heures durant pour ne laisser au hasard le soin de ne terminer aucun détail spécifique. Cédric Gras fait un pas assuré dans la cour des grands auteurs du moment, chaussé de ses bottes crottées d'aventurier. Sylvain Tesson ? Encore mieux, encore plus loin dans les terres vierges de la beauté littéraire.


C'est le récit d'un vagabond, le récit de quelqu'un qui a toujours longé les rails de la sédentarité moderne, refusant d'embarquer dans le moindre wagon, préférant le poids de son sac à dos et l'immanente légèreté de la découverte de l'ailleurs. Cédric Gras signe un livre de non-fiction qui a tout l'air de ce qu'il n'est pas. Difficile de marcher, page après page, dans les pas d'un tel aventurier discret, d'un amoureux de la perdition au-delà des frontières proches. Difficile de se perdre avec lui dans la froideur sibérienne avant de suer à grosses gouttes sous la moiteur asiatique. Saisons du voyage est le cri d'un cygne majestueux, l'un des derniers râles d'une époque tout entière et qui prend ici la plume d'un seul homme. Servi par une langue finement travaillée


Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Cédric Gras interroge sur le voyage, et son évolution au cours du temps. Un récit forcément intime et subjectif tant le voyage peut être personnel. « Exploration, découverte, description de quelque chose qu'on suit comme un parcours » : telle est la définition du Larousse. Cédric Gras semble penser que le rôle initiatique du voyage, qui consistait à déchiffrer des terres inconnues pour aller à la rencontre du monde, de l'ailleurs, de l'autre et de soi-même, fait désormais partie d'un temps révolu. Aurait-il alors laissé la place au tourisme, « action de voyager, de visiter un site pour son plaisir », au sens du Larousse?
Si l'auteur reconnaît que le progrès présente des inconvénients (nous rendant certes plus autonome mais aussi plus individualiste) mais aussi des avantages (rendant les voyages plus sécurisés), son regard sur le voyage m'a paru mélancolique et désenchanté. J'ose en avoir une vision plus optimiste : il reste encore des lieux à découvrir pour les yeux innocents de la grande majorité d'entre nous. Mais comme nous le rappelle si bien Cédric Gras, cela implique de prendre son temps, de vagabonder, d'écouter l'autre … même si on ne peut pas toujours apprendre chaque langue des pays dont on part à la découverte, présentée par l'auteur comme une autre forme de voyage. La littérature peut d'ailleurs nous aider aussi, certes différemment, à explorer, découvrir, apprendre, et donc voyager….
En tout cas, merci de nous interroger sur notre façon de voyager à travers ce livre! le tout porté par une plume très poétique. Très bon voyage !
Lien : https://accrochelivres.wordp..
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Heureux qui comme Cédric Gras a fait de beaux voyages et s'en retourne chaque fois avec usage et raison pour vivre moult aventures le reste de son âge.

« Saisons de voyage » est un vaste recueil des déambulations de l'écrivain lorsqu'il a commencé à partir par monts et par vaux pour découvrir le monde et ceux qui le peuplent. Car l'intérêt principal de lire Cédric Gras – sans oublier la fine plume qui caracole sur les cimes de la langue française – est de voyager pour communiquer sous d'autres cieux en rejetant toute velléité touristique de carte postale et de selfie d'autosatisfaction. Parcourir le monde mais sans cette multitude, sans ce marketing tributaire de la mode et qui fait que l'industrie touristique finit par se moquer du monde.

L'écrivain voyageur se transforme en caméléon pour une immersion sans luxe dans les terres eurasiennes ou sur les sommets andins. Quitte à se retrouver dans des situations alarmistes mais dont il tire à chaque fois des leçons de vie. Attiré par les grands espaces qui s'éveillent vers les rayons d'Orient, le récit est surtout placé sur les vagabondages de l'Europe de l'Est, de la Mongolie et vers le toit du monde, en particulier le Tibet. On découvre aussi des descriptions, un ressenti qu'il est difficile de lire ailleurs comme, par exemple, pour l'Albanie. On est loin des narrations de crime organisé et d'islam intolérant, de pays à bout de souffle, Cédric Gras y a vu autre chose, un pays qui respire l'air marin, une jeunesse qui caracole et une terre qui n'a pas le lourd héritage d'années de guerre comme son voisin kosovar.

La richesse des descriptions et l'authenticité qui découle de pages en pages fait que d'aucuns peuvent avoir l'impression de connaître ces territoires sans pourtant y avoir posé le moindre pied. Mais il suffit d'imaginer Cédric Gras sous une tente avec des Mongols, tentant un dialogue improbable, recevant l'accueil des gens qui naviguent dans les mêmes conditions depuis des siècles. Souvent avec satisfaction, parfois avec des déconvenues, déconvenues inévitables surtout dans des pays ayant souffert ou souffrant toujours de régimes passablement autoritaires. Et même parfois pour l'écrivain, une reconduite à la frontière est inévitable… Mais reste la beauté des terres pas encore standardisées dans un monde mondialisé à l'extrême. Qu'elles puissent encore perdurer et que l'on sache inventer un tourisme respectueux, qui ne saccage pas les peuples racines, qui se plie aux normes locales et non l'inverse, qui tende vers les rencontres et qui arrête la « potemkinisation « de la planète. En cela, ce livre de Cédric Gras est un bréviaire, une « lecture du livre du monde ».
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Je découvre l'auteur avec ce récit de voyage, je ne savais rien de lui avant de commencer. Ce n'est pas un récit chronologique, mais un mélange de continents, de pays, d'impressions dans le désordre. L'auteur a une vingtaine d'années quand il part et il a l'impression qu'il est né trop tard, que tout a été exploré avant lui et qu'il ne reste plus guère d'aventures inédites sur cette planète, le tourisme a tout envahi.

Il se prend néanmoins de passion pour l'Eurasie, nous emmène au Kosovo, en Albanie, dans les Andes, en Islande, en Sibérie etc .. Il prend parfois des risques inconsidérés, il ne sait pas vraiment ce qui le pousse. Après quelques années d'itinérance tous azimuts, il ressent le manque de véritables contacts avec les populations, qu'il attribue à l'absence d'une langue commune. Il se fixe quelque temps en Russie, apprend le russe et développe une connaissance plus approfondie des lieux où il se rend.

Ce que j'ai le plus apprécié, ce sont les réflexions de l'auteur sur ce qu'est le voyage aujourd'hui, ce que l'on peut encore en attendre à une époque de mutations constantes et rapides. Je suis toutefois restée à distance du récit, peut-être à cause d'un désenchantement assez marqué de l'auteur. Je n'ai pas réussi à cerner ce qui le motivait vraiment.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Conter le voyage. Mettre des mots sur ses pérégrinations, itinérances qui n'ont de but que pour celui qui ose s'aventurer au delà de ses habitudes. Cédric Gras interroge, questionne la place du voyageur. A partir de quel moment peut-on prétendre à ne plus être un étranger, un spectateur ? Comment appréhender le voyage ? Est-il nécessaire de se fondre à la culture du pays visité ou ne rester que pérégrin est suffisant ?

Pourquoi voyager ?
Comment ?
Où ?
Partir avec un autre ?

Les questionnements se chuchotent à travers les récits de ses traversées. Comme cette volonté d'éviter les circuits bordés de monde, surpeuplés. Ces axes happant les touristes vers des zones délimitées, prêts à accueillir les visiteurs. Il ne dénigre pas ceux qui souhaitent suivre les traces, mais il interroge le pourquoi de ce choix.

Cédric Gras s'aventure en lisière du monde, devient explorateur.

Quelques rencontres sont contées mais elles restent évasives. C'est la barrière de la langue qu'il met en avant. Incapacité à dialoguer. Gestes et gutturales paroles permettent la compréhension mineure mais ils n'engagent pas l'échange véritable. Ainsi, pour voyager, il faut apprendre, être apte à recevoir la parole de l'autre.

Précipitation des transports.
Mutation rapide du monde.
Transformation des paysages. Il évoque également la géographie, la politique, y mêle un soupçon d'inquiétude environnementale sans jamais arborer la casquette du moralisateur.

Et les mots. Ses mots. Cette poésie qui se déguste à chaque page, permet l'imagination des lieux, le conte des périples osés.

Une ode au voyage.
Une poésie de l'errance.
Lien : https://hubris-libris.blogsp..
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